Etats-Unis

Etats-Unis : comptes financiers du troisième trimestre 2009

􀂃 Au troisième trimestre, l’endettement du secteur non financier privé s’est contracté pour le quatrième trimestre consécutif. Les encours des ménages et des entreprises ont tous deux diminué.

􀂃 La valeur des actifs des ménages a progressé pour le deuxième trimestre consécutif. Cette embellie résulte essentiellement de la hausse des actifs financiers mais également d’une valorisation plus favorable des actifs immobiliers. Toutefois, les pertes enregistrées précédemment sont encore très loin d’avoir été effacées, continuant probablement à freiner les dépenses des ménages.

􀂃 L’endettement public reste fermement orienté à la hausse, illustrant à la fois l’impact « classique » de la récession sur les recettes et les dépenses publiques (stabilisateurs automatiques) et les réponses spécifiques d’ampleur exceptionnelle apportées par le gouvernement américain.

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Secteur privé : accélération du désendettement

Au troisième trimestre, l’endettement du secteur non financier privé s’est contracté pour le quatrième trimestre consécutif, alors qu’il n’avait auparavant jamais diminué1. Le rythme de désendettement s’est même amplifié (-2,5% t/t en rythme annualisé, après -1,8%, graphique 1). L’endettement conjoint des entreprises non financières et des ménages représente désormais 173,0% du PIB, à comparer à un pic de 176,0% deux trimestres plus tôt.

Ménages

Pour le cinquième trimestre consécutif, l’endettement des ménages s’est inscrit en repli, plus fortement que précédemment (-2,5% t/t en rythme annualisé, le repli le plus marqué depuis 1952). Le ratio de la dette au revenu disponible continue par conséquent à diminuer (d’autant plus que le revenu a renoué avec une pente positive) : il s’établit désormais à 123,8%, contre un sommet à 130,6% au début de 2008 (graphique 2). Ce niveau demeure encore très élevé, invitant à une poursuite de la modération dans les trimestres à venir.

Les encours de crédits hypothécaires et de crédits à la consommation ont diminué à des rythmes similaires au troisième trimestre (-3,5% et -3,2% t/t en rythme annualisé). Ces données soulignent que le redressement de la consommation et de l’investissement résidentiel n’a pas résulté d’un renforcement du marché du crédit mais plutôt des aides gouvernementales (plan de relance, prime à la casse, crédit d’impôt à destination des primo accédants) et de la baisse des prix immobiliers.

La dernière enquête de la Réserve fédérale auprès des banques (« Senior Loan Officer Opinion Survey ») suggère que les critères d’octroi de crédit ont été davantage durcis entre juillet et octobre, en matière de crédits immobiliers comme de crédits à la consommation. La demande de crédits immobiliers « prime » était en revanche jugée plus ferme pour le troisième trimestre consécutif.

Alors que l’endettement des ménages diminue progressivement, leur richesse se redresse. La valeur de leurs actifs a progressé, pour le deuxième trimestre consécutif, de près de 2 700 milliards de dollars (+17,4% t/t en rythme annualisé). Cette embellie résulte essentiellement de la hausse des actifs financiers (+2 360 milliards de dollars) mais également d’une valorisation plus favorable des actifs immobiliers (+294 milliards de dollars). Au sein des actifs financiers, les montants détenus en actions, les valeurs des parts de sociétés d’investissement (« mutual funds ») et les réserves des fonds de pension se sont notamment redressés de façon sensible. La richesse nette des ménages (une fois déduit leur passif) s’est également accrue de près de 2 700 milliards de dollars d’un trimestre sur l’autre, pour atteindre 53 400 milliards de dollars, l’équivalent de 4,86 fois leur revenu disponible

En l’espace de six mois, la richesse des ménages s’est ainsi redressée de 4 900 milliards de dollars. Toutefois, les pertes enregistrées précédemment (-17 400 milliards de dollars entre le T3 2007 et le T1 2009) sont encore très loin d’avoir été effacées, continuant probablement à freiner les dépenses des ménages, en les incitant à rétablir leur situation financière. Le léger redressement  supplémentaire des marchés actions entre la fin septembre et la mi-décembre (+4,7% selon l’indice S&P 500) suggère une poursuite du redressement de la richesse des ménages en fin d’année.

La part des actifs immobiliers des ménages qu’ils détiennent effectivement (c’est-à-dire déduction faite des crédits en cours) s’est redressée pour le deuxième trimestre consécutif, de 35,8% à 37,6%. Si ce mouvement souligne l’embellie du marché immobilier résidentiel, le niveau de ce ratio reste extrêmement bas en comparaison de sa moyenne historique (65,5%).

Au final, si les comptes financiers indiquent une amélioration de la situation des ménages depuis deux trimestres, les niveaux atteints soulignent encore la fragilité de leur situation : l’endettement reste massif, la perte de richesse consécutive aux crises immobilière et financière est loin d’être effacée, et les ménages ne détiennent effectivement qu’un gros tiers de leur patrimoine immobilier (contre environ deux tiers en temps normal).

Entreprises

L’endettement des entreprises non financières s’est également contracté, pour le deuxième trimestre consécutif (-2,5% t/t en rythme annualisé, après -2,2%).

Ce repli est cohérent avec l’enquête de la Réserve fédérale auprès des banques en date d’octobre, qui montre à la fois une poursuite de la baisse de la demande de crédits des entreprises et un durcissement supplémentaire des critères d’octroi fixés par les banques, en matière de crédits industriels et commerciaux comme de crédits immobiliers commerciaux (encore plus nettement dans ce second cas).

Le repli de l’endettement des entreprises est également cohérent avec la poursuite de la baisse de leurs dépenses d’investissement). Au troisième trimestre, la contraction des investissements en bâtiments a, en effet, plus que compensé la hausse des achats de machines et logiciels.

La valeur des actifs des entreprises a diminué de façon marginale, pour le quatrième trimestre de suite, bien que moins fortement qu’au cours des trois précédents (-131 millions de dollars, -1,9% t/t en rythme annualisé). La perte de valeur des actifs tangibles (essentiellement immobiliers) a fait plus que compenser la revalorisation des actifs financiers. En conséquence, la richesse nette des entreprises (évaluée à la valeur de marché) a légèrement diminué d’un trimestre sur l’autre (-155 millions de dollars, -4,6% t/t en rythme annualisé).

Dans le secteur financier également, le désendettement s’est poursuivi pour le troisième trimestre consécutif, encore une fois à un rythme de l’ordre de 10% en termes annualisés (-9,3% après -12,5%).

Etat fédéral : nouvelle hausse de l’endettement

Si l’endettement du secteur privé diminue en réponse à la crise financière, l’endettement public reste fermement orienté à la hausse, illustrant à la fois l’impact « classique » de la récession sur les recettes et les dépenses publiques (stabilisateurs automatiques) et les réponses spécifiques d’ampleur exceptionnelle apportées par le gouvernement américain à la crise : plan de relance, etc.).

L’endettement public s’est accru de 18,0% t/t en rythme annualisé au troisième trimestre, c’est-à-dire légèrement moins qu’au cours des quatre trimestres précédents mais bien plus qu’en temps normal. Ce mouvement continue de refléter l’évolution de l’endettement fédéral (+22,3% t/t en rythme annualisé), alors que celui des Etats et collectivités locales reste sur une pente modérée (+5,2% t/t en rythme annualisé).

En conséquence, le ratio de la dette fédérale (détenue par le public) au PIB continue à croître. Il a atteint 53,0% au troisième trimestre, contre 50,8% au trimestre précédent et moins de 40% jusqu’au deuxième trimestre 2008). Ce mouvement est naturellement appelé à se poursuivre dans les années à venir, le déficit étant appelé à demeurer exceptionnel en 2010 et à ne se réduire que progressivement au cours des années suivantes. Le Congressional Budget Office attend ainsi un ratio de dette (détenue par le public) sur PIB de 61,4% à la fin 2010 et de plus de 65% à partir de 2011.

Au cours des dernières semaines, les marchés financiers se sont focalisés sur la qualité de la dette souveraine, tout particulièrement au Moyen-Orient (Dubaï) et en Europe (Grèce). A l’occasion d’un point sur les dettes souveraines disposant de la notation la plus élevée (AAA), l’agence Moody’s a souligné que les profils de ces pays se détérioraient également, insistant notamment sur les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Cependant, à cette occasion, l’agence a rappelé que ces pays conservaient les caractéristiques nécessaires pour la notation AAA.

Au final, l’endettement total du secteur non financier (privé et public confondus) continue de croître sous la pression du gouvernement, bien que de plus en plus lentement. Il s’est accru de 2,8% t/t en rythme annualisé au troisième trimestre, la hausse la plus faible depuis plus de cinquante ans (1957). Il représente désormais  242,5% du PIB

Source bnp paribas dec09

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