Art de la guerre monétaire et économique

L’impossible quadrature du cercle de la Fed

L’impossible quadrature du cercle de la Fed

De novembre à juin, la Fed avait acheté 600 milliards US de la dette émise par le Trésor américain, ce qui revenait à monétiser le déficit durant cette période. Cette stratégie avait été appelée QE2. 

Conjointement à cette monètisation de la Dette la Fed réinjectait aussi dans l’achat de Treasuries le principal et les intérêts des titres en toutes sortes qu’elle détenait et qui venaient à échéance. Depuis la fin de juin, la Fed s’est engagée à poursuivre ses réinjections, ce qui revient à l’achat de quelque 100 à 150 milliards US de Treasuries par mois.

 Durant le QE2, la Fed a concentré ses achats dans les Bons du Trésor US à échéances de cinq à sept ans. Celles ci correspondent à celle des prêts hypothécaires. Elle pourrait cette fois-ci annoncer qu’elle se concentrera plutôt sur celles de 10 ans et plus de manière à assouplir toutes les échéances pour les emprunteurs. Comme l’objectif de fed funds est 0% – 0,25% depuis 2008, la Fed pourrait jouer ainsi sur les titres financiers qu’elle a rachetés depuis 2008 pour faire basculer vers le long terme la maturité moyenne de son portefeuille, comme en 1961. Elle pourrait ainsi agir sur les taux à long terme sans avoir a créer de monnaie. Le FOMC a indiqué avoir envisagé cette solution en août, ainsi qu’un éventuel abaissement du taux d’intérêt servi sur les réserves de banques et d’éventuels rachats nets de titres…

Ce coup de bassin vers les longues échéances plutôt que les moyennes représente l’opération Twist que les marchés financiers ont déjà escomptée. Or, les rendements de ces titres sont déjà à des creux de plus de 50 ans parce que les Treasuries restent le meilleur refuge pour les détenteurs de capitaux qui craignent la zone euro ou les marchés boursiers

Bref, avant même que la Fed ait agi, les taux longs sont déjà devenus très faibles, sans pour autant que l’économie réelle ait été dynamisée

source Wall Street Journal

 Reste à voir si, au-delà des fluctuations boursières immédiates, cela peut vraiment relancer les marchés de l’habitation et du travail.

Prenons le cas de l’habitation justement : Tandis que le prix des maisons n’augmente pas et baisse même dans certains États, que les taux hypothécaires restent faibles, le coût du logement augmente c’est à dire plus exactement celui des loyers  montent…. 

source New York Times

 Faute d’avoir un emploi ou les moyens d’acheter une maison, les quelque 825 000 ménages qui se forment chaque année choisissent de payer un loyer plutôt qu’un prêt hypothécaire, ce qui fait monter les prix des logements.

On touche ici au coeur du problème que la Fed est impuissante à résoudre. La crise actuelle en est une d’endettement des ménages.

 «Nous sommes face à une alternative: ou bien on attend que le désendettement prenne fin tout seul, ce qui est un exercice pénible qui peut durer des années, ou on l’accélère en s’attaquant à sa racine, souligne Sherry Cooper, économiste en chef chez BMO marchés des capitaux. Cela signifie faire pression sur les créanciers pour qu’ils réduisent le montant de leurs prêts hypothécaires et les taux d’intérêt qu’ils exigent

La classe politique américaine se refuse à pareille action, et Il serait étonnant que la Fed lui suggère cette difficile voie à suivre. C’est plus facile de danser le twist….

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