La BCE s’installe dans sa nouvelle tour à 1,2 milliard d’euros
Par Alexandrine Bouilhet/ Le FIGARO Publié le 29/11/2014

Après douze ans de travaux et un surcoût de 40 %, Mario Draghi et ses troupes investissent leur siège ultramoderne.
Les banquiers centraux ont quitté leurs bureaux cosy de l’Eurotower, dans le centre-ville, pour s’installer dans deux tours jumelles de 185 mètres de hauteur, faites de béton, de verre et d’acier. C’est plus froid, plus fonctionnel, beaucoup plus moderne. Pilotés par ordinateurs, les ascenseurs grimpent les 45 étages en quelques secondes. Le chauffage est assuré par le recyclage de la chaleur dégagée par les ordinateurs, les vitres de la tour Sud – la plus convoitée – sont protégées par un filtre solaire ; l’eau des toilettes est alimentée par de l’eau de pluie recyclée. Et la salle de gym a grand succès.
Depuis la salle du Conseil des gouverneurs, au 41e étage, où se prendront les décisions de politique monétaire à partir du 4 décembre prochain,Mario Draghi peut contempler les tours du centre-ville, qui ressemblent de loin à un petit Manhattan-sur-Main. Avec son mobilier ultradesign et sa vue à 180 degrés sur Francfort, la salle du Conseil ressemble un peu au siège d’un gouvernement mondial dans un film de science-fiction!
L’Europe y est représentée, au plafond, par une sculpture abstraite faite de lamelles ondulées. Avec beaucoup d’effort, on y distingue l’Espagne, la France, l’Irlande… «L’idée, c’est de représenter l’Europe comme entité, de la deviner, sans forcément distinguer les pays…», explique l’architecte viennois Wolf Prix, qui a emporté en 2005 le concours lancé par la BCE. Même s’il lève le nez, Mario Draghi peinera à y déceler la «botte» de l’Italie… C’est fait exprès: oublier son pays et ne penser qu’à l’intérêt général européen.
Payé sur fonds propres
De tous les bâtiments de l’Union européenne, le nouveau siège de la BCE est sans conteste le plus spectaculaire. Le plus cher aussi: il aura coûté 1,2 milliard d’euros, beaucoup plus que les 850 millions envisagés en 2010. Les coûts ont dérapé en raison de l’augmentation du prix des matières premières et du coût plus élevé que prévu de la rénovation de la Grossmarkthalle, un bâtiment en briques rouges des années 1920, qui abritait les halles aux fruits et légumes de Francfort jusqu’en 2004. Classé monument historique, ce bâtiment a aussi une triste mémoire. Entre 1941 et 1945, ses sous-sols, réquisitionnés par les nazis, ont servi à parquer quelque 10.000 Juifs, avant leur déportation en train dans les camps de la mort. La salle d’origine, avec les graffitis des prisonniers en détresse, a été conservée et transformée en mémorial.
En devenant propriétaire de ses murs, la BCE voulait échapper aux loyers exorbitants du centre-ville. La facture à plus d’un milliard est élevée, surtout en temps de crise, mais l’institution monétaire a les moyens de ses ambitions. Les travaux ont été payés sur les fonds propres de la banque (7,6 milliards d’euros fin 2013), abondés au fil des ans par ses bénéfices (1,4 milliard d’euros en 2013) réalisés à partir de ses réserves d’or et de changes, des achats de titres et les transferts des banques centrales.
Pour le reste, la BCE est plus économe que la Banque de France en frais de fonctionnement: 500 millions de charges d’exploitation par an, contre 2 milliards d’euros pour la Banque de France et ses 12.000 employés.
La Cour des comptes s’alarme du trou faramineux du budget européen
La Cour des comptes européenne, à Luxembourg. [European Commission]Les États membres devront débourser 326 milliards d’euros supplémentaires pour le budget 2014-2020. La capacité de la Commission et des États à payer leurs dettes, n’est pas démontrée, prévient la Cour des comptes européenne.
La Cour des comptes européenne (CCE) a publié le 25 novembre un rapport inédit de 100 pages soulignant les nombreuses faiblesses de l’utilisation des finances européennes. Si la Commission s’est félicitée de la parution de ce rapport, elle a également fait remarquer que la CCE outrepassait son rôle.
Cette « Analyse panoramique » porte sur la gestion des risques. Son premier volume se penchait sur les questions de comptabilité et de contrôle public de l’UE. Cette deuxième analyse aborde les risques liés à la gestion financière du budget européen.
Ce rapport souligne entre autres le fait que les États membres devront débourser 1 234 milliards d’euros pour couvrir les engagements de la Commission. Ce montant totalise les 908 milliards prévus pour les paiements de la période et quelque 326 milliards supplémentaires correspondants à des décaissements liés aux deux périodes budgétaires précédentes, au moins.
« En partant du principe que l’UE ne va pas revenir sur ces engagements, et pour la plupart d’entre eux je ne vois pas comment elle le pourrait, il sera probablement difficile d’obtenir cet argent des États membres pour financer les dépenses prévues, explique le Dr Igor Ludboržs, responsable du rapport à la CCE, qui s’exprimait devant un petit nombre de journalistes. Les engagements sont là, l’argent n’y est pas. » Comme l’explique Igor Ludboržs, ces engagements constituent des obligations légales et, un jour, les États devront honorer leurs engagements.
Quand EurActiv a demandé plus de renseignements, le spécialiste a indiqué que les États ont l’obligation de payer leurs factures, mais qu’il n’est pas évident qu’ils pourront se permettre de débourser de telles sommes au moment opportun. Il a également expliqué que c’est pour cette même raison que la Commission demande aux États de présenter leurs projets d’infrastructures dans la première moitié de l’année, parce que plus tard il n’y aurait plus de liquidités.
À voir comme les États membres rebiffent face à une augmentation de 4,7 milliards du budget pour 2014, et Igor Ludboržs n’est pas très optimiste : « Nous ne prévoyons pas de fin heureuse à cette histoire. Les montants [associés aux décaissements accumulés hérités des périodes précédentes] sont de plus en plus élevés. »
La Commission a tout d’abord tenté de minimiser les implications du rapport de la CCE, avant d’indiquer que l’organisme avait « outrepassé son rôle traditionnel ».
« Pas besoin s’inquiéter des chiffres »
Le porte-parole de la Commission, Jakub Adamowicz, a annoncé que l’exécutif européen avait pris connaissance du rapport de la CCE avec un « certain intérêt » et que, bien qu’il « ne révèle rien de neuf », il y avait là « matière à réflexion ».
Il a ajouté que la Commission partageait l’esprit qui animait le rapport, mais qu’il ne s’expliquait pas comment la CCE arrivait à 326 milliards d’euros, alors que les calculs de la Commission, basés sur les chiffres de la CCE, donnaient 322 milliards.
Jakub Adamowicz a également expliqué qu’il était possible de se désengager de certains projets, quand les conditions de la Commission en termes de gestion de projet n’étaient pas remplies. « Nous fonctionnons selon ce principe tout le temps », assure-t-il.
Le porte-parole admet que la comparaison des 4,7 milliards supplémentaire découlant de la rectification du budget au 326 ou 322 milliards des périodes budgétaires précédentes pouvait sembler impressionnante, mais qu’il ne s’agissait que d’une « projection des paiements future à effectuer ». « Il n’y a aucune raison de s’inquiéter de ces chiffres faramineux », assure-t-il.
« Quels sont les problèmes et leurs causes ? »
Dans un chapitre intitulé « Quels sont les problèmes et leurs causes ? », la CCE explique en détail les divers problèmes associés aux dépenses budgétaires de l’UE.
L’un de ces problèmes, souligne Igor Ludboržs, est l’incapacité de paiement de certains États membres suite à la crise. Certains projets qui devraient être cofinancés poseraient donc problème.
Le responsable du rapport met également en garde contre le risque pour les États de perdre de l’argent s’ils avançaient de mauvais projets.
À l’UE, tout le monde s’accorde à dire que l’utilisation du budget devrait être centrée sur les résultats et sur la création d’une valeur ajoutée, et non pour des projets qui seraient concrétisés par les États membres même sans financement européen, les « poids morts », dans le jargon de la CCE.
Comme l’explique Igor Ludboržs, durant la période budgétaire de 2007-2013, la priorité était de dépenser l’argent disponible – « le dépenser ou le perdre », disait-on – plutôt que de se baser sur l’obtention de bons résultats. Le choix des projets qui seraient financés par l’Union se faisait d’abord dans l’optique de dépenser les deniers européens, ensuite dans celle d’être conforme aux règles, et enfin, dans une moindre mesure, de générer des résultats positifs.
La situation devrait changer pour la période budgétaire qui s’ouvre, et les pays qui présenteront de « mauvais » projets risquent à présent de perdre les fonds qui leur sont alloués.
L’analyse panoramique de la CCE ne montre du doigt aucun État en particulier, mais souligne les problèmes liés à la gestion commune des dépenses de l’UE dans un système qui doit tenir compte de 28 administrations nationales aux capacités variées. Ce système augmente le risque d’erreurs et de dépenses non nécessaires. Nombre des erreurs relevées par les auteurs du rapport sont liées à une application des règles laissant à désirer, notamment en ce qui concerne la comptabilité. Il s’agit aussi bien de manquements délibérés que de méconnaissance de la législation.
La CCE note également que les États eux-mêmes ajoutent parfois des conditions d’accès aux subventions et aux subsides pour les citoyens et les entreprises, ce qui pose également problème.
‘La Commission europénne me rappelle la vieille administration polonaise rouillée des années 1990’

Cette administration me rappelle la vieille administration polonaise rouillée des années nonante du siècle dernier.
Beaucoup prennent bien plus de temps qu’en Pologne et je voudrais que les choses aillent très vite », a déclaré Bienkowska.
Pendant ce temps, la presse britannique s’indigne comme à son habitude à chaque nouvelle de dépense de l’UE, cette fois-ci contre une décision de verser une prime qualifiée d’«indemnité transitionnelle » au président du Conseil de l’Europe sortant, le Belge Herman Van Rompuy, « pour ne rien faire », résume le Daily Mail. Cette indemnité se monterait à plus de 630 000 euros, répartis sur les 3 prochaines années, soit 170 000 euros annuels.
Elle correspond à 55% du salaire de base que Van Rompuy percevait en tant que président du Conseil de l’UE, indique The Telegraph, qui précise que cette somme sera également imposable aux conditions avantageuses dont bénéficient les eurocrates, se caractérisant notamment par un taux d’imposition communautaire bien inférieur au taux auquel les autres contribuables belges doivent s’acquitter.
Cette somme est destinée à « faciliter la transition de notre ancien Premier ministre à sa nouvelle vie hors de Bruxelles », écrit le Daily Mail. De plus, il touchera une prime de départ unique de 25.000 euros, et il pourra profiter de sa pension de plus de 65.000 euros par an jusqu’à la fin de ses jours.
La Commission elle-même justifie cette indemnité transitionnelle en la définissant comme étant le prix à payer pour la totale indépendance des dirigeants de l’UE, et elle précise que les bénéficiaires de cette indemnité doivent demander la permission avant d’accepter tout emploi qu’ils pourraient occuper dans les 18 mois qui font suite à leur départ.
« Des millions sont entrés dans la pauvreté et le chômage à cause de la crise de la zone euro sous le mandat de Van Rompuy, mais lui-même a remporté le jackpot », a déclaré le dirigeant du parti eurosceptique britannique UKIP, Nigel Farage, qui avait affirmé en 2010 que Van Rompuy avait « le charisme d’une serpillière humide » et « la stature d’un petit employé de banque ». « L’UE est un racket qui prend bien soin de lui », a-t-il ajouté.
Cependant, ces chiffres ne sont pas exacts, selon le Conseil européen. Van Rompuy recevrait 349 000 euros sur trois ans versés sous la forme d’un régime transitoire, auquel il a droit en tant que député belge. Puis il pourrait alors passer à sa pension, qui s’élèverait à 4 700 euros par mois.
A reblogué ceci sur The international informant.
A reblogué ceci sur raimanet.
Magnifique. Je suppose les contribuables de l’ U.E. vont apprécier dignement. 🙂
Euro 1.2 milliards pour un hm..palais en cristal.
Amicalement
Viggo