Carmignac Gestion

Edouard Carmignac :Quand la gestion de fortune se fait un Nom…

Edouard Carmignac : la gestion de fortune  entrepreneuriale et indépendante  a un nom…

Carmignac Gestion la maison de gestion fondée il y a 20 ans par  Edouard Carmignac est française mais sa réputation est internationale…Focus donc sur cette belle réussite à la Française (une fois n’est pas coutume..) loin très loin des conglomérats  bancaires aux contours aussi flous qu’indigestes…Et  quand on écoute les accents parfois très friedmaniens de ce patron hors normes, on se dit que les sources de sa prospérité ont du être du temps de sa génèse puisées au sein même du grand fleuve de Chicago… Il y a une chose qui me rend Edouard tout particulièrement sympathique c’est qu’à l’encontre de ses confrères (normes professionnelles de bienséance et  langue de bois obligent) c’est qu’il ne ménage pas ses salves dévastatrices contre l’Ignoramus Trichet dès que l’occasion lui en est donné, c’est ainsi qu’en octobre dernier, Edouard Carmignac s’est offert une diatribe en pleine page du Monde contre le président de la BCE, trop indulgent selon lui avec les banquiers….   Son « Monsieur Trichet fume-t-il la moquette ?” n’est pas passé inaperçu…En Janvier 2009 lors d’une conférence de presse  il persiste et signe et voici sa réponse lors d’une banale question sur un risque de déflation en Europe :

« Vous attendez-vous en Europe  à une évolution du marché actions à la japonaise? 
Nous avons des ingrédients déflationnistes forts qui vont être difficiles à enrayer. La faible capacité de réaction en Europe du fait de lourds déficits budgétaires, la faiblesse structurelle de l’euro qui va devenir de plus en plus évidente, nous laisse peu de marge de manoeuvre par rapport à ce dont dispose le gouvernement américain.

Dès lors le risque en Europe est incontestable…

Ceci étant, une grande faiblesse de l’Europe réside dans la politique menée par la banque centrale européenne. Elle n’est pas gouvernée comme il le faudrait. Et elle n’est pas expressément habilitée par ses statuts à racheter des papiers privés et signatures publiques…

Il n’existe pas d’exemple dans l’histoire d’une Union monétaire qui ait tenu dans le temps sans une politique budgétaire commune et un déficit commun.
Nous voyons mal comment l’Euro pourrait résister sur longue période sans un renforcement d’un gouvernement européen. « 

Aujourd’hui la récession fait apparaître les fragilités d’un certain nombre de ces pays et va créer des forces centrifuges. Nous sommes assez réservés sur certaines signatures. » 

 

 COMPTE RENDU DE LA DERNIERE CONFERENCE DE PRESSE DE CARMIGNAC GESTION EN DATE DU 16 AVRIL:

C’est Frédéric Leroux Directeur Gestion des Risques et principal  lieutenant d’Edouard qui a la parole :

Quel regard portez-vous sur l’évolution du contexte macro économique dans lequel nous nous inscrivons?

Le trou noir économique que nous avons enduré lors du troisième trimestre a été une exagération à court terme liée aux effets de la faillite de Lehman et au crédit crunch qui s’en est suivi.

Dans ces conditions, nous avions tablé au mois de décembre sur un rebond économique technique, une espèce de contre choc physique dans le courant du premier semestre 2009.

Nous percevons clairement aux Etats-Unis des ajustements dans le domaine de la production industrielle. La baisse de la production se fait à un rythme plus rapide que celui des ventes au détail, ce qui laisse supposer un qu’destockage significatif a eu lieu.

Parallèlement nous remarquons à travers l’indicateur ISM,  l’indicateur avancé de l’activité économique que de nouvelles commandes sont enregistrées massivement et que ce faisant, un restockage devrait bientôt se produire. Cela devrait alors avoir un effet positif sur la production industrielle aux Etats-Unis et sur la croissance du PIB.

Un certain nombre de signes semblent indiquer une normalisation du marché immobilier aux Etats-Unis?

Nous commençons effectivement à entrevoir des tendances plus positives tant en matière de prix qu’en ce qui concerne le volume de vente.

L’indice d’accessibilité à la propriété qui tient compte à la fois du revenu disponible des ménages, des taux d’intérêt des prêts immobiliers, et du prix d’acquisition des biens est à son niveau le plus élevé depuis qu’il existe. En d’autres termes, sur le plan technique, il n’a jamais été aussi facile d’acheter une maison aux Etats-Unis.

En outre, les dernières données mensuelles faisant état des ventes de maisons anciennes affichent une première remontée du niveau de prix moyen d’acquisition.

Où en est on aujourd’hui s’agissant des anticipations d’inflation?

Nous étions clairement il y a quelques mois dans une humeur déflationniste consécutive à la résorption de l’endettement des ménages et des entreprises dans les économies développés.

A travers les obligations indexées sur l’inflation, nous pouvions déceler une anticipation d’inflation moyenne sur dix ans de l’ordre de 0,2%.

Nous avons pu noter sur les trois derniers mois, à la faveur des plans de relance et des grandes mesures prises par l’ensemble des banquiers centraux, une remontée très sensible de l’inflation anticipée.

La remontée d’une inflation structurelle est néanmoins inhibée par la forte augmentation à venir du taux de chômage?

2009 et début 2010 sont considérés par les grands organismes de prévision comme devant constituer des trous dans l’activité. Il est à prévoir que le taux de chômage augmentera sur l’ensemble de l’année 2010.Certains experts estiment que 10 à 11% de la population américaine seraient privés de leur emploi d’ici un an et demi.

De ce fait, il est très difficile d’envisager des augmentations salariales sensibles et de prévoir un retour d’une inflation structurelle dans les pays développés à court terme.

Cela n’empêchera pas des petits rebonds conjoncturels compte tenu des injections significatives de liquidités dans le système.

La résorption de l’effet de levier dans les économies développées a vocation à être extrêmement lente…

Si la dette privée diminue, elle est largement compensée par une augmentation de la dette gouvernementale. 

La résorption de l’endettement total ne pourra se faire qu’à la faveur d’un redémarrage de la croissance.

De quelle manière appréhendez-vous les efforts des gouvernements pour relancer la machine?

Ces efforts ont un coût qui se traduit par un creusement important des déficits, une accumulation de dette. Cela constituera à terme un frein à une poursuite forte de la croissance économique qui s’ajoutera au frein lié à la reprise des liquidités versés dans le système.

Le rééquilibrage entre la surconsommation des pays développés stimulée principalement par l’endettement et la demande domestique des pays en développement est en train de s’accélérer…

Le ralentissement du commerce extérieur américain donne lieu à une amélioration très rapide du solde commercial. Nous avions il y a un an des déficits mensuels de l’ordre de 60 milliards. En l’espace de 9 mois, nous sommes passés à un déficit de 26 milliards de dollars en raison d’une réduction forte des importations et d’un maintien du niveau des exportations.

35% du PIB en Chine est consacré à la consommation contre 71% pour les Etats-Unis. Nous devrions avoir un certain rééquilibrage entre ces taux.

Pour que le taux d’épargne augmente en Chine, il faut que les autorités chinoises amplifient toutes les mesures favorisant une économie plus sociale tant en matière de chômage, de vieillesse que de santé. Cela permettra alors à la population d’avoir une consommation un peu plus importante. Ce processus est en train de se mettre en place.

Nous avons des avertisseurs tangibles d’un redressement industriel en Chine…

Les effets de la mise en oeuvre du plan de relance extrêmement massif se font dors et déjà sentir alors que tout l’aspect de ce plan au bénéfice de l’immobilier chinois n’a pas pu être déployé du fait d’un ralentissement de l’activité de construction en hiver.

 

Le gouvernement pékinois a annoncé une croissance du PIB de 6,5%. Il a été indiqué à de multiples reprises qu’un taux en dessous de 8% poserait problème à l’économie nationale. Qu’en pensez-vous ?

Il est très vraisemblable que ce taux de 6% corresponde au point bas de la croissance du PIB chinois. Il est par conséquent fort possible que nous ayons une plus forte progression de ce PIB dans les mois à venir.

Qui plus est, il y a lieu de garder à l’esprit que ces trois dernières années, la croissance de la Chine était sensiblement indexée sur l’accroissement de ses excédents commerciaux. Dans un environnement caractérisé par un commerce international complètement implosé, ce taux de 6% représente une bonne performance et témoigne d’une certaine solidité.

Selon vous le pays a su faire preuve d’une très grande qualité de gestion économique…

Le plan de relance a été décidé au mois de novembre 2008. A ce moment là, la croissance du PIB chinois atteignait les 10%.  De notre coté, trois mois avant, la BCE était encore à un stade où elle augmentait ses taux.

Ainsi au-delà de leur capacité à produire une croissance bien supérieure à la nôtre dans les années qui viennent, il semble que les autorités politiques et monétaires chinoises aient une aptitude à comprendre le fonctionnement de l’économie beaucoup mieux que chez nous.

La croissance des crédits bancaires découlant d’une décision politique  et qui opère sa traduction directe dans l’économie réelle en est un bel exemple.

Une capacité plus forte des pays émergents à rebondir est reflétée par le dynamisme du secteur automobile? 

Nous avions il y a trois mois dans le monde entier une baisse du nombre de vente de voitures en rythme annuel. Ce mouvement s’est accentué dans les pays développés, au contraire des pays émergents où l’on constate un rebond.

Ainsi la Chine est-elle parvenue à vendre pour la première fois le mois dernier plus de véhicules que les Etats-Unis.

La thématique émergente se justifie plus que jamais dans l’allocation des actifs…

Nous avons clairement dans les pays émergents un potentiel pour aller plus loin si nécessaire dans les plans de relance de la croissance interne.

Ensuite, la capacité de croissance de leur PIB infiniment supérieure à celle des économies développées leur permettra d’autant plus de résorber les déficits ou la dette.

Nous sommes à un écart d’environ 22% entre la performance de l’indice boursier des marchés émergents et celui des marchés développés

Le trend long terme de la surperformance des marchés émergents devrait se poursuivre.

La massive sous performance que l’on a connu depuis fin 2008 était infondée. Elle s’expliquait en grande partie par le fait que les détenteurs des actifs émergents étaient principalement des hedge funds occidentaux. Ces derniers ayant du faire face à la demande importante de rachats et à une réduction drastique de leur effet de levier imposés par leur prime broker, ont beaucoup vendu leurs positions sur les pays émergents.

Qu’en est-il de votre stratégie d’investissement à ce jour?

Nous sommes passés d’une stratégie contra cyclique où nous jouions le ralentissement économique, à une allocation qui va davantage dans le sens d’une économie positive.

Nous étions exclusivement investis sur les emprunts d’Etats européens courts en pariant sur une baisse des taux courts dans un contexte de politiques budgétaires en retard.

Nous avons réduit le poids de cet investissement car les taux ont beaucoup baissé et que les anticipations d’inflation ont augmenté.

Nous nous sommes réorientés vers les obligations américaines indexées sur l’inflation et nous avons renforcés les emprunts privés qui suivent le rythme d’activité.

Parce que l’endettement des sociétés américaines est sensiblement moins élevé que celui de leurs homologues européens (45% contre 90% en Allemagne) nous privilégions le papier américain. 

Cette préférence pour les Etats-Unis vaut elle également pour la classe actions?

La réduction des couts induite par la multiplication des plans de licenciements et le niveau de dette relativement plus faible, associé à un regain d’activité devraient avoir sur les résultats des entreprises américaines des effets démultipliés par rapport aux entreprises européennes.

Quel regard portez-vous sur les matières premières ?

En raison du fort redémarrage à venir des économies émergentes et  de la multiplication des plans de relance dans le domaine des infrastructures très consommateurs de matières premières, nous nous attendons à une tendance à la hausse des prix sur ce compartiment.

La thématique a souffert en Bourse bien au-delà de considérations purement fondamentales. Nous sommes parvenus à des valorisations très attrayantes, d’où l’idée d’avoir 23% des actifs de Carmignac Investissement investis sur les matières premières.

Les stocks de cuivre sur le LME qui ont augmenté de manière massif pendant près de 7 mois ont commencé à se normaliser.

Le retour sur le thème de l’énergie se justifie par la discipline de l’OPEP qui représente 45% de la production. Un ajustement très fort a été fait, vraisemblablement suffisant par rapport à la contraction de la demande. C’est la raison pour laquelle nous avons une certaine stabilisation des prix depuis quelques mois.

Globalement les dépenses d’investissement de la part des compagnies pétrolières sont à la baisse. Nous devrions de nouveau voir apparaitre des goulots d’étranglement. 

Vous avez décidé d’investir massivement dans l’or. Pourquoi?

Même si je pense que nous aurons encore deux à trois mois de déflation dans les grandes zones développées (l’inflation est passé aux Etats-Unis à -0,3% en 12 mois), je m’attends à une inversion de ce mouvement à terme. La contribution du prix des matières premières sera positive.

Nous jouons ainsi l’anticipation par le marché de la hausse de l’inflation en cas de reprise de l’économie.

En outre, toutes les politiques mises en oeuvre tant par les banques centrales que par les gouvernements visent à affaiblir les monnaies.

Enfin, l’or est un ultime refuge le cas échéant si nous ne parvenons pas à sortir de ce contexte profondément déflationniste. Dans un environnement d’inquiétudes sur la robustesse du système, l’or est l’élément de choix pour diversifier son allocation

Lorsque nous considérons les graphiques sur le long terme, déflatés de l’inflation, nous remarquons que l’or est un des actifs financiers réels ou physiques qui a le plus sous performé. Le potentiel de réappréciation est très important.

Où situez vous le point d’inflexion du récent rebond du marché?

Je le situe au début du mois de mars quand Citigroup est passé sous la barre de 1 $, que Général Electric a fleuré les 5$ en raison de craintes portant sur la dégradation de sa dette, que les banques ont fait -25% dans la journée.

Cette exagération des mauvaises nouvelles par le marché démontrait que nous avions atteint des niveaux de capitulation.

Finalement de quelle manière jugez-vous la pérennité du récent rebond boursier?

Nous avons connu une récession très violente qui avait des ressorts qui n’étaient pas que naturels.

Nous sommes en train de corriger cet excès à la baisse.  Le rebond économique relatif s’accompagne d’un vrai rebond durable d’ampleur du marché actions

Nous avons devant nous des mois positifs. L’inflation qui baisse avec des revenus qui se maintiennent créent du pouvoir d’achat donc une consommation qui surprend encore dans les pays développés. Parallèlement les plans de relance n’ont pas déployé tous leurs effets.

De plus, on peut penser que les grands gestionnaires de fonds n’ont pas encore participé à ce rebond. Nous avons eu une seule journée avec un grand volume depuis que le début du rallye.

Nous sommes donc positionnés aujourd’hui sur la poursuite de la hausse du marché. Cependant, nous conservons une gestion très active.

Le jour où nous penserons que le marché a assez monté, qu’il y a un retour de la spéculation, que les valorisations sont redevenus trop élevés, nous n’hésiterons pas à recadenacer nos portefeuilles

Propos retranscrits par Imen Hazgui à la suite de la conférence de presse organisée par Carmignac Gestion jeudi 16 avril 2009

 ET TOUJOURS D’ACTUALITE :

http://leblogalupus.com/2009/04/02/ces-gerants-qui-ne-croient-plus-en-la-crise/

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