Asie hors émergents

Risque Nucléaire : La culture du riz sous surveillance au Japon

Risque Nucléaire : La culture du riz sous surveillance au Japon

Le gouvernement japonais a décidé d’interdire la culture du riz partout où le sol sera jugé trop radioactif.

A Tokyo, le gouvernement s’est dépêché de l’annoncer avant le début des semis : dans les rizières où la radioactivité dépassera 5 000 becquerels par kilo de terre, la culture du riz sera interdite. Il s’agit d’une dose susceptible de laisser passer dans le riz 500 becquerels – le maximum autorisé dans l’alimentation. L’interdiction s’applique déjà dans un périmètre de 30 kilomètres autour de la centrale de Fukushima. Au delà, des prélèvements ont lieu dans les neuf préfectures les plus proches. Pour l’heure, seuls deux champs situés à Iitate, à 40 kilomètres au sud-est de Fukushima, ont révélé une radioactivité trop importante. Le riz sera également surveillé à la loupe jusqu’à la récolte cet automne.

C’est la première fois qu’une telle mesure d’interdiction est prise au « Pays du riz abondant » : cette culture est sacrée au Japon, même si elle n’est plus du tout rentable. Aucun gouvernement n’a pu abandonner les petites fermes rizicoles au sort du marché international, pas plus les conservateurs qui bénéficient traditionnellement des voix des riziculteurs que les socialistes au pouvoir depuis près de deux ans. Les subventions individuelles se monteraient à quatre milliards d’euros aujourd’hui et le Japon, même s’il a dû ouvrir un minimum ses frontières sous la pression de l’OMC, applique des taxes prohibitives sur le riz étranger, encore deux fois moins cher que le riz local. 

Les stocks de grains sont habituellement énormes au Japon, d’autant que la consommation a décliné de moitié en 50 ans, aux dépens des pâtes ou du pain. D’habitude Tokyo use de ces réserves pour sa diplomatie humanitaire, le gouvernement fait ainsi régulièrement des dons de riz au Programme alimentaire mondial, mais aussi des dons directs aux pays pauvres qui tirent de la vente de ce riz de quoi financer des projets de développement. Lors de la crise alimentaire de 2008, Tokyo a expédié du riz aux Philippines et dans cinq pays d’Afrique. Depuis le tsunami, c’est le Japon qui a reçu un don de riz de la Thaïlande. Et, même si seulement 20% des surfaces de riz sont concernées par les inspections, il faudra vraisemblablement que la Japon ouvre davantage ses frontières au riz étranger au second semestre pour reconstituer ses stocks.

 Par Claire Fages /rfi avril11

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