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La thèmatique des fluides : la liquidité dans tous ses états

La thèmatique des fluides : la liquidité dans tous ses états

La surabondance de liquidités par Roy Damary

Les grandes entreprises (déjà très bien dotées) lèvent toujours des fonds par le truchement d’émissions obligataires. Mais pour en faire quoi?

PLUS/MOINS  DE LIQUIDITES EN SUIVANT :

 Que faire d’autant d’argent! Les grandes entreprises, déjà riches en liquidités, en lèvent encore davantage par le truchement d’émissions obligataires et les investisseurs sont toujours au rendez-vous. Pourtant, ces fonds ne sont pas redéployés de la meilleure manière au sens économique du terme. Rares sont les sociétés qui les injectent dans le développement de leurs activités. S’il est vrai qu’une partie des capitaux est destinée aux acquisitions, l’emploi n’en tire aucun profit car ces regroupements se soldent toujours par une compression de personnel, réduction des coûts oblige. Certaines rachètent leurs obligations à court terme, opération qui (comme nous l’avons déjà souligné) offre certaines opportunités aux investisseurs. D’autres pourraient être tentés de racheter leurs propres actions; c’est du moins le genre de stratégie que dévoile le Financial Times et qui serait destiné à soutenir le marché boursier, malgré une légère hésitation sur la légalité de ces opérations.

Les Entreprises s’endettent pour racheter à tour de bras leurs actions

Cependant, la majeure partie de cet argent est simplement escamotée, voire éventuellement investie dans d’autres encours, augmentant de fait la masse monétaire, quand bien même le rendement reste faible.

Dans l’intervalle, les banques ne font que ravaler la façade de leurs bilans. C’est d’ailleurs à cela qu’elles s’emploient depuis que la récession et Bâle III les pressent dans cette direction.

Plaignons les PME qui n’ont pas accès au marché obligataire et envers qui les banques sont bien peu charitables, car ce sont finalement elles les points de croix de notre tissu économique, comme en témoignent les «Offices de l’Emploi» et les discours patriotiques. Comment peut-on laisser ce large pan de notre force économique partir en déliquescence sans s’interroger sur un système bancaire qui, d’abord sauvé par la manne étatique, ne se soucie guère depuis, de solidarité ou d’emploi!

La riposte frénétique de l’administration américaine face à la crise des subprimes et celle des autorités européennes pour restreindre les dépenses inconsidérées des états périphériques (auxquelles on peut apporter l’objection britannique à poursuivre l’intolérable endettement qui prévalait jusqu’ici) doivent désormais faire place à une vaste période de gest (at) ion mesurée. Tel est l’avis d’un ancien membre de la Fed, Al Broaddus: «Les États-Unis ont maintenant besoin d’une longue période de relâche avant que l’économie n’achève sa convalescence». Nos lecteurs se souviennent-ils que nous prédisions il y a deux ans déjà un socle du «L» qui s’étirerait sur 3 ou 4 ans. Nous avons tout au plus sous-estimé le temps nécessaire pour revenir à une croissance durable. Le grand sujet de discussion actuel est de se demander si l’Occident connaîtra une reprise significative en 2012 ou en 2013. Cette année et 2011 étant d’ores et déjà écartées.

Quant à savoir si la Fed aurait encore les moyens d’empêcher l’économie américaine de retomber en récession ou même de relever l’inflation vers 2%, Broaddus est confiant: «la Fed dispose encore de suffisamment de munitions pour la seule arme qui lui reste, à savoir, l’assouplissement quantitatif. Mais c’est un mécanisme avec lequel elle a peu d’expérience; elle ignore donc sa mesure et l’intensité dont elle a besoin».

Nous sommes convaincus que des considérations politiques rendront une deuxième tournée d’assouplissement quantitatif («QE2») inévitable, même s’il existe des contradictions économiques dont l’argument premier est la somme des liquidités en circulation. En effet, le jour où la traction du secteur privé décollera, toutes ces liquidités risquent fort de tirer l’inflation dans son sillage. Pensez à régler la combustion, M. Bernanke!

Le marché primaire est ostensiblement l’activité principale de nos clients. Les nouvelles émissions ont la cote.

roy damary  Bridport Investor Services   SEP10 

EN COMPLEMENTS : ANALYSE BANQUE BORDIER DU 27/9/10

A l’exception de la statistique US des commandes de biens durables hors transport du mois de septembre qui enregistre une hausse plus forte que prévu à +2%, les autres indicateurs continuent de montrer que la croissance américaine ne se détériore pas mais ne se redresse pas également. Les indicateurs ECRI, très fiables dans l’histoire des 50 dernières années, restent très déprimés. Cette semaine, vendredi, la publication de ISM manufacturing de septembre sera donc trèssuivie. En Europe, les indicateurs PMI de septembre montrent que la croissance ralentit assez fortement. A noter, que les futures intentions de politiques monétaires anglo-saxonnes pénalisent déjà la zone euro en faisant monter sa devise (+10% depuis son plus bas). Pour mémoire, une hausse de l’euro entraine une baisse de la croissance d’environ 1%.

La bourse américaine a rebondi sur l’anticipation que la croissance US semblait reprendre de la vigueur. Cet argument semble pourtant peu réaliste à la lumière des autres indicateurs économiques. L’argument le plus pertinent est lié aux changes : si la baisse du dollar ne profite pas énormément à l’économie américaine, les entreprises incluses dans le S&P500 en bénéficient énormément. De même, la faiblesse du dollar entraîne une amélioration relative de la situation des entreprises dans les pays émergents au détriment de la zone euro.

D’une manière générale les actifs financiers profitent des nouvelles politiques monétaires, et le sentiment bullish remonte évidement vite. Après un mois de septembre anormalement positif d’un point de vue historique, octobre suivra-t-il le même chemin ?

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Sisyphe est las.. par Michel Santi

 

La flambée des marchés boursiers de Septembre prouve une fois de plus – si cela était encore nécessaire? – la divergence fondamentale entre les fluctuations des marchés et l’économie réelle. Il est souvent fait mention dans les rapports de marchés (émanant des analystes et autres instituts spécialisés) de ce qu’il est convenu de qualifier avec respect comme étant la faculté d’ »anticipation » de marchés qui seraient omniscients parce que capables de refléter – à travers leurs prix – le rétablissement (ou l’effondrement) à venir de l’activité économique. Pourtant, cette intelligence de marchés supposés exceller dans l’art de la prédiction n’est en réalité que la somme des attentes de participants – humains – à ce même marché qui sont donc naturellement sujets à l’erreur.

Et que prévoient aujourd’hui ces investisseurs et parties prenantes aux marchés boursiers? Que la Réserve Fédérale US se lancera à corps perdu dans la bataille contre la déflation, en tout cas c’est son Président qui l’avait suggéré dans le cadre de son discours déterminant de Jackson Hole. Comme il n’est plus possible de jouer sur la variable des taux d’intérêts qui sont au plancher, cette lutte passe donc par une razzia en règle de la part de la Fed de tous papiers valeurs en circulation: n’est-elle pas en effet l’heureuse propriétaire à ce jour de quelque 2’350 milliards de dollars de valeurs portées à son bilan? Ce montant sans précédent injecté dans l’économie ne peut que la stimuler, tout au moins sur le court terme, sachant que la poursuite de ces baisses de taux quantitatives ne peut se traduire que par une embellie (passagère bien-sûr) au niveau du P.I.B. qui est – ou qui n’est que – la mesure de l’activité économique… Autrement dit, la spéculation et l’investissement se ruent sur les marchés boursiers en prévision d’un redressement économique qui ne serait redevable qu’au stimuli artificiels de la Fed!

Cet engouement n’est-il pas compréhensible si l’on considère que c’est cette même Réserve Fédérale Américaine qui avait largement contribué à gonfler la bulle immobilière? En d’autres termes, les impulsions de la Fed affectent bel et bien le niveau de l’activité et ce même s’il aurait été nettement préférable pour la santé à long terme de l’économie US que ce carburant aille vers des secteurs plus productifs que le secteur immobilier. La Fed ferait donc mieux de s’abstenir de persévérer à entretenir des bulles stériles au détriment de pans entiers de son économie qui sont délaissés … à moins que, dans son infinie naïveté, elle ne soit persuadée que l’optimisme boursier contaminera de proche en proche l’économie réelle?

Les appréciations boursières de ces dernières semaines sont donc motivées par de mauvaises raisons, l’euphorie ambiante ayant grisé les investisseurs qui ont oublié que les valorisations boursières réagissent aussi en fonction de la politique monétaire…  Après tout, ces dollars imprimés et crées à partir du néant doivent bien se loger quelque part? Pour résumer, notre Occident, qui val mal, ne se rétablira certainement pas à coups de baisses de taux quantitatives. Il est cependant regrettable de constater que nos autorités soient devenues les esclaves idéologiques de ce type de solutions de facilité.

Michel Santi gestionsuisse.com sep10

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Le point de vue de David Rosenberg : David répond à David

Une longue entrevue accordée vendredi matin par le gestionnaire vedette David Tepper a été identifiée comme étant un élément qui a contribué à la belle performance des indices vendredi.

Tepper, qui dirige Appaloosa Management au New Jersey, s’est montré «bullish» en parlant des marchés boursiers en soulignant que peu importe ce qui arrivera, les indices vont monter.

Selon le gestionnaire américain, si l’économie s’enlise, la Fed va intervenir et lancer une deuxième vague d’assouplissement quantitatif (rachat d’actifs) qui va donner une poussée aux indices. Et toujours selon Tepper, si l’économie prend du mieux, la Fed n’aura pas besoin d’intervenir et les indices vont avancer. Les investisseurs vont donc «gagner» dans un sens comme dans l’autre.

Aujourd’hui, le stratège canadien David Rosenberg répond à son homonyme dans sa lettre financière quotidienne que vous pouvez consulter en cliquant ici.

Rosenberg souligne que Tepper a oublié un scénario. Le troisième scénario est celui où l’intervention de la Fed ne fonctionne pas. Autrement dit, l’économie s’enlise et la Fed intervient avec une seconde dose d’assouplissement quantitatif, mais les indices boursiers reculent en réaction. Rosenberg soutient que ce scénario est probable parce que si la Fed considère une nouvelle ronde d’assouplissement quantitatif, c’est parce que la première vague (annoncée le 16 décembre 2008) n’a pas fonctionné.

Richard Dufour /press eaffaires sep10

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