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L’Eurobicon a été franchi Par Andreas Höfert

L’Eurobicon a été franchi Par Andreas Höfert

L’Eurobicon a été franchi, selon Andreas Höfert, chef économiste d’UBS Il n’existe à présent plus que deux fins possibles pour la crise européenne. Soit la Banque centrale européenne assume pleinement son rôle stabilisateur du système financier en sauvant de manière inconditionnelle l’Italie, soit l’euro éclatera, inéluctablement

Tel César traversant la célèbre rivière pour changer de manière permanente la vieille république romaine, le passage des taux d’intérêt de l’Italie au-delà de 7%, entraînant le pays dans une spirale explosive de sa dette, a changé l’avenir de l’euro de manière définitive et irréversible.

Les dés sont tombés, et il n’existe à présent plus que deux fins possibles pour la crise européenne. Soit la Banque centrale européenne assume pleinement son rôle stabilisateur du système financier en sauvant de manière inconditionnelle l’Italie, soit l’euro éclatera, inéluctablement.

A la différence de la Grèce, l’Italie n’est pas en faillite. Certes, la dette publique italienne est supérieure à 1900 milliards d’euros et représente 120% du PIB. Mais est-ce vraiment quelque chose de nouveau? L’Italie affiche un ratio dette sur le PIB très élevé depuis plus de trente ans, et personne ne semblait s’en émouvoir il y a quelques semaines encore. Mais tout à coup, c’est devenu un problème.

Pourtant l’Etat italien a été l’un des plus vertueux d’Europe depuis son entrée dans l’euro, avec un ratio dette publique sur le PIB supérieur à 115% en 1999, ramené à 104% en 2007 malgré une croissance atone. Si l’ex-premier ministre Silvio Berlusconi a pu être considéré comme un bouffon et traîne toujours énormément de casseroles, le laxisme budgétaire n’a cependant jamais fait partie de ses défauts. Plus encore, l’Italie est stable internationalement: à l’instar du Japon (ratio de dette sur le PIB de plus de 220%), plus des trois quarts de sa dette publique sont détenus par les Italiens.

Certes, l’Italie a un problème de croissance. Depuis son entrée dans la zone euro, sa compétitivité s’est érodée de plus de 30% par rapport à l’Allemagne. Mais l’austérité ne résoudra pas ce problème. Au contraire, elle risque de l’exacerber.

Composé de technocrates, le nouveau gouvernement Monti va sans doute s’atteler à des mesures d’austérité encore plus drastiques. Mais, d’une part, cette politique n’est pas garante de succès, car elle ne résout pas le problème de compétitivité de l’Italie et, d’autre part, la question de la légitimité de ce gouvernement non élu mais imposé par l’Allemagne, la France et les marchés va très rapidement être posée.

Une alternative à la descente aux enfers pour l’Italie serait sa sortie de l’euro. Une réintroduction de la lire avec une dévaluation significative résoudrait son problème de compétitivité. Les créanciers internationaux pâtiraient d’une dette libellée à présent en lires, mais pas les créanciers domestiques. Et la lire, monnaie faible, serait néanmoins celle de la troisième économie d’Europe continentale.

L’Italie pourrait donc se passer de l’euro avec succès: c’est en tout cas mon avis. En revanche, un euro sans l’Italie, même plus fort, devra être considéré comme un échec.

Andreas Höfert  Chef économiste, UBS./le temps nov11

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