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Ma Chronique des Matières Premières semaine 29

Toujours beacoup d’actualité sur le marché des matières premières :

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Révision à la hausse par l’AIE de la demande de pétrole attendue cette année (à 83,85 millions de barils / jour contre 83,68 M attendus préalablement). Même s’il s’agit d’une nouvelle positive, ce niveau de demande marque toujours une forte baisse par rapport à la consommation de 2008 (85,41 M barils / jour)

 L’OPEP(véritable régulateur du marché pétrolier) a annoncé ne pas s’attendre à un retour au niveau de demande de 2008 avant 2013. Un discours un peu en contradiction avec les faits puis le taux de respect des quotas est redescendu à 68% au mois de juin ce qui signifie en clair que l’OPEP se positionne pour un rebond de la demande en 2010… l’offre et les stocks actels restant abondants.

Le débat aux Etats-Unis autour du rôle de la spéculation dans la fixation des prix des matières premières (et notamment le pétrole) peut expliquer la volatilité actuelle des prix des matières premières.

L’activité économique mondiale montre toujours des signes d’amélioration. Il y a, par exemple, 130 bateaux attendant d’être chargés en Australie, ce qui représente une augmentation de 40% par rapport au mois précédent ; cet « embouteillage » montre bien que les commandes asiatiques de matières premières sont toujours élevées.

Les annonces d’augmentation des prix dans l’acier sont toujours nombreuses aussi bien en Amérique du Nord qu’en Europe ou en Asie;  ArcelorMittal va d’ailleurs redémarrer un haut fourneau aux Etats-Unis à la fin du mois et probablement un autre en Europe au mois d’août.

 Les importations chinoises de cuivre ont atteint un nouveau record au mois de juin (475 000 t) et celles de minerai de fer restent très bien orientées (55,3 M t) ; ces données confirment la vigueur de l’activité économique chinoise.

Deux événements sont venus  rappeler combien l’offre de métal peut être fragile. Tout d’abord, les employés de Vale à Sudbury (Canada) viennent de voter une grève. Ce complexe minier représente 11% de l’offre mondiale de nickel. Ensuite, plusieurs employés de la mine de Grasberg (cuivre et or) en Indonésie ont été abattus lors d’affrontements avec des activistes locaux. Cette mine qui appartient à la société Freeport-McMoran est l’une des plus grandes du monde et représente 4% de l’approvisionnement mondial de cuivre : des impacts sur la production sont donc envisageables. Les annonces de réouvertures de capacités dans l’acier continuent d’affluer sur fond  ‘augmentations des prix partout dans le monde. Le taux d’utilisation des capacités d’acier aux Etats Unis vient, par exemple, de repasser la barre symbolique des 50%. On reste toutefois loin des 89% de juin 2008.

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Du juste prix d’équilibre fondamental du pétrole et autres considérations (cliquez sur le lien)

PLUS D’INFOS :

Spéculation sur les matières premières : les bornes sont-elles dépassées ?

PAR GENE EPSTEIN | JDF HEBDO | 18.07.2009

Etablir des limites de position à la spéculation sur le pétrole et autres matières premières serait une décision sensée.

Une volonté de refermer la porte de la grange une fois que les chevaux se sont tous enfuis : voilà une manière – certes un peu injuste – de lire les projets actuels de la Commodity Futures Trading Commission (organisme de tutelle des marchés à terme), qui envisage d’imposer des limites de position aux spéculateurs sur le pétrole, le gaz naturel et autres matières premières maintenant que les prix du pétrole brut et de l’énergie en général ont rebondi depuis leurs bas niveaux de février. Ce que Gary Gensler, président de la CFTC, souhaite faire, précisément, c’est identifier minutieusement les portes qui ont besoin d’être fermées tandis que le troupeau continue de s’échapper.

Les auditions sur les limites de position, que Gensler planifie pour le mois qui vient, ainsi que les initiatives qu’il a prises pour améliorer les rapports traitant des positions sur les contrats à terme, sont deux évolutions majeures par rapport au modus operandi de son prédécesseur. Et elles pourraient constituer un grand pas dans la bonne direction.

Gensler, nommé par Obama à la tête de la CFTC en mai, a apparemment été poussé à l’action par l’inquiétude générale qui accompagne la reprise des cours du pétrole. Lorsque le prix de quelque chose qui nous est cher se met à augmenter vertigineusement, le réflexe habituel est de s’en prendre aux spéculateurs. Mais dans ce cas précis, comme dans celui d’autres matières premières essentielles, il a été démontré que les achats spéculatifs ont réellement contribué à faire monter les prix.

Quelle que soit la façon dont la spéculation affecte les prix, l’imposition de limites aux positions que prennent les spéculateurs, telle que la prévoyait le Commodity Exchange Act de 1936, a aujourd’hui autant de sens qu’à l’époque. La première raison qui justifie ces limitations, c’est la relative absence de liquidités sur le marché des matières premières. Même au sommet de la bulle des matières premières, en 2008, la valeur de marché de tous les contrats à terme et optionnels sur produits de base échangés aux Etats-Unis était inférieure à 1 trillion de dollars. Ce chiffre ne traduit pas la valeur de ces contrats, mais plutôt le montant notionnel des matières premières sous-jacentes sur lesquelles ils sont fondés. Cette somme est inférieure à la valeur de marché de cinq sociétés pétrolières, et bien inférieure aux trillions de dollars des fonds spéculatifs qui pourraient être investis dans les matières premières.

C’est pourquoi les règles font une distinction cruciale entre le rôle des spéculateurs et celui des acteurs qui cherchent à se couvrir sur ces marchés. Ceux-là, les « commerciaux », sont directement impliqués dans l’échange de matières premières au physique, qu’ils soient producteurs, clients finaux ou intermédiaires. Ils prennent position à travers des contrats à terme et des options afin de réduire les risques qu’ils prennent au physique. Les spéculateurs, au contraire, jouent un rôle vital en apportant de la liquidité à ceux qui veulent se couvrir, tout en tentant de réaliser des profits. Mais, puisqu’ils ne sont pas impliqués directement dans les matières premières sous-jacentes, que soient fixées des limites à leurs positions pour éviter des dérives possibles causées par le trading spéculatif, dans un sens ou dans l’autre. 

Une nouvelle race de spéculateurs

Dans une déclaration du 7 juillet, Gensler fait remarquer que « la CFTC fixe et assure actuellement l’adhésion aux limites de position portant sur certains produits agricoles », et il ajoute que « ce n’est pas le cas pour le marché des énergies ». La seconde observation était vraie ; la première, trompeuse.

La CFTC n’assure l’adhésion aux limites en position sur ces marchés agricoles que pour les traders catégorisés comme « non commerciaux » – autrement dit, les spéculateurs. Or, les courtiers en charge des contrats d’échange (swap dealers), qui représentent un groupe très important de spéculateurs, sont dispensés de limites en position car ils ont réussi à se faire catégoriser comme « commerciaux », bien qu’ils ne soient pas impliqués directement dans l’échange de matières premières au physique. Ces swap dealers travaillent en grande partie pour le compte d’une nouvelle race de spéculateurs : les traders sur indice matières premières, ou commodity index traders (CIT), dont la stratégie, d’achat de matières premières uniquement, va à l’encontre d’un fait bien avéré : tout marché haussier depuis 1973 a toujours été suivi d’un retracement.

L’année passée s’est révélée désastreuse pour la stratégie des CIT, ce que Barron’s avait prédit dans son article de une (« Les matières premières : qui est derrière le boom ? ») du 31 mars 2008. L’article expliquait que si les fondamentaux de l’offre et de la demande justifiaient que les prix des matières premières soient élevés, une grande partie de la hausse était cependant causée par des spéculateurs non soumis à des limites en positions.

En se fondant sur des données assemblées à partir de registres de la CFTC par l’analyste Steve Briese dans son ouvrage La Bible des engagements du trader, nous avions pu démontrer le rôle démesuré joué par les fonds qui ne font qu’acheter des indices par l’entremise des swap dealers, et ainsi anticiper l’éclatement de la bulle spéculative.

Quel impact sur les cours du pétrole si l’on contrôle la spéculation ?

Nous avions écrit notre article lorsque le baril de pétrole brut dépassait les 100 dollars. Après la baisse de la semaine dernière, à 60 dollars le baril, nous n’allons pas nous aventurer à parier la baisse. Mais selon les estimations de Briese, les positions longues des CIT sont responsables de 40 % des contrats ouverts d’options et de futures sur le pétrole au Nymex (la Bourse des matières premières de New York). Cela représente trente jours complets d’approvisionnement des Etats-Unis en pétrole. Les estimations de Briese montrent aussi que pour chaque dollar investi par les « non-commerciaux », ceux qui investissent dans les indices, eux, ont mis 6 dollars.

Si des limites en position étaient imposées aux spéculateurs, et si les swap dealers étaient définis pour ce qu’ils sont réellement, l’on réduirait considérablement le montant investi par les traders sur indice matières premières. Cela affecterait le prix du pétrole, mais il est difficile de savoir dans quelle mesure exactement.

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Pic des matières premières attendu dans deux ans

La fin du restockage de la Chine abaissera leurs prix à court terme. Un rebond est attendu en fin d’année. Les analystes auprès de UBS spécialisés dans les matières premières prévoient une reprise durable de leurs prix à partir du quatrième trimestre 2009, qui devraient atteindre un pic cyclique en 2011. Un certain nombre d’événements sans précédent sur les 12 derniers mois ont rendu les pronostiques difficiles, ont-ils pourtant indiqué dans une étude, dont un très important restockage de la Chine au deuxième trimestre qui a fait atteindre à court terme des sommets aux matières premières importées, mais dont l’effet sur leur hausse s’essouffle actuellement, conjuguée à une politique des crédits plus restrictive dans ce pays. Ils se sont particulièrement montrés surpris par la production chinoise d’acier et ont corrigé leurs scénarios d’une baisse de 9% prévue pour cette année, à une hausse de 6% à 530 millions de tonnes. UBS a aussi cité parmi les facteurs de volatilité le retour de grands fonds investissant à nouveau dans les matières premières et les ressources naturelles. De même que la position du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale, l’amenant à abaisser sa valeur à long terme par rapport aux autres monnaies de référence dans les matières premières. De sorte que la banque a revu à la hausse ses pronostiques pour la production chinoise d’acier 2010 de 493 à 565 millions de tonnes, ses importations de fer de 485 à 520 millions de tonnes et de charbon nette à 45 millions de tonnes. UBS a aussi rehaussé ses prévisions pour les entreprises minières, et les minerais en vrac ou dégrossis. La plus importante appréciation touche le cuivre qui devrait valoir 43% de plus que calculé jusqu’à présent, de même que l’argent (+43%), lenickel (+33%), l’or et le platine (+17%), le fer et le charbon (+10-12%). A l’inverse, la banque pense que l’aluminium sera 6% moins cher qu’escompté l’an prochain. Le prix du cuivre devrait concrètement osciller entre 2,50 et 2,65 dollars la livre, le nickel atteindrait 7,50 dollars la livre, le zinc entre 0,80 et 0,95 dollar la livre, l’or 1050 dollars l’once, et l’argent 18,30 dollars l’once, pour du platine à 1375 dollars l’once. On trouve parmi les cinq entreprises minières préférées de UBS, qu’elle propose toutes à l’achat, Rio Tinto, Vedanta Resources, Freeport-McMoRan, Peabody Energy Corp et Vale S.A., avec une valeur d’entreprise sur le bénéfice EBITDA l’an prochain estimé respectivement à 4,2x, 5,8x,4,0x, 7,5x et 6,0x.

source UBS juin 2009

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