Changes et Devises

Bitcoin Bubble

Bitcoin Bubble

La crise chypriote et la décision d’opérer des ponctions sur les dépôts des épargnants ont donné un regain d’intérêt au bitcoin. Cette monnaie virtuelle, dont le cours s’est envolé récemment, passant de 0,05 dollar à sa création en 2008 à 147 dollars le 27 mars dernier, a doublé sa valeur en moins de deux semaines. Alternative viable aux monnaies existantes ou futur eldorado du blanchiment d’argent?

D’abord un aveu. Je n’ai entendu parler de Bitcoin que mardi matin, à la lecture d’un tweet rédigé par un obscur follower: «Bitcoin est en passe de révolutionner la société beaucoup plus qu’Internet l’a fait (Oui, oui, vraiment!)». Rien que ça. 90 caractères qui, vous l’imaginerez bien, ont aiguisé ma curiosité.

Bon, à ce stade, je ne suis pas en mesure de vous décortiquer le fonctionnement précis de Bitcoin. Je sais par contre qu’il s’agit d’une monnaie virtuelle créée en 2008 par le chercheur informatique Satoshi Nakamoto. Que la production de Bitcoins s’élabore par un algorithme complexe, c’est-à-dire que le stock de monnaie évolue en fonction du rythme de croissance programmé par cet algorithme. Que, par conséquent, cela en fait une monnaie stable, dotée d’un mécanisme d’autorégulation. Le système Bitcoin fonctionne comme un marché de change traditionnel. L’intervention de la banque centrale en moins. Plusieurs sites internet acceptent déjà cette monnaie virtuelle comme moyen de paiement.

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Apparu en 2008/9, le bitcoin est une devise électronique qui permet aux internautes d’effectuer des transactions en ligne gratuites, décentralisées et anonymes. La masse de bitcoins en circulation dans le monde est régie par un algorithme. Cette monnaie ne dépend donc d’aucune banque et échappe au contrôle des Etats. Une particularité qui offre des possibilités de blanchiment d’argent, mais qui séduit bon nombre d’épargnants ayant perdu confiance dans le système bancaire traditionnel.

Les bitcoins peuvent en effet être convertis en dollars ou en euros via des bureaux de change virtuels comme le site Mt Gox.

 On peut racheter les bitcoins sur le marché secondaire, qui fonctionne un peu comme un marché des changes traditionnel. Il est possible de les acheter pour investir, ou comme monnaie d’échange pour des transactions.  Des sites internet acceptent déjà les bitcoins comme monnaie de paiement.

Le système des bitcoins est entièrement fondé sur la confiance, et il n’y a pas de tierce partie telle qu’une banque centrale qui puisse intervenir pour le réguler. En outre, il est privé ; lorsque l’on utilise sa carte de crédit, ou que l’on fait un virement, les gouvernements peuvent le voir. Mais ce n’est pas le cas avec les bitcoins. Pour cette raison, ce système est très prisé des Libertaires de l’Ecole Autrichienne qui y voient une alternative viable pour remplacer les monnaies existantes.

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La crise chypriote et la décision d’opérer des ponctions sur les dépôts des épargnants ont donné un regain d’intérêt au bitcoin, dont le cours s’est envolé récemment, passant de 0,05 dollar à sa création à 147 dollars le 27 mars dernier. La monnaie virtuelle a doublé sa valeur en moins de deux semaines. Le volume bitcoin mondial pèse aujourd’hui 1,5 milliard de dollars. Cette monnaie de geek est-elle donc en passe de devenir une alternative viable aux devises existantes? On pourrait le penser vu le nombre croissant de Chypriotes qui se ruent sur elle pour sauver leurs économies. Encore faut-il s’en procurer.

Le succès est tel que des experts en finance s’y intéresse de près. Selon le Financial Times, le gérant maltais Gatis Eglitis affirme avoir créé un fonds en bitcoins l’année dernière. Il recevrait près d’une vingtaine d’appels de gérants de gros fonds désireux d’y investir des centaines de millions d’euros. Pour Jim Angel, professeur de la McDonough School of Business de l’Université de Georgetown, Bitcoin n’est rien d’autre qu’une bulle spéculative prête à exploser. «Les gouvernements n’aiment pas la concurrence en matière de devises et, s’il se met à trop grossir, ils l’arrêteront», dit-il dans le FT. «En outre, vous faites confiance à un algorithme pour protéger le système, et nous savons tous que la technologie a des défaillances, ou qu’elle peut être piratée.»

Autre risque que souligne ZDNet.com, «Bitcoin risque de se retrouver dans le collimateur des autorités américaines». Le site d’information français s’appuie sur le dernier rapport de la FinCEN, l’autorité américaine chargée de la lutte contre le blanchiment d’argent. Bon, le système Bitcoin n’est pas nommément cité dans le rapport. Mais ce dernier évoque des «monnaies virtuelles décentralisées» qui n’ont pas d’«administrateur unique». Tout le contraire des devises existantes gérées par des banques centrales.

Dès ses débuts, la monnaie virtuelle avait fait l’objet de diverses affaires liées au blanchiment d’argent. Mais, comme nous l’explique Ars Technics, «le flou juridique est complet: à partir du moment où le réseau est décentralisé, il se base sur des personnes qui échangent entre elles de la monnaie virtuelle. A ce titre, elles ne sont pas sujettes à la régulation puisqu’elles ne sont pas dépositaires de la création ou des transmissions de monnaie.» Cela dit, puisque la monnaie est convertible, elle devrait aussi en théorie faire l’objet d’une régulation au niveau fédéral…

Ah oui, j’ai aussi appris mardi matin que les transactions bitcoins étaient anonymes, et donc intraçables. Vue l’ampleur du phénomène, il y a de quoi susciter l’intérêt de nombreux fraudeurs. Si Jérôme Cahuzac avait su.

Par Mehdi Atmani/Le Temps Avril13

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/830dd4da-9d52-11e2-8486-6a361ad02508%7C1

3 réponses »

  1. Le bitcoin ne tiendra pas. Plus il sera attrayant et plus les kleptos feront tout pour interdire l’apparition d’un canari jaune, d’une monnaie qu’ils ne contrôlent pas.

    Le point faible du bitcoin, c’est son change. Interdisez tout échange d’euro-dollars contre des bc et inversement et à moins que le bc puisse fonctionner en système fermé, il ne vaudra plus rien.
    Et si cela n’arrive pas, il sera de plus en plus attaqué par des faussaires qui chercheront à le cracker.

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