Des experts misent sur l’or face à la crise de l’endettement des Etats

A 1734 dollars l’once, soit une hausse de 700% en 12 ans (28% par an), la performance du métal précieux bat celle de tous les placements possibles.

«L’or et l’argent sont une classe d’actifs qui ne ressemble à aucune autre. Rien à voir avec les matières premières», commente Rolf Nef, fondateur du Tell Gold & Silver Fund. Le marché de l’or est le marché de l’émotion car si son rôle économique est, somme toute, négligeable, il reste, pour Ron William, stratège chez Mig, le refuge ultime par excellence. Et de poursuivre que chaque grande étape psychologique (la barrière des 1000 dollars en 2008) est suivie d’une période de consolidation puis de deleveraging mais que, en dépit des fluctuations de court terme, la courbe est bel et bien parabolique depuis plus de dix ans.

Beaucoup sont les  experts qui misent sur l’or face à la crise de l’endettement des Etats. La demande des pays émergents soutiendra le prix du métal jaune. Il constituerait «une protection contre un risque d’implosion d’une monnaie»

«Nous ne nous trouvons pas face à une bulle de l’or, mais face à une bulle de la dette des Etats», a assuré Marcus Grubb. Le directeur général du World Gold Council s’exprimait mercredi à Genève lors du forum Shorex au cours d’une matinée consacrée au métal jaune.

source Bespoke

 Marcus Grubb met l’accent sur les changements qui ont marqué le marché de l’or ces dix dernières années. Concernant la demande, la bijouterie, en nette baisse, reste le plus important élément (50% en 2010, contre 84% en 2000). L’investissement progresse, passant de 4% de la demande à 37%. «Malgré ce changement, l’allocation à l’or dans les portefeuilles reste limitée à 1%, contre 49% pour les obligations, 37% pour les actions et 4% pour l’investissement dans l’alternatif, par exemple», a souligné Marcus Grubb.

 Et pourtant, les participants à la conférence n’ont eu de cesse de recommander les investissements dans l’or physique face à l’environnement économique actuel. «Nous pourrions déjà avoir entrepris un voyage terrifiant vers l’inflation», a prévenu Paul Tustain, directeur général et fondateur de BullionVault, un site qui permet aux investisseurs privés d’accéder aux marchés professionnels des métaux précieux. Voire de l’hyperinflation, a-t-il encore averti, et «l’or constitue une protection contre un risque d’implosion d’une monnaie.»

 Egon von Greyerz, fondateur et managing partner de Matterhorn Asset Management, est allé encore plus loin: «le monde ne s’est jamais trouvé dans une situation où les économies majeures et leur système bancaire se trouvent au bord de la faillite simultanément.» Pire, il estime que «rien ne pourrait être fait pour rétablir la situation», tandis que «les gouvernements risquent de ne rien faire d’autre que d’imprimer de la monnaie, car l’austérité ne fonctionnera pas», a-t-il poursuivi. Par conséquent, les monnaies devraient se déprécier et cela entraînera un risque d’inflation, voire d’hyperinflation, a-t-il aussi annoncé. Face à ces scénarios apocalyptiques pour le système, l’or constitue la seule solution. «Mais il faut pouvoir en disposer. Des produits financiers comme les ETF ne servent à rien, car ce n’est que du papier», a poursuivi Egon von Greyerz.

 Alors que le prix de l’or dépassait les 1700 dollars l’once , n’est-il pas trop tard pour investir? Malgré un léger reflux, les cours sont toujours à des niveaux historiquement élevés. «L’or n’est pas seulement un investissement de la peur des occidentaux, c’est aussi un investissement dans l’accumulation de richesse en Asie», a poursuivi Marcus Grubb. La croissance en Chine et en Inde devrait en effet également soutenir le prix de l’or, a-t-il encore jugé. A cela s’ajoutent des découvertes majeures de nouveaux gisements aurifères qui sont à un plus bas historique, a poursuivi le spécialiste.

 Plusieurs intervenants ont également souligné le rôle des banques centrales des pays émergents qui sont devenus des acheteurs nets d’or. La Chine, notamment, cherche à se diversifier du dollar.

Par Mathilde Farine/le temps dec11

Infographie. Demande d’or dans le monde