Monétisation de la dette européenne : La BCE a racheté 22 milliards d’euros d’obligations
La Banque centrale européenne a annoncé lundi avoir racheté 22 milliards d’euros d’obligations publiques de la zone euro en une semaine, un montant record pour ce programme qui était en sommeil depuis près de 5 mois.
Avec 22 milliards d’euros en une semaine, ces rachats représentent la plus grosse opération de ce type par la BCE depuis le lancement de programme en mai 2010, en pleine crise grecque. Son précédent record, atteint à l’occasion de sa première semaine d’utilisation, s’élevait à 16,5 milliards d’euros. Par la suite la BCE n’avait jamais dépassé ce volume de rachats en une semaine.
Les chiffres de la BCE concernent les opérations réalisées à cheval sur les deux dernières semaines. En effet seuls les rachats effectivement réglés chaque semaine sont pris en compte, soit généralement jusqu’au mercredi.
Le volume cumulé des obligations achetées dans le cadre de ce programme s’élève désormais à 96 milliards d’euros, contre 74 milliards d’euros précédemment.
La BCE a décidé début août de recommencer à acheter des obligations publiques sur le marché secondaire de la dette pour soutenir l’Italie et l’Espagne notamment, qui sont dans le collimateur des marchés financiers. La banque, qui a l’intention de poursuivre ce programme la semaine prochaine selon une formule consacrée dans son communiqué hebdomadaire, ne donne jamais d’autres détails sur ses rachats. Mais les économistes s’accordent à penser qu’elle a massivement racheté cette fois-ci des titres de dette italiens et espagnols.
En début de semaine dernière plusieurs ministres de gouvernements de la zone euro avaient affirmé que la BCE allait racheter des obligations publiques italiennes et espagnoles. Les taux sur ces titres s’étaient par la suite très nettement détendus. “Nous nous attendions à des rachats de cet ordre de grandeur, car le marché de la dette publique italienne et espagnole est bien plus important que celui de la dette grecque par exemple”, a commenté pour l’AFP l’analyste de Commerzbank Michael Schubert.
La BCE “pouvait difficilement se risquer à racheter beaucoup plus d’un coup car elle devra sans doute continuer de racheter des volumes conséquents d’obligations publiques dans les prochaines semaines”, le temps que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) prenne le relais, a-t-il ajouté.
En Europe, les rendements obligataires se sont généralement orientés à la baisse.
Les emprunts germaniques présentent des gains modestes, tandis que les obligations des gouvernements périphériques ont amplement bénéficié de la nouvelle posture interventionniste de la BCE mise en lumière par des achats chiffrés à 22 milliards d’euros. A dix ans d’échéance, l’Espagne et l’Italie ont retrouvé des taux de financement inférieurs à 5%. Hormis les créances à court terme, l’émission de dette à plus long terme sur le marché primaire permettra de mieux jauger la confiance d’investisseurs sans interférences directes de la BCE…
source New York Times
Cette nouvelle phase d’apaisement est pourtant loin de constituer l’épilogue de la crise de la dette souveraine en euro. Le soutien apporté à l’Italie et à l’Espagne fragilise le «noyau AAA» qui cautionne le Fonds Européen de Stabilité Financière. Dans cette logique, la nervosité des marchés financiers au sujet de la France et de ses grandes banques n’est pas complètement infondée.
Lourdement endettée, en panne de croissance (stagnation du PIB au deuxième trimestre, repli de la production industrielle), la France est vulnérable et sa capacité à soutenir les membres les plus fragiles de la zone euro est douteuse.
Les dépôts des banques à la BCE restent élevés
Les dépôts au jour le jour des banques de la zone euro auprès de la Banque centrale européenne (BCE) sont restés à des niveaux élevés ces derniers jours, selon des statistiques publiées lundi, signe que les incertitudes persistent sur la crise de la dette. Les banques ont parqué 80,2 milliards d’euros de liquidités à la BCE vendredi pour 24 heures, contre 67 milliards d’euros jeudi et 39,6 milliards d’euros mercredi, selon les derniers statistiques de l’institution monétaire européenne.
Lundi 8 août ces dépôts avaient atteint 145,2 milliards d’euros, soit leur plus haut niveau de l’année à ce jour.
Le niveau des dépôts quotidiens auprès de la BCE est une bonne mesure de la propension courante des banques à se prêter entre elles. La BCE rémunère ces dépôts à hauteur de 0,75%, soit à un niveau plus faible que les taux du marché du prêt interbancaire.
Les prêts d’urgence de la BCE sur 24 heures ont quant à eux retrouvé des niveaux dérisoires, après un pic de 4 milliards d’euros atteint mercredi dernier en raison d’un vent de panique causé par des rumeurs d’une faillite imminente de la banque française Société Générale. Jeudi ces prêts de la BCE aux banques ont totalisé 227 millions d’euros, puis 6 millions d’euros vendredi.
source afp aout11
Quelle ironie
Le rôle à la base de la BCE était de combattre l’inflation…
Désormais, elle y contribue à coups de milliards