Art de la guerre monétaire et économique

Mieux vaut un bon moratoire qu ‘un mauvais défaut…par Bruno Bertez

Mieux vaut un bon moratoire qu ‘un mauvais défaut…par Bruno Bertez

La voie du moratoire est la seule praticable et elle finira par s’imposer.

  Précisons d’abord que moratoire est un terme générique qui dans notre esprit vise toutes les opérations qui aboutissent a réduire le montant de la dette et a en alléger réellement la charge . Le moratoire peut être fait brutalement sous forme de défaut c’est-à-dire faillite, il peut être fait sous forme de conversion, restructuration, allongement des durées, baisse des taux etc… Dans tous les cas le fardeau de la dette est allégé tandis que le prêteur consent un sacrifice.

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La justification économique du moratoire est évidente, en prélevant moins sur les revenus présents et futurs du débiteur on maintient ses ressources, il peut dépenser, consommer etc… ce qui soutient l’activité économique et favorise l’emploi.

Sans moratoire, la ruine du débiteur le contraint a se restreindre voire a se retrouver a la charge de la collectivité par le biais des revenus de transfert. Tout se passe dans ce cas comme si le créancier avait fait le plein de sa créance non seulement sur le dos du débiteur ce qui n’est pas scandaleux, mais aussi sur le dos de la collectivité, ce qui l’est plus.

Toujours en l’absence de moratoire, le débiteur ruiné est évidemment plongé dans l’amertume, démotivé, tenté par les positions extrêmes ce qui est socialement et politiquement grave. Confère les enseignements historiques, confère le présent avec la montée des contestations du bipartisme et les tentations de troisième voie.

Si l’objectif des responsables de la conduite des affaires est le maintien de l’ordre social, ils feraient bien d’y réfléchir a deux fois avant de poursuivre les voies actuelles.

Les moratoires sont possibles, mais bien évidemment cela impose un coup de rabot sur les fonds propres des créanciers c’est a dire des banques et autres et même sur leur passif a long terme c’est a dire les titres de dettes qu’ils ont émis: en clair ils doivent être recapitalisés: qu’y a-t-il de scandaleux a cela ?

La recapitalisation n’est rien d’autre qu’une opération normale justifiée par la vérité économique et financière, quand un capital a failli, il doit être dévalorisé et remplacé par un autre plus efficace.

source The Economist

Les ressources pour la recapitalisation existent, la recapitalisation est l’usage le plus efficace et productif des fonds actuellement en quête d’emploi. Pourquoi ?

Parce que le capital bancaire a un pouvoir multiplicateur énorme, un euro de capital peut donner 10 voire 15 euros de total de bilan bancaire !

QUE L’ON SONGE A TOUT CE QUI A ETE DISTRIBUE ET GASPILLE SANS POUVOIR MULTIPLICATEUR!

Le système bancaire peut être mis en receivership pendant la période de nettoyage- recapitalisation.

Enfin le moratoire est juste, juste en termes d’équité s’entend.

Le contrat de prêt est un contrat comme un autre, soumis aux lois économiques qui font varier la valeur des choses, soumis aux lois politiques qui s’octroient le droit de modifier tous les autres contrats quand cela les arrange, contrats de retraites, d’assurances, de protections sociales etc …, soumis aux lois de la vie sociale qui selon les moments donnent priorité et valeur à telle chose plutôt qu ‘ à une autre .

Un contrat ce n’est rien d’autre que la tentative de mettre du fixe sur du variable, du mort sur du vivant , de l’historique sur de l’actuel. De quel droit demanderait-on de la flexibilité aux uns pour préserver l’intangibilité de tout ce qui concerne les autres ? Leur patrimoine, leur statut social, leurs bonus, leurs promotions … et pire le droit de continuer les mêmes pratiques.

Les gouvernements sont tous conservateurs, non seulement ceux de droite mais aussi et surtout ceux de la gauche sociale démocrate , il suffit pour s’en convaincre de regarder ce qui se passe en Europe les socio démocrates sont encore plus acharnés que les autres à ce que les dettes , toutes les dettes soient payées. Et ce au détriment de l’emploi, la croissance et la production de richesses réelles

 DSK adoubé du FMI n’était il pas social democrate?

 BRUNO BERTEZ LE 22 JUIN 2011 (Reprise d’un commentaire)

EN LIEN:  

L’Edito : La manip du pré-Lehman par Bruno Bertez

EN BANDE SON :

3 réponses »

  1. J ai l impression que se met en place une gigantesque arnaque : la soi-disant « contribution » des banques sous forme de roll-over . En fait ces malheureux banquiers vont se retrouver à faire des nouveaux prets à 5 % à la grèce ( 200 points de marge de mieux que les bund ) avec la garantie implicite des etats européens:

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRWEB713020110624

    Ce matin sur BFM Mr Artus, éminent défenseur du lobby bancaire, expliquait que c’était une solution win-win …

    Ca ne m’étonne pas qu ils soient volontaires et on voudrait faire avaler à l opinion qu on leur a forcé la main et demandé un sacrifice! Plus c’est gros plus ca passe?

  2. Lundi 27 juin 2011 :

    La Bourse de Tokyo a clôturé lundi en baisse de 1,04 %, au premier jour d’une semaine sur laquelle, une nouvelle fois, pèsera fortement le dossier grec.

    L’indice Nikkei a perdu 100,40 points à 9.578,31 et le Topix, plus large, a cédé 7,56 points (0,91 %) à 825,64.

    Les valeurs bancaires ont souffert face à la perspective de voir les établissements représentant un risque systémique être contraints de relever le niveau de leurs fonds propres.

    L’indice sectoriel des banques japonaises a cédé 0,34 %.

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE75Q05M20110627

  3. Lundi 27 juin 2011 :

    La réunion des chefs d’Etat et des chefs de gouvernement européens n’a pas du tout rassuré les investisseurs internationaux.

    Les taux des obligations d’Etat continuent à exploser.

    Portugal, Irlande, Grèce : les courbes des taux sont inversées !

    Portugal : taux des obligations à 2 ans : 14,632 %. Record historique battu.
    Portugal : taux des obligations à 3 ans : 15,765 %. Record historique battu.
    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 11,681 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

    Irlande : taux des obligations à 2 ans : 14,047 %. Record historique battu.
    Irlande : taux des obligations à 3 ans : 15,500 %. Record historique battu.
    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 12,095 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 29,382 %.
    Grèce : taux des obligations à 3 ans : 29,365 %.
    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 16,806 %.

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