Formation a la gestion de portefeuille

Quelques pistes patrimoniales pour se protéger de l’inflation suite, toujours et encore !!!!

La fin de la désinflation

Le plus grand défi posé aux investisseurs tient à la fin de l’ère  de désinflation, explique à fort juste titre  Russell Napier, dans le Financial Times du 9 juin 2009.

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Il est possible que l’inflation soit modérée et se stabilise à un bas niveau, mais il est au moins aussi probable qu’elle dépasse les objectifs. Depuis les années 1970, les investisseurs ont oublié l’art et la manière de s’adapter à cet environnement. Seuls quelques experts proches de la retraite sont dans cette situation. Les entreprises auront également de la peine à s’ajuster. Ces développements ne sont pas intégrés dans les prix des marchés. Les investisseurs prêts à se remettre en  question pourraient obtenir un sérieux avantage. Cette nouvelle ère devrait se traduire par un transfert de richesses au profit de l’Asie…

J’ajoute donc ici une nouvelle pièce au dossier Inflation, l’objectif n’étant pas bien sur d’agiter les drapeaux de la République de Weimar mais d’apporter des éléments concrets à un investisseur lambda pour apprendre à anticiper ce retour en force de la bète immonde : l’inflation…Voici donc un article du souvent très pertinent journaliste économique (un vrai, normal il est suisse !!!!) du Temps : Emmanuel Garessus

La protection optimale contre l’inflation

Par Emmanuel Garessus 24/6/09 le temps

La promesse d’un brusque retour de l’inflation préoccupe les professionnels de la finance. La liste des experts qui craignent une sensible hausse des prix est si longue qu’elle en devient suspect

La mécanique inflationniste n’est pas encore installée mais l’investisseur ne peut se dérober et ignorer la menace. Depuis le début de l’année, les obligations de l’Etat américain accusent une perte de 5,7% alors que les obligations indexées sur l’inflation (TIPS) sont en hausse de 2,98%.

http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=TIP%3AUS  (évolution des TIPS)

Le spectre de l’inflation est prêt à se nourrir des montants gigantesques déployés pour relancer l’économie.

L’investisseur doit se protéger au plus tôt. La question porte sur le choix du moment et du poids conféré aux instruments susceptibles de lui servir d’abri. La problématique n’est pas nouvelle, mais la recherche académique peine à fournir une réponse claire.

La solution optimale oblige l’investisseur à distinguer entre le court terme (12 à 18 mois) et le long terme, selon une intéressante étude publiée par le FMI1. Ses auteurs soulignent la difficulté à «protéger un portefeuille contre une hausse inattendue de l’inflation en employant les instruments de placement traditionnels» (actions, obligations, matières premières, cash). Leur travail analyse
la dynamique des relations entre l’inflation et les différentes catégories de placements à la fois dans une optique à 12-18 mois et à 20 ans. Selon leur étude, les matières premières offrent la réponse la mieux adaptée à court terme. A l’opposé, l’investisseur devrait déserter les obligations.

Mais ces estimations ne valent qu’à court terme car les relations s’atténuent avec le temps.

Les effets d’un choc inflationniste sont les suivants: à court terme, une hausse de 1 point de pourcentage de l’inflation se traduit par une baisse de 1,75 point des obligations (en dollars), de 2,75 points des actions, mais d’une hausse de 3,8 points des matières premières. Les matières premières offrent donc la meilleure réponse à un choc inflationniste. Ce résultat corrobore d’autres recherches: les variations d’inflation entre 1969 et 2003 expliquent 43% du rendement de l’indice des matières premières (GSCI), selon Erb et Harvey2.

Au sein des matières premières, l’énergie, les métaux précieux, le bétail, le sucre offrent le meilleur «hedging» contre le renchérissement.

Au-delà de cette période de 12 à 18 mois, les résultats se modifient progressivement et les positions s’inversent au profit des obligations et au détriment des matières premières. Le rendement des obligations est en effet de plus en plus attractif, soutenu par des taux d’intérêt plus élevés et des prix plus stables. Le risque de désinflation devient supérieur à celui d’inflation. Le rendement des obligations dépasse alors le taux d’inflation et devient l’instrument approprié pour l’investisseur.

Les matières premières prendront le chemin inverse et baissent progressivement, en termes nominaux. L’élasticité avec l’indice des prix atteint son sommet après 15 mois (0,7), mais après 20 ans elle devient négative (-0,2), selon l’étude du FMI. L’explication repose sur l’évolution divergente entre les matières premières et les taux d’intérêt réels. Face à un choc inflationniste, les taux réels augmentent graduellement et réduisent ainsi l’attrait des matières premières.

Une autre explication est possible pour justifier la perte d’intérêt accordée aux matières premières. Elle s’appuie sur l’évolution de la production de la demande. Si l’inflation engendre un cycle de contraction conjoncturelle, la nature pro cyclique des matières premières conduit à une baisse des cours de celles-ci.

Qu’en est-il des actions? En Suisse, plusieurs stratèges vantent leurs vertus protectrices en cas d’inflation. Ce sont des actifs réels, répète-t-on. L’étude du FMI démontre clairement l’inverse. A court terme, elles sont fortement pénalisées. Les mérites des actions existent tout de même, mais elles ne maintiennent le pouvoir d’achat qu’à long terme. Le conseil des chercheurs du FMI? L’investisseur doit être fin tacticien et changer son portefeuille à bon escient. Les sources de l’inflation peuvent guider les choix. En effet Jean-Pierre Danthine, dans une étude de 1986, montre qu’un choc sur la production est négatif pour les actions. Par contre, si la hausse des prix est d’origine monétaire, les actions protègent l’investisseur.

Le débat théorique sur la réaction des actions n’est de loin pas clos. Longtemps, la littérature incitait à privilégier les actions en cas d’inflation. On pensait que les sociétés transmettaient la hausse des prix sur leurs produits et offraient les dividendes correspondants. L’inflation des années 1970 a réduit cet argument à néant. Zvie Bodie (1976) emploie la jolie formule suivante: «Pour utiliser les actions comme hedge contre l’inflation, il faut les vendre à découvert».

Les instruments de protection contre l’inflation sont «au mieux imparfaits et au pire il est très improbable qu’ils atteignent l’objectif recherché», selon le FMI.

Des alternatives existent pour les professionnels. Des produits dérivés sur l’indice des prix sont traités sur certains marchés à terme depuis cinq ans. Mais leur écho est dérisoire. L’étude du FMI ne s’intéresse guère aux obligations liées à l’inflation. Dommage car la hausse qu’elles présentent cette année pourrait se poursuivre encore de longs mois. Ce n’est pas Bill Gross, directeur de Pimco, et le meilleur investisseur en obligations, qui dira le contraire.

1. Inflation hedging for long-term Investors, Alexander Attié and Shaun Roache, IMF Working Papers, WP/09/90, mai 2009.

2. The strategic and tactical value of commodity futures, Claude Erb, Harvey Campbell, Financial Analysts Journal, 2006.

EN COMPLEMENTS  INDISPENSABLES :

http://leblogalupus.com/2009/06/22/il-n%e2%80%99existe-pas-%c2%ab-une-%c2%ab-mais-%c2%ab-des-%c2%bb-inflations/

http://leblogalupus.com/2009/06/22/quelques-pistes-patrimoniales-pour-se-proteger-de-l%e2%80%99inflation-suite-et-encore/

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