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Geopolitique Friction : La tête de l’empire se déchire

La tête de l’empire se déchire

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11 Décembre 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticus

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Nous avons rapidement évoqué dans le dernier billet le coup de poker désespéré du parti de la guerre devant la perspective de la libération totale d’Alep par les Syro-russes. Des membres du Congrès US, travaillés par l’éternel pyromane John McCain (comme pour Soros, on attend impatiemment qu’il traverse le Styx…), a mis la proposition d’armer les “rebelles” syriens sur la table de Barack à frites qui l’a signée. Concrètement, cela permet de passer outre le Arms Export Control Act, sensé interdire le financement et l’armement par l’argent public états-unien de groupes militants.

Les contraintes – notification de 15 jours au Congrès – sont légères et pourraient permettre d’envoyer des missiles anti-aériens aux coupeurs de tête modérés avant l’entrée en fonction de Trump le 20 janvier. Que ces armes puissent finir entre les mains de Daech ne semble pas empêcher de dormir les allumés de Washington…

Deux questions se posent :

1. Obama passera-t-il à l’acte ? Pas sûr… Cela peut simplement servir d’atout, peu ragoûtant certes, dans les discussions avec Moscou.

2. Quels en seraient les destinataires ? Là, rien n’est sûr et la direction de l’empire reste floue comme toujours, perdue dans ses incohérences. Les Turcs pensent qu’il s’agit des Kurdes, ce qui réduirait à néant la menace des F16 ottomans et enragerait le sultan. Mais il se peut tout aussi bien que ce soient les djihadistes anti-Assad… La nouvelle volte-face US dans les négociations avec Lavrov et les dernières déclarations ridicules de vache Kerry sur les “crimes contre l’humanité du régime syrien, jamais vus depuis la Seconde Guerre Mondiale” (et le Vietnam ? Et l’Irak ?) laissent penser que la cyclothymique Amérique perd à nouveau la tête. On sait que l’alliance avec Al Qaeda n’a jamais fait peur aux Folamours de Washington (voir ce mail de Jake Sullivan à l’hilarante Clinton où le conseiller présidentiel se félicite presque : “Al Qaeda est de notre côté” !)

Aussi, des membres plus clairvoyants du Congrès (si si, il y en a) ont très vite réagi en introduisant le Stop Arming Terrorists Act. Le nom parle de lui-même… La proposition a été présentée par la délicieuse Tulsi Gabbard, qui en plus d’être jolie est intelligente :

“Si vous ou moi finançons, armons ou supportons Al Qaeda ou l’EI, nous serions mis en prison selon la loi. Or le gouvernement américain viole cette loi depuis des années, en soutenant avec de l’argent, des armes et des renseignements* les partenaires d’Al Qaeda, de Jabhat Fateh al Sham et d’autres groupes terroristes qui luttent pour renverser le gouvernement syrien. Il est temps d’arrêter cette folie.”

* Petite parenthèse en passant : cette mention des renseignements rejoint peut-être ce que nous évoquions en octobre concernant la base iranienne d’Hamadan prêtée aux Russes :

Partir d’Iran permet de réduire la distance donc le temps de vol, non seulement pour des raisons d’économie et d’efficacité militaire (moins de fuel donc plus de bombes embarquées) mais aussi et peut-être surtout afin d’échapper à l’espionnage satellite. Chose intéressante, un journal russe accusait alors un “pays tiers” disposant de satellites (vous devinez qui) de fournir des informations en temps réel aux djihadistes sur les vols des bombardiers stratégiques décollant du territoire russe à destination de la Syrie, donnant aux barbus le temps de se déplacer ou de se cacher.

Mais revenons à Tulsi… Sa prise de position n’est guère étonnante et nous parlions déjà d’elle l’année dernière. La représentante Démocrate d’Hawaï, qui a d’ailleurs servi sous les drapeaux au contraire de nombre de ses collègues, dépare dans l’establishment impérialiste de son parti. Très récemment, elle remettait à sa place bien comme il faut un plumitif de CNN sur la Syrie :

Nous supportons directement et indirectement des groupes terroristes en Syrie“. CQFD

En novembre, Gabbard a même été pressentie pour devenir la Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de l’administration Trump. Si elle préfère finalement rester au Congrès, il est quelque peu rassurant de voir que des leaders éclairés et raisonnables subsistent dans les deux partis…

Et puisque nous parlons de nomination, une demi-surprise est tombée il y a quelques heures : Trump proposerait le poste à Rex Tillerson, le PDG d’ExxonMobil. Comme le dit avec une pointe de regret NBC : “Il n’a aucune expérience gouvernementale ou diplomatique mais a noué des liens avec le Président russe Vladimir Poutine“. Nouvelle ouverture du Donald à Vladimirovitch ?

T.Rex comme il est surnommé s’était prononcé contre les sanctions anti-russes décidées en 2014 par le parti de la guerre et les vassaux européens. Il est vrai qu’Exxon y avait beaucoup perdu, notamment son partenariat avec le géant russe Rosneft dans des gisements prometteurs de la mer de Kara :

La major pétrolière américaine ExxonMobil a annoncé jeudi que les sanctions occidentales contre la Russie lui ont déjà coûté 1 milliard de dollars l’an dernier.

Dans un document boursier, le géant pétrolier explique qu’il a dû geler ses projets avec son homologue russe Rosneft, après les sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne contre Moscou (…) interdisant toute activité offshore en Russie, en Mer noire, dans l’Arctique, et toute activité onshore en Sibérie occidentale, développe-t-il.

Cette interruption de projets engagés dans le cadre de coentreprises avec Rosneft lui a coûté 1 milliard de dollars au 31 décembre dernier, évalue-t-il. ExxonMobil a ainsi dû fermer son installation dans la partie russe de l’Arctique.

Il y exploitait avec Rosneft un puits, Universitetskaya-1, situé dans la mer de Kara, au nord de la Sibérie, une région pouvant recéler 87 milliards de barils de pétrole. Le groupe russe a annoncé en septembre dernier avoir découvert du pétrole dans ce puits dans le cadre de la coentreprise avec ExxonMobil. Le champ pétrolifère devrait s’appeler Victoire.

L’ensemble de la zone pourrait contenir des réserves équivalentes à celles de l’Arabie Saoudite, selon Rosneft.

La nomination de T.Rex pourrait faciliter un allègement voire une suppression pure et simple des sanctions. De quoi faire paniquer le système impérial, toujours assommé par l’élection du Donald. Par une curieuse coïncidence, la drolatique affaire du “hackage des élections par la Russie” refait surface. Ceux-là mêmes qui vilipendaient les diverses “théories du complot” il y a quelques années encore n’hésitent désormais plus à verser dans le conspirationnisme le plus échevelé…

Comme de bien entendu, on y retrouve la CIA, le Washington Post et Barack à frites qui prend le mors aux dents et ordonne une “vérification complète” des résultats eu égard à la supposée “interférence russe”. Après les dizaines de coups d’Etat fomentés dans le monde par l’empire, va-t-on assister à un autoputsch ?

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/12/la-tete-de-l-empire-se-dechire.html

SOS al-Qaïda

L’autre foyer de désordre intégral est bien sûr la victorieuse alliance Bachar-Poutine-Hezbollah en Syrie. En effet, la chute d’Alep, imminente à l’heure où nous écrivons ces lignes (question d’heures même), a elle aussi déclenché un séisme de magnitude 1000 dans la bassecour politico-médiatique du Bloc atlantiste.
Dès les premiers signes de faiblesses des coupeurs de tête modérés qui tenaient la population de la ville en otage, le Bloc a immédiatement mobilisé l’entier de sa puissance.

A grands coups d’éditos mensongers, mièvres ou dégoulinants de mauvaise foi, tous les médias embedded ont été mobilisé pour pointer Poutine comme le responsable de la «pire catastrophe depuis la deuxième guerre mondiale», des pires crimes de guerre, crimes contre l’humanité, contre le monde, l’univers, le cosmos etc…
Parallèlement, des hordes de bobos-zombies s’offraient en solde leur supplément d’âme du mois en participant, la mine grave, à toutes sortes de manifestations héroïques dans les capitales de notre vertueux monde libre pour dénoncer la pire horreur jamais survenue depuis l’apparition de l’Homme sur terre, et même de l’amibe sous les mers.

Enfin, surfant sur cette vague d’indignation aussi sélective que gélatineuse, le Bloc atlantiste a ensuite vaillamment tordu le bras de tous les petits pays clients pour imposer résolution sur résolution devant le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de l’ONU. Tout ce cirque n’ayant qu’un seul but: sauver les gentils terroristes du Bloc atlantiste, leur offrir ne serait-ce qu’un bol d’air, qu’un peu de répit, et surtout bien sûr des armes, des munitions et des troupes fraîches à la faveur d’une énième trêve humanitaire.
Pourtant, échaudé par une série de cessez-le-feu qui n’avaient déjà servi qu’à cela, Poutine a cette fois répondu «niet».

Vous en reprendrez bien une tranche?

Bien lui en a pris. Car aujourd’hui enfin, Alep au moins est libérée des coupeurs de tête qui mettent le pays à feu et à sang depuis plus de 5 ans maintenant. Détail piquant : les égorgeurs modérés se rasent désormais la barbe à tous les coins de rue d’Alep pour tenter de passer incognito et sauver leur peau (3).

Bien sûr, la riposte ne s’est pas fait attendre et l’Empire a immédiatement donné le coup de pouce nécessaire à la reprise de Palmyre par Daesh (4), histoire d’élever le coût d’Alep pour la Russie.
Dans le même temps, le Congrès US s’affolait et levait toutes les restrictions à la livraison d’armes sophistiquée aux groupes terroristes en Syrie, officiellement bien sûr pour soutenir une «opposition modérée» qui n’a jamais existé que dans la narrativeofficielle (5).
Outre le fait que la livraison prévue de lance-missiles sol-air fournira sans aucun doute à des groupes terroristes les moyens d’abattre des avions de ligne désormais (merci d’avance), il est savoureux de constater que le Congrès US se bat comme un beau diable pour sauver en Syrie les terroristes qu’il accuse parallèlement d’avoir abattu les tours du WTC un certain 11 Septembre 2001. Et ce n’est même pas nous qui le disons, mais la députée US Tulsi Gabbard, cheffe de file d’une fronde bipartite certes bien minoritaire, mais qui tente justement de «stopper la livraison d’armes aux terroristes» par son pays (6).

http://www.entrefilets.com/Systeme_au_bord_de_la_crise_de_nerfs.html

Ailleurs Palmyre est tombée en totalité

L’EI justement. Palmyre est tombée en totalité hier. En soi, ce n’est pas dramatique sur le plan stratégique mais le symbole est fort et malencontreux. On comprend un peu mieux ce qui s’est passé : 4 000 à 5 000 petits hommes en noir sont soudain sortis du désert. En face, seulement un millier de combattants (!) dont les peu efficaces Forces de Défense Nationale. Devant une telle disproportion, les commandants syriens ont sagement décidé de faire retraite.

Le problème est que les daéchiques ne s’arrêtent pas en si bon chemin et menacent maintenant la base T4 (Tiyas) :

Un premier assaut a été repoussé mais les loyalistes se préparent à une deuxième vague. Des renforts sont tout de même arrivés pour stopper l’avancée noire et même, à terme, contre-attaquer. Pour Damas, l’équation est la suivante : faire le dos rond à Palmyre le temps d’en finir à Alep. Ensuite, les renforts pourront affluer.

La question à un million : d’où vient ce troupeau de bisons daéchique, d’ordinaire peu nombreux dans la région ? On a un temps pensé que l’arrivage provenait de Deir ez Zoor, mais la grosse attaque de l’EI aujourd’hui contredit cette thèse. Al Bab ? Peu probable : l’ASL pro-turque, qui campait à un kilomètre de la ville depuis ds semaines, est entrée dans les faubourgs mais fait face à une forte résistance. Mossoul alors ? Impossible après que les milices chiites aient fermé la portevers la Syrie fin novembre. Avant sans doute. Peut-être tout simplement de Raqqah où, tiens tiens, l’offensive kurde chapeauté par Washington semble être au point mort…

Nouveau – et sans doute dernier avant le 20 janvier – plan diabolique de l’empire cherchant jusqu’au bout à utiliser l’épouvantail daéchique pour mettre en difficulté Assad ? C’est ce que semblent suggérer à demi-mot les militaires russes, l’ancien ambassadeur britannique en Syrie ainsi que Lavrov. A suivre…

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/12/alep-perd-ses-poils.html

Syrie: les bataillons Zapad et Vostok à Alep, les bérets verts de la CIA à Palmyre

Le rôle des redoutables commandos tchétchènes des bataillons ZAPAD et VOSTOK dans les combats de rue pour la capture des derniers carrés de maisons  à Alep-est aurait été déterminant dans la victoire des forces syriennes, iraniennes et russes.

Alep est pratiquement sous le contrôle de Damas mais une nouvelle offensive de l’organisation terroriste connue sous le nom d’Etat Islamique en Irak et au Levant, solidement appuyée par les bérets verts de la CIA a totalement pris au dépourvu l’armée syrienne à Palmyre (Tadmor) où une base logistique gouvernementale a été prise d’assaut par une brigade terroriste. D’après des témoignages convergents, les forces rebelles ont eu recours à une nouvelle tactique: celle des essaims par vagues successives, s’assurant toujours d’une supériorité numérique de 10 contre 1 à un point d’attaque donné.

De toute évidence, russes et américains ne cachent plus l’implication directe de leurs forces spéciales dans les combats au sol en Syrie et on y assiste à une nouvelle course entre les militaires deux puissances, rappelant étrangement la course endiablée entre américains et soviétiques vers Berlin en 1944-45.

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