Art de la guerre monétaire et économique

Pourquoi Barack Obama est le pire ennemi de la classe moyenne

Pourquoi Barack Obama est le pire ennemi de la classe moyenne

PAR EMMANUEL GARESSUS/ Le Temps Mai15

Pour la première fois dans l’histoire américaine, le revenu médian des ménages (c’est-à-dire qu’il y a autant de ménages ayant des revenus supérieurs à ce chiffre que de ménages ayant des revenus inférieurs) est en baisse depuis quinze ans.

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Barack Obama cherche à se présenter comme le président de la classe moyenne. Qu’en est-il en réalité? Winston Churchill avait coutume de dire que «les Anglais n’ont aucun problème avec les faits, mais beaucoup avec les idées, alors que pour les Français, c’est le contraire»*. Il faudra attendre les élections de 2016 pour connaître la position des Américains.

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Les chiffres signalent indiscutablement une baisse du pouvoir d’achat de la classe moyenne ces dernières années. Le marché du travail est sans doute le meilleur indicateur de prospérité, d’espoir de mobilité sociale et de développement personnel. D’où le souci pour les autorités de présenter un taux de chômage modeste. Mais l’état réel du marché de l’emploi se lit bien mieux à travers le taux de participation au marché du travail. Le taux de chômage ignore par exemple les gens qui ne recherchent plus un emploi. Les faits sont limpides: le taux de participation a progressé durant des décennies jusqu’en 1990, s’est stabilisé jusqu’en 2000 et chute depuis quinze ans, pour l’ensemble des actifs. 67,3% des actifs avaient un emploi au début de l’an 2000. Le taux est tombé à 62,8% en avril 2015, selon les statistiques de la Fed. Les jeunes sont particulièrement touchés: le taux de participation des 20 à 24 ans est passé de 78% en janvier 2000 à 69,5% en avril 2015. On comprend pourquoi Diana Furchtgott-Roth et Jared Meyer publient ce mois-ci Disinherited: How Washington is Betraying America’s Young. C’est la première génération dont les perspectives sont moins favorables que celles de leurs parents.

Non seulement le nombre d’emplois se réduit, mais leur qualité est médiocre. 63% des Américains gagnent moins de 40 000 dollars par an. Le revenu médian des ménages est d’ailleurs tombé de 57 000 dollars en 1999 à moins de 52 000 dollars en 2013, selon les statistiques de la Fed. Personne ne sera dès lors surpris de l’érosion de l’épargne de la classe moyenne. La fortune nette d’une famille moyenne a en effet baissé de plus d’un tiers en dix ans, selon le New York Times. Une étude de Deutsche Bank ajoute que 47% des familles américaines ne peuvent pas épargner un dollar, contre 41% en 2001.

Malgré les efforts des autorités pour accroître le taux de propriétaires, celui-ci baisse chaque année depuis la crise. Après sept années de recul continu, il est passé de 69% en 2007 à 64% actuellement. Les locataires souffrent. Selon le blog au nom prédestiné de The Economic Collapse, la moitié des locataires dépensent plus d’un tiers de leur revenu en loyer. Sans surprise, les prestations sociales ont presque quadruplé depuis l’an 2000.

Les prix des actifs financiers sont à la hausse. Mais la classe moyenne observe surtout le renchérissement de nombreux produits. Le coût de l’alimentation et des boissons s’est accru de presque 50% depuis l’an 2000. Que reste-t-il pour la consommation? Selon le blog financier Zero Hedge, les distributeurs américains sont en train de fermer plus de 6000 magasins, dont 223 Barnes & Noble, 180 Abercrombie & Fitch et 400 Office Depot.

« Notre PIB de croît plus… Nous sommes cuits… Je vois aujourd’hui plus de chaines fermer que je n’en ai jamais vues, pareil pour les magasins. La moitié des Etats-Unis n’a plus d’argent. » Howard Davidowitz  

« Les plus privilégiés risqueront toujours leur destruction la plus totale plutôt que d’abandonner le côté matériel de leur avantage. » John Kenneth Galbraith 

Howard Davidowitz est l’un de mes analystes favoris, et un spécialiste du secteur du détail. Il tend à observer les faits, et à les répéter même à ceux qui refusent de les entendre. Mais il sait ce qu’il fait, il est talentueux, alors ils se doivent de l’écouter. Ceux qui profitent du statu quo refusent que quoi que ce soit change, et ne se soucient que d’eux-mêmes au point de se moquer de l’arrivée d’une reprise pour le reste du pays. Ils se fichent de ce qui se passe, tant que la musique suit son cours, et que l’économie continue de danser au rythme de leur chanson. Ils ne s’en sont jamais aussi bien tirés. Et leurs défenseurs refusent de reconnaître les problèmes. Ils refusent d’admettre qu’il puisse y en avoir. A cause de la trappe de la crédibilité

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Wal-Mart, leader mondial de la grande distribution, a annoncé mardi une progression plus faible que prévu de ses ventes à magasins comparables aux Etats-Unis, ce qui provoque un recul de 2% de son titre en Bourse dans les transactions avant l’ouverture de la séance à Wall Street.

Les ventes à magasins comparables sur le trimestre clos le 30 avril ont augmenté de 1,1% aux Etats-Unis, alors que les analystes interrogés par le cabinet Consensus Metrix attendaient une hausse de 1,5%. Le bénéfice net a reculé à 3,34 milliards de dollars, soit 1,03 dollar par action, contre 3,59 milliards, ou 1,11 dollar par action, un an plus tôt. Le chiffre d’affaires global s’est légèrement tassé, passant de 114,96 milliards de dollars à 114,83 milliards. 

La dette américaine n’a pas été mieux gérée que dans la zone euro. La hausse de la courbe de la dette s’est accélérée. La dette fédérale atteint 9000 milliards de dollars, soit 50% de plus qu’en 2000, et la dette américaine totale 60 000 milliards de dollars. Le double d’il y a quinze ans, selon la Fed. L’étatisme sécuritaire de George Bush puis l’étatisme social de Barack Obama ont eu des effets dramatiques sur les comptes des Etats-Unis.

Les injections de liquidités phénoménales des banques centrales ne mènent nulle part, si ce n’est au désastre. La cause du problème, c’est la dette. C’est pourquoi la confiance ne revient pas, ni l’investissement.

Les records négatifs s’accumulent. Chaque année depuis six ans, le nombre de sociétés qui ferment dépasse celui des entreprises créées. Cela ne s’était jamais produit dans l’histoire des Etats-Unis.

Les entreprises sont d’autant moins incitées à investir que les impôts sont parmi les plus élevés du monde. La Tax Foundation a publié son indice de la compétitivité fiscale et placé les Etats-Unis au 32e rang sur 34. La Suisse est 3e derrière l’Estonie et la Nouvelle-Zélande. Seuls la France et le Portugal sont plus mal classés que les Etats-Unis. Les entreprises sont frappées d’un taux de 39,1% alors qu’il atteint 24,8% en moyenne dans l’OCDE, selon cette étude. Il n’y a que trois pays qui n’ont pas baissé leur taux d’imposition des entreprises depuis l’an 2000: le Chili, la Norvège et les Etats-Unis, révèle Steve Hanke, professeur à l’Université Johns Hopkins à Baltimore, sur son blog du Cato Institute.

Barack Obama a multiplié les réglementations à un rythme double de celui de George W. Bush, selon une étude de la Heritage Foundation. Le nombre de règles législatives entravant la vie des gens et des entreprises s’est accru de 27 en 2014 pour porter le total à 184 pour l’ensemble de l’ère Obama. Leur coût a été évalué à 80 milliards de dollars par an. La reprise ne peut guère profiter à l’emploi et à la classe moyenne.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ceb9f784-fd7b-11e4-b5bb-46888044cd02/Pourquoi_Barack_Obama_est_le_pire_ennemi_de_la_classe_moyenne

Confirmation de la modération aux Etats-Unis

L’indice flash PMI manufacturier américain de Markit pour le mois de mai 2015 est ressorti à 53,8, contre 54,6 de consensus et 54,1 en avril.

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L’indice reste supérieur à 50 et signale donc une expansion, mais sa baisse par rapport au mois antérieur traduit un ralentissement de la croissance. La progression des commandes nouvelles a en effet ralenti pour ressortir au rythme le plus bas depuis le début de l’année 2014.

Les chiffres Américains sont erratiques, alors que plus que jamais la conjoncture est importante puisqu’elle  va déterminer le calendrier des hausses de taux de la Fed. L’emploi, au niveau des statistiques reste l’élément fort, robuste, mais nous vous signalons ce que beaucoup d’économistes de banques semblent ignorer, c’est un indicateur retard, « lagging » de quelques mois.

Le débat sur le taux de croissance réel aux USA reste ouvert,  le consensus est cependant toujours sur la ligne d’un ralentissement passager qui va se combler par l’embauche et la hausse des salaires.

Les commentateurs jusqu’à ces derniers jours croyaient que la révision de ces chiffres pourrait pointer dans le  sens de la récession. Le cours du dollar en a été affecté, tout comme la parité euro/dollar. Le scénario de désynchronisation entre les Etats-Unis et l’Eurozone a lui également été remis en question.

Les économistes de la Fed de San Francisco viennent de publier une note qui change une nouvelle fois les anticipations. Selon eux la cause de la mauvaise performance au Q1 serait une défaillance des modèles de correction des variations saisonnières. Selon eux, si on avait corrigé correctement, c’est à dire si on corrige les corrections, les résultats sont bien meilleurs avec une croissance en rythme annuel de 1,8%.

Tout cela est important dans la mesure où les anticipations de décision de la Fed sur les taux sont censées être « data dépendant », c’est à dire dépendre des indicateurs économiques.

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