Art de la guerre monétaire et économique

Nouvelles turbulences en (à) vue pour les banques européennes : Certains investisseurs US se voient interdire de prêter aux banques françaises ou toute autre banque se trouvant sous surveillance…

Nouvelles turbulences pour les banques européennes : Certains investisseurs US se voient interdire de prêter aux banques françaises ou toute autre banque se trouvant sous surveillance…

En matière de risques pour la stabilité financière dans la zone euro, les voyants sont au rouge. Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a lancé cette mise en garde à l’issue d’une réunion du Comité européen des risques systémiques mercredi soir à Francfort. « La plus sérieuse menace qui pèse sur la stabilité financière dans l’Union européenne vient de l’interaction entre les vulnérabilités des finances publiques de certains États membres et le système bancaire, avec des effets de contagion potentiels dans l’Union et au-delà », a-t-il averti.

La crise de la dette souveraine montre en effet des signes d’aggravation. Les investisseurs américains sont en tout cas de plus en plus réticents à financer les banques européennes. Selon une étude de Barclays, les craintes de contagion et la montée de l’aversion au risque ont abouti à une réduction de 18 milliards de dollars des financements à court terme disponibles pour les banques européennes depuis mai.

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Les fonds monétaires américains, qui ont actuellement 360 milliards de dollars investis dans des banques européennes, se montrent plus circonspects. Les investisseurs US n’interviennent plus que sur des échéances raccourcies et certains d’entre eux se voient même interdire de prêter aux banques françaises ou toute autre banque se trouvant sous surveillance, déclarent des spécialistes des billets de trésorerie, interrogés par l’agence Reuters.

Rappelons que Moody’s a accru la pression sur les banques françaises la semaine dernière en menaçant de déclasser les notes de Société Générale, Crédit Agricole et BNP Paribas dans l’hypothèse d’une restructuration ou d’un défaut de la dette souveraine grecque. L’agence de notation envisage aussi de dégrader 16 banques italiennes.

Lehman bis?

Confrontées à la fermeture de ce segment, les banques ont fait appel aux facilités de refinancement illimité à une semaine de la BCE à hauteur de 187 milliards d’euros, soit plus de 50 milliards d’euros que le montant attendu par le marché s’élevait à 50 milliards d’euros. C’est le montant le plus élevé depuis février.

One-Year Chart for ECB Eurozone Liquidity Recourse to the Deposit Facility (ECBLDEPO:IND) 

Cette méfiance envers les banques potentiellement exposées à des pertes sur la dette souveraine des pays périphériques rappelle les événements qui ont suivi l’effondrement de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008. Les banques avaient alors coupé les crédits aux autres banques, de peur qu’elles ne soient exposées aux produits toxiques. Le marché interbancaire s’était complètement paralysé, asphyxiant de nombreuses institutions, sauvées in extremis par les pouvoirs publics. « Ce sont des signes annonciateurs, constate Christophe Dispas, spécialiste des marchés obligataires auprès de la banque Degroof. Il y a un certain parallélisme avec Lehman: la méfiance s’installe entre les banques qui ne savent pas à quel point les autres banques sont exposées à l’ensemble de la dette des périphériques. Un défaut mal orchestré de la dette grecque aurait un énorme impact sur l’Irlande, le Portugal et surtout l’Espagne. »

Les banques européennes devront communiquer leur exposition au risque grec et les provisions prévues à cet effet à l’issue des tests de résistance dont les résultats seront publiés à la mi-juillet, a précisé hier l’Autorité bancaire européenne (EBA).

Calme sur l’interbancaire

La montée de l’aversion au risque ne se traduit pas encore par une hausse des taux interbancaires. « Le taux Euribor à 3 mois est supérieur de 25 points de base au taux de refinancement de la BCE ce qui est un niveau normal« , note Vincent Juvyns, gestionnaire de fonds monétaire chez ING IM

24 juin 2011 par Carine Mathieu / echo 24 juin2011

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