A Chaud!!!!!

Politique Friction du Mercredi 11 Septembre 2013: Elections allemandes, fin de la pause? Par Bruno Bertez

Politique Friction du Mercredi 11 Septembre 2013: Elections allemandes, fin de la pause? Par Bruno Bertez 

Nous avons soutenu l’idée que l’Europe s’était mise en fonction « pause » pour la période des consultations électorales allemandes. Les élections interviendront le 22 Septembre.

Beaucoup d’observateurs affirment que la continuité est l’option la plus probable, quelle que soit l’issue du scrutin. 

Nous pensons qu’ils confondent deux choses : 

1) l’incidence directe, interne  des élections

2) l’incidence de la fin de la trêve électorale et estivale. 

On donne une probabilité de 50 chances sur 100 à l’hypothèse de maintien de la coalition de centre droit (CDU-CSU-FDP) au pouvoir. Nous pensons que cela est hasardeux,  la probabilité du maintien nous semble plus faible. 

La probabilité d’une grande coalition (CDU-CSU-SPD) est élevée, on donne actuellement près de 40 chances sur 100. 

Nous n’envisageons pas d’autres combinaisons, même si elles sont théoriquement possibles. 

Dans les deux cas, la politique européenne de l’Allemagne ne nous parait pas susceptible de grande modification. Elle devrait s’articuler autour d’une poursuite de l’aide aux pestiférés et d’une exigence d’austérité. L’aide aux pays en difficulté sera  peut-être un peu plus généreuse avec la grande coalition CSU-CDU-SPD, mais ce ne sera qu’une question de nuance et de cosmétique.

La demande d’austérité sera réaffirmée, mais les limites à l’austérité ne sont pas fixées par les politiciens, mais par les marchés, d’une part, et les corps sociaux, d’autre part. Le « mix », à notre avis, sera dans la ligne des derniers mois 2012-2013, bien que les citoyens allemands ne cessent d’affirmer qu’ils ne veulent ni plus de solidarité ni plus de pouvoirs à l’Europe. En fait, les citoyens allemands veulent maintenir l’euro et l’Europe, mais ils ne veulent plus payer.  Les demandes de référendum sont de plus en plus nombreuses et insistantes. 

La politique allemande n’est faite ni par les politiciens, ni par le peuple, elle est un optimum qui s’impose à tous, dès lors que l’on ne fait pas le choix politique de l’euro à deux vitesses, un euro des pays du Nord, en balance positive et un  euro des pays du Sud, en balance structurelle négative. 

La situation n’est pas assez grave, les illusions sont encore trop fortes pour que l’on pose la question des choix allemands en ces termes. Pour l’instant, on va continuer de rêver d’une tendance à la convergence, donc au maintien de la situation actuelle. 

Il faudrait imaginer que la classe politique allemande a été hypocrite jusqu’à présent et qu’elle a caché son jeu, pour soutenir l’opinion d’un grand changement possible après la consultation. Ce que nous ne nous hasardons pas à imaginer. Louvoyer, qui est le terme qui caractérise la politique de Merkel, n’est pas la même chose qu’être hypocrite, même si l’hypocrisie est un moyen de louvoyer. 

L’incidence de la fin de la trêve électorale nous parait en revanche déterminante, car les dossiers en suspens sont lourds et conflictuels: 

1) l’union bancaire est un gros morceau. Les faibles et pestiférés veulent une union bancaire du type pool de solidarité, les pays du Nord veulent une union bancaire de type technique, voire technocratique, sans solidarité ou mise en commun. Les uns y voient un moyen de vivre aux crochets des autres, les mêmes autres y voient un moyen de contrôler les uns. 

2) les affrontements entre les diverses conceptions vont recommencer sur tous les sujets et les pays du Sud, enhardis par le précédent de la pause électorale, vont se montrer de plus en plus réticents à accepter austérité et réformes. On voit ce qui se passe déjà en Grèce, Portugal et Italie. Les gouvernements ont compris que les créditeurs étaient dans la seringue et la coopération docile a été remplacée par les chantages implicites. Les demandes de haircuts, rééchelonnements, moratoires, vont se multiplier. 

3) les marchés sont encore sur un petit nuage ; d’abord, parce qu’il y a l’OMT de Draghi, ensuite parce que le même Draghi a promis de s’opposer aux hausses de taux, enfin parce que le « taper » américain n’a pas commencé. Nul ne sait ce qui va se passer sur les marchés, quel sera le climat, les contagions, d’ici quelques semaines. Asmussen de la BCE vient juste de s’inquiéter des effets de « spillover», de contagion, de la tentative de la Fed de réduire ses achats de titres longs. 

4) les conjonctures économiques sont fragiles, sinon trompeuses. Les gouvernements des pestiférés montent en épingle une tentative de stabilisation positive, ils extrapolent et donnent des espoirs. Qui sait si le retournement ne sera pas brutal, retournement qui viendra bouleverser tous les calculs. Le gouvernement espagnol, par exemple, fait mousser une inversion du chômage qui porte sur… 31 travailleurs! La non-réalisation des objectifs de croissance -si on peut dire- peut remettre en question les promesses de réduction des déficits et relancer des débats sur austérité et croissance. 

5) les problèmes bancaires européens, indépendamment des questions d’union bancaire et de supervision, sont toujours là et on va bientôt reparler de l’AQR, Asset Quality Review. Les banques allemandes ont bien profité des largesses de la BCE et de l’Union pour se défausser de gros actifs douteux, tandis que d’autres secteurs bancaire européens ont, au contraire, encore alourdi leur bilan et détérioré sa qualité.

BRUNO BERTEZ Le Mercredi 11 Septembre 2013

illustrations et mise en page by THE WOLF

4 réponses »

  1. Grèce : il va y avoir un troisième, et même un quatrième plan d’aide.

    Mercredi 11 septembre 2013 :

    La Grèce devra encore être aidée, peut-être même deux fois.

    La Grèce aura besoin d’un troisième plan d’aide, voire d’un quatrième, a déclaré mercredi Luc Coene, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

    « Il est évident que nous ne sommes pas encore venus à bout du problème grec. Nous allons devoir fournir d’autres efforts, au moins encore une fois, peut-être deux. Cela dépendra de l’évolution de la situation », a-t-il dit lors d’un entretien accordée à une station de radio belge.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/reuters-00548526-la-grece-devra-encore-etre-aidee-peut-etre-meme-deux-fois-coene-603775.php

    La dette grecque s’élève actuellement à 321 milliards d’euros et devrait atteindre 176% du Produit intérieur brut (PIB) fin 2013.

    Les contribuables européens ont déjà prêté 240 milliards d’euros à la Grèce. Résultat : aujourd’hui, la Grèce est en faillite totale.

    Quant à l’Allemagne :

    Dette publique de l’Allemagne : 81,2 % du PIB, soit 2150 milliards d’euros. Je dis bien : 2150 milliards d’euros.

    L’Union Européenne, c’est des pays surendettés qui se surendettent encore plus, pour pouvoir prêter de l’argent à des pays en faillite qui ne les rembourseront jamais.

    L’Union Européenne, c’est un suicide collectif.

  2. Jeudi 12: Un nuage dans le ciel bleu allemand:

    Selon le HandelsBlatt, les ministres des finances européens se réunissent pour examiner les modalités d’un bail-out de la Slovénie. Intéressant à suivre après les expériences Chypriotes.

    La Slovénie ne peut combler un trou de 7,5 milliards dans les fonds propres de ses banques -20% du GDP-. Les fonds propres des banques sont du high-powered money, puisque si elles ont des fonds propres, elles peuvent, par un multiple colossal bailer -out leur souverain en achetant ses bonds avec effet de levier!

    Les fonds propres des banques, c’est la nouvelle astuce, depuis l’Espagne, pour venir en aide au souverain en faillite sans le dire.

    Mais la BCE semble ne pas être d’accord et demander que la Slovénie fasse une demande officielle d’aide auprès de l’ESM. À suivre.

    Par ailleurs 136 économistes Allemands dont notre ami Sinn , viennent de publier une lettre ouverte dans laquelle ils dénoncent l’OMT « l’achat de bonds est illégal et c’est un échec économique ».
    Attention échec économique cela ne veut pas dire échec financier, car pour la communauté spéculative internationale, l’OMT est un succès!

  3. L’histoire de l’Europe vue par Guy Breton.

    Vous connaissez notre idée force. Il faut toujours prêter attention à ce que disent et écrivent les gens qui ont quitté la scène du Pouvoir. Pour plusieurs raison:

    -D’abord ils ont été aux affaires, donc ils connaissent des choses qui ont été dissimulées avant !
    -Ensuite ils sont toujours plus ou moins aigris donc enclins à « balancer »…
    -Enfin ils ont la culture, les raisonnements du Pouvoir et révèlent des choses sur son mode de penser et de fonctionner.

    Au passage nous ajoutons que dans une optique-qui est la nôtre – de démystification, il est toujours intéressant et formateur de constater à quel point ces gens sont mesquins, nuls et qu’au fond ils n’en savent pas plus que vous et moi. C’est œuvre démocratique authentique que de donner un coup de pied dans les piédestaux.
    .
    Ainsi l’une des meilleures analyses que l’on puisse lire de la situation américaine est celle de David Stockman ancien directeur du Budget de Reagan, ou bien les éditos de Krugman, répudié par Obama et donc blessé dans son ego: Krugman est sanglant , il assassine littéralement la politique économique d’Obama. Nous buvons du petit lait quand il dit que c’est un désastre, car nous pensons exactement la même chose: Et bizarrement, cela va vous étonner, pour les mêmes raisons, nous aurons l’occasion d’y revenir, ce n’est pas notre sujet du jour.

    Notre sujet c’est le livre d’un ex-initié aigri, car mis sur la touche à cause de Draghi, le livre de Lorenzo Bini Smaghi intitulé : Dying of Austerity.

    Dans ce livre, plein de révélations sur la gestion de la crise, sur Merkel, Sarkozy, le drame grec, on passe dans les coulisses, et c’est ce qui nous intéresse. Pour comprendre, il faut être un peu voyeur!

    On y apprend que Merkel était, partisan d’une sortie de la Grèce de la zone euro, qu’elle a changé d’avis après avoir compris les risques que cela présentait. Au passage vous noterez que toutes ces péripéties ont toujours été démenties et que c’est à juste titre que d’une part, on affirme que ces gens sont des menteurs et d’autres part, qu’ ils sont non crédibles car faillibles. Ils ne font que se tromper. Tiens en parlant de se tromper, cela nous fait penser que vous devriez relire Mitterrand, ses douze discours sur l’Europe, nous citons de mémoire, c’est une sacré partie de rigolade.

    Notre Bini Smaghi, révèle qu’en Octobre, Novembre 2011, Berlusconi était très près de faire éclater l’euro et de retirer l’Italie de l’euro. Les conspirateurs européens ont fait en sorte de le faire destituer, de le guillotiner publiquement pour sauver leur euro.

    Bini fait état de conversations privées au plus haut niveau, qui ont manifestement été prises au sérieux au point d’aboutir à l’exécution de Berlusconi.

    Nous sommes dans les zones d’ombre de la politique, celle des conspirations, des services secrets, des écoutes. On reprend les bonnes vieilles méthodes des soviétiques qui tenaient les gens au pouvoir, par le biais de leur vie privée ou de leur passé. Berlusconi n’a pas été obéissant, il a été abattu.

    En politique, il y a beaucoup de gens « tenus », c’est à dire de gens qui n’étant pas « nets », sont à la merci de chantages. C’est la raison pour laquelle nous ne sommes pas comme la presse bienpensante, nous pensons que tout doit être dit sur un homme de pouvoir, on doit tout révéler, tout savoir; Si il n’est pas transparent, alors que d’autres connaissent ses faiblesses, alors cette personne est « tenue », elle n’est pas libre de décider en son âme et conscience. Une personne de pouvoir qui a un secret à cacher, une faille, un vice ou autre, ne doit pas être au sommet. La transparence est le prix à payer pour exercer le pouvoir, et nous ajoutons qu’il faut être idiot pour prétendre être un « président normal », non un président doit être exceptionnel, parce qu’il a un rôle exceptionnel.
    Il ne doit pas forcement être compétent, il a des conseillers pour cela, mais il doit être un saint. On ne doit pas avoir prise sur lui. Et un saint, ce n’est pas un homme normal. Imaginez, un seul instant la fiabilité d’un DSK au pouvoir mené par le bout de la q…e! Il lui serait arrivé le coup de Noriega!

    Les révélations de Bini Smaghi ne sont pas anecdotiques, même si elles ont un coté croustillant. En effet nous sommes dans le domaine de l’argent, de la finance, donc dans le domaine des initiés, les grands initiés. Lorsque l’idée de sortie de l’euro est venue à Berlusconi, il est évident qu’il ne l’a pas gardée pour lui, il y a eu des amis, des proches et tout une chaine de personnes qui ont été mises au courant, puis des banquiers , des opérateurs sur les changes, sur les bonds,etc… Tout ceci pour dire que la forte hausse des taux sur les bonds italiens avant la chute de Berlusconi n’est certainement pas le fait du hasard, tout comme la montée des fameuses craintes de redénomination des dettes.

    On peut réinterpréter la séquence de cette période de la façon suivante:

    -L’idée d’une sortie de l’euro germe dans la tête des responsables italiens au second semestre 2011.

    -Les initiés shortent les bonds Italiens, jouent la redénomination des dettes des pays du sud.

    -Berlusconi est guillotiné, la probabilité se réduit, la chute ralentit.

    -Monti, le valet des Maitres européens est nommé, les vendeurs à découvert se rachètent, le risque de redénomination se réduit à presque rien.

    -En 2012, alors que le risque de redénomination a disparu car personne au plan politique ne veut plus prendre le risque d’une sortie de l’euro, Draghi lance ses rodomontades et son soi-disant coup de force, avec d’autant plus de chance de succès que le danger a disparu. C’est le BABA de la technique boursière, on ne s’oppose pas à une chute tant que les conditions fondamentales de la chute sont présentes, mais on embarque le marché derrière, lorsque les conditions et raisons de la baisse ont disparu. C’est ce qui a été appliqué aux bonds, les BTP italiens.
    Le succès de Draghi, dans cette interprétation de l’histoire par le trou de la serrure, à la Guy Breton, ne serait dû à rien d’autre qu’à l’exécution de celui qui incarnait le risque de redénomination. Tout ceci est à garder en tête alors que le psychodrame Berlusconi semble se reproduire.

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