Trump offre sa première visite d’État américaine à Macron : inattendue complicité…
André Archimbaud Boulevard Voltaire 28 Février 2018
Les deux promoteurs d’images ne se quittent plus. Macron a réussi son OPA sur le parti unique qui dirigeait la France depuis le départ de De Gaulle ; Trump a réussi la sienne sur un parti républicain devenu syndicat des lobbyistes depuis le départ de Reagan. Les deux manipulateurs ont exploité les médias pour se faire élire, tout en démontrant d’excellentes capacités manœuvrières face à des politiciens fatigués. Les deux veillent à tenir les promesses symboliques de leur campagne, tout en baisant l’anneau des grandes banques d’affaires internationales.
Deux champions du grand écart, mais deux spécialistes du « branding »…
Trump avait misé sur Marine Le Pen, la croyant Farage. Il se voyait lui-même comme le phare du mouvement populiste mondial et européen, aurore d’une redistribution des cartes géopolitiques.
L’échec de Madame Le Pen, aux conséquences internationales bien plus que françaises, cassa la dynamique collective : le Brexit est devenu cauchemar, et les irréductibles des villages de Centre-Europe sont assiégés (Hongrie, Pologne), cependant que l’Empire romain d’Orient (la Russie) n’a pas encore réussi à neutraliser le « Novus Ordo » (les États-Unis).
Trump, lui-même otage du coup d’État rampant de cet « ordre des siècles » dont Merkel était devenue la dépositaire après Obama, a vite compris. Il lui fallait une Europe de rechange, neuve. Faute de Marine, ce fut Macron…
Macron, lui aussi, a vite compris. Objectivement, il savait que la France, minée, ne pouvait plus faire jeu égal avec l’Allemagne, bernard-l’hermite de Bruxelles. Il ne se voyait pas en « gauleiter de Berlin » et ambitionnait plus : voler à Londres son statut de filiale de Wall Street. Transformant la France en centre financier de l’Europe, il pouvait espérer remonter à parité avec l’Allemagne, centre industriel. Et puis aussi, il lui fallait vendre quelque chose à ce peuple français dont il pensait qu’il n’existait pas, et séduire l’archaïque couche « trumpienne » de sa population.
Bref, les deux élus récents avaient besoin de s’acheter un costume d’homme d’État. À Macron d’apporter à Trump une caution financière (il connaît Wall Street mieux que Trump), puis de le « valider » internationalement, comme de le renforcer vis-à-vis des #NeverTrump de Washington. À Macron, donc, d’embrayer sur la géniale coalition israélo-saoudienne qui avait mondialement propulsé Trump plutôt que de le rejeter.
Et à Trump d’apporter à Macron le soutien des États-Unis dans sa tentative de remplacer Merkel dans le cœur de Bruxelles. Subtil, Macron sut dès le début flatter l’encolure du président américain, lui offrant un 14 Juillet dont les Américains parlent encore, lui conseillant de se rendre à Davos et lui proposant des portes de sortie relatives à l’accord de Paris sur le climat, comme en matière de commerce international.
Trump va recevoir son « coach » Macron en grande pompe du 23 au 25 avril, lui faisant l’honneur de la première visite d’État. Ce qui ravit Melania Trump, dont on aura retenu de ses voyages officiels qu’elle adore la France, d’autant qu’elle est traditionnellement catholique. Un voyage non sans frictions : Trump, agent commercial des industries américaines de l’armement, va-t-il imposer à Macron un nouveau Mers el-Kébir ? Autrement dit la mort des industries françaises de l’armement? Un enjeu de taille…
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Trump a pu clamer que ce sont les Russes, et non plus lui-même, qui semblent être devenus la cible de l’enquête Mueller, laquelle s’inscrirait dans le « plan eurasien » que Washington a perfectionné depuis 1905. Ainsi, de nombreux dossiers d’agit-prop russophobe champignonnent, tel celui des mercenaires du groupe Wagner (la « division Wagner », sic Fox News) qui auraient tué des soldats américains en Syrie. Une escalade qui laisse prévoir que Poutine va « déguster » avant, pendant et après ses propres élections présidentielles. Ici, Trump prend bien garde de laisser faire le « deep state », véritable décisionnaire en matière de stratégie internationale, ayant compris que la ruine de sa famille, voire sa persécution judiciaire, ne valait pas la chandelle multipolaire de ses promesses.
Il lui reste donc la politique intérieure, où il excelle maintenant dans la mesure où les républicains le soutiennent en tout. Les sondages de Trump, comme ceux des républicains, remontent, les algorithmes boursiers s’adaptent à la croissance (la Bourse reprend après quelques couacs récents dus à l’automatisation des transactions). Le capital financier, les industriels et les « virtualomondialistes » de la Silicon Valley jouent le jeu (réinvestissement et emplois locaux) depuis les déréglementations et la réforme fiscale. Les groupes chrétiens sont fidèles au poste et le puissant lobby conservateur du CPAC, après l’avoir boudé puis toléré ces deux dernières années, a glorieusement acclamé Trump.
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