Bernanke considère le krach éclair du 6 mai comme un avertissement
Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), Ben Bernanke, a affirmé qu’il considérait le krach de la Bourse de New York le 6 mai comme un avertissement, dans des propos publiés samedi par le New York Times sur son site internet.
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“Ce qui s’est produit à la Bourse est seulement un petit exemple de la façon dont les choses peuvent s’enchaîner ou dont la techonologie peut interagir avec la panique du marché”, a déclaré M. Bernanke, cité à l’occasion d’un portrait réalisé par le quotidien new-yorkais, à paraître dimanche.
Ce jour-là, les indices de la Bourse de New York se sont mis à chuter très brusquement une heure et quart avant la clôture, le cours de certaines actions tombant près de zéro, avant que les cours ne reviennent rapidement vers des niveaux plus normaux.
Les autorités de régulation boursière n’ont pas pu établir avec certitude la cause à l’origine de cette baisse, la plus brutale jamais enregistrée par l’indice Dow Jones, et amplifiée par les systèmes informatiques d’échanges préprogrammés.
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“M. Bernanke dit qu’il s’est inquiété mais n’a pas été scandalisé par cette chute”, a rapporté le New York Times. Selon lui, elle “n’a été qu’une petite indication du point auquel ces systèmes sont devenus complexes et chaotiques”.
“Notre système financier est tellement compliqué et fait d’interactions – avec tellement de marchés différents dans des pays différents et tellement d’ensembles de règles…”, a-t-il relevé.
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“Il n’y a pas de possibilité d’éliminer les crises financières, même les plus graves, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a aucune occasion significative de réduire les risques et les effets”, a considéré le président de la Fed, en évoquant le rôle de son institution.
WASHINGTON, 15 mai 2010 (AFP)
EN COMPLEMENT : Un fonds monétaire du Kansas (centre des Etats-Unis) est impliqué dans le krach qui a ébranlé la Bourse de New York lors de la séance du 6 mai, affirme samedi le Wall Street Journal sur son site internet.
Waddell&Reed, société de courtage et de fonds monétaires qui revendique près de 70 milliards de dollars sous sa gestion, “a été identifié comme le mystérieux opérateur qui a vendu un grand montants de contrats à terme pendant la chute” de Wall Street ce jour-là, indique le quotidien, sans citer de source.
Les contrats à terme concernés portent sur un indice de la Bourse de New York, le S&P 500, et permettent aux investisseurs de parier sur sa hausse ou sa baisse. Surnommés “E-Mini”, ils sont l’un des produits phares de Wall Street, et une évolution brutale de leur cours peut entraîner de très vastes mouvements d’achats ou de ventes d’actions.
Waddell&Reed, connue comme un opérateur à la gestion traditionnellement prudente, a nié vendredi dans un communiqué avoir pu déclencher à lui seul une chute de plus de 9% de l’indice Dow Jones pendant quelques minutes.
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“Des citations attribuées à des dirigeants du CME (la plateforme où s’échangent ces contrats, ndlr) et de la CFTC (l’autorité de régulation de ces contrats, ndlr) note que Waddell&Reed avait mené à bien des transactions de cette taille auparavant, et indiquent que nous sommes un ‘opérateur de bonne foi couvrant ses risques’ et non quelqu’un cherchant à perturber les marchés”, a expliqué le groupe.
“Nous pensons que nous étions parmi les plus de 250 sociétés actives dans les ‘E-Mini’ lors du laps de temps où le marché s’est effondré”, a-t-il souligné.
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Analyse : Faut-il brider la technologie utilisée en Bourse ?
Au plus fort du craquement des Bourses européennes en fin de semaine dernière, la Bourse américaine ou plus précisément ses principales plates-formes de transactions ont littéralement disjoncté. Non pas à cause d’un «?gros doigt?» de trader pour reprendre l’expression consacrée sur les marchés financiers pour désigner l’erreur humaine qu’une fois encore d’aucuns, relayés comme une traînée de poudre par les médias, ont tenté d’incriminer d’emblée. Mais vraisemblablement parce que le trading « haute fréquence » et ses machines infernales ont « bogué » au sens informatique du terme et déclenché un vent de panique propre à provoquer un « krach ». En attendant les réponses des enquêtes diligentées sur-le-champ par le gendarme de Wall Street, la Sec, en coopération, cela va de soi, avec tous les régulateurs boursiers des autres places fortes de la finance mondiale, l’effondrement en l’espace de quelques minutes de 998 points du Dow Jones, soit un décrochage de plus de 9 %, a irréfutablement failli porter le coup de gràce à nos Bourses européennes en butte à ce moment précis à une crise jugée systémique
Halte à la surenchère technologique
Aussi, si des ordinateurs et autres automates programmés pour favoriser le « trading à haute fréquence » se révèlent à l’origine de cet incident de marché de nature cataclysmique, n’est-il pas grand temps de mettre un terme à la surenchère technologique à laquelle se livrent sans merci les opérateurs historiques des marchés que sont Nyse Euronext, les London Stock Exchange (LSE) et autres Deutsche Börse ? Sous la pression des Chi-X, Bats, Turquoise et consorts, ces plates-formes alternatives de transactions boursières électroniques, ils se sont engagés dans une course folle aux infrastructures informatiques et de communication capables d’améliorer à la nanoseconde près la passation et surtout l’exécution des ordres de Bourse. Ces millionièmes de secondes ainsi gagnés permettent, dans des marchés devenus d’une extrême volatilité permanente, d’exploiter financièrement au mieux les variations de cours. Seulement, ces investissements technologiques effrénés faits en faveur des arbitrages algorithmiques et autres ventes automatiques ont été engagés au mépris des procédures élémentaires de sécurité et de coupe-circuits propres à prévenir les dysfonctionnements et surtout les catastrophes, et à y faire face. Il est donc urgent que nos régulateurs mettent le holà. Sans quoi la Bourse risque fort de devenir un lieu de rencontre non plus d’investisseurs petits et grands, institutionnels ou particuliers, mais d’automates « algorithmétisés » au seul service de la puissance financière.
Bruno Segré 14/05/10 investir
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