Menace grecque sur les banques françaises
Elles sont (avec les banques allemandes) parmi les plus exposées à la dette souveraine.
Les banques françaises, qui sont parmi les plus exposées à la dette souveraine grecque, dégringolaient hier à la Bourse de Paris alors que les rumeurs d’une restructuration de la dette hellénique, qui serait une première dans la zone euro, hantent les marchés.
«Ce n’est pas tant la Grèce et la restructuration de sa dette qui fait peur, c’est le précédent qui serait créé en zone euro et la crainte de l’ouverture d’une boîte de Pandore», a jugé Pierre Flabbée, responsable de l’analyse chez Kleper Capital Market.
PLUS DE RESTRUCTURATION :
Avis partagé par de nombreux autres analystes. Tous soulignent qu’une telle éventualité – signifiant que les banques détentrices d’obligations grecques devraient accepter une perte sur leurs actifs – enverrait non seulement un signal d’échec après le plan de sauvetage du printemps 2010, mais créerait également des réactions en chaîne, difficilement maîtrisables.
«Immanquablement c’est la crainte d’une contagion à d’autres pays comme l’Irlande ou le Portugal, autres pays en difficultés, qui fait peur. Car pourquoi refuser à d’autres ce que l’on accepterait pour Athènes?», a souligné un gérant de portefeuilles ayant requis l’anonymat. La restructuration, même si elle donne une mauvaise image du pays, permet en revanche d’alléger la pression fiscale sur la population et peut servir des motifs politiques.
Les grandes banques françaises détiennent, quelque 8 milliards d’euros de dette souveraine grecque – 4,5 milliards pour BNP Paribas, 2,7 milliards pour la Société Générale et quelque 500 millions d’euros pour le Crédit Agricole – sur un total de dette de quelque 340 milliards d’euros. Elles sont avec les banques allemandes parmi les principales créancières de ce pays, loin derrière la BCE (Banque centrale européenne).
«Il est clair que les banques devront constater, en cas de restructuration, une moins-value sur leurs actifs» a souligné M. Flabbée. «Cela va peser sur leurs résultats nets mais sans pour autant affecter leurs fonds propres», a indiqué un autre spécialiste des banques d’une grande maison parisienne.
Mais toute la question est de savoir quels seront les contrecoups d’une telle décision, avec l’effet de contagion à d’autres pays et les pertes sur le marché des capitaux qui rappellent la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.
La Grèce, qui a fait l’objet d’un plan de sauvetage au printemps 2010 via des prêts du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne, serait actuellement au bord de l’asphyxie et pourrait être amenée à annoncer une restructuration de sa dette souveraine. En évoquant cette possibilité jeudi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a mis le feu aux poudres. Et les démentis de nombreux dirigeants européens n’ont rien changé.
«On a l’impression que de plus en plus de gens disent que cela ne sert à rien d’attendre et que des mesures radicales doivent être prises pour aider la Grèce», a souligné M. Flabbée.
«Il semblerait que la forme la plus brutale, à savoir une suppression d’une partie des montants dus, soit évitée et on s’orienterait plutôt vers une baisse des taux d’intérêt ou un allongement de la durée de remboursement», a indiqué un analyste. Mais l’impact négatif pour le secteur bancaire reste tout aussi négatif, a-t-il ajouté.
source afp avril11
EN COMPLEMENT : Les établissements grecs perdent une partie importante des dépôts
Les banques grecques ont perdu «une partie importante de leurs dépôts» en raison de la crise que traverse depuis un an le pays, a reconnu lundi le gouverneur de la Banque de Grèce (BdG), Georges Provopoulos, sans toutefois chiffrer le montant de ces pertes.
«Les banques grecques n’ont pas provoqué la crise, comme dans d’autres pays mais elles ont subi les conséquences du dérapage des dépenses publiques», a indiqué M. Provopoulos à l’occasion de la présentation du rapport annuel de la BdG sur l’économie du pays.
«L’abaissement de la note des banques, qui a suivi la dégradation de la note souveraine du pays, a eu comme conséquence leur isolement par les marchés alors qu’elles ont perdu une partie importante de leurs dépôts», a souligné le gouverneur.
Mercredi dernier, lors d’un colloque tenu à Athènes, des banquiers grecs avaient chiffré le recul des dépôts bancaires à environ 40 milliards d’euros en 2010.
source afp avril11