Jean-Michel Quatrepoint : «Trump et Sanders, la revanche de l’Amérique sur Wall Street»
Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir. Il est membre du Comité Orwell.
Dans son livre, Le Choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l’économie-monde? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maîtres sur la mondialisation.
Son dernier livre, Alstom, scandale d’Etat – dernière liquidation de l’industrie française, est paru en septembre 2015 aux éditions Fayard.
LE FIGARO. – Comment expliquer le succès fulgurant de Donald Trump dans les primaires républicaines?
Jean-Michel QUATREPOINT. – Donald Trump et Bernie Sanders, de même que Jeremy Corbyn et l’UKIP en Grande-Bretagne, l’AfD et Die Linke en Allemagne, ou encore le Front national et le Front de gauche en France, en incluant Dupont-Aignan, expriment la voix des classes moyennes paupérisées qui estiment que le système économique actuel les met dans une impasse. Au lieu de se concentrer sur les cheveux de Trump, son aspect bateleur et ses provocations verbales, il faudrait plutôt comprendre les raisons profondes de son succès. La montée des «populistes», comme on les qualifie non sans un certain dédain, est la manifestation de l’échec patent de ceux qui gouvernent et du modèle économique dominant depuis un quart de siècle.
Trump est un mélange de Jean-Marie Le Pen et de Bernard Tapie: Le Pen, car il est dans la transgression ; il dit ce que plus personne n’osait dire. Tapie, car il n’est pas du sérail politique, et que c’est un meneur d’hommes et un entrepreneur… controversé. Comme Tapie, Trump sait parfaitement utiliser ses qualités de showman et son rapport à la télévision. Tapie s’est fait laminer par un système qui ne voulait pas de lui, parce qu’il n’était pas du sérail. Le Pen ne voulait pas du pouvoir, les gens au pouvoir lui ont laissé son fonds de commerce, car ainsi il ne les menaçait pas.
Au lieu de pousser des cris d’orfraie sur la vulgarité et les saillies de Trump, il conviendrait de s’interroger sur les mécanismes profonds qui l’ont poussé à se présenter à l’investiture républicaine. L’une des motivations de Trump est sa volonté de revanche sur un système qui l’a humilié et exclu. En 2011, Barack Obama, lors du grand dîner des correspondants de la Maison-Blanche, s’était moqué de lui, en sa présence, provoquant l’hilarité de tous les participants. Par la suite, il a été humilié par l’establishmentdu parti républicain. En 2012, il a soutenu Mitt Romney. Il voulait jouer un rôle politique important dans sa campagne ; finalement, il a été cantonné à un rôle d’apporteur de capitaux. Il se présente aujourd’hui à un moment où l’Amérique profonde est en plein désarroi.
Côté démocrate, la victoire du «système» incarné par Hillary Clinton apparaît très probable…
La base démocrate est pour l’heure très divisée. La victoire d’Hillary Clinton est probable, mais pas aussi spectaculaire qu’on ne le dit. Une partie de la base, jeunes en tête, soutient fermement Bernie Sanders, dont les combats sont populaires à commencer par celui contre la cherté des études supérieures et l’endettement étudiant. Pour eux, Hillary Clinton est l’incarnation de l’establishment.
Trump et Sanders sont les candidats anti-establishment qui portent les rancœurs et les revendications des classes moyennes, plutôt blanches de la middle-working class, encore majoritaire aux Etats-Unis.
Chez les républicains, en quoi le programme de Trump tranche-t-il avec celui d’un Romney ou d’un Bush?
Le parti républicain traditionnel n’avait pas de candidat qui s’imposait ; Marco Rubio s’est effondré et Ted Cruz, dans la mouvance religieuse évangéliste, est beaucoup plus droitier et conservateur que Trump. La base du parti républicain, les dégoûtés des partis politique et les indépendants qui vont voter dans les caucus et les primaires se déplacent pour protester contre le système en place.
Paul Krugman, un démocrate, prix Nobel d’économie, a jugé dans le New York Times, le 7 septembre 2015, que le programme économique de Trump méritait l’attention. Outre le fait qu’il prévoit le maintien de l’«Obamacare», son programme est loin d’être conforme au conservatisme républicain. Notamment pour la fiscalité. Ainsi il veut s’attaquer au carried interest, une niche fiscale qui taxait les profits sur plus-values financières à seulement 15%. Les fonds d’investissement se sont développés à partir ducarried interest, et une partie de l’establishment, à commencer par Mitt Romney, a ainsi accumulé des fortunes en payant le minimum d’impôts et en fermant et démantelant le maximum d’usines. Trump prône des mesures protectionnistes, et s’oppose aux traités de libre-échange (le traité transpacifique, signé mais pas encore appliqué, et le traité transatlantique, en cours de négociations).
Trump renoue avec l’isolationnisme traditionnellement ancré dans le parti républicain jusqu’au tournant de la Deuxième guerre mondiale.
L’argument principal des anti-Trump repose sur l’idée que s’il accède au pouvoir, ce sera la guerre civile aux Etats-Unis. Mais il va mettre de l’eau dans son vin, notamment vis-à-vis des hispaniques. En réalité, il renoue avec l’isolationnisme traditionnellement ancré dans le parti républicain jusqu’au tournant de la Deuxième guerre mondiale. Sa vision du monde n’est pas unipolaire mais multipolaire ; son slogan «Make America great again» est concentré davantage sur la situation socio-économique interne du pays que sur son implication dans les affaires du monde. S’il est élu, il devrait renouer avec une politique extérieure réaliste, pragmatique et non messianique, à la différence de Clinton.
S’agit-il d’une remise en cause intégrale d’un développement disproportionné du capitalisme et du libre-échange?
Depuis un quart de siècle le libre-échange a été érigé en dogme. Avec un ajustement salarial et social qui a d’abord pesé sur les classes populaires puis sur les classes moyennes qui en ressentent une angoisse croissante. Le triple dumping social, fiscal et environnemental a grippé le traditionnel ascenseur social. Elles vivent dans la peur du déclassement, de la précarité, puis de la pauvreté, pour eux-mêmes ou pour leurs enfants. Avec en parallèle, une montée des inégalités ; les classes moyennes ont été appauvries et l’infime classe des très riches s’est enrichie. Et cela commence à se voir.
Dans la première partie du vingtième siècle, à l’époque du fordisme, puis pendant les Trente glorieuses, il existait une possibilité d’enrichissement des travailleurs. C’était le rêve américain et en France le rêve républicain. Aujourd’hui, cela apparaît impossible: le modèle économique n’est plus attractif. C’est dû à la globalisation et surtout aux délocalisations avec, hier, cette alliance contre nature entre le PCC, Wall Street et Walmart. Entre 2001 et 2013, les importations de produits chinois par Walmart ont coûté aux Etats-Unis 400 000 emplois, la plupart dans l’industrie manufacturière. Au total, 3,2 millions d’emplois ont disparu ces années-là, dans l’industrie manufacturière. Des délocalisations massives qui se sont conjuguées avec l’irruption du numérique, cette troisième révolution industrielle qui accroît les inégalités, le stress et les transformations massives d’emplois protégés jusqu’alors (parmi lesquels les plus célèbres sont les taxis). L’«iconomie» met en concurrence tous les secteurs d’activité. L’immigration en provenance de pays pauvres aux salaires plus bas fait partie de ce phénomène de dumping social. D’où les réactions de ces classes moyennes qui voient peu à peu tous leurs avantages disparaître.
L’absence de croissance provient aussi de cette perte de confiance généralisée dans la capacité du pays à offrir un avenir meilleur à ses travailleurs. Sans confiance, il n’y a ni consommation, ni investissement. Un constat valable également pour l’Europe et pour la France, sans parler du Japon.
Pourquoi Hillary Clinton incarne-t-elle autant l’establishment politique étasunien?
Hillary Clinton, et son mari avant elle, font partie d’un système entièrement lié au système financier américain. Sur le plan de la politique étrangère, elle est un faucon néoconservateur. Elle est très hostile à la Russie – il ne serait pas improbable qu’elle engage une lutte armée contre la Russie avec l’OTAN – alors que Trump souhaite trouver un accord avec Poutine. Elle poussera le traité transatlantique dans le sens des avantages aux multinationales américaines, dont elle est une représentante. Quand on additionne les conférences payantes auxquelles Bill et Hillary Clinton ont participé en quinze ans, on arrive à 125 millions de dollars. La Fondation Clinton a noué des relations très lucratives avec le Qatar, Oman, l’Arabie saoudite. Ou encore avec des oligarques russes pour le rachat de mines d’uranium (Uranium One) au Canada, comme l’a montré une enquête très fouillée du New York Times.
Le système de financement électoral américain favorise-t-il, compte tenu du rejet populaire qu’il suscite, un Trump qui, lui, n’en profite pas?
La démocratie américaine est limitée, et sa limite, c’est le système de financement des élections. À plus forte raison quand les financements sont déplafonnés, souvent d’ailleurs pour payer de gigantesques campagnes de démolition de l’adversaire, plutôt que pour promouvoir ses propres idées. Obama avait réussi à contourner ce système en 2008, en s’appuyant sur de petits donateurs privés, comme Sanders aujourd’hui. Trump a réussi à court-circuiter la machine à financements, car il est auto-suffisant. Il ne dépend de personne, et c’est pour ça que beaucoup d’Américains le soutiennent. C’est la seule manière d’élire quelqu’un qui ne soit pas corrompu et qui ne dépende de personne, d’aucun gros donateur, d’aucun lobby. Comment Hillary Clinton peut-elle être indépendante de Goldman Sachs quand cette banque est l’un des principaux contributeurs du financement de sa campagne?
Quelles sont les similitudes avec la situation française?
L’UMPS français est l’équivalent du gros axe républicain-démocrate américain. Aux Etats-Unis, les républicains penchent davantage vers le «big business» (grosses entreprises traditionnelles) et les démocrates vers Wall Street (sociétés financières). Pour les électeurs de Trump et Sanders, ces partis se soucient des milieux d’affaires, mais ne s’occupent pas des classes moyennes paupérisées.
En France, le FN a beaucoup plus percé que le Front de gauche car il s’est approprié une part des revendications sociales autrefois portées par la gauche de la gauche, et a attiré à lui les «petits blancs», la white middle working class qui n’est pas, n’est plus, dans ces grandes métropoles qui se distinguent particulièrement du reste du territoire: le désert français, ou l’Amérique profonde. Les habitants des périphéries sont peut-être mal considérés par l’élite métropolitaine, mais s’expriment par leur vote. Après avoir essayé droite et gauche, et devant l’aggravation de leur situation, ils veulent tenter autre chose. C’est Trump outre-Atlantique, c’est le FN en France.
Quelles sont les principales différences entre la situation aux Etats-Unis et celle en France?
Trump a pris tout monde par surprise, alors que cela fait quarante ans que le FN est installé dans le paysage médiatique et politique. Ses dérapages verbaux ne le desservent pas. Au contraire, ils le font monter dans les sondages. Ses soutiens se disent: «enfin quelqu’un qui parle notre langue et qui nous défend!». Mais il n’a pas gagné, car l’Establishment, le «Big Business», fera tout pour l’abattre. Tout comme le système fait tout pour abattre les Le Pen, dès lors que la fille, contrairement à son père, veut vraiment accéder au pouvoir.
La réunion anti-Donald Trump très secrète d’Elon Musk, Larry Page et Tim Cook
Principal sujet de cette causerie fermée à la presse? Comment barrer la route au favori républicain Donald Trump. Tim Cook, le PDG d’Apple, Larry Page co-fondateur de Google, Sean Parker, fondateur de Napster qui a investi dans Facebook, et Elon Musk, patron de Tesla Motors et de SpaceX, ont tous pris part aux débats. De même que Mitch McConnell, sénateur du Kentucky et chef de file de la majorité républicaine au Sénat, le gourou politique Karl Rove, Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants, les sénateurs républicains Tom Cotton (Arkansas), Cory Gardner (Colorado), Tim Scott (Caroline du Sud), Rob Portman (Ohio) et Ben Sasse (Nebraska), qui a récemment fait les gros titres en affirmant qu’il ne “pouvait pas soutenir Donald Trump”.
Certains, à l’instar d’Elon Musk, ont démenti avoir abordé l’ascension fulgurante de Trump et n’être venus parler que de sujets en relation avec leur profession. “Je ne suis resté que quelques heures pour parler de Mars et d’énergie durable. Aucun rapport avec Trump”, a assuré le patron de Tesla Motors et de SpaceX sur Twitter.
D’après certaines sources, en plus de Paul Ryan, la Chambre des représentants était également incarnée par Fred Upton (Michigan), président de la commission de l’énergie et du commerce, le représentant du Texas Kevin Brady et le californien Kevin McCarthy, un temps pressenti pour prendre la présidence de la Chambre, ainsi que d’autres figures de premier plan comme la représentante de l’état de Washington Cathy McMorris Rodgers, le président de la commission du budget Tom Price (Géorgie), celui de la commission des services financiers Jeb Hensarling (Texas) et Diane Black, représentante du Tennessee. Philip Anschutz, milliardaire et fidèle donateur du parti républicain, dont la société détient des parts du Sea Island, était également présent, ainsi que le représentant démocrate du Maryland John Delaney. Arthur Sulzberger, propriétaire du New York Times, était là lui aussi, a confirmé une porte-parole du quotidien.
De nombreux espoirs sur sa défaite finale
“Un spectre hantait le forum – le spectre de Donald Trump”, a écrit Bill Kristol, célèbre éditorialiste conservateur, dans un compte-rendu de la conférence envoyé par email, reprenant les premiers mots du Manifeste du Parti communiste. “Son émergence a suscité une grande peine, beaucoup de discussions, dont certaines clairvoyantes et réfléchies, sur les raisons d’un tel succès, ainsi que de nombreuses manifestations d’espoir sur sa défaite finale”.
“L’objectif, pour paraphraser à nouveau Karl Marx, n’est pas tant de comprendre Trump que de lui barrer la route”, écrit Bill Kristol. “De manière générale, il y a autour de tout ça un petit peu trop de lamentations, de froncements de sourcils et de fatalisme, et pas assez de détermination à épargner au parti la nomination ou au pays l’élection d’une personne qui, tout simplement, ne devrait pas devenir président.”
Un des temps forts de la réunion fut la présentation par Karl Rove des résultats du groupe de travail ayant échangé sur Trump. Le plus gros point faible du magnat de l’immobilier, d’après Karl Rove, est que les électeurs ont du mal à voir sa dimension “présidentielle” et à l’imaginer comme quelqu’un que leurs enfants pourraient admirer. Ils le perçoivent aussi comme un personnage erratique, qui ne devrait pas laisser traîner ses (petits) doigts à proximité du bouton nucléaire.
“Comment en est-on arrivé là?”
Des sources bien informées sur cette réunion – qui ont demandé à rester anonymes car le forum est confidentiel – ont rapporté que les échanges autour du cas Trump ont en grande partie porté sur “la manière dont c’est arrivé, plutôt que sur la manière dont on va lui barrer la route”, selon les mots d’un participant.
Trump, qui a déjà engrangé un tiers des délégués dont il a besoin pour s’assurer la nomination républicaine, passera la semaine prochaine deux tests majeurs lors des primaires en Floride et dans l’Ohio. S’il emporte ces deux états, il n’aura plus besoin de gagner que la moitié des délégués restants pour obtenir la nomination.
Il n’a cependant pas été le seul sujet de cette conférence à la portée très large. Le sénateur Tom Cotton et le PDG d’Apple Tim Cook se sont ainsi affrontés autour du cryptage des téléphones portables, nous a indiqué une source ayant assisté à l’échange. “Cotton a été assez virulent à l’égard de Cook”, rapporte cette source, et “tout le monde a été un peu gêné par l’hostilité que Cotton manifestait”. (Apple est actuellement au beau milieu d’une bataille avec le ministère de la justice et le FBI à propos d’un iPhone crypté qui appartenait à un des auteurs de l’attentat de San Bernardino.)
Une réunion ultra-secrète
Cela fait des années que l’American Enterprise Institute organise son forum sur cette île. L’événement est tellement entouré de secret que l’agence de presse Bloomberg s’est plainte en 2015 que personne n’irait même rapporter s’il avait neigé ou pas. Les données de la Federal Aviation Administration, accessibles sur le siteFlightAware.com, montrent qu’une nuée de jets privés est arrivée puis est repartie de deux petits aéroports proches de Sea Island le week-end dernier. 54 avions ont décollé dimanche de l’aéroport de Saint Simons Island, en Géorgie, — environ quatre fois plus que le nombre de départs de ce même aéroport le dimanche précédent.
Nombre de ces avions sont immatriculés par des entreprises de location d’avions comme NetJets et Flexjet ou par des sociétés de services aériens privés comme Jetsetter. Dimanche, au moins deux appareils se sont envolés directement vers San Jose en Californie, qui héberge de nombreux géants des nouvelles technologies.
Un ballet de jets privés
Un autre avion, arrivé mercredi en provenance d’Eaton dans le Colorado, où il est retourné dimanche, a été immatriculé par Monfort Aviation LLC, une fiducie exonérée d’impôts. Les données de la Federal Aviation Administration ne permettent pas de déterminer qui contrôle Monfort Aviation, mais cette structure porte le même nom que Dick et Charlie Monfort, héritiers d’une grande fortune de la viande du Colorado, aujourd’hui propriétaires de l’équipe de baseball des Colorado Rockies. L’appareil, un Raytheon Hawker 800XP, peut emporter 15 passagers. Philip Anschutz, le milliardaire dont l’entreprise détient en partie Sea Island, est lui aussi originaire du Colorado.
Un autre avion privé, un Canadair Challenger, a traversé le pays dimanche, décollant de Saint Simons pour atterrir à Van Nuys dans le sud de la Californie. L’aéroport de Van Nuys est tellement associé aux millionnaires et milliardaires que leurs querelles autour des opérations sur le tarmac débordent parfois dans les médias. Un autre appareil, un triréacteur Dassault Falcon 900, est arrivé à Saint Simons jeudi en provenance de Westchester County, dans l’état de New York, et y est retourné dimanche. Il a été immatriculé par Northwood Investors LLC, dirigée par John Kukral, dont la biographie officielle mentionne qu’il a participé à des projets immobiliers dont la valeur totale dépasse les 40 milliards de dollars.
“C’est un événement privé et confidentiel, nous ne communiquons donc pas sur la teneur des débats ou les participants”, affirme Judy Stecker, porte-parole de l’American Enterprise Institute. Elle dépeint le forum comme “un rassemblement informel de penseurs de premier plan, provenant de toutes les sphères idéologiques pour débattre des problèmes que les Etats-Unis et le monde libre doivent affronter dans le domaine économique, sur le plan sécuritaire ou en matière de couverture sociale”.
Isolé du monde
Imaginé par l’ancien président Gerald Ford, le forum attire des leaders politiques et économiques du monde entier. Le resort de Sea Island – qui se targue d’héberger 3 parcours de golf et un centre de spa et de fitness qui, avec ses 6000 mètres carrés, remplirait les deux tiers d’un hypermarché – est connu pour être isolé du monde. Il est cerné par les marais et les grands aéroports les plus proches sont situés à bonne distance. Lorsque le président George W. Bush a accueilli le sommet du G8 en 2004 sur cette île, le centre de presse monté pour l’événement était installé à 130 kilomètres de là à Savannah, en Géorgie.
Les groupes Anschutz Corp., Starwood Capital Group Global, Avenue Capital Group et Oaktree Capital Management ont racheté le resort – qui couvre la totalité de l’île — en 2010 pour 212,4 million de dollars, alors qu’il était en faillite. “Ce n’est pas tout à fait l’endroit où on va à la rencontre l’Amérique moyenne” avait écrit le New York Times en 2004 à propos de Sea Island. “Mais c’est un bon endroit pour se couper du reste du monde, être témoin d’étalage architectural et vagabonder sur des plages qui ne sont que très peu, voire pas du tout accessibles au public”.
En 2015, le gala de l’AEI sur Sea Island avait attiré la plupart des futurs candidats aux primaires républicaines, d’après un programme que Bloomberg avait obtenu à l’époque. Parmi les orateurs, on comptait l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, le gouverneur du New Jersey Chris Christie, le sénateur du Texas Ted Cruz, le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham, le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal et l’ancien sénateur de Pennsylvanie Rick Santorum. (Il est possible que certains n’aient finalement pas participé à la réunion ; une tempête de neige avait perturbé les transports sur toute la côte est ce week-end-là.)
L’AEI a déboursé 32.490,97 dollars pour la participation de 11 membres du Congrès pour la seule année 2015, d’après des informations déclaratives accessibles surLegistorm.com. Des responsables démocrates, dont Cory Booker, sénateur du New Jersey, Jason Furman, président du Comité des conseillers économiques de Barack Obama, Gene Sperling, autre conseiller économique de premier plan d’Obama, et Larry Summers, ancien Secrétaire au trésor, faisaient également partie de la liste des participants de l’édition 2015, avait à l’époque rapporté Bloomberg. Il était également prévu l’année dernière que Chris Christie prononce le discours d’ouverture de la conférence. Il y a quelques semaines, il a apporté son soutien à Donald Trump.
Cet article, initialement publié sur le Huffington Post américain, a été traduit de l’anglais par Mathieu Bouquet.
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La voix des classes moyennes paupérisées qui estiment que le système économique actuel les met dans une impasse …..