Albert Edwards : Commentaire sur l’Europe , les USA, la Chine et les Matières premières
Menace de soulèvements sociaux avec la hausse des matières premières….
Alors que la zone euro avance péniblement sur le chemin de la désintégration, des événements bien plus préoccupants se déroulent actuellement. Pour nous, il ne fait plus de doute que l’économie américaine va entamer un ralentissement extrêmement marqué dans les mois à venir. De plus, Ben Bernanke étant convaincu que la création monétaire (permettant de dévaluer le dollar) constitue le meilleur moyen d’éviter le risque – de plus en plus imminent – de la déflation, la Fed va provoquer un choc inflationniste majeur en Asie”, note Albert Edwards, analyste de Société Générale Cross Asset Research.
“Un phénomène d’autant plus dangereux que cette zone concentre une part importante de la population mondiale souffrant de sous sous-alimentation”, ajoute l’analyste.
PLUS DALBERT EDWARDS :
Sur l’Europe
Les raisons pour lesquelles j’anticipe une dissolution de la zone euro ont déjà été présentées dans l’une de mes études de février dernier. Mon opinion n’a pas changé et, en pleine crise financière irlandaise, il n’est pas inutile de rafraîchir la mémoire des investisseurs. Nous nous contentons d’observer les faits.”
“J’estime pour ma part que tout soutien apporté à la Grèce (et maintenant à l’Irlande) ne fera que différer une dislocation inévitable de la zone euro. A mes yeux, toutefois, le problème n’est pas l’ampleur du déficit public ni la solvabilité ou tout autre problème spécifique aux gouvernements des pays en difficulté de la zone euro (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne – nous excluons délibérément l’Italie).”
“Les difficultés de ces pays résultent de la politique de taux bas inadaptée a conduit à une surchauffe et à un développement rapide de l’inflation, même si ces taux d’intérêt pourraient avoir été favorables pour la zone euro dans son ensemble. L’inflation élevée a abouti à des taux de change réels bilatéraux survalorisés (qui existent toujours virtuellement) dans les pays en difficulté de la zone euro et, dans la plupart des cas, à d’importants déficits à deux chiffres de la balance des paiements courants. Réalisant l’essentiel de leurs échanges commerciaux avec d’autres pays de la zone euro, ces contrées patissent d’un manque de compétitivité au sein de la zone euro – une conséquence inévitable de la politique de taux d’intérêt unique. Même si le leur gouvernements parvenaient à réduire radicalement leurs déficits budgétaires, comme s’y essaye actuellement l’Irlande (pour conserver leur crédibilité sur les marchés à court terme terme), il faudra des années de déflation relative (inflation inférieure à celle de la zone euro) voire absolue (compte tenu de des perspectives dans les autres pays), pour que leur déficit de compétitivité au sein de la zone euro s’atténue.”
“Conséquence directe de la faiblesse des perspectives de croissance, leurs déficits publics devraient rester à des niveaux élevés. Une situation que, selon moi, les électeurs de ces pays ne devraient pas accepter. Contrairement au Japon ou aux Etats-Unis, l’Europe (actualité) a une facheuse tendance à la contestation sociale dès lors qu’elle traverse un profond malaise économique. Exposer cette zone – et en particulier les pays en difficulté – à une période prolongée de déflation reviendrait très probablement à lui imposer un effort trop sévère. Et le consensus politique de ces nations, à savoir rester dans la zone euro, pourrait vaciller face à une autre tendance européenne tout aussi regrettable – l’émergence de petits groupes d’extrémistes ayant pour objectif de tirer parti des tensions sociales. Je pense que les autres pays européens ne peuvent malheureusement pas faire grand-chose hormis apporter quelques remèdes provisoires visant à redonner confiance avant l’ultime dénouement : la dissolution de la zone euro.
“Afin de mettre en évidence la pure folie des maillons faibles de la zone (réduisant leurs déficits budgétaires afin d’essayer de regagner en compétitivité), il convient de placer ce même paradigme dans un contexte différent. En effet, la conjoncture au sein de la zone euro ne diffère guère de celle de la Chine demandant aux Etats-Unis qu’ils résolvent les déséquilibres bilatéraux en réduisant leur déficit budgétaire national pour regagner en compétitivité. Folie pure donc tandis que les Etats-Unis sont au bord de la déflation, l’IPC sous-jacent ayant affiché une croissance en glissement annuel de 0,6% en octobre, un plus-bas historique.”
Mais elle échouera probablement. Dans le contexte de crise de la zone euro, certains commentaires sont justifiés, même s’ils ne sont pas les bienvenus dans certains cercles. Je réitère mon explication (…), à savoir pourquoi je pense que la zone euro finira par éclater. La futilité des souffrances endurées par la zone euro a récemment été habilement décrite par le commentateur économique chevronné Samuel Brittan dans le Financial Times.”
Selon Samuel Brittan, du Financial Times, les tentatives de sauvetage de l’euro (cliquez sur le lien) sont familières à ceux qui ont pu suivre les différentes crises de la livre sterling dans les années 60, comme lui. Elles suivent le modèle suivant : opération de sauvetage internationale, appuyée par des plans d’austérité en interne. Les choses semblent s’arranger pendant un moment, puis, dès que plus personne n’y prête attention, la crise redémarre, suivie du lot sauvetage international/politique d’austérité, et ainsi de suite. A la fin, on arrête le combat, et ce sont les dirigeants politiques et financiers qui doivent ramasser les morceaux. La vraie question est de savoir si l’euro va revenir vers les devises nationales d’origine, ou s’il va être divisé en deux ou trois zones.
Selon ce dernier, “pour ceux qui ont connu la lutte stérile de 1961 à 1967 pour éviter la dépréciation de la livre sterling, les multiples crises autour de l’euro auront un air tristement familier. En premier lieu, survient une perte de confiance inopinée. Puis suivent une série d’opérations de sauvetage, prenant habituellement la forme de garanties internationales. Celles-ci sont étoffées par une politique restrictive conduisant à une sorte de récession domestique. Par la suite, les pressions financières s’amenuisent et une situation proche de la normalité semble se dessiner à l’horizon. C’est alors qu’au moment où peu s’y attendent, une nouvelle crise intervient, suivie de nouvelles mesures de sauvetage internationales puis de nouvelles restrictions domestiques. Et ainsi de suite. Au final, le combat est abandonné, et les responsables politiques et financiers s’attèlent à recoller les morceaux”.
Sur les US, le Dollar et la Chine
“Parmi les autres thèmes que j’aborde cette semaine, figurent ma conviction de plus en plus forte que les Etats-Unis tomberont en récession et l’idée selon laquelle les mesures de Ben Bernanke visant une dépréciation du dollar ne sont qu’un stratagème pour pousser à une réévaluation du taux de change réel par rapport à la devise chinoise par l’intermédiaire de l’inflation rampante dans l’alimentaire.””La Chine s’attaquera au stratagème de la Fed de la revalorisation du yuan par l’inflation”
Habituellement, je ne commente pas les données économiques mensuelles, mais le recul de 11,7% en octobre des mises en chantier aux Etats-Unis nous a particulièrement surpris, d’autant plus après le repli de 4,2% révisé à la baisse en septembre (+0,3% publié à l’origine). En octobre, les mises en chantier s’élèvent donc à 519.000, contre 600.000 anticipées par le marché, une belle erreur de prévision ! Je pensais que ce secteur était supposé avoir atteint un plancher, mais apparemment ce n’est pas le cas.”
“Cette observation nous amène à un point crucial. Nombre de nos clients, avec lesquels nous avons discuté, ne pensent pas que l’économie américaine puisse tomber en récession car les principaux indicateurs cycliques de l’économie, tels que le logement et la consommation de biens durables, restent déprimés. En outre, au vu des résultats et des niveaux de trésorerie élevés des sociétés, les clients estiment qu’un recul des indicateurs cycliques ne peut plus, désormais, avoir lieu. Mais c’est sans compter sur les stocks !”
“Rappelons qu’il s’agit d’une économie qui a bénéficié des plus importantes mesures de soutien en temps de paix, mais a affiché le plus faible rebond des ventes finales de son histoire. Au vu de la faiblesse des ventes finales, il se pourrait bien que la contribution négative des stocks ne tarde pas à plonger l’économie en récession, même en l’absence de nouvelle faiblesse de tous les secteurs cycliques à bout de souffle.”
“Au cours des derniers trimestres, les stocks ont fortement augmenté et leur contribution à la croissance du PIB a été considérable. Toutefois, comme me l’a fait remarquer récemment mon ami James Ferguson, qui travaille pour le groupe Arbuthnot, l’indice ISM indique déjà clairement qu’un ralentissement de l’accumulation des stocks est imminent. Inutile donc de rappeler que c’est bien la variation de croissance des stocks qui joue sur la croissance du PIB. Par conséquent, si les stocks progressent encore de 110 milliards de dollars au T4, comme ils l’ont fait au T3, leur contribution à la croissance du PIB serait nulle. En outre, dans l’hypothèse où les stocks afficheraient, par exemple, une croissance encore solide de 60 milliards de dollars au T4, ils impacteraient alors négativement de 1,5% la croissance annualisée du PIB.”
“Au vu de la pénible progression des ventes totales de 0,75% en annualisé (!!) au cours deux derniers trimestres, pas besoin d’avoir la bosse des maths pour comprendre qu’une récession est bien possible, même sans un fort repli des secteurs immobilier ou des biens de consommation durables.”
“L’enquête ISM a montré qu’au dernier trimestre, la production a dépassé les nouvelles commandes de la manière la plus flagrante depuis 20 ans. Ainsi, l’écart entre nouvelles commandes et stocks est tel que le passage de l’ISM publié en récession sous la barre des 44 est probable. A mes yeux, cela ne fait aucun doute que la croissance des marchés enregistrera un fort choc baissier. Cela me semble d’autant plus évident que j’entends déjà siffler le train.”
“Dans cet environnement, qu’adviendra-t-il des anticipations d’inflation qui ont récemment été revues en hausse dans le contexte de l’assouplissement quantitatif nø2 (QE2) ?
Si l’ISM se dirigeait vers des territoires récessionnistes, il serait bien étonnant que les anticipations d’inflation et les rendements obligataires ne plongent pas. A cet égard, Ben Bernanke fera valoir que le QE2 était bien sûr nécessaire. Toutefois, peut-être a-t-il d’autres chats à fouetter ? Nous avons précédemment montré que Ben Bernanke croit fermement que la création monétaire en tant que méthode de dévaluation d’une monnaie permet en outre d’éviter la déflation (ce qu’il avait ouvertement affirmé dans son discours de novembre 2002, Deflation : Making Sure It doesn’t Happen Here.”
“La dévalorisation du billet vert induite par la Fed a engendré par ailleurs une augmentation du prix des matières premières. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, ceci pourrait être accueilli comme une bonne nouvelle aux Etats-Unis dans la mesure où cela pourrait aider le pays à contourner le refus de la Chine de revaloriser sa devise par rapport au dollar. En Chine, la progression du taux d’inflation à 4,4% en octobre a été essentiellement tirée par une inflation tarifaire des produits alimentaires et leur part considérable dans l’IPC. Cette inflation rapide, si elle se traduit au niveau des salaires, entrainera une hausse d’autant plus rapide du taux de change réel du yuan, même si la parité nominale reste principalement fixe.”
“La Chine est, à juste titre, préoccupée par cette situation. Le pays garde en mémoire les événements de 1989, lorsqu’une inflation galopante de 28% avait déclenché des émeutes allant jusqu’à menacer la stabilité du régime. Ainsi, les autorités chinoises ont-elles décidé d’apporter une réponse offensive à la menace inflationniste, non seulement en accélérant le resserrement de leur politique monétaire (ce qui ne nous semble pas pertinent) mais aussi en s’apprêtant à introduire un contrôle des prix et à sévir contre les spéculateurs, leurs bons vieux boucs émissaires.”

“La menace de soulèvements sociaux ne s’arrête pas à la Chine. La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que la majorité des personnes souffrant de sous-alimentation se trouve dans les pays en développement. Les deux tiers de ces populations se répartissent seulement entre sept pays (Bangladesh, Chine, République démocratique du Congo, Ethiopie, Inde, Indonésie et Pakistan) et plus de 40% d’entre elles vivent en Chine et en Inde. En somme, l’Asie se révèle particulièrement vulnérable à une hausse des prix alimentaires sachant qu’elle abrite une majorité écrasante des populations sous-alimentées.”
“(…) L’inflation alimentaire est une sombre histoire. Selon les dires, la crise alimentaire des années 1970 en Iran aurait contribué à la révolution dans le pays. Nous savons que les protestations des travailleurs affamés face à la hausse du prix du pain ont été à l’origine de la Révolution russe. Les émeutes parisiennes de 1789, qui ont suivi la mauvaise récolte de 1788, ont participé à l’avènement de la Révolution française et la ferveur révolutionnaire qui s’est propagée en Europe en 1848 a résulté d’une succession de mauvaises récoltes. L’on comprend donc pourquoi les autorités chinoises n’ont pas tardé à prendre les devants. La Fed pourrait bien avoir ouvert une boîte de Pandore. Quelle est donc la juste valorisation des marchés émergents dans ce meilleur des mondes qui souffre de la faim ?”
source SG/AOF Funds nov10
BILLET PRECEDENT : Albert Edwards/Dylan Grice ne capitulent pas, mettent en exergue une bulle sur les émergents et une recession en vue augurant d’une chute de 60% des prix des actions
EN COMPLEMENT : Alerte sur les céréales par Pierre-Alexandre Sallier
Tout accident climatique pourrait précipiter l’envolée des cours en 2011. Et faire revenir les problèmes de sécurité alimentaire sur le devant de la scène. Un défi qui relance le débat sur la limitation de la spéculation sur les marchés agricoles
La scène céréalière mondiale est de nouveau hantée par les tensions connues il y a trois ans. «Les problèmes de sécurité alimentaire vont revenir en première ligne en 2011; nous entrons dans une nouvelle phase de fluctuations extrêmes des cours», prévient Dan Basse. Le responsable d’AgResource – un bureau de recherche de Chicago très écouté sur les marchés – était de passage la semaine dernière pour assister au sommet Global Grain à Genève. Que les approvisionnements mondiaux redeviennent tendus l’an prochain – et que les prix prennent l’ascenseur – peu de professionnels en doutaient, parmi les 850 participants à ce forum réunissant négociants, transformateurs, industriels, affréteurs ou assureurs. En revanche, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le rôle joué par les fonds d’investissement dans les brutales fluctuations de cours auxquelles ils font face.
La spéculation en question
Cette question est devenue politique. Elle a été placée au cœur de l’agenda du G20 par la France, qui en assure la présidence. Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture du premier pays céréalier européen, s’est déjà rendu aux Etats-Unis, en Chine et en Inde pour discuter d’une régulation plus stricte.
Il y a six mois, une étude retentissante de l’OCDE dirigée par l’Américain Scott Irwin concluait pourtant que l’activité des fonds d’investissements indiciels sur les matières premières n’avait en rien accru la volatilité de leurs prix entre 2006 et 2008. Face à cette présentation de spéculateurs jouant le rôle de simples contreparties face à des industriels utilisant ces marchés pour protéger leur activité, plusieurs observations n’en restent pas moins troublantes. «Jamais, depuis les années 1970, la volatilité des prix du maïs, du blé ou du soja n’a été aussi importante», note Dan Basse. La journée de mardi dernier a rappelé l’instabilité de ces marchés: l’annonce par la Chine de sa volonté de contrôler son inflation alimentaire a suffi à faire plonger de plus de 5% le cours des trois principales céréales. En quelques heures à peine.
Une chose est sûre, le poids de ces intervenants financiers s’accroît. Selon le décompte de la CFTC – le gendarme américain des matières premières – leur activité sur la bourse du maïs, du blé et du soja de Chicago dépasse de nouveau celle affichée durant l’affolement de 2008. «Les fonds indiciels ETF dédiés aux produits agricoles se voient confier 154 milliards de dollars», selon Edward Ennis, responsable des matières premières au sein de la Rothschild Bank à Zurich. En comparaison, la facture des importations alimentaires mondiales atteindra cette année 1000 milliards de dollars selon la FAO.
Déficit mondial de grains
Ce rôle accru était également observé à Global Grain. «Avec l’effondrement de leurs exportations, nous avons cette année bien moins de négociants russes ou kazakhs», reconnaît James Dunsterville, organisateur du forum. Des absences cependant «plus que compensées par des financiers venant ici pour avoir une idée de ce qui se passe sur le marché», ajoute-t-il.
Les fonds d’investissement ne sont bien sûr en rien la cause de la sécheresse en Russie, du phénomène climatique La Niña ou de l’augmentation de la population mondiale. Et sur le front des récoltes, la situation est réellement tendue. Selon AgResource, la demande pour les principales cultures devrait avoir progressé pour la huitième année consécutive, à 1,744 milliard de tonnes, sur la campagne 2010-2011. Face à ces besoins, les récoltes se seront tassées cette année de 38 millions de tonnes à 1,718 milliard. Pour la deuxième année de suite, la production mondiale ne satisfera pas la demande, forçant à puiser dans des stocks d’environ 400 millions de tonnes. «Le moindre problème climatique poussera les cours vers de nouveaux records en 2011», prévient l’analyste Dan Basse.
Reste à savoir si, sur les marchés, les cours n’ont pas surréagi. Les champs dans l’hémisphère Nord sont à peine semés que, déjà, les prix alimentaires mesurés par l’indice CRB Food retrouvent leur niveau de 2007. Depuis l’été, le maïs s’est apprécié de 50% à Chicago, le blé et le soja grimpant de 30%.
«Nouvelle ère» agricole
Cette accélération des fluctuations de prix en vient à modifier en profondeur l’équilibre agricole mondial. Conseiller pour BNP Paribas à Genève, Alain Butler n’hésite pas à parler «d’une nouvelle ère de l’agriculture», dans laquelle tout va plus vite: basculement de grandes exploitations d’une culture à l’autre en fonction de sa rentabilité, adaptation des usines de première transformation d’huile ou de sucre en biocarburant, augmentation des flux transocéaniques de grains… «Les céréales vont jouer un rôle crucial dans la fixation des prix du fret maritime», prévient de son côté Peter Kerr-Dineen, vice-président de la compagnie maritime Howe Robinson. Celui-ci rappelle que les affrètements céréaliers sur les routes transpacifiques sont passés d’une cinquantaine par trimestre durant l’été 2009 à plus de 150 aujourd’hui.
Aux yeux du spécialiste de BNP Paribas, cela dessine une scission de la scène agroalimentaire. D’un côté, des investisseurs intervenant sur des marchés à terme reflétant une part limitée mais croissante de l’activité mondiale. Et, de l’autre, des grands groupes alimentaires qui, «ne pouvant répercuter au jour le jour ces fluctuations sur leur prix de vente, tentent de trouver des parades», décrit Alain Butler. Par exemple, en se développant en amont, en nouant des partenariats avec des usines de transformation. Ou en tentant de moins dépendre des bourses des produits de base, soumis à la volatilité, pour se reporter sur des marchés de spécialité: par exemple, en passant de la poudre de lait à celui des ingrédients laitiers. Problème, les pays importateurs les plus pauvres ne disposent pas de telles échappatoires.
L’équation de la sécurité alimentaire
L’équilibre agricole mondial en onze chiffres
■ Dans dix ans, les besoins alimentaires annuels supplémentaires de la Chine équivaudront à ceux affichés par l’Europe des 27.
■ Les importations chinoises de soja représentent 60% de la demande mondiale.
■ Si les rendements restent les mêmes, 10 millions d’hectares supplémentaires – trois fois la Suisse – devront être plantés dans le monde pour ne pas puiser dans les stocks de grains.
■ Les biocarburants brûlent 30% de l’huile de colza, 15% de celle de soja et 15% du maïs.
■ L’alimentation du bétail et les besoins «industriels» (biocarburants) dévorent 35% des céréales et 60% des oléagineux.
■ L’impact des changements de régime alimentaire sur la demande d’huiles végétales est aussi important que celui de l’accroissement de la population.
■ Les besoins en grains sont passés de 155 à 250 kg par habitant depuis 1964, les biocarburants leur faisant toucher de nouveaux sommets cette année.
■ Depuis 1964, les surfaces cultivées par habitant ont fondu, passant de 1500 à 900 m2. La hausse des rendements de 1,40 à 3 tonnes par hectare (céréales et oléagineux) a cependant permis aux récoltes d’augmenter de 210 à 280 kg par être humain.
■ 70% des champs de soja, 25% de ceux de maïs et 20% du colza sont plantés en OGM.
■ Les exportations américaines représentent 44% du commerce mondial du blé, du maïs et des oléagineux, une importance similaire à celle observée en 1966.
■ Les exportations russes de blé sont passées cette année de 18 millions à moins de 4 millions de tonnes.
- GRAPHIQUE : Nouvelles tensions sur la planète céréales
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