Asie hors émergents

Quelles pourraient-être les répercussions sur l’économie du séisme destructeur qui a frappé le Japon ?

Quelles pourraient-être les répercussions sur l’économie du séisme destructeur qui a frappé le Japon ?

Les destructions provoquées par le séisme ayant frappé vendredi l’Archipel sont si importantes – dimanche soir le bilan dépassait les 10 000 victimes – que les autorités nipponnes peinent toujours à en mesurer l’impact sur l’activité du pays.

L’économie du Japon risque de souffrir du séisme destructeur car les industries du nord-est et du secteur énergétique vont peiner à redémarrer, et l’important effort budgétaire qui sera nécessaire à la reconstruction risque d’alourdir la dette de l’archipel.

L’Impact pourrait  être au moins de 3 ordres :

PLUS/MOINS DIMPACT EN SUIVANT :

Les dommages civils et industriels

Quel sera l’impact du séisme sur les capacités de l’industrie japonaise et les infrastructures permettant l’exportation de ce qu’elle produit ? On sait que des chemins de fer et des ports ont été endommagés et que des usines de Toyota et de Sony ont été touchées. Les dégâts seraient considérables, mais non insurmontables.

Le tremblement de terre de magnitude 8,9 et le tsunami qui l’a suivi ont dévasté la côte Pacifique du Tohoku (nord-est), comptant au total pour 8% du Produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie du monde. La région touchée n’est pas la plus industrielle du pays et le Japon a sans doute les immeubles les plus solides au monde. Il y aura forcément un impact sur la production, qui sera sans doute compenser par ce qui sera dépensé pour  la reconstruction

Nombre d’activités côtières ont été réduites à néant et les infrastructures ravagées par une vague de dix mètres de haut dans la métropole de Sendai.

La région du Kanto, plus au sud, qui comprend la mégapole de Tokyo et représente 40% du PIB, a été touchée aussi, de façon parfois spectaculaire comme à Iichihara (est de Tokyo), où une raffinerie de pétrole de la compagnie Cosmo Oil a partiellement brûlé tout comme une aciérie de JFE Steel. Le sidérurgiste Sumitomo Metal a de son côté arrêté un site de production proche de la capitale. La plupart des infrastructures et bâtiments ont toutefois tenu le choc dans cette zone urbaine stratégique.

Des coupures d’électricité menacent de désorganiser la chaîne d’approvisionnement industriel: onze des cinquante réacteurs nucléaires du Japon ont été arrêtés

La filière nucléaire nippone, qui assure entre 25% et 30% de la production électrique nationale, connaît quant à elle la plus grave crise de son histoire depuis qu’une explosion s’est produite samedi après-midi dans l’enceinte du réacteur d’une centrale de la préfecture de Fukushima (nord-est), exploitée par la compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco), en raison de la violence du séisme. Au total, onze des cinquante réacteurs nucléaires du Japon, situés dans les zones les plus touchées, ont été arrêtés.

Nombre de firmes nippones ont en outre dû suspendre leurs opérations dans les zones touchées, comme les constructeurs automobiles Toyota, Nissan et Honda qui ont annoncé la suspension de l’ensemble de leur production au Japon.Sony,  le brasseur Sapporo ou le raffineur JX Nippon Oil ont fermé leurs sites dans la partie septentrionale de l’Archipel

«Des fermetures temporaires de sites de production et de raffineries de pétrole, ainsi que l’arrêt de centrales électriques devraient avoir un impact sur la production du pays. Le PIB pourrait en conséquence baisser de nouveau légèrement au premier trimestre», a résumé Wolfgang Leim, économiste chez Commerzbank.

Dans cette hypothèse, le Japon retomberait en récession, son PIB ayant déjà légèrement reculé au quatrième trimestre 2010, après trois trimestres de croissance robuste.

L’activité de l’ensemble du premier semestre «pourrait être notablement affaiblie», a ajouté M. Leim.

Les travaux de reconstruction, qui seront sans doute massifs au vu de l’ampleur des destructions visibles au lendemain de la catastrophe, permettront néanmoins «de vite relancer la machine économique», souligne M. Leim. Les secteurs du BTP, de la sidérurgie et des télécommunications pourraient notamment être sollicités à plein pour remettre sur pied les infrastructures et réseaux mis à mal.

La comparaison avec l’impact du séisme de 1995 à Kobe donne un premier indice des dégâts potentiels. Située au cœur de la région du Kensaï, la zone la plus touchée représentait alors environ 12% de l’activité du pays, selon les données de Bank of America. Les dégâts causés sur ce centre industriel et les ports de la région avaient été alors estimés à à 2,5% du produit intérieur brut annuel.

chart of the day, japan industrial production 1995

A titre de comparaison, la côte pacifique de Tohoku balayée vendredi, représente 8% de l’activité annuelle de l’Archipel

Le coût global de la catastrophe est encore impossible à évaluer, mais les dommages entraînés par le séisme de Kobe ont été estimés à 10.000 milliards de yens (environ 100 milliards de dollars à l’époque). Occupant une position stratégique entre la métropole d’Osaka et l’ouest de la grande île de Honshu, ce port industriel avait été gravement endommagé par un puissant séisme en 1995, qui avait fait plus de 6000 morts, perturbant la logistique de nombreuses firmes du pays dans les mois suivants.

Risque de manque d’électricité

L’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires à la suite du très fort séisme de vendredi au Japon risque d’entraîner un manque d’électricité et de conduire à programmer des coupures, a averti dimanche le ministre de l’Industrie. Le gouvernement a donc appelé les utilisateurs, en particulier les entreprises, à réduire fortement leur consommation, afin d’économiser les ressources.

«Il est important que les entreprises réduisent leur consommation électrique au strict minimum», a déclaré Banri Kaieda au cours d’une conférence de presse. Les dix réacteurs des centrales de Fukushima N°1 et de Fukushima N°2, situées dans la zone dévastée par les secousses telluriques, sont actuellement à l’arrêt et ne pourront pas être rapidement remis en service.

La compagnie d’électricité japonaise Tokyo Electric Power (Tepco), qui dessert la capitale et sa région, avait déjà appelé samedi les particuliers à réduire leur consommation, estimant que la demande en électricité risquait d’excéder les capacités.

Tepco a en outre réclamé aux autres compagnies desservant les autres régions du Japon de lui apporter de l’aide, a affirmé l’agence Kyodo.

Tepco, en lien avec les autorités, envisagerait de couper l’électricité par rotation pendant des phases de trois heures dans les zones qu’elle dessert, une procédure qui pourrait durer des semaines compte tenu des très importants dommages causés aux centrales par le tremblement de terre de magnitude 8,9 de vendredi et ses dizaines de répliques. «Il est très inhabituel qu’un si important manque d’électricité se produise en raison d’une catastrophe naturelle dans ces conditions totalement imprévisibles», a reconnu devant la presse le directeur de l’Agence des ressources naturelles et de l’énergie.

«C’est la première fois au Japon, un pays qui a développé une société si complexe où les besoins en électricité sont si élevés», a expliqué Tetsuhiro Hosono. Selon ce dernier, le manque de courant pourrait représenter jusqu’à un quart de la production habituelle de Tepco.

Le prix du pétrole

On sait qu’une raffinerie raffinerie de pétrole de la compagnie Cosmo Oil a partiellement brûlé et on rapporte une explosion dans un complexe pétro-chimique. Le Japon devrait normalement importer moins de pétrole brut avant la remise en activité de la raffinerie de Cosmo Oil.

Ce qu’on ne sait pas, c’est l’impact de la perte de 220 000 barils par jour de pétrole raffiné sur le marché japonais. Quand la raffinerie pourra-t-elle reprendre ses activités ? Le Japon peut-il se passer de tout ce pétrole ? Faudra-t-il l’importer ? Y a-t-il sur le marché une telle quantité de pétrole raffiné pouvant compenser ce qui était raffiné près de Tokyo ? Quel sera l’impact sur le marché japonais et le marché mondial ?

Souvenez-vous de la hausse du prix de l’essence après les ravages causées par Katrina sur les raffineries de pétrole (et pas seulement les plateformes en mer) du golfe du Mexique.

Ce séisme s’ajoute à une situation déjà tendue dans les pays arabes qui a fait enflammer le cours du pétrole.

Les impacts financiers

Il est encore trop tôt pour faire le bilan, mais on parle assurément de dizaines de milliards de dollars de dommages. Les assureurs en paieront une partie, mais l’État devra acquitter le gros de la facture pour tout ce qui touche l’hébergement des réfugiés et la santé publique ainsi que la reconstruction des infrastructures et désormais les effets des particules radioactives sur les populations et l’environnement à moyen et long terme…

Les autorités  politiques semblent serrer les rangs pour assurer le soutien de l’Etat : prête à tout pour bloquer le budget du gouvernement de centre-gauche jusqu’à la veille du séisme, l’opposition conservatrice a promis son soutien aux mesures exceptionnelles du pouvoir.

Mais ce faisant, le monde politique japonais va encore creuser la dette déjà colossale du pays, estimée à 200% du PIB et qui a valu au Japon de voir sa note récemment abaissée par l’agence de notation financière Standard and Poor’s.Le coût de la reconstruction – et son financement par l’emprunt – pourrait relancer les inquiétudes sur la taille de l’endettement public nippon, qui devait atteindre 210% du produit intérieur brut en 2012….

Or, le Japon est un pays hyper-endetté qui a déjà besoin cette année de 2 500 milliards de dollars pour refinancer sa dette. Les intérêts sur sa dette représentent déjà 27 % des recettes de l’État. Les Japonais sont les plus grands détenteurs de cette dette, mais leur taux d’épargne est de plus en plus faible.

  dette totale, privée et publique, en pourcentage du PIB

  dettes publiques, en pourcentage du PIB

  Taux d’épargne

  Part des impôts qui va au service de la dette   

Source et Remeriements AUX INFOS DU NAIN
 

Si le Japon doit aller sur les marchés étrangers pour financer sa dette, il devra payer beaucoup plus cher que ce qu’il offre aux épargnants japonais comme rendement. Voilà pourquoi l’analyse Dylan Grice de la Société Générale prévoyait il y a quelques mois que le Japon fera faillite en 2019, peut-être même avant.

Le séisme, le tsunami et la catastrophe nucléaire  ajouteront donc  énormément de pression sur les finances publiques japonaises. On s’inquiète de l’impact d’un défaut de paiement de la Grèce ou de l’Irlande, mais les conséquences d’une « faillite » de la troisième économie mondiale seraient colossales et systémiques.

Il est aussi possible que les entreprises et investisseurs japonais, les troisièmes plus importants détenteurs de titres de dettes américains, rapatrient une partie de leurs capitaux pour reconstruire leurs usines ou leur pays. Cela auraalors  un impact sur les États-Unis qui devront peut-être offrir de meilleurs rendements sur leurs obligations et bons du Trésor. Ce qui rendra encore plus difficile le rétablissement cette fois  des finances publiques américaines

Injection «massive» de fonds

La Banque du Japon a réagi dimanche en allouant l’équivalent de 625 millions de francs aux banques de la région la plus touchée, afin d’assurer le bon fonctionnement du système financier. Un représentant du gouvernement a annoncé sur l’antenne de la NHK qu’un programme de soutien budgétaire devrait être mis sur pied à «moyen ou long terme». D’ores et déjà, les autorités utiliseront l’équivalent de 2,5 milliards de francs encore disponible du budget en cours.

Selon l’agence Dow Jones pour parer à tout effondrement du yen et en soutien des marché financiers , la banque centrale procédé ce lundi à une injection «massive» de fonds sur les marchés.

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source agences mars11

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