Art de la guerre monétaire et économique

Jean Pierre Petit : La crise européenne n’affectera pas la planète

Jean Pierre Petit : La crise européenne n’affectera pas la planète

Jean-Pierre Petit  Même si la zone euro représente 19% du PIB mondial en dollars courants et 15,4% en parité de pouvoir d’achat.

Cette thématique de marché semble en l’état bien exagérée.

PLUS/MOINS DE CONTAGION EN SUIVANT :

D’abord, personne ne se faisait d’illusions sur la croissance européenne en 2010. Le consensus forecast situe la croissance moyenne 2010 à 1,1% en Euroland et 1,3% au Royaume-Uni (un peu plus en 2011,1,5 et 2,3% respectivement).

Ajoutons que le marché actions européen est le marché actions (parmi les trois grands marchés émergés) le plus indexé sur le reste du monde.

Commentaire du Wolf : Opportunités d’achat sur les marchés européens ???? (cliquez sur le lien)

 Il faudrait également tenir compte des effets potentiels favorables de la restriction budgétaire sur la confiance, les effets d’équivalence (moindre effort d’épargne privé); cela dépend toutefois totalement de la crédibilité de l’action gouvernementale (aujourd’hui peu envisageable sauf dans les pays «vertueux»). Il faut surtout tenir compte du contexte.

Avec la crise grecque, la politique monétaire est devenue encore plus accommodante avec la mise en oeuvre du «credit easing». De plus, la baisse des taux longs des pays du coeur, la baisse de l’euro (une baisse de 10% du taux effectif reflate la croissance nominale de la zone euro de 1,5% à horizon un an), la baisse du baril sont de nature à compenser une politique budgétaire trop restrictive. Enfin, la solidité de la conjoncture mondiale constitue un atout supplémentaire.

Quant à l’impact d’un retournement européen sur le reste du monde, il est vrai que l’Europe n’est pas totalement négligeable.

La zone euro représente 19% du PIB mondial en dollars courants et 15,4% en parité de pouvoir d’achat. Avec le Royaume-Uni, c’est 18,6%. De plus, le poids des importations de l’Union Européenne hors échanges intra-zone dans les importations mondiales est de 17%.

Mais il aussi indéniable que la croissance de la demande domestique Européenne est ainsi relativement faible. Si elle était supérieure à celle du reste du monde à la fin des années 80 (1987-1989), elle ne représente plus qu’un tiers de la croissance de la demande mondiale hors UE au cours des années 2000 et est inférieure de 0,4 points à celle du PIB.

Le seul cas de figure comparable où l’on a vu une récession européenne asynchrone fut en 1992-93, à la suite du retournement immobilier et de la politique monétaire excessivement restrictive menée par la Bundesbank dans la foulée de la réunification. La croissance européenne est ainsi passée de 1,4 à -0,8% entre 1992 et 1993. Dans le même temps, la croissance mondiale est restée à 2% et la croissance américaine est passée de 3,4 à 2,8%. L’impact a donc été modéré. Et encore une fois, le poids de l’Europe dans le PIB mondial et dans la croissance mondiale était plus fort à l’époque (moindre poids des pays émergents).

Naturellement, l’impact d’un retournement européen sur le reste du monde passe par de multiples facteurs; outre l’effet via le commerce extérieur, il faut tenir compte de l’effet via la baisse de l’euro (effet compétitivité et profitabilité des firmes étrangères), les effets «confiance» des entreprises,… Surtout, en cas de crise financière prolongée, la baisse des prix d’actifs et l’exposition des banques internationales sur l’Europe constitueraient un impact récessif additionnel sur l’économie mondiale. Mais même dans ce cas, le ralentissement pourrait être atténué grâce à la baisse du prix du baril et à des politiques économiques moins restrictives.

JEAN-PIERRE PETIT Economiste et  Stratégiste de marché mai10

BILLET PRECEDENT : Consternante Europe par Jean-Pierre Petit (cliquez sur le lien)

2 réponses »

Laisser un commentaire