US : Des statistiques américaines fort peu encourageantes
L’inflation frôle les 4%. La baisse du pouvoir d’achat s’accélère. Seuls les chiffres de la Fed sur la production rassurent.La masse d’indicateurs publiés jeudi aux Etats-Unis semble exclure un retour de l’économie américaine à la récession mais alimente de nouveaux doutes sur sa capacité à atteindre les objectifs du gouvernement.
PLUS DE STATS US EN SUIVANT :
Une augmentation plus rapide que prévu des prix à la consommation aux États-Unis a fait chuter en août le salaire horaire ajusté de l’inflation, selon des chiffres publiés jeudi par le département du Travail.
Selon le département du Travail, l’inflation a continué de progresser en août pour atteindre 3,8% sur un an, son niveau le plus élevé depuis septembre 2008.
source Bespoke
Les chiffres du ministère montrent que les pressions inflationnistes s’accumulent et que les hausses de prix touchent un grand nombre de biens et de services.
En données corrigées des variations saisonnières, les prix ont augmenté de 0,4% par rapport au mois précédent, soit deux fois plus que prévu par les analystes. Ils avaient déjà bondi de 0,5% en juillet. Cette hausse est principalement due à une nouvelle augmentation des prix de l’énergie, de 1,2% en août après 2,8% en juillet.
Le département du Travail a estimé «généralisée» la hausse des prix, puisqu’elle a également concerné le textile (+1,1%), les transports (+0,7%) ou l’alimentation (+0,5%).
Mesurée sur un an, l’inflation est à 3,8%, nourrie par celle des prix de l’énergie (+18,4%) et de l’alimentation (+4,6%). Hors énergie et alimentation, elle est à un niveau plus conforme aux objectifs de la politique monétaire, à 2,0%.
Cette hausse des prix a accéléré la baisse du salaire horaire. Ce salaire a en effet reculé en dollars courants, et ajusté de l’inflation il a chuté (-0,6%) au rythme le plus rapide depuis juillet 2008.
Le département du Travail a indiqué que le pouvoir d’achat des salariés était sur une pente inquiétante. «Depuis qu’il a atteint un pic récent en octobre 2010, le salaire hebdomadaire réel moyen a baissé de 2,2%», a écrit sa division statistique.
Les sondages de confiance des consommateurs ont montré une dégradation du moral des Américains depuis le début de l’été, qui s’est également traduite par la baisse de la cote de popularité du président Barack Obama.
Conséquence: la baisse du pouvoir d’achat observée depuis octobre 2010 s’accélère. Alors que la reprise économique apparaît enlisée, c’est un mauvais présage pour la consommation des ménages, qui assure environ 70% du produit intérieur brut.
Nouveau coup de frein des ventes de détail
Les ventes de détail ont connu un nouveau coup de frein en août, selon des chiffres publiés par le département du Commerce.Elles sont restées stables par rapport au mois de juillet, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés, a indiqué le ministère, alors que les analystes estimaient qu’elles avaient progressé ce mois-là de 0,2%.Sur un an, l’indice des ventes de détail affiche une hausse de 7,2%.
Mauvaise nouvelle supplémentaire pour l’économie américaine: le ministère a revu à la baisse la croissance des ventes des deux mois précédents, de 0,3 point au total, à 0,2% pour juin et 0,3% pour juillet, en glissement mensuel. En mai, la hausse de son indice, qui mesure les ventes des détaillants et de la restauration, avait déjà été nulle. La progression des ventes du mois d’août a été entravée par une baisse de 0,3% des ventes du secteur automobile (la composante la plus importante de l’indice) et un recul de 0,7% des ventes des magasins d’habillement, qui voient habituellement leur chiffre d’affaires monter à l’approche de la rentrée scolaire.
D’autant plus que le front de l’emploi ne donne aucun signe d’amélioration. Selon le ministère, les nouvelles inscriptions au chômage ont progressé de 3% pendant la première semaine complète de septembre, alors que les embauches sont apparues au point mort en août.
Les nouvelles inscriptions au chômage ont augmenté début septembre pour la deuxième semaine consécutive, qui indiquent une dégradation du marché du travail. En données corrigées des variations saisonnières, le ministère a évalué à 428 000 les demandes d’allocations chômage dans la semaine du 4 au 10 septembre, contre 417 000 (chiffre révisé) la semaine précédente.
Pour la deuxième semaine d’affilée, la prévision des analystes, qui pariaient sur une baisse, a été démentie. Ils tablaient cette fois sur 410 000 inscriptions. Après avoir bien résisté au ralentissement de l’activité jusqu’à la mi-août, cet indicateur a glissé sur une mauvaise pente. Lissé par une moyenne sur quatre semaines, le nombre d’inscriptions a augmenté pour la quatrième semaine consécutive. Le département du Travail a exclu un lien avec les dégâts provoqués par l’ouragan Irène sur la côte est fin août.
«Il n’y a pas d’indications à ce stade selon lesquelles il y aurait de nombreuses inscriptions liées à l’ouragan. Je ne pense pas que cela fasse bouger les chiffres nationaux», a indiqué à la presse un responsable de la division statistique du département du Travail.
Les créations d’emplois ont été au point mort aux États-Unis en août, tandis que le chômage stagnait à 9,1%. Le président Barack Obama a proposé le 8 septembre un plan pour relancer l’embauche dont la Maison Blanche chiffre le coût à 447 milliards de dollars, mais qui a très peu de chances d’être adopté tel quel par le Congrès.
Il est encore trop tôt pour conclure que la tendance des inscriptions au chômage est résolument à la hausse, estiment plusieurs économistes. Néanmoins, si cette pente devait se confirmer, «cela imposerait de tirer le signal d’alarme sur l’état de l’économie» du pays, écrivent les analystes du cabinet RDQ Economics.
La croissance économique des Etats-Unis est tombée à 0,4% en rythme annualisé au premier trimestre, pour ne s’améliorer que très relativement, à 1,0% au deuxième.Le département du Commerce a annoncé jeudi que le déficit des comptes courants avait diminué au printemps pour s’établir à 3,1% du PIB.
Cela laisse espérer une révision en légère hausse de la croissance du deuxième trimestre, mais on est encore loin des 2,5% minimum nécessaires pour permettre une baisse du taux de chômage, qui reste extrêmement élevé (à 9,1% fin août). Le gouvernement américain a annoncé le 1er septembre avoir revu en nette baisse sa prévision de croissance économique pour 2011, à 2,1%, et pour 2012, à 3,3%.
Ces objectifs sont tout sauf acquis. Macroeconomics Advisors a indiqué jeudi avoir revu en baisse de 0,3 point sa prévision de croissance pour le troisième trimestre, à 1,6%.
Cela correspondrait au taux que le Fonds monétaire international prévoit désormais pour les Etats-Unis cette année, selon l’agence italienne Ansa, qui s’est procurée une copie des ses dernières prévisions économiques mondiales d’automne devant être publiées la semaine prochaine.
Tout n’est pas noir dans les données publiées jeudi. Selon la Fed, la production industrielle a nettement ralenti en août, mais a continué de progresser, alors que ce mois a été très difficile pour l’économie américaine. Les chiffres de la Fed indiquent de plus que la production manufacturière, moteur de la reprise, a maintenu un rythme de hausse solide
La hausse de la production des industries du pays a cependant nettement ralenti, n’atteignant que 0,2% par rapport au mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières, après une hausse de 0,9% en juillet, a indiqué la Fed.Ce chiffre est néanmoins meilleur que prévu, puisque l’estimation médiane des analystes donnait une progression nulle.En glissement annuel, la production industrielle a progressé de 3,4% en août.
Par rapport à juillet, le ralentissement a été provoqué par une baisse de 3,8% de la production d’énergie. Celle-ci avait été dopée en juillet (+2,8%) du fait de pointes de chaleur extrêmes qui avaient entraîné une poussée de l’utilisation des climatiseurs.Les deux autres composantes de la production industrielle sont plutôt bonnes pour août. La production des mines s’est légèrement accélérée avec une hausse de 1,2%, et la production manufacturière, moteur de la reprise économique du pays a maintenu une hausse de 0,5%, très légèrement inférieure à son niveau de juillet (+0,6%).
La Fed indique d’autre part que le taux d’utilisation des capacités de production du pays est remonté de 0,1 point par rapport à juillet, pour s’établir à 77,4%, son niveau le plus élevé depuis le mois d’août 2008, qui avait précédé la panique financière.
Cet indicateur reste néanmoins inférieur de 3,0 points à sa moyenne de long terme (sur la période 1972-2008), précise la banque centrale.
Cela relativise la portée des indicateurs avancés de la Fed pour septembre qui ont montré une nouvelle baisse de l’activité manufacturière dans les régions de New York et Philadelphie (Nord-Est).
L’activité manufacturière de la région de New York baisse pour le quatrième mois d’affilée, et son recul s’intensifie, selon l’indice Empire State du mois de septembre publié jeudi par la banque centrale américaine (Fed).
Cet indicateur a reculé de 1,1 point par rapport à août, en données corrigées des variations saisonnières, pour s’établir à -8,8, son niveau le plus faible depuis novembre, alors que les analystes l’attendaient en hausse, à -4,0, selon leur prévision médiane.
L’Empire State est négatif pour le quatrième mois d’affilée, signe que l’activité manufacturière de la région de New York a commencé à baisser en juin. Sa baisse de septembre traduit le fait que cette baisse s’accélère.
Les composantes de l’indice indiquent que les commandes reçues par les usines de la région sont en baisse pour le quatrième mois d’affilée, que les marchandises stockées sont elles aussi en baisse, pour le troisième mois d’affilée, et que le niveau général de l’emploi et des heures travaillées diminue.
La Fed ajoute que l’indice mesurant les perspectives des industriels de la région pour les six mois à venir est légèrement remonté par rapport à son enquête précédente, qui l’avait vu chuter à son niveau le plus faible depuis février 2009.
«Il semble indiquer que les entreprises prévoient une amélioration de leur activité dans les mois à venir, mais l’optimisme des entrepreneurs est bien inférieur à ce qu’il était au début de l’année», écrit la banque centrale.
Aussi mauvais que soient les résultats de ces deux enquêtes locales, les analystes relèvent qu’elles témoignent toutes deux d’une amélioration des perspectives des industriels pour les six mois à venir. «Vu que la production manufacturière continue sa poussée, il est difficile de penser que nous nous dirigeons vers une récession», estime Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, pour qui on ne peut guère espérer mieux, pour l’instant, qu’une reprise poussive.
source agences sep11