Art de la guerre monétaire et économique

Face une NSA de plus en plus intrusive les centres de données sont menacés aux Etats-Unis

Face une NSA de plus en plus intrusive les centres de données sont menacés aux Etats-Unis

Google et Facebook craignent de devoir construire davantage en Europe

Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, avait déjà téléphoné à Barack Obama pour se plaindre des méthodes d’espionnage de la NSA. Mais dans la nuit de mercredi à jeudi, ce sont tous les acteurs majeurs d’Internet qui ont lancé un appel contre la surveillance américaine. Avec, pour la première fois, l’articulation d’une menace: si les Etats-Unis ne rétablissent pas vite de la confiance au niveau mondial, Facebook, Google ou Microsoft seront contraints de construire massivement des centres de données hors des Etats-Unis.

Selon Eric Schmidt, président de Google, «l’impact est grave et empire. […] Nous allons finir par casser Internet». Début 2014, la chancelière allemande Angela Merkel avait ainsi, à la suite des révélations d’Edward Snowden, appelé à la création d’un «réseau de communication européen». Son homologue brésilienne a demandé à ce que les données de ses compatriotes soient stockées exclusivement au Brésil.

Facebook, Amazon ou Google craignent ainsi de devoir construire un centre de données dans chaque pays qui l’exigera. Cette menace est-elle réelle? «La pression sur ces sociétés augmente fortement et il est possible que des gouvernements effectuent formellement de telles demandes, estime Marc Boudriot, directeur de Syselcom, qui gère plusieurs centres en Suisse romande. En parallèle, les géants américains ont tout intérêt à se rapprocher des marchés régionaux, car des études montrent que la perte de confiance d’internautes, par exemple européens, pourrait leur coûter des dizaines de milliards de dollars.» Devoir construire des centres dans les pays qui le demandent est-il réaliste? «Techniquement oui, mais il faudra aussi que ces sociétés créent dans ces pays une société indépendante de droit local, sinon les centres seront soumis au Patriot Act américain, poursuit Marc Boudriot. Mais au final, rien ne garantira que les Américains n’espionneront pas ces données à l’étranger, ou qu’elles seront dupliquées aux Etats-Unis.»

Intérêt pour la Suisse

Ni Google, ni Facebook, ni Microsoft ou Apple ne disent combien de centres de données ils exploitent – mais tous en ont édifié en Europe, avant tout pour diminuer le temps de transmission des données. Le 23 septembre, Google démarrait ainsi la construction d’un nouveau centre aux Pays-Bas, devisé à 600 millions d’euros. Une expansion en Irlande, en Finlande et en Belgique a été annoncée par Google.

Aucune des grandes sociétés américaines n’exploite de centre en Suisse. «Yahoo! a construit un centre à Avenches (VD), mais a quitté la Suisse avant de l’exploiter, confirme Gérard Sikias, directeur de Safe Host, qui gère un centre à Genève. Je reviens d’un voyage aux Etats-Unis où j’ai rencontré des représentants de grandes sociétés, il y a un intérêt marqué pour la Suisse, vu notre stabilité, nos lois et la source et le prix de l’électricité.»

PAR ANOUCH SEYDTAGHIA/ Le Temps 10/10/14

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/14cba152-4fba-11e4-a701-a0e5a8a72efd/Les_centres_de_donn%C3%A9es_sont_menac%C3%A9s_aux_Etats-Unis

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