Cette semaine, Goldman Sachs ne s’est pas fait remarquer uniquement par les poursuites pour fraude engagées par la Securities and Exchange Commission….
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Le groupe s’est distingué mardi en révélant avoir dépensé 2,3 milliards de dollars pour des rachats d’actions au premier trimestre. Cette mesure, approuvée par les régulateurs, a été prise alors même que le gouvernement a recommandé aux banques, notamment les institutions qui présentent des risques systémiques, de renforcer leurs fonds propres de manière à pouvoir amortir les pertes éventuelles.
En raison de la position du gouvernement et des incertitudes concernant les niveaux de fonds propres qui seront réellement requis, d’autres banques se sont abstenues de procéder à des mesures qui risqueraient de réduire ou de détourner leurs fonds propres. C’est ainsi que JPMorgan Chase, par exemple, a justifié l’absence de relèvement de son dividende.
L’argent utilisé par Goldman Sachs pour ces rachats d’actions aurait pu servir à consolider ses fonds propres, même si ces derniers ont fait été renforcés par le résultat net de 3,3 milliards de dollars généré par la banque au premier trimestre.
Ce montant de 2,3 milliards de dollars est supérieur à celui utilisé par la banque pour racheter ses actions au cours des deux dernières années, période au cours de laquelle elle a levé des capitaux sur les marchés et reçu des aides d’Etat. Goldman a certes remboursé les fonds perçus dans le cadre des plans de sauvetage, mais elle bénéficie toujours de taux d’emprunts avantageux pour ses émissions obligataires garanties par le gouvernement.
Malgré les incertitudes générales sur la réglementation, la Réserve fédérale a, en décembre, publié des directives pour les 19 sociétés qui ont participé l’an dernier aux tests de résistance. Ces directives soulignent les procédures et critères devant présider aux mesures susceptibles de réduire les fonds propres ou ralentir leur consolidation. Cela signifie que les rachats de titres et les augmentations de dividendes ne sont pas interdits, mais qu’ils ne sont pas non plus approuvés dans tous les cas.
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Goldman a visiblement demandé et obtenu le feu vert pour son rachat d’actions. “Nous ne manions pas nos fonds propres à l’insu de nos régulateurs et sans leur consentement”, a déclaré David Viniar, directeur financier de Goldman Sachs, interrogé sur ce feu vert à l’occasion de la publication des résultats de la banque américaine.
Goldman Sachs a expliqué avoir racheté des actions pour compenser l’attribution de titres à ses salariés. Les directives de la Fed indiquent que les rachats réalisés dans cette optique font l’objet d’une plus grande souplesse.
David Viniar a reconnu que des incertitudes demeuraient au sujet des exigences de fonds propres, mais il a souligné que les capitaux propres attribuables aux actions ordinaires avaient augmenté de 2 milliards de dollars sur le trimestre, à 65,9 milliards de dollars, malgré l’opération de rachat.
Le groupe a également indiqué que son ratio Tier 1 au premier trimestre était resté stable à 15%, alors que celui de JPMorgan est ressorti à 11,5%.
Goldman Sachs dispose d’un bilan robuste. Mais ses besoins, comme ceux d’autres banques, pourraient changer si, par exemple, les législateurs décidaient d’obliger les groupes à détenir davantage de fonds propres en regard de leur détention de titres tels que les dérivés.
Etant donné les incertitudes juridiques et legislatives persistantes, les actionnaires de Goldman n’ont plus qu’à espérer que cette démonstration de solidité ne se retournera pas contre eux.
David Reilly, Wall Street Journal avril10