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Le «subprime» s’est installé dans l’éducation privée américaine

Le «subprime» s’est installé dans l’éducation privée américaine 

Le modèle d’affaires de nombreuses sociétés actives dans l’enseignement vise à recruter, dans des établissements chers, des élèves sans ressources financières et dont les capacités de réussite ne sont pas évaluées

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Les entreprises américaines offrant des services de formation à but lucratif couvrent un vaste domaine de disciplines, telles que le management, le marketing, la comptabilité, l’informatique, les langues et les sciences sociales. Elles prennent généralement la forme d’universités privées actives sur Internet et possèdent de nombreux campus. Grâce à la dérégulation et aux largesses de l’administration Bush, l’éducation privée a eu une croissance cinq fois plus forte que l’éducation secondaire traditionnelle aux Etats-Unis durant les dix dernières années. Un grand nombre de ses sociétés font partie de groupes cotés en bourse comme Apollo Group, DeVry Inc. ou Strayer Education.

L’industrie de l’éducation privée a bien réussi à influencer les régulateurs dans le passé. Le financement fédéral représente plus de 70% de leurs revenus.

 Leur modèle d’affaires vise à recruter, dans des établissements chers, des élèves sans ressources financières. Cette formule maximise les prêts et les bourses donnés à ces étudiants. Ces sociétés ne courent aucun risque en cas d’abandon en cours de programme d’études. Durant les dernières années, elles ont recruté des étudiants massivement, par des pratiques douteuses de marketing, sans tenir compte des capacités de ces étudiants à terminer ces études ou à poursuivre une carrière dans le domaine considéré.

Au cours des années, sur la base de ces financements publics, ces sociétés ont aussi augmenté massivement les frais de scolarité, dépassant dans certains cas ceux des universités publiques de grand renom.

Le premier problème est que ces universités sont devenues trop rentables, leur bénéfice opérationnel se situe en moyenne à 25%, contre 12,5% pour les sociétés du S & P 500.

 Le second est que la qualité de l’enseignement laisse souvent à désirer. Seulement 40% des revenus sont consacrés directement à la formation des étudiants alors que les dépenses de marketing s’élèvent à plus de 20%. La plupart de ces universités sont devenues plus intéressées à enrôler de nouveaux étudiants plutôt que de se préoccuper de leur avenir sur le marché de l’emploi.

L’administration fédérale a essayé de relever le niveau de qualité de ces sociétés en mettant en place un processus d’accréditation. Dans beaucoup de cas, ces processus ont été noyautés par les représentants de ces mêmes sociétés.

 L’administration a aussi instauré un ensemble de données statistiques pour mesurer, par exemple, le pourcentage d’étudiants terminant leur programme de formation, repayant leurs prêts et leur taux de réinsertion dans le monde du travail. On a découvert que de nombreuses sociétés maquillaient ces statistiques à leur avantage.

En 2009, seulement 10% des étudiants américains fréquentaient les cours de ces sociétés. Par contre, ils recevaient 25% du budget fédéral de 89 milliards de dollars destiné à financer les prêts et bourses pour les étudiants. A cause du montant élevé des prêts, de la qualité douteuse de l’enseignement et du fort taux d’abandon en cours de programme, le taux de non-remboursement de ces prêts a été évalué à plus de 40%. Si cette tendance se poursuit, le Département américain de l’éducation (DOE) fera face, sur les dix prochaines années, à une perte de plus de 200 milliards de dollars sur des prêts de plus de 500 milliards…

Au cours des premiers mois de l’année, les sociétés cotées en bourse du secteur de l’éducation pri­vée aux Etats-Unis se traitaient avec une prime de 50% par rapport à l’indice S & P 500. Le secteur était perçu comme particulièrement sûr et toujours en croissance. Le marché s’attendait à une augmentation du nombre d’étudiants allant de pair avec l’augmentation du chômage. Ne croyant pas à ces évaluations, nous avons renforcé notre vue négative sur ce secteur avec notre fonds Thématique Global GMC. Depuis avril, les actions de cette branche ont baissé de façon importante: le modèle d’affaires de ces sociétés a été mis en lumière.

L’administration Obama a commencé une discussion sur les changements à apporter aux régulations actuelles. Le concept de «gainful employment» a été introduit. Celui-ci vise à mesurer le pourcentage d’étudiants trouvant un travail qui leur permettra de rembourser leur emprunt. Cette nouvelle mesure entraînerait l’arrêt du financement des programmes qui n’atteindraient pas les niveaux fixés. Ces derniers, qui sont en cours de discussion, constituent la cause de la volatilité du secteur. En effet, jusqu’à présent, les risques liés aux prêts faits aux étudiants ont toujours été supportés par l’Etat fédéral et par les étudiants. Cela a créé une situation qui pousse cette industrie à croître à tout prix, à récompenser ses collaborateurs en fonction du nombre de leurs nouvelles recrues et à influencer les régulateurs afin de maintenir cet accès aux prêts fédéraux.

 Par Alexis Dawance global cap sep10

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