Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

Cette vieille Europe poussièreuse et désuète : futur musée protectionniste pour octogénaires décatis

Au menu R.A.S : r comme réactionaire….a comme asservissement et s comme socialiste…

Les Européens s’interdisent l’accès à la plus grande bibliothèque du monde….

Par Beat Kappeler

On risque d’arriver à ce paradoxe que le continent se prive de culture à cause de la culture

Lire tous les livres parus dans le monde sur son petit écran – telle est la proposition de Google Books. La firme veut numériser les livres et les mettre sur Internet. Mais tous les Européens pourraient en être exclus. Au nom de leur culture! On risque en effet d’arriver à ce paradoxe que le continent se prive de culture à cause de la culture.

Le couac, ce sont les droits d’auteur. En Europe et en Suisse, les droits d’un auteur sont réservés jusqu’à 70 ans après sa mort. Cette disposition est ridicule, elle ne constitue pas un droit d’auteur, mais un droit des petites-filles des veuves d’auteur. Car la propriété intellectuelle risque bien de se répercuter sur des générations. De ce fait, ce ne sont pas les auteurs qui réclament ce droit presque éternel, mais bien les éditeurs. Et là, ce ne sont que quelques cas isolés d’auteurs très célèbres qui sont concernés. Tous les autres ne vendent même plus leurs livres au-delà de dix ans suivant leur parution. Au contraire, un auteur qui se respecte, qui se sent investi d’une mission, peut même souhaiter qu’après dix ans ses œuvres naviguent vers l’éternité générale sur les listes de Google Books, accessibles à tout le monde, dans le monde entier et pour toujours.

Les Américains ont trouvé le moyen de contourner la difficulté du droit d’auteur. Les maisons d’édition et Google ont conclu un accord pour déterminer les conditions de la numérisation de leurs livres. On verse les rentrées financières dans un pot qui ensuite les distribue aux auteurs, selon des dispositions contractuelles précises. Et déjà on discute de solutions techniques pour faire des micro­paiements en contrepartie d’informations ou de livres consultés sur Internet.

En Europe en revanche, les gouvernements hurlent contre Google Books, la France en premier lieu. Le nouveau Mitterrand, le neveu qui est ministre de la Culture, parle de menaces sur «l’héritage», de «risque pour la diversité culturelle». Selon cette conception, la diversité réside dans le cloisonnement des livres, des auteurs, des nations.

Si, par cette obstination, les Européens se voient exclus de l’utilisation des livres du monde entier, qui constituent le trésor de Google Books, ils ne participeront pas à la diversité, et ils ne réaliseront pas non plus leur projet alternatif qui sommeille quelque part dans les tiroirs. Ils prendront encore du retard par rapport à la hardiesse intellectuelle, technique et commerciale des Anglo-Saxons. Si Google Books exerçait son monopole d’une manière inacceptable, on aurait beaucoup de moyens pour intervenir. Mais il faut un monopole technique, car les réseaux ont une «externalité positive»; c’est-à-dire plus il y a d’utilisateurs, plus il y a de contenu, plus le réseau se présente de manière intéressante.

Le problème de fond reste la durée des droits d’auteur. Il faut la réduire. Pourquoi ces droits dureraient-ils plus que la vie de l’auteur lui-même, dont ils sont censés assurer la compensation? La Suisse pourrait et devrait réviser rapidement son droit pour secouer les Européens et pour amorcer les changements nécessaires.

Dans le Financial Times, l’auteur Wolfgang Münchau vient d’émettre un pronostic sombre pour l’avenir économique du Vieux Continent. Il trouverait une confirmation de ses propos dans ce combat d’arrière-garde en matière de numérisation des livres.

On peut ajouter à cela le retard intellectuel, technique et commercial que les Européens accumulent sur le plan des organismes génétiquement modifiés. L’article de Marcel Kuntz dans ce journal (LT du 08.09.2009) l’avait bien souligné. Ou encore dans le domaine des téléfilms, où une directive réserve au moins 50% du marché européen aux producteurs indigènes. L’Europe semble avoir une peur noire de ne pas réussir à attraper les spectateurs avec ses propres œuvres. Ce continent abdique intellectuellement, techniquement et commercialement. La raison n’est pas seulement le vieillissement de la population européenne qui ne voit plus d’avenir. Non, il y a une conception de la vie qui envahit ce continent selon laquelle on peut tout régler et arrêter tout ce qui bouge. «On», ce sont des comités politiques, qui souvent ne sont même pas élus ou mandatés, à l’instar de ces fédérations d’éditeurs européens qui refusent Google Books.

source le temps

BILLET PRECEDENT : De l’inconsistance, de l’inconscience, et de l’inefficacité des plans de relance à la mode keynésienne (cliquez sur le lien)

2 réponses »

Laisser un commentaire