Paulson aurait pu balayer avant de partir :  Lehman, ce ménage inachevé

Personne ne va célébrer les deux ans de la faillite de Lehman Brothers, la plus imposante de l’Histoire. Alors qu’on se demande encore si Washington aurait dû sauver l’institution, le ménage des actifs n’est pas encore complété.

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Ces actifs totalisent 600 G$US. Il s’agit non seulement de la faillite la plus importante mais aussi la plus compliquée, raconte The Economist dans un texte intitulé : « Mission unaccomplished » (Mission inaccomplie). Les créditeurs de l’ancienne banque et ses anciens clients se demandent toujours qu’est-ce qui pourra être sauvé de ce naufrage.

http://www.economist.com/node/16994720?story_id=16994720&fsrc=rss

Alvarez & Marsal (A&M), la firme chargée de démêler les contrats de dérivés et les 65 000 réclamations de clients, contreparties et créditeurs de toute nature, a alloué plus de 200 personnes à ce dossier. Pricewaterhouce Coopers fait le même travail pour l’ex-filiale européenne.

Ces spécialistes tentent d’écarter les réclamations jugées futiles, dont certaines sont qualifiées de « très agressives ». Il y en a pour environ 260 G$US. Pour compliquer leur travail, la vingtaine de filiales de Lehman Brothers disséminées de par le monde se sont signifiées toute une série de réclamations entre elles. Une bonne part sont liées à des garanties de prêts avancées par la maison-mère.

Lehman cherche aussi à se faire rembourser jusqu’à 11 G$US par ses contreparties, pour compenser une chute importante de sa valeur, lorsque Barclays a racheté les opérations américaines de Lehman Brothers, juste après sa faillite.

Le ménage des actifs et du passif de Lehman Brothers s’est transformé en un casse-tête juridique ahurissant. Et ça se complique du fait que certains actifs ont pris de la valeur, depuis deux ans. A&M a d’ailleurs déjà commencé leur liquidation, ce qui déplaît à certains créanciers. Au lendemain de la faillite, tout le monde s’entendait sur le fait qu’il était hors de question de vendre des actifs, vu l’état catastrophique des marchés. Aujourd’hui, c’est une autre affaire.

Il y a aussi débat sur la manière de régler les réclamations. Faut-il y aller cas par cas, ce qui prend une éternité, ou traiter tout le monde sur le même pied, ce qui est injuste pour certains créanciers? À l’évidence, les avocats rattachés au dossier font beaucoup d’argent à New York et à Londres depuis des mois… Les honoraires professionnels totaliseront environ 1,5 G$US, soit le double du dossier Enron. Ce qui enrage d’autant les créditeurs.

Certains experts qualifient le dossier Lehman comme l’équivalent de la stabilisation financière de l’Iraq. A&M s’attend toutefois à résoudre 80% des réclamations d’ici trois ans. Régler le solde pourrait prendre des décennies. Les créanciers s’attendent à ne récupérer qu’environ 15 cents pour chaque dollar.

source F&I sep10

EN COMPLEMENT : Lehman Brothers: 12 millions pour les créanciers grâce aux œuvres d’art

La vente aux enchères de la collection d’oeuvres d’art ayant orné les murs de Lehman Brothers, la banque d’investissement dont la faillite a déclenché la récession américaine, a rapporté quelque 12 millions de dollars samedi dernier à New York. Cette somme sera consacrée au remboursement des créanciers de Lehman Brothers, qui a fait faillite en 2008 avec des dettes de plus de 600 milliards.

 Environ 83% des 142 lots de cette collection d’art contemporain mis aux enchères par Sotheby’s ont été vendus, pour un total de 12,28 millions, une somme supérieure à ce qui était attendu par les experts. La vente a permis d’établir des records de prix pour les oeuvres de 17 artistes, dont l’Ethiopienne Julie Mehretu. Sa toile «Untitled 1» s’est vendue à 1,022 million, bien au-dessus de la fourchette d’estimation établie entre 600 et 800.000 dollars. Une autre vente des oeuvres de Lehman, organisée par la maison concurrente Christie’s, se tiendra à Londres le 29 septembre, avec à la clé des travaux de Lucian Freud et Gary Hume….