Mister Market and Doctor Conjoncture du Dimanche 17 Mai 2015 : Hausse des taux, la BCE marque contre son camp Par Bruno Bertez
L’Allemand Weidman n’a cessé de répéter, et encore cette semaine, que le risque de déflation est imaginaire et que le Quantitatuve Easing de Draghi est d’abord inutile et ensuite dangereux. Dans le match Bundesbank contre BCE, la BCE vient d’encaisser un but, c’est un but marqué contre son camp par Draghi .
Le QE, les achats de 60 milliards de titres longs par mois, ont pour objectif de faire baisser les taux et d’enrichir les banques. Il s’agit, comme l’écrit la Banque Pictet cette semaine, d’offrir aux banques la possibilité de prendre des profits sur les fonds d’état accumulés depuis 2012 et ainsi d’engranger des bénéfices, et donc de devenir plus riches.C’est d’ailleurs la raison pour laquelle cette Maison conseille d’acheter les banques européennes dans une de ses dernières notes.
Hélas, cette semaine encore, les taux longs européens ont monté, comme ils l’ont fait depuis un peu moins d’un mois et les pertes sont considérables ; Bloomberg les estime à 334 milliards d’euros sur la base de l’indice des bonds souverains à vendredi soir 17 heures ! Le rendement du Bund Allemand leader de la chute finit la semaine à 0,67% ajoutant 0,08 % au fil de la semaine.
French and German Bond Yields Rocket Off Their Lows
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Les conditions internationales ne sont plus les mêmes, le fameux « Savings Glut » se contracte comme peau de chagrin, la liquidité mondiale est en phase de reflux. Les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets quand les conditions et quand le terrain ne sont pas les mêmes.
Mais il y a pire, les indicateurs d’inflation pourraient bien jouer un mauvais tour supplémentaire à notre Draghi : sa mesure favorite des anticipations inflationnistes, « l’inflation swap rate » à cinq ans, monte, elle est au plus haut de Novembre dernier. Et après 4 mois d’inflation négative, la hausse des prix semble vouloir se stabiliser : on se prend à craindre la publication des chiffres d’inflation prévue pour le 19 Mai.
Au delà du 19 Mai , il faut savoir que les salariés Allemands multiplient les grèves et que les 6 jours d’arrêt de travail dans les transports en commun , à la Deutsche Bahn passent peut-être inapercus des financiers, mais pas des vrais gros investisseurs. Les salariés demandent des hausses de salaires de 5% et une réduction du temps de travail de 39 à 37 heures. Agitation également à la Deutsche Post. Les grèves se multiplient dans le pays. Si on se base sur le nombre de jours de grèves, nous sommes au record depuis 2008. On n’exclut pas que la contestation s’étende au secteur tertiaire soucieux de parvenir à un certain rattrapage après les années de vaches maigres.
Nous l’avons expliqué en son temps, la politique de Draghi qui vise à faire déraper le système Allemand dans l’inflation pour créer un différentiel de hausse des prix avec le reste de l’Europe est dangereuse pour ce pays, elle peut le déstabiliser, inciter à monter à l’échelle de perroquets des prix et des salaires. Bref quand on joue avec les allumettes et le feu de l’inflation, on court toujours le risque de se bruler les doigts.
Un moment les marchés ont envisagé que Draghi allait ralentir le rythme mensuel des achats de bonds , voir même stopper les achats avant l’échéance. A Washington, le 14 Mai le responsable de la BCE a démenti fermement, mais il est évident que les démentis sont toujours perturbants, ils attestent de l’existence des problèmes sous jacents.
La baisse des bonds souverains est surdéterminée, elle est intervenue parce qu’à ce niveau déraisonnable, ils étaient vulnérables. Mais une fois fois le momentum lancé, il faut peu de choses pour l’entretenir, en particulier quand tout le monde cherche la sortie au même moment. Disons que nous avons assisté à une première et Gross(e) alerte sur la bulle des fonds d’état mondiaux, là ou les excès étaient les plus flagrants.
A notre avis il y a des dégâts dans la communauté spéculative européenne.Aux pertes sur les portefeuilles et sur le trading des bonds et des actions, il faut ajouter le contre pied sur l’euro. Sa hausse de 2,3%, leveragée dans les proportions habituelles, a du faire mal. Les services de contrôle des risques ont intérêt à faire des heures supplémentaires.
Croisons les doigts pour que les chiffres du 19 ne soient pas une « surprise » dans le mauvais sens.
BRUNO BERTEZ Le 17 Mai 2015
illustrations et mise en page by THE WOLF
EN BANDE SON :

l ‘allemagne n ‘est pas la seule dans l ‘UE. il y a un semblant de reprise au bout de 7 ans de lutte contre une inflation exogene due a la politique dévaluative du $US , pour une raison simple , la remontée du $us n ‘est pas due a draghi , mais a la speculation sur la hausse des taux de la FED , la baisse de l ‘euro a été effective avec ce fait et en plus l ‘abandon du taux plancher de la BNS…ne donnez pas trop d’importance à draghi et à la BCE , il ne representent pas grand chose sur le marché , puisque l ‘euro est controlé et traité de fait par le NYMEX et la city de londres , l ‘UE n ‘a pas de place globale de trading pour le traiter , euronext etant avalée par les anglo saxons . si la croissance bat de l ‘aile a peine 7 mois de $ US fort , il est à parier que l ‘euro remontera vers 1, 20 et le petrole a 80 us$ , et le QE de draghi n ‘y pourra rien , il est déjà balayé a cause de son volume poids plume , et ce faisant l ‘UE va de nouveau pouvoir reimporter la crise avec l ‘euro fort et repartir en recession . bonne journée
J’ai toujours dit ici que l’euro sera fort ou ne sera pas… Nous vivons une anomalie depuis 2011qui repose sur des facteurs psychologiques ( peur de l’éclatement de l’euro) mais pas rationnels du point de vue économique. En plus on s’aperçoit que les Etats Unis font de nouveau des déficits commerciaux abyssaux ( alors que la zone euro est excédentaire) et que le difgférentiel de croisssance entre les 2 zones est loin d’être celui anticipé… La hausse de l’euro va continuer de surprendre et les 60 milliards d’impression de papier mensuel de Draghi n’y changeront rien. Draghi a trop usé des mots ( et avec succès) pour que les actes ne déçoivent pas…
La tragédie de la France.
« Voulez-vous que la France sorte de la zone euro et repasse au franc ? » Réponse : oui, à 25 %.
« Voulez-vous que la France reste dans la zone euro ? » Réponse : oui, à 75 %.
http://www.les-crises.fr/sondage-nouvelles-fractures-francaises-de-lipsos/
Toute la tragédie de la France est là.
Le peuple français vote pour les européistes depuis mai 1974.
Le peuple français vote pour la construction européenne depuis mai 1974.
Le peuple français vote pour la destruction de la France depuis mai 1974.
Et donc, dans les années qui viennent, la destruction de la France va continuer.
Autrement dit :
Ce n’est pas ce qui est à l’extérieur de la France qui détruit la France.
C’est le peuple français lui-même qui détruit la France.
Nous avons ce que nous méritons.
« Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre. » (Arnold Joseph Toynbee)
Jeudi 21 mai 2015 :
La Grèce vue par Libération : la ligne Bruxelles-Quatremer ne fait pas l’unanimité.
http://www.acrimed.org/article4670.html
Ce lien est remarquable, l’article auquel il renvoie est de très bonne qualité merci.