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QE 2 : la potion amère et le poison magique du Professeur Bernanke

QE 2 : la potion amère et le poison magique du Professeur Bernanke

auditfed_dees.jpg Audit the Fed image by jetdawgg

Si vous voulez avoir un point de vue critique ou humoristique sur le programme d’«assouplissement quantitatif» de la Fed, je vous conseille de jeter un coup d’oeil à cette vidéo, qui contient cependant au moins une erreur grossière (Goldman Sachs n’est pas la seule banque à vendre des bons du Trésor à la Fed) :

PLUS DE BERNANKE EN SUIVANT :

Pendant que deux animaux aux têtes disproportionnées tentent d’expliquer les gestes posés par la Fed, un groupe d’économistes identifiés aux républicains vient de rédiger une lettre ouverte dans laquelle il est demandé à Ben Bernanke d’abandonner l’idée d’acheter pour 600 milliards de dollars d’obligations américaines.

Dans une lettre ouverte à paraître cette semaine dans The New York Times et The Wall Street Journal, mais dont le quotidien financier faisait état en manchette de son numéro d’hier, l’aréopage soutient que «les achats prévus risquent de dévaloriser la monnaie et de générer de l’inflation». Ils ajoutent: «Nous ne pensons pas qu’ils vont atteindre l’objectif de la Fed de promouvoir l’emploi (…). Nous ne sommes pas d’accord avec l’idée que l’inflation doit être stimulée.»Et ils estiment que la nouvelle ronde de détente monétaire n’atteindra pas l’objectif d’améliorer la situation dans le marché de l’emploi. 

La lettre (cliquez sur le lien)est notamment signée par Dick Bove et Jim Chanos.

nationalb.gif Audit The FED image by silveradohdk

Cette sortie coïncide avec la reprise des travaux au Congrès dont les républicains contrôlent désormais la Chambre des représentants tout en ayant affaibli la majorité démocrate au Sénat. Ces économistes, dont plusieurs ont servi dans les administrations de Ronald Reagan et des Bush père et fils, en appellent aussi à l’unité des forces républicaines pour sabrer les dépenses de l’État et pour réduire les impôts, seules voies à leurs yeux pour relancer l’économie américaine de manière soutenue et durable.

Deux parlementaires des Etats-Unis, les républicain Robert Corker et Mike Pence, se sont prononcés en faveur d’une mission plus étroite pour la banque centrale (Fed), à qui ils veulent retirer la lutte contre le chômage pour qu’elle se concentre sur les prix. M. Pence a annoncé qu’il allait déposer à la Chambre des représentants une proposition de loi «demandant à la Réserve fédérale de se concentrer uniquement sur l’inflation». Depuis 1977, la loi qui porte sur les statuts à la Fed prévoit que sa politique monétaire doit «favoriser efficacement les buts d’un niveau maximal d’emploi, de prix stables, et de taux d’intérêt à long terme modérés». Mais d’après M. Pence, élu de l’Indiana (Nord), «la double mission de la Fed est un échec», au vu du niveau élevé auquel se maintient le taux de chômage.

Crainte d’inflation

L’initiative des économistes républicains survient alors que le marché obligataire donne des signes que les attentes inflationnistes s’installent dans la tête des investisseurs.

Le rendement des Treasuries venant à échéance dans 10 ans est passé de 2,53% en début de semaine dernière à 2,89% hier.

 Cité par l’agence Bloomberg, Stuart Spodek, un directeur chez de BlackRock, le plus gros gestionnaire de portefeuille au monde avec en mains un actif de 3450 milliards, a résumé ainsi la situation: «Il y aurait bien plus matière à inquiétude si, devant les gestes de la Fed, les marchés indiquaient qu’il va y avoir quand même de la déflation.»

La Fed a commencé à acheter des Treasuries vendredi. Elle en a acquis pour 7,23 milliards US en se concentrant dans les échéances de 4 à 7 ans. Son objectif est de pousser à la baisse les taux de ces échéances qui correspondent à la durée moyenne des emprunts des entreprises. Elle vise ainsi à relancer le crédit dans l’espoir de stimuler les emplois.

Les rendements des 10 ans augmentent, mais ce n’est peut-être pas à cause d’attentes inflationnistes. Il peut s’agir d’une correction, parce que plusieurs s’attendaient à ce que la Fed achète davantage cette échéance qui ne représente que 6% de ses acquisitions, comparativement à 43% pour les 4 à 7 ans.

Attentes inflationnistes ou correction, quoi qu’il en soit, la partie est loin d’être gagnée pour l’équipe dirigée par Ben S. Bernanke, à qui une aile du Parti républicain reproche toujours le sauvetage de Wall Street aux frais des contribuables.  

source agences/press affaires nov10

EN COMPLEMENTS : La chute du dollar américain : un soulagement pour la croissance US 

La baisse du dollar américain, additionné à l’injection des 600 milliards $, pourrait créer d’agréables surprises pour les profits des entreprises américaines dès le prochain trimestre.

Une tendance favorable pour l’économie américaine à court terme dans une tendance de décroissance relative à long terme.  

Voici la baisse da la valeur du $ américain par rapport aux autres devises d’autres pays, depuis 6 mois et 3 mois :

Europe: -10%/-7%

Japon: -10%/-4%

Canada; -2%/-3%

Chine:-3%/-3%

Angleterre: -11%/3%

Brésil: -2%/-4% 

Pays émergents et tsunami de capitaux par Nouriel Roubini

Dans un tel contexte, l’injection de 75 milliards $ par mois d’argent neuf dans l’économie sans endettement supplémentaire, additionnée à l’avantage sur la balance commercial d’un dollar dévalué auraient des effets favorables sur les profits des entreprises américaines. La Chine poursuivra graduellement une réévaluation de sa monnaie. 

Elle subit deux pressions importantes : les pressions internationales et les menaces de protectionnisme, et surtout des pressions inflationnistes intérieures.

L’économie américaine pourrait sortir gagnante de cette guerre des devises au détriment des pays européens et du Japon. 

Cet espoir à court terme pour l’économie américaine ne camoufle pas les problèmes à long terme d’une croissance économique plutôt anémique à l’européenne. 

William André Nadeau Gestionnaire canadien de  portefeuille nov10

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Pour les Etats-Unis, la baisse du dollar est bienvenue par Michel Santi

Les incertitudes persistent quant à l’efficacité pour l’économie US des centaines de milliards injectés. Les certitudes sont en revanche incontestables sur les effets collatéraux de cet océan de liquidités sur le billet vert qui va aller en s’affaiblissant davantage. Après tout, cette perte de valeur de la monnaie Américaine n’est, sur le court terme, pas une mauvaise nouvelle car elle permettra de relancer les exportations du pays avec, à la clé, un rétablissement – certes marginal – de la croissance. Une telle stratégie comprimant le dollar n’étant à l’évidence pas saine sur le moyen terme car cette guerre des devises annonce le grand retour des manipulations protectionnistes. Ces tentatives émanant de la part d’un certain nombre de grands pays exportateurs d’affaiblir leur monnaie nationale afin de conserver, voire d’améliorer, leur compétitivité à l’international fut en effet le facteur aggravant durant les années 30 dans le sens où les barrières douanières et commerciales érigées à l’époque contribuèrent de manière décisive à ce que la dépression devienne « grande »… De fait, la situation actuelle est fort susceptible d’échapper au contrôle de ces nations manipulatrices en dépit de l’absence – pour le moment – de quelconques barrières douanières significatives.

 

Il n’en reste pas moins que les « baisses de taux quantitatives » de la Réserve Fédérale Américaine constituent par elles mêmes des manipulations protectionnistes qui participeront activement à enflammer cette guerre des monnaies.

Audit the Fed : Pour Jeremy Grantham la Fed manipule les marchés boursiers

 Toutefois, la baisse du dollar – responsable de l’amélioration des exportations Américaines – entraînera à son tour une augmentation des flux commerciaux, phénomène en soi positif et ce indépendamment du fait qu’il n’est jamais constructif de faire appel à de tels procédés pour doper son commerce extérieur… Les perspectives sont donc aujourd’hui d’autant plus favorables aux exportations US qu’il semblerait bien que les revenus des ménages de nations clés, comme la Chine, le Brésil ou l’Inde soient en nette amélioration. Les exportations Américaines n’ont-elles en effet pas enregistré en Septembre dernier leur meilleur niveau en deux ans permettant à leur déficit commercial de diminuer de plus de 5% en un seul mois?  

Les exportations ne comptent certes que pour 12% dans l’économie de ce pays mais, la conjoncture étant ce qu’elle est, tout est bon à prendre pour redresser le P.I.B. Autrement dit, la baisse programmée du billet vert pourrait bien transformer la situation dramatique US en une situation un peu plus gérable…

Michel Santi gestionsuisse.com nov10

(cliquez pour agrandir)

2 réponses »

  1. Mercredi 20 octobre 2010, le Portugal avait lancé un emprunt à 1 an. Le Portugal avait dû payer un taux d’intérêt de 2,886 %.

    Deux semaines plus tard, mercredi 3 novembre 2010, le Portugal avait de nouveau lancé un emprunt à 1 an. Le Portugal avait dû payer un taux d’intérêt de … 3,260 % !

    Deux semaines plus tard, mercredi 17 novembre, le Portugal a dû payer un taux d’intérêt de … 4,813 % !

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp_00298935-le-portugal-emprunte-mais-a-des-taux-plus-eleves.htm

    Conclusion : plus les jours passent, plus le Portugal emprunte à des taux d’intérêt exorbitants.

    Plus les jours passent, plus le Portugal se rapproche du défaut de paiement.

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