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Marc Faber accuse les banques centrales d’être la cause des crises

Marc Faber accuse les banques centrales d’être la cause des crises

Marc Faber accuse les banques centrales d’être la cause des crises Le gourou helvétique recommande d’investir 25% en or, 25% en actions, 25% en immobilier et 25% en obligations d’entreprises

Le Zurichois (exilé en Thaïlande) a souligné le danger de la spirale de l’endettement des pays, à commencer par les Etats-Unis, mais aussi la France, le rôle toujours plus important que vont jouer les pays émergents (surtout la Chine et l’Inde), l’importance de la géopolitique et la stratégie des banques centrales

«La seule personne qui m’a avoué profiter d’une sensible augmentation de son pouvoir d’achat cette année l’explique par le départ de son amie.» Marc Faber préfère les petites phrases assassines au langage technique des économistes pour évoquer la hausse du coût de la vie. Lors du Salon des produits structurés, mercredi à Zurich, le gourou helvétique résidant en Thaïlande a fait salle comble. C’est sans doute un indicateur du sentiment des investisseurs.

L’auteur du rapport «Gloom Doom» s’est évertué à démontrer que la succession de crises des dernières décennies était d’abord le résultat des politiques monétaires. Les effets à long terme de ces politiques interventionnistes sont extrêmement néfastes.

Les politiques de bas taux d’intérêt sont la cause de la bulle immobilière comme de l’explosion de la dette et de ses effets néfastes sur la croissance. L’économiste se moque alors d’un Prix Nobel (Paul Krugman) qui pense que la dette d’une personne correspond à la fortune d’un autre. «Allez l’expliquer aux banques françaises dont le bilan regorge d’emprunts grecs», dit-il.

La politique de taux d’intérêt réel négatif a également provoqué l’envol des matières premières et du crédit chinois. «Personne ne peut s’aventurer à prévoir quand la bulle de crédit en Chine va exploser, mais son éclatement se produira et provoquera des dégâts considérables», a-t-il averti.

Les Etats-Unis sont moins sensibles aux matières premières que la Chine. Le premier problème des Etats-Unis tient à l’absence d’investissements. Les services font 70% de la consommation américaine, laquelle représente les deux tiers du PIB. Un choc sur les prix des matières premières exercerait des effets plus sévères sur l’économie chinoise. L’Empire du Milieu multiplie ses efforts pour s’assurer un accès aux ressources naturelles du Moyen-Orient et d’ailleurs. Les tensions géopolitiques vont encore croître, selon Marc Faber. Elles sont également dues à la politique insensée menée par la banque centrale américaine. Le Moyen-Orient va encore s’enflammer, explique-t-il en présentant un graphique des prix des matières depuis deux siècles, pointant son doigt sur les pics de la courbe qui ont coïncidé avec une guerre.

Dans ce contexte explosif, la meilleure stratégie est celle de la diversification des placements. «Fondamentalement, je suis négatif sur tout.» Telle est sa phrase favorite. Mais il propose d’allouer 25% du portefeuille aux actions, 25% aux obligations d’entreprises, 25% à l’immobilier et 25% à l’or.

Dans un scénario d’inflation tel que le préparent les banques centrales, les actions protègent mieux l’investisseur que le cash ou les obligations. Il en veut pour preuve la crise du Mexique et la chute de valeur de plus de 90% du peso. Le détenteur d’actions de grandes compagnies mexicaines était parvenu à sérieusement limiter les pertes. Le Mexicain qui avait son argent en obligations a tout perdu.

Sur l’immobilier, Marc Faber recommande des maisons à la campagne. Il lance alors une ultime pointe: «Lieber ein Haus im Grün als ein Grün im Haus» (Mieux vaut une maison à la campagne qu’un Vert à la maison).

Par Emmanuel Garessus Zurich/le temps oct11

ENTRETIEN : Tribune de Genève

Vous critiquez beaucoup les banques centrales, qui arrosent le marché de liquidités quand ça va mal. Que pensez-vous des mesures de la BNS pour contrer les effets du franc fort?

Je pense surtout que la BNS a fait beaucoup d’erreurs dans le passé et qu’elle a perdu de l’argent avec de mauvaises décisions, comme les ventes d’or en 2008. Et je suis très sceptique quant aux mesures actuelles, comme le plafonnement de l’euro à 1 fr. 20. Lier deux monnaies est toujours risqué. Et quel cours choisir? Pour combien de temps?

Mais face au franc fort, il fallait bien prendre des mesures, non?

Le franc fort n’est pas forcément un problème. Le problème est la faiblesse de l’euro et du dollar. Le Japon a une monnaie forte et s’en sort très bien. Les pays exportateurs les plus influents ont toujours eu une monnaie forte. Prenez les montres; un Chinois vous achètera toujours une montre suisse, même si elle coûte plus cher. J’estime que des mesures comme l’augmentation du temps de travail pour le même salaire, ou des réductions de salaires sont préférables à celle d’un cours plancher du franc face à l’euro.

A quoi doit s’attendre la Suisse ces prochains mois?

La Suisse n’est pas une île et va subir elle aussi les conséquences du ralentissement conjoncturel. Sa croissance sera donc très modérée mais elle va rester garante d’une certaine sécurité aux yeux des investisseurs et des entreprises.

Dans quoi faut-il investir?

Je reste fidèle à mon portefeuille de base: un quart d’or, un quart en liquide, un quart dans l’immobilier et un quart en actions. Pour l’immobilier, en Suisse, je n’investirais plus en ville, mais à la campagne. Et je transférerais mon or à Singapour plutôt que de le laisser ici. Là-bas, l’Union européenne n’a pas encore d’influence…

Et les produits structurés?

Je ne devrais pas le dire trop fort ici, mais je ne conseillerais pas d’en acheter! (rires)

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