Les groupes du S & P 500 vers des profits record
Les grandes capitalisations américaines ont engrangé plus de 200 milliards de dollars de profits
Les entreprises du S & P 500 semblent, à moins d’un revirement brutal de tendance, en bonne voie pour dépasser, cette année, leur dernier pic bénéficiaire de 2007. C’est du moins ce qu’il ressort des statistiques consolidées établies sur la base des dernières publications de résultats trimestriels des poids lourds de Wall Street.
Here is a chart of corporate profits after tax up to 2011 Q2.

Entre avril et juin 2011, ces derniers ont engrangé plus de 200 milliards de dollars de bénéfices nets et près de 230 milliards de dollars de résultats opérationnels.
Un record historique qui contraste avec la morosité conjoncturelle ambiante. A cela deux raisons:
- d’un côté, la nette hausse de la contribution des pays émergents à la croissance des bénéfices au cours des cinq dernières années,
- de l’autre, l’effet des diminutions de coûts drastiques consécutives à la crise économico-financière de 2008.
Pour autant, cette relative solidité financière affichée par les grandes entreprises américaines ne se reflète pas dans leurs cours de bourse. Au contraire, actuellement, les prix des actions intègrent implicitement une croissance quasi nulle des résultats en 2011. Et cela, alors que l’indice S & P 500 cote plus de 20% en dessous de son plus haut historique atteint le 9 octobre 2007 à 1.565,15 points.
PLUS/MOINS DE PROFITS EN SUIVANT :
Ralentissement économique
Cette situation est visiblement jugée opportune par les groupes, qui se reposent sur d’abondantes ressources pour acquérir leurs propres titres à moindre coût.
Ainsi fortes d’une trésorerie brute, elle aussi historiquement élevée de 976 milliards de dollars à fin juin, les sociétés du S & P 500 ont consacré, au cours du deuxième trimestre, une enveloppe de plus de 100 milliards de dollars à des rachats d’actions. Une première depuis le premier trimestre 2008. Malgré cela, les experts restent prudents.
«Le secteur privé fait face à plusieurs obstacles qui doivent nous inciter à la prudence sur la poursuite de la croissance des profits. De nombreuses entreprises ont récemment exprimé leurs inquiétudes sur une menace de ralentissement économique global, ainsi que sur un possible resserrement fiscal en Chine», nuance Edward Marrinan chez RBS. D’autres comme Kenneth Polcari, directeur général de ICAP Securities, ne voient pas forcément au travers de ces opérations de rachats de titres, un signal d’achat fort sur le compartiment des actions américaines.
«Au vu de la situation économique globale, je ne suis pas certain que les actions sont sous-évaluées, comme beaucoup le pensent. Nous ne pouvons pas le savoir avant la prochaine saison des résultats», estime-t-il. Et d’ajouter: «Les investisseurs surveilleront davantage les prévisions que les chiffres du troisième trimestre, dont les estimations ont déjà été ajustées à la baisse à plusieurs reprises.»
Les profits des entreprises sont hélas un indicateur retardé de l’économie réelle.
Notons simplement que pour un deuxième trimestre 2011 totalement médiocre sur le plan macro économique, les profits des sociétés américaines ont été remarquables avec une hausse de 12% et de 20% si on exclut le secteur financier. Il n’y a pas de catastrophe annoncée pour le 3ème trimestre où l’on attend une hausse de16% des résultats. On constate juste une révision à la baisse, mais d’une faible ampleur.
Le secteur financier reste toujours fragile et l’activité a fortement chuté. C’est celui qui a donc annoncé les plus grand nombre de licenciements à ce jour.
Si le consensus attend une hausse de 13.9% des profits en 2012, les analystes ont commencé à être plus actifs sur les révisions.
- L’indicateur avancé des révisions hausse/baisse a très fortement reflué tout en restant encore dans le vert.
- Un autre indicateur important est le nombre de profits warning : sur les 3 derniers mois, on a compté 32 profits warnings sur le S&P500 contre seulement 14 au cours des 3 mois précédents. Même constat en Europe où l’on a compté 35 profits warnings contre 13 sur la même période.
Ces chiffres laissent craindre une accélération des révisions dans les prochains des P/E des marchés commence à ressembler à la crise de 2008. Les P/E deviennent vraiment bas, se situant à un chiffre en Europe. Cela indique que le marché se méfie des profits et qu’il attend des révisions déchirantes.
source La Tribune/ Facset sep11
EN COMPLEMENT : Parmi l’avalanche de données, les marchés n’ont pas semblé percevoir une tendance pourtant cruciale”, note Albert Edwards de SG Cross Asset Research.
“En effet, peu de gens ont accordé de l’importance à la publication, le 9 août, des données sur la productivité et les coûts aux Etats-Unis. A première vue, la publication ne traduit qu’un léger (et ennuyeux) déclin annuel de 0,3% de la productivité des entreprises américaines ! Néanmoins, ce qui frappe à seconde vue, ce sont les révisions des données récentes.”
“Bonne nouvelle pour les investisseurs actions, la croissance de la productivité annuelle a été revue en hausse pour 2010 de 3,9% à 4,1%. De fait, le coût unitaire du travail (CUT) a décliné encore plus fortement sur l’année, de 2,0% au lieu de 1,6% attendu. Encore une fois, cette évolution est de bon augure pour les actions sachant qu’une baisse du CUT se matérialise généralement par des profits solides.”
“Toutefois, les bonnes nouvelles s’arrêtent là. En effet, début 2011, les tendances de productivité se sont dangereusement orientées à la baisse, notamment comparées à celles annoncées initialement. L’estimation initiale d’une croissance de 1,8% de la productivité au T1 s’est vue transformée en un déclin de 0,6%. Une légère progression de 0,7% du CUT au T1 s’est finalement muée en une hausse impressionnante de 4,8% ! Outre cette augmentation de 4.8%, le CUT s’est encore accru de 2,2% supplémentaires au T2.”
“Le BLS (Bureau of Labor Statistics) a révisé la croissance du CUT au T2 de 2,2% à 3,3% en glissement trimestriel. Le coût unitaire du travail non agricole aux USA s’inscrit désormais en hausse de 2% en glissement annuel. Il s’agit d’une très mauvaise nouvelle pour les profits et, par ricochet, d’une mauvaise nouvelle pour les actions. De plus, dans la mesure où le rythme d’évolution du CUT constitue un moteur clé de l’inflation (à la hausse en l’occurrence), il s’agit d’une nouvelle défavorable pour une Fed de plus en plus critiquée et divisée.”
“Dans la mesure où le coût du travail représente la majeure partie des coûts des entreprises, l’évolution de leur productivité influe de manière décisive sur le rythme de progression de leurs bénéfices. Une augmentation du coût unitaire du travail inférieure à l’inflation des prix se traduit par une hausse des marges unitaires. Ce phénomène, conjugué à la croissance des ventes unitaires (et des coûts de moindre importance, les coûts unitaires non salariaux), détermine arithmétiquement la croissance des bénéfices.”
“La croissance de la productivité a généralement tendance à fluctuer en fonction du cycle économique. L’accélération de l’économie tend en effet à se traduire par un accroissement de la productivité et vice-versa. Par conséquent, le coût unitaire du travail tend à baisser sensiblement au début des reprises économiques mais commence généralement à augmenter et à finalement dépasser l’inflation des prix à la production dans les phases ultérieures du cycle.”
“Dès lors que le coût unitaire du travail commence à augmenter plus vite que les prix à la production, comme c’est le cas aujourd’hui, et que les entreprises s’efforcent de maintenir leurs niveaux de marge, l’inflation subit des pressions haussières. Notons que le rythme du cycle détermine largement la répercussion de ces pressions haussières sur l’inflation. Si la demande est robuste, l’inflation augmente. Si la demande est faible et que les entreprises ne sont pas en mesure de répercuter les hausses de prix, les marges bénéficiaires et les bénéfices accusent une forte baisse. Il s’agit du point de retournement que nous avons désormais atteint.”
Source aof sep11