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Fukushima /Calvaire nucléaire au Japon

Calvaire nucléaire au Japon

Deux mois après le tsunami du 11 mars, les autorités japonaises bataillent toujours pour reprendre le contrôle de la centrale sinistrée

PLUS DE RISQUE EN SUIVANT :

A quelques jours d’intervalle, deux scènes résument l’état du Japon, deux mois après le tsunami dévastateur du 11 mars et la découverte, le lendemain, de l’une des plus graves catastrophes nucléaires de l’histoire.

La première scène, qui n’a pas été filmée par les télévisions, s’est déroulée le jeudi 5 mai, à 11h32, dans le bâtiment déchiqueté abritant le réacteur No 1 de la centrale martyre de Fukushima: deux employés de Tepco, l’entreprise propriétaire du site, pénètrent alors, pour la première fois depuis la tragédie, dans l’antre de l’atome devenu fou.

Ils en sortiront vingt-six minutes plus tard, alourdis par leurs combinaisons de protection et leurs ­bouteilles d’oxygène, avant que 11 autres collègues les relaient pour installer huit bouches de ventilation. Objectif: réduire la concentration d’iode-131, particulièrement cancérigène, afin de rétablir d’ici au 16 mai un système d’aération approprié.

Suivra, vers la fin mai, un remplissage de l’enceinte du réacteur accidenté par des milliers de tonnes d’eau. Un confinement liquide destiné à «neutraliser», à terme, la radioactivité en provenance des barres d’uranium qui, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ont été endommagées à 55%.

La seconde scène, transmise, elle, en direct sur toutes les chaînes, s’est déroulée ce mercredi dans un centre d’accueil de la préfecture de Fukus

Par Richard Werly/Le Temps mai11

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Au Fil du Temps à Fukushima

KAM

EN LIEN:  

 L’opérateur de Fukushima annonce avoir mesuré de fortes quantités de strontium-89 et 90 radioactif dans le sol, proche des réacteurs 1 et 2 (4440 becquerels par kilo de terre).

Si une chose a été refroidie à la centrale de Fukushima, c’est l’enthousiasme de Tepco à vouloir faire entrer des hommes dans le réacteur 1. Après avoir installé un système d’aération et ouvert les portes pour évacuer l’air radioactif,  les ingénieurs ont mesuré des taux très élevés de radiation à l’intérieur du bâtiment.

  Bien que ce niveau ait baissé depuis , il ne permet pas de travailler plus de 20 minutes dans le bâtiment 1. De toute évidence, il y a des fuites radioactives qui poussent les compteurs à plus de 6 millions de millisieverts par an. Quelques employés sont entrés dans le bâtiment pour faire ces mesures et ont rapporté ces mauvaises nouvelles. Tepco est en train de revoir sa copie pour tenter de refroidir le réacteur 1.

Dans le village de Kawauchi à l’intérieur de la zone d’exclusion de 20 km, 93 habitants ont été autorisés à rentrer chez eux pour une durée de 2 heures afin de prendre des affaires personnelles. Entièrement équipés de combinaisons et de compteurs Geiger, leurs taux de contamination ont été mesurés à leur retour. Les habitants qui habitaient à 3 km de Fukushima, n’auront pas l’occasion de faire ce périple, car les taux de radiations sont trop élevés

Cela fait presque un mois que Tepco a annoncé son plan de reconquête de ses réacteurs à Fukushima. Mais depuis, l’opérateur de la centrale montre d’importantes difficultés à respecter son timing. Tepco avait annoncé 51 mesures à prendre durant les 3 prochains mois pour la première étape du refroidissement des réacteurs. 

Depuis, la liste des ennuis ne fait que s’allonger tandis que celle des progrès tente de s’écrire. A part le réacteur 1, tous les autres se trouvent dans la même situation qu’il y a un mois. Selon son calendrier, Tepco voulait proposer durant le deuxième mois, une solution claire pour refroidir tous les réacteurs.

Tepco annonce des taux de contamination très élevés dans le réacteur 3: 40’000 becquerels de césium 134; 15’000 becquerels de césium 137; 11’000 becquerels d’iode 131. De plus, la température est en constante augmentation. La quantité d’eau injectée dans le réacteur 3 ne semble plus être suffisante pour contenir l’échauffement du combustible nucléaire. Tepco annonce que des mesures seront prises d’ici à jeudi.

9 employés sont entrés dans le bâtiment du réacteur 1 pour installer des jauges afin de mesurer la quantité d’eau qui se trouve dans ce réacteur. Malgré tous les efforts, le taux de radioactivité n’a baissé que de 10% dans ce bâtiment. Les liquidateurs ne peuvent y travailler que 20 minutes en continu

Depuis le début de la catastrophe, nous n’avons pas manqué une seule journée dans notre mission de vous tenir informés. Alors que presque tous les médias internationaux ont cessé de parler de Fukushima. Les nouvelles qui nous parviennent, depuis 3 semaines, vont de mal en pis. Tant mieux pour Tepco, mais cela ne nous rassure pas vraiment sur leur capacité à résoudre cette équation.

 Les réacteurs 1, 2, 3 et la piscine du réacteur 4 n’ont pas vu leur situation s’améliorer et la liste des problèmes s’allonge.

Proche du réacteur 3, des employés ont découvert qu’une conduite d’eau hautement radioactive déversait directement son contenu dans le Pacifique. Les limites d’iode 134 radioactif ont dépassé de 620’000 fois les valeurs légales. L’opérateur de la centrale a immédiatement pris des mesures pour noyer ces conduites dans du béton.

La bonne nouvelle? Une aussi petite fuite n’explique pas les taux de contamination aussi élevés dans la mer. Tepco a certainement profité de l’occasion pour vider certaines de ses cuves qui débordent d’eau radioactive et dont personne, même pas Areva, ne sait quoi en faire. Du coup, Tepco doit avoir un peu plus de place pour de l’eau encore plus radioactive.

 De son côté, l’empereur Akihito et l’impératrice Michiko ont rendu visite à 600 habitants de la préfecture de Fukushima pour les soutenir dans leurs épreuves. 

Nous entrons dans le deuxième mois de cette catastrophe nucléaire.  

Malheureusement, les nouvelles ne sont pas bonnes . Tepco a annoncé «avoir trouvé de multiples trous sur plusieurs centimètres dans de la tuyauterie soudée de la cuve du Réacteur 1». En d’autres termes, des trous ont été créés par le combustible nucléaire qui a fondu dans la cuve. Cette ultime enceinte, dans laquelle est contenu les crayons d’uranium, est le dernier rempart contre l’émission de radioactivité vers l’extérieur. Faudra-t-il créer un niveau 8 sur l’échelle des catastrophes nucléaires? 

Le Gouvernement japonnais a demandé d’abattre des milliers de têtes de bétail qui se trouvent dans la zone d’exclusion des 20 kilomètres autour de la centrale de Fukushima. Suite à la catastrophe, plus de 10’000 vaches ont été laissées à l’abandon, dont une grande partie dans des enclos où elles sont mortes de faim.

D’ici à quelques jours, le Japon aura fermé deux tiers de ses 54 centrales nucléaires! En tout ce sont 35 réacteurs qui seront à l’arrêt d’ici la fin de ce mois.

Cette information ne pouvait arriver qu’un vendredi 13!

 Tepco officialise que «le coeur du Réacteur 1 a fondu. Le combustible est en train de percer la cuve. Des trous ont déjà été constatés». De l’eau hautement radioactive ainsi que du combustible nucléaire est en train de couler dans le bâtiment. Cet état précaire complique encore plus la tâche de refroidissement et ajoute une complication supplémentaire. La lueur d’espoir vient de la température de la cuve qui est actuellement stable. Si vous avez l’occasion d’aller brûler un cierge pour qu’une nouvelle secousse tellurique ne vienne pas ajouter son grain de sel, ça ne pourra pas faire de mal. 

Le gouvernement japonais vient d’annoncer le plan de sauvetage financier de l’opérateur de la centrale de Fukushima, Tokyo Electric Power, Tepco. Ce plan prévoit la création d’une structure de soutien publique-privée, financée à la fois par les impôts des japonais et des contributions des différentes compagnies d’électricité privées. Après «too big to fail» voici la version japonaise: «too dangerous to fail».

 BILLET PRECEDENT :

Risque Nucléaire/Japon : Des ouvriers dans le réacteur de Fukushima

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