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La Reflexion du Jour : Moins de pétrole dans la croissance par Nicolette de Jonquaire

La Reflexion du Jour : Moins de pétrole dans la croissance par Nicolette de Jonquaire

La théorie voulait autrefois qu’une hausse de dix dollars du cours du pétrole réduise la croissance mondiale de moitié. Si c’était encore le cas, nous serions déjà au plus profond d’une dépression sans précédent. Les temps ont apparemment changé depuis 1973, date à laquelle un embargo pétrolier pouvait mettre le monde à genoux.

L’élasticité de la croissance par rapport aux variations des cours a diminué sensiblement. Le pétrole occupe moins de place dans le panier énergétique. Il en représentait plus de 46% en 1973, moins de 34% en 2008. On ne s’étonnera pas que ce soit les pays de l’OCDE qui s’en soient le mieux affranchis avec une réduction de plus de 15%.

Les gouvernements des pays développés, membres de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), ont accumulé des réserves. Les stocks s’élèvent à 1,6 milliard de barils, dont la moitié aux Etats-Unis. Suffisamment pour fournir  4 millions de barils par jour pendant un an.

Les sources d’approvisionnement se sont largement diversifiées, du Dakota à la Russie, de l’Alaska à l’Angola. L’origine géologique s’est elle aussi élargie. Les sables du Canada et les schistes de Thaïlande deviennent rentables dès que le prix atteint 85 dollars.

Les entreprises ont appris à se couvrir. Comme le groupe  Lufthansa, protégé dès que le prix du baril dépasse les 88 dollars.

La volonté politique de l’OPEP a  changé. L’Arabie Saoudite s’oppose à la réduction des quotas visant à faire monter les prix. En 2008 déjà, les Saoudiens avaient refusé de se plier au vote de l’organisation limitant la production. Aujourd’hui, leur point de vue est suivi par tous. Le gouverneur de l’OPEP déclarait hier que l’organisation fournissait plus de pétrole que nécessaire.

La part de la consommation d’énergie dans le PNB mondial est de 7,9% et l’autonomisation vis-à-vis du pétrole est loin d’être absolue. La demande estimée de cette année sera légèrement supérieure à la production actuelle, mais les prévisions de prix moyens demeurent inférieures à 90 dollars le baril. En dessous du seuil critique pour la croissance de 115 dollars. Sauf pour quelques économies vulnérables comme la Turquie ou l’Inde.

La capacité de l’OPEP de contrôler les prix n’est plus ce qu’elle était. Sa volonté non plus.  De ce point de vue-là, les prévisions sur la croissance mondiale peuvent rester inchangées.

source Agefi fev11

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