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WSJ : Les capitaux des banques, nerf de la guerre

La lutte autour des capitaux des banques n’est pas terminée et les choses pourraient se compliquer.

Le rebond marqué des valeurs financières reflète la perception des investisseurs que les grandes banques ont fini leur renforcement de bilan à coups de capitaux frais. Toutefois, les autorités de régulation bancaire préparent des changements réglementaires qui pourraient induire une augmentation des capitaux détenus par les banques, particulièrement pour leurs activités de trading.

PLUS DE FONDS PROPRES EN SUIVANT :

Les analystes de Wall Street ont récemment tenté d’estimer la charge supplémentaire en termes de capitaux et les chiffres qu’ils avancent sont étonnamment élevés.

 Cela pourrait donner matière à réfléchir aux investisseurs : les valeurs bancaires constituent une bonne affaire si l’économie continue de se redresser, mais si les réformes sont dures, les actionnaires pourraient souffrir de davantage de dilution.

Le manque de capitaux est l’une des raisons de l’instabilité des banques au moment de la crise. Les établissements financiers ont depuis largement renforcé leur bilan.

Cependant, les banques doivent à présent se soumettre aux contraintes de Bâle II, le dispositif prudentiel que les pays développés sont en train d’adopter. Ce sont les établissements les plus actifs dans le trading qui ont le plus à craindre, car les nouvelles normes visent à renforcer la protection pour des instruments tels que les dérivés et les titres adossés à des actifs.

Régulation Bancaire : Objectif Bale 3 (cliquez sur le lien)

Commentaire : réformes du secteur bancaire /escalade ou par ici la monnaie….elle repassera par là (cliquez sur le lien)

Les analystes de Goldman Sachs ont estimé l’impact des normes de Bâle II sur les capitaux détenus contre les produits dérivés. Dans un scénario hautement hypothétique, ils évaluent que Morgan Stanley devra détenir 269 milliards de dollars de capitaux contre son portefeuille de dérivés, Bank of America 108 milliards de dollars et J.P. Morgan 21 milliards de dollars. Si on lui applique ses propres critères, Goldman devrait détenir pour 100 milliards de dollars de capitaux contre ses dérivés. Cette somme paraît improbable, lorsque l’on sait que Goldman détient au total pour 65 milliards de dollars de capitaux Tier 1 réglementaires. Morgan Stanley émet des réserves sérieuses sur la méthode appliquée par Goldman et les conclusions auxquelles la banque parvient.

Cette analyse a du moins le mérite de rappeler l’existence de vastes segments sous-capitalisés. En effet, les banques s’accordent sur le fait que Bâle II aboutira à un accroissement des actifs considérés à risque et donc des capitaux à détenir, puisque les exigences de capitaux sont établies en termes de pourcentage des actifs à risque.

Certes, les banques tenteront de lutter contre les changements, mais les normes de Bâle II pourraient représenter le meilleur moyen de réduire les risques du secteur. Les normes de Bâle sont appliquées à l’échelle internationale et mises en oeuvre par les régulateurs bancaires, ce qui évite toute interférence politique.

La vraie réforme de Wall Street pourrait avoir lieu non pas au Capitole, mais en Suisse.

Peter Eavis,Wall Street Journal mars10

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :

La rentabilité des banques va poursuivre sa baisse

Selon McKinsey, les rendements des fonds propres pourraient passer sous 10%

«Les investisseurs vont trouver de plus en plus difficile de comprendre les grands groupes bancaires, leurs performances devenant très variables», estime McKinsey dans une étude publiée ces jours. Et ceux qui pensent que les marges élevées réalisées en Europe l’an dernier par certains acteurs – grâce à une concurrence moins intense – vont durer, se trompent.

Pour la société de conseils, la rentabilité du secteur restera sous forte pression au cours des prochaines années. Il ne faut donc pas trop se fier à la bonne impression laissée par le rebond des valeurs bancaires et certains excellents résultats publiés au début de l’année.

Les conclusions de «The next normal – Banking after the crisis» ne s’appliquent pas directement aux établissements helvétiques, mais fournissent un contexte intéressant. L’étude porte sur 25 banques globales, sises dans la zone euro, aux Etats-Unis, au Japon et dans des pays émergents.

Une des leçons de l’histoire – ici une analyse depuis 1962 – est que rendement des fonds propres du secteur ne parvient habituellement pas à dépasser le coût du capital.

Deux scénarios

Globalement, le secteur ne s’est donc pas illustré par sa création de valeur pour l’actionnaire.

La période allant du milieu des années 1990 au milieu des années 2000, caractérisées par des rendements de fonds propres dépassant les 15% ou s’aventurant au-dessus de 20% a constitué une exception. En moyenne entre 1962 et 2009, ce rendement a été en moyenne de 11%, ce qui correspond environ au coût du capital.

Et suivant le chemin que décident de prendre l’économie et la réglementation, l’avenir pourrait ne pas être des plus réjouissants. McKinsey envisage deux scénarios, un central et un pessimiste, qui ont chacun la même probabilité de se réaliser, selon les les entretiens de la société avec des dirigeants de l’industrie.

Le premier est celui d’une récession prolongée, suivi d’un retour aux rythmes de croissance d’avant crise et accompagné d’une réglementation bancaire modérée, visant à limiter le risque.

Le second est celui d’une récession suivie cette fois d’une croissance mondiale plus faible qu’auparavant et accompagnée par une réglementation très stricte, limitant la rentabilité et la croissance du secteur.

Fermés aux étrangers

Selon le scénario central, les revenus devraient augmenter de 5% par an entre 2009 et 2014, contre 1% pour le scénario pessimiste, la hausse tombe à 1%. Le rendement des fonds propres devrait se redresser de quelque 11% en moyenne en 2009 à environ 15% en 2014 dans le premier cas et tomber à 7% dans le second. Avec cependant des écarts importants entre régions et établissements.

Ainsi, dans les deux cas, les instituts qui s’en sortent le mieux sont ceux des pays émergents, portés par la croissance de leurs marchés domestiques. Les banques occidentales qui voudraient également bénéficier de cette dernière sont confrontées aux restrictions imposées aux acteurs étrangers sur des marchés comme la Chine et l’Inde. McKinsey observe que, dans ces deux pays, la rentabilité des banques d’Etat locales est supérieure à celle des nouveaux entrants.

Suivant que le scénario retenu est le central ou le pessimiste, le rendement des fonds propres moyens est estimé par McKinsey à 18% ou 9% en 2014 pour les géants bancaires des pays émergents. En queue de peloton se trouvent les banques universelles japonaises (respectivement 7% et 2%). Au milieu, au coude-à-coude, se tiennent les banques universelles européennes (14%, 7%) et américaines (16%, 8%), ainsi que les banques d’affaires globales (14%, 8%).

Par Jean-Pascal Baechler le temps mars10

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EN COMPLEMENT ON LIRA AVEC INTERET CES QUELQUES ELEMENTS CONCERNANT LA POSITION DE LA BRI 

Les Dix recommandations de la BRI

Le Comité de Bâle publie un accord pour que les établissements d’importance systémique ne dépendent plus des capitaux publics en cas de crise…

Le Comité de Bâle des banquiers centraux et superviseurs du G20, dans le cadre de la Banque des règlements internationaux (BRI), a publié  jeudi dernier , un accord censé permettre aux banques d’importance systémique de ne plus dépendre des capitaux publics en cas de crise.

En clair comment les démanteler rapidement, sans déstabiliser l’ensemble du système, si elles se trouvent insolvables.

«En nous fondant sur les leçons de la crise et sur notre analyse des mécanismes nationaux de liquidation, la mise en œuvre des recommandations du Comité permettra des progrès significatifs en matière de traitement du risque systémique et du problème du ‘too big to fail’», a déclaré dans un communiqué son président Nout Wellink, le gouverneur de la banque centrale néerlandaise.

Dix recommandations qui appellent les autorités de régulation nationales à se doter de pouvoirs leur permettant d’intervenir suffisamment tôt et d’assurer la continuité des «fonctions critiques» des banques touchées.

D’ici à la fin de l’année les grandes banques devront élaborer des plans de liquidation. «Si les structures d’une institution sont trop complexes pour permettre une liquidation ordonnée et efficace en terme de coût, les autorités nationales devraient envisager d’imposer des incitations réglementaires, via les fonds propres ou d’autres obligations prudentielles, afin d’encourager la simplification des structures», précise-t-il.

Le débat est loin d’être clos. Les Etats-Unis proposent des changements structurels, comme l’interdiction aux banques de dépôts d’avoir des activités de trading pour compte propre, une idée rejetée par l’Union européenne qui est favorable à un durcissement des règles de fonds propres censé empêcher les banques de se retrouver dans une situation dangereuse. L’Allemagne a annoncé qu’elle présenterait en milieu d’année un projet de nouvelles règles en matière de restructuration des banques, supposées éviter que les contribuables assument seul le coût d’un éventuel sauvetage, ainsi les ministères des Finances et de la Justice travaillaient-ils à concevoir des règles obligeant les actionnaires et les créanciers des banques à assumer une partie du coût d’une crise éventuelle.

Si les banques n’élaborent pas elles-mêmes un plan de sauvetage, l’Etat pourrait intervenir en transférant les activités d’importance systémique à un nouvel organisme public.

source agefi mars10

La BRI en appelle à une évolution des pratiques dans le prêt de titres

Appels de marges et décotes sur nantissements ont façonné les conditions de crédit avant la crise, pour en accroître les effets

Les crises naissent immanquablement des défauts d’attention voire des excès commis lors des périodes fastes qui les précèdent. Celle de 2007 ne déroge pas à la règle. La Banque des règlements internationaux (BRI) a étudié le rôle systémique joué à ce titre par les pratiques de marchés dans les domaines des appels de marge sur les dérivés de gré à gré et des décotes appliquées à la valorisation des actifs placés en nantissement des prêts de titres. Elle en a retiré des recommandations visant à atténuer le caractère pro-cyclique de ces pratiques. Il s’agit ainsi de mieux maîtriser tant la prise de risque en période faste, lorsque le crédit est très abordable, que les effets négatifs lorsque la morosité prévaut.

Fruit d’entretiens avec les professionnels, le rapport de la BRI met en lumière que les pratiques avant l’émergence de la crise tendaient bien souvent à reproduire au sein de chaque établissement celles des concurrents, par défaut, afin de trouver un équilibre entre les desiderata antagonistes des équipes de gestion du risque et de trading. La crise a certes donné davantage de pouvoir aux premières.

Le rapport préconise notamment que les intervenants soient soumis à des calculs d’appels de marge plus fréquents, quelle que soit leur qualité de crédit, et qu’ils disposent de systèmes de gestion du risque de liquidité prenant convenablement en compte les modifications des conditions de crédit liées aux chocs de liquidité. Les professionnels pourront en outre publier un recueil des pratiques de référence pour la négociation des conditions de crédit.

Au-delà du travail côté intervenants, la BRI évoque des pistes de réflexion pour les autorités macro-prudentielles, qui pourraient notamment instaurer, et faire évoluer de façon discrétionnaire le cas échéant, des montants de capitaux minimum alloués aux activités de prêts de titres. En parallèle, les autorités doivent promouvoir l’utilisation de contreparties centrales solides, permettant d’atténuer les inquiétudes quant au risque de contrepartie pour les contrats standards de produits dérivés, tout comme elles pourront «songer sérieusement» à la mise en œuvre de telles contreparties pour l’ensemble des prêts de titres. Surtout, ces contreparties centrales pourraient permettre d’instaurer des appels de marge et décotes minimaux et constants tout au long du cycle.

source agefi mars10

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