Le recours de plus en plus important à des dérivés par les Banques risque d’étendre la crise et augmente le risque systèmique
Des échanges entre banques et assureurs pourraient être une courroie de transmission de la crise. Federico Ghizzoni, patron d’Unicredit, a demandé à la BCE d’être moins exigeante à l’égard des actifs que les banques déposent en contrepartie des liquidités qu’elles reçoivent.
Le risque systémique augmente. Les banques européennes qui ont besoin d’actifs de bonne qualité pour refinancer leur dette échangent de plus en plus de produits financiers avec les assureurs et d’autres acteurs de la finance mondiale, ce qui accroît le risque d’une propagation de la crise de la dette publique à travers le système financier mondial.
Selon des responsables de l’industrie financière cités jeudi par le “Wall Street Journal”, les banques européennes recourent de plus en plus aux “swaps” de liquidité. En théorie, ce type d’opération permet à une banque d’échanger un actif peu liquide, c’est-à-dire difficile à écouler sur le marché, qu’elle détient en portefeuille, contre un autre actif beaucoup plus facile à monnayer, détenu par un autre opérateur financier. Un tel échange permet d’augmenter le ratio de liquidité d’une banque.
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Or, à cause de la crise de la dette publique qui secoue la zone euro, les banques ont de plus en plus de mal à conserver suffisamment d’actifs liquides. En effet, pour refinancer leur dette, elles recourent habituellement au marché interbancaire. Mais comme la méfiance entre banques a augmenté considérablement, les institutions financières sont contraintes de faire appel à la Banque centrale européenne (BCE) pour obtenir les liquidités nécessaires au remboursement de leurs dettes. Or, en contrepartie des liquidités qu’elle octroie, la BCE réclame des actifs financiers d’un certain type. Il s’agit des actifs dits “éligibles” à la BCE. Obligées de solliciter de plus en plus souvent la banque centrale, les banques européennes se retrouvent en panne d’actifs éligibles. Dès lors, pour en trouver, elles recourent à la technique du “swap”.
“Interconnexion”
Ces banques transfèrent des titres de faible qualité, tels que des obligations d’entreprises relativement risquées, à des assureurs ou à des banques d’investissement. En échange, ces dernières transmettent aux banques européennes des titres éligibles auprès de la BCE, tels que des obligations gouvernementales. Pour se couvrir, les assureurs et banques d’investissement appliquent une décote aux actifs qu’elles reçoivent: elles transmettent donc une valeur moindre que celle qu’elles reçoivent mais qui représente un risque plus grand. En outre, elles perçoivent une commission sur l’opération.
En juillet dernier, la FSA (Financial Services Authority), le gendarme des marchés du Royaume-Uni, a émis des recommandations en matière de swaps de liquidité. “Le niveau de demande potentielle pour les swaps de liquidité a augmenté nos préoccupations au sujet d’un risque systémique accru”, y indique l’autorité de contrôle britannique. “Les swaps de liquidité pourraient avoir comme effet d’augmenter l’interconnexion entre les secteurs de la banque et de l’assurance et créer un mécanisme de transmission par lequel le risque du système financier pourrait augmenter.”
source Financial Times
Selon des sources proches des banques concernées, citées par le “Wall Street Journal”, plusieurs établissements français, italiens et d’autres États européens, dont Dexia, ont récemment recouru à cette technique. Les observateurs y voient un signe de la fragilité du secteur financier européen, contraint de recourir à des succédanés pour trouver des actifs de qualité dès que la situation financière globale se durcit.
La difficulté de trouver des actifs éligibles à la BCE est telle que le patron de la banque italienne Unicredit, Federico Ghizzoni, a demandé mercredi à l’institution européenne d’assouplir ses exigences à l’égard des actifs apportés par les banques en contrepartie des liquidités reçues. Mais on sait que les banquiers centraux, eux, répugnent à gonfler leur bilan de produits financiers douteux…
source Agefi nov11