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Oser fracasser les interdits. Aller même, s’il le faut, chercher la vérité là ou elle est; même quand elle est en dessous de la ceinture Par Bruno Bertez

Oser fracasser les interdits. Aller même, s’il le faut, chercher la vérité là ou elle est; même quand elle est en dessous de la ceinture.

Les catégories politiques qui sont proposées à notre époque sont insuffisantes à rendre compte de ce qui nous arrive.

Les théories, les concepts, les schémas d’antan sont dépassés et surtout inopérants. On tourne en rond, on mouline à vide.

Regardez les moulinets don Quichottesque d’un Mélenchon! C’est l’un des plus pertinents, voire l’un des plus avancés dans la compréhension du système, et pourtant il ne sert rigoureusement à rien; il n’a aucune influence. Strictement aucune.

Je soutiens que nous sommes devant un exemple terrible de développement inégal.

Je vous rappelle ce qu’est le développement inégal.

Notre monde se caractérise par la folie du mouvement érigé en valeur. Disons qu’on peut appeler cela le progressisme qui n’est rien d’autre que l’illusion que le passé, c’est de la merde et qu’à l’inverse, tout ce qui est nouveau est bien, est supérieur, est donc synonyme de progrès.

On attache de l’importance à cet aspect « progrès » mais on n’attache pas assez d’importance à son symétrique qui est l’aspect « dévalorisation du passé ».

Déjà, c’est une faiblesse de la pensée. La méconnaissance du mouvement de dévalorisation du passé est un élément central, non étudié, car cette méconnaissance permet de détruire tout ce qui est conservateur et en particulier les classes politiques et sociales qui s’en réclament.

Mais il y a plus grave dans le progressisme: le plus grave c’est le développement inégal.

Car en fait, il y a trois choses dans le progressisme.

-D’abord il y a la destruction du passé,

-ensuite il y a la survalorisation du futur, et

-enfin et surtout, il y a le mouvement, c’est à dire la vitesse à laquelle les mutations s’accomplissent.

Dans une société complexe, tout ne change pas en même temps.

Les vitesses de mutation ne sont pas uniformes: certains sont en pointe, d’autres sont en retard. Certains conduisent, d’autres sont à la remorque. Je pense que vous m’avez compris. Dans l’idéologie du progrès on fait semblant d’ignorer l’essentiel profondément inégalitaire , à savoir le fait que les vitesses sont différentielles, relatives.

Certains y ont accès plus vite que d’autres et se servent de ce qu’ils acquièrent plus vite pour dominer les autres et les exploiter. C’est net par exemple dans ce domaine complexe qu’est la monnaie. Les idiots s’intéressent à la quantité de monnaie et aux indices de prix, alors que le scandale ne situe non pas au niveau de la quantité de de monnaie mais au niveau de qui l’imprime et qui la reçoit cette monnaie tombée du ciel. Ceux qui la reçoivent avant s’enrichissent sur le dos de ceux qui la reçoivent après.

Le développement inégal ne touche pas que les personnes et les citoyens, il touche tout ce qui est humain. Il touche donc les personnes, bien entendu, les institutions, les savoirs, les théories, etc. Ainsi, dans un pays, le développement inégal touche les structures, les super-structures et l’ensemble des savoirs sur ces structures et super-structures.

J’en viens au fait.

Dans le monde du progressisme idéologique, il y a des gens qui ont des savoirs très avancés et des gens qui au contraire ont des savoirs très rétrogrades, voire dépassés. Il y a les Gilets Jaunes et il y a les ingénieurs sociaux qui entourent Macron.

Dans le monde du progressisme idéologique, le pouvoir passe de ceux qui ont titre à ceux qui ont droit et le droit au pouvoir repose sur le droit au savoir, au Gai Savoir celui qui permet de dominer. Celui qui , donnant les clefs de la gouvernance, donne le droit d’imposer et de supplanter l’ancienne légitimité fondée sur la souveraineté .

Macron par exemple, a autour de lui des gens qui possèdent les savoirs les plus évolués en matière de société, de comportement de groupe, en matière de psychologie sociale, etc. Il les utilise à la fois pour gouverner, pour communiquer, pour construire des consensus ou des divisions, selon le cas. selon ses besoins.

Bref, il utilise tous ces savoirs pour continuer d’exercer le pouvoir alors que sa légitimité politique disparu ou pire alors qu’elle n’a jamais existé.

La plupart de ces savoirs dépassent le stade de l’évidence.

Il faut aller très loin, fouiller dans la conscience des peuples, fouiller dans les coeurs et dans les esprits pour gouverner et surtout pour imposer aux citoyens ce dont ils ne veulent pas. Il faut, en quelque sorte, une sorte de science des profondeurs politiques. Il ne s’agit pas comme el disent les imbéciles de faire de la politique autrement, non il s’agit de faire de la politique Ailleurs! En amont, en deça et au delà.

Il faut presque admettre l’hypothèse -pour la commodité du raisonnement- qu’il y a un inconscient politique. Bien sur il ne s’agit pas de le réifier.

Pour le peuple, on agite les médias, les sondages, les enquêtes , alors que dans l’ailleurs politique, on creuse, on fouille, on ausculte, on expérimente, on modélise, on tire des régressions .

Pour vous donner un exemple pensez à ce qui se passe en matière de soi disant lutte contre la pandémie, Macron et ses conseils travaillent dans un univers dont ignorez jusqu’à l’existence, il décide sur des données, des schémas et des modèles contre intuitifs qui vous sont radicalement étrangers mais vous, vous n’ entendez parler que d’émergences plus ou moins absurdes. Vous n’arrivez pas à comprendre que la logique est ailleurs.

Je ne suis pass loin d’admettre cette possibilité: le monde politique , le vrai, celui de l’exercice du pouvoir est ailleurs. Et au dessus de cet ailleurs, il y a le manifeste, le spectacle.

Il y aurait un inconscient politique qui serait structuré plus ou moins comme l’inconscient individuel, c’est à dire comme un discours avec son histoire, sa logique et sa grammaire. C’est en jouant sur et dans cet inconscient politique et en le « maîtrisant » que l’on peut faire faire et faire admettre aux citoyens des choses qu’ils n’admettraient pas autrement. Le mot implorant est « maîtrisant », pris au sens fort, c’est à dire en lui imposant la loi du Maitre.

C’est une hypothèse de travail bien évidemment qui mérite d’être creusée.

Elle déplace totalement le champ de l’analyse politique. Et encore plus le champ de l’action politique et de la participation citoyenne..

Elle permet de comprendre pourquoi les catégories traditionnelles sont inopérantes, pourquoi les structures politiques actuelles sont impuissantes et pourquoi les peuples, tout en refusant la situation qui leur est faite, l’acceptent quand même. « Ils ne sont pas contents, oui, et après? »

On retrouve une sorte de validation de cette hypothèse de travail quand on essaie de tourner autour du concept de complotisme.

Je ne crains pas de dire et je l’ai dit souvent d’ailleurs que le concept de complotisme devrait être placé au centre de la réflexion politique.

En effet, vu sous l’angle de ce que j’explique ci-dessus, le complotisme est une forme du savoir qui dépasse les évidences. C’est une forme de savoir qui refuse ce qui apparaît et qui, au contraire, va fouiller ailleurs dans les profondeurs pour inventer ou pour imaginer un autre ordre du monde que celui qui lui est présenté.

Le mouvement de la recherche complotiste consiste d’abord à refuser ce qui est montré par les pouvoirs, et ensuite à aller creuser pour aller trouver autre chose et exhumer une logique enfouie que l’on ne veut surtout pas qu’ils découvrent.

Bien évidemment, cette recherche est maladroite, elle est souvent assez primaire et elle part de pré-supposés assez simplistes. Etant ainsi peu élaborée, la recherche complotiste aboutit a des affirmations imparfaites, partielles voire délirantes. Ce faisant la démarche peut être dévalorisée par les tenants du pouvoir et ainsi être rendue nulle et non-avenue.

Si les pouvoirs n’avaient pas la possibilité d’écarter les tentatives d’interprétations complotistes du monde, ils seraient en grande difficulté. La démarche complotiste cible leur talon d’Achille.

Pourquoi? Et bien, tout simplement parce que c’est vrai, les complotistes ont raison: la logique des situations est Ailleurs. La compréhension des situations ne se situe pas au niveau des discours manifestes tenus par les pouvoirs, elle se situe au niveau des non-dits, au niveau de ce qui est caché, au niveau de ce qui est enfoui très profondément.

Vu sous cet angle, le complotiste a raison dans son affirmation centrale qui est: « ils », le grand « ils », ne nous disent pas la vérité. Mais là où le complotiste se perd et perd pour ainsi dire le terrain qu’il a gagné dans son combat contre les puissants, c’est quand, après avoir dit « la vérité est ailleurs » , il avance lui-même une autre vérité.

Le deuxième membre de la proposition, c’est à dire le fait d’avancer une vérité, c’est ce qui invalide la démarche complotiste. Car ce qui est avancé est faux, quelquefois débile, et dans tous les cas incomplet ou non prouvable. Ce qui est avancé est donc très facile à tourner en ridicule. Utilisant cette arme du ridicule contre les complotistes, les puissants peuvent nullifier toute la démarche, ils peuvent oblitérer la première partie, celle qui affirme que la vérité est ailleurs.

La découverte centrale de l’esprit complotiste est copernicienne; la vérité est ailleurs.

Je développe très souvent l’idée que nous vivons dans un imaginaire social et que nous habitons une névrose. Les quelques réflexions ci-dessus permettent de creuser un peu plus dans cette direction.

L’impuissance des peuples face au scandale que constitue la situation politique présente est ce qui me fascine.

Ces hypothèses d’imaginaire social, d’une névrose sociale ou d’une caverne de Platon permettent d’expliquer l’impuissance des oppositions et des peuples face à ceux qui sont en avance dans la modernité.

Ceux qui sont en avance disposent de schémas et de modes de compréhension du monde et de leurs sujets/serfs qui sont en quelque sorte à cheval entre le réel et l’imaginaire. Ils savent un peu mieux que les autres, ils ont accédé à des demi secrets, à des vérités cachées à demi révélées, et ils utilisent ce savoir pour les maintenir dans une sorte d’état d’hébétude qui dépasse même l’état d’ignorance, dans une sorte d’état de non-conscience de ce qui se passe vraiment.

Il faut oser.

Oser fracasser les interdits aller même si il le faut, chercher la vérité là ou elle est , même si quelque fois elle est en dessous de la ceinture.

On ne peut plus comprendre à la fois ce qui se passe et encore moins ce qui ne se passe pas.

L’impuissance des peuples face au pouvoir politique et aux pouvoirs économiques est un immense mystère. C’est le mystère de notre époque. Et comme dans les Mystères anciens de la religion il y a dans tout cela du Sacré. Du Sacré, de l’Autorité qu’il faut briser, comme furent brisés le sacré et l’autorité qui ont fait la domination par la religion.

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