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Immobilier France : Comment les banques ont gagné 15 milliards d’euros sur le dos des emprunteurs

Immobilier France : Comment les banques ont gagné 15 milliards d’euros sur le dos des emprunteurs

 Depuis six mois les taux des crédits immobiliers ont régulièrement monté alors que celui des obligations d’Etat qui servent de référence a baissé. A la clé, une belle augmentation de marges bancairessur les emprunts accordés aux particuliers.

 Depuis 6 mois, les emprunteurs laissent à leur banque une marge bien plus conséquente sur leur crédit immobilier.

Vous avez vu les derniers taux de crédits immobiliers proposés par les banques ? En consultant les offres de la plupart des courtiers, un emprunteur ayant un profil de bonne qualité peut espérer décrocher un taux de 3,8 à 3,9% sur quinze ans. Certes, c’est un taux bien inférieur à celui qui avait cours fin 2008 : à l’époque, avec un profil identique, il n’aurait pu décrocher qu’un taux d’environ 4,8 à 5%, mais le niveau bas actuel (compte tenu d’une inflation d’environ 2%) cache en fait une énorme augmentation des profits des banques sur le crédit immobilier.

Un taux de référence en baisse

Depuis six mois, en effet, les taux des crédits immobiliers ont régulièrement monté. Ce qui est curieux, c’est que dans le même temps, le taux de l’obligation d’Etat, lui a baissé, puisqu’il est passé de 3,8, à 2,93%. Or, c’est justement ce taux que les banques s’entêtent à nous présenter comme LA référence pour l’évolution des taux de crédit. Même si les professionnels savent que le baromètre est faux, les banques empruntant en grande partie à court terme (l’Euribor 3 mois est à 1,54%) pour prêter à long terme…

Or, le taux de l’OAT a baissé de 0,8 point en six mois, sans que les taux des crédits immobiliers, sur lesquels ils sont censés être indexés, baissent d’autant. Ce qui aurait permis à notre profil de référence d’emprunter à moins de 3%.

Les banques en profitent depuis 6 mois

Cela fait donc six mois que les banques se goinfrent sur le dos des emprunteurs. Et n’espérez pas faire jouer la concurrence. Les courtiers, qui observent ce marché avec beaucoup d’étonnement, constatent qu’il y a beaucoup moins de concurrence entre établissements : « les taux présentés sont de plus en plus proches…  » reconnait, amer, un de ces professionnels.

3m² carré en moins avec des mensualités de 1.000 euros

Sur la production annuelle, ce petit supplément de profits fini par peser très lourd : cela représente une quinzaine de milliards d’euros sur les 175 milliards d’euros souscrits ces derniers mois par les emprunteurs immobiliers. Et ce sont ces particuliers qui sont les premiers lesés.

Un manque à gagner qu’ils peuvent mesurer en mètres carrés. En fin d’année dernière, avec 1.000 euros de mensualité sur quinze ans, un emprunteur pouvait se payer 27 mètres carrés sur Paris. En ce mois de septembre, il ne peut plus s’en payer que 24. Or, si les taux des crédits avaient suivi la pente des taux de l’OAT, ce même emprunteur parisien aurait réussi à maintenir son pouvoir d’achat de 27 mètres carrés.

05-09-11 par Eric Treguier/Challenges

2 réponses »

  1. Je n’ai jamais compris la corrélation entre taux OAT et taux emprunt immobilier. Que les OAT 10 ans soit à 2% à un instant t à cause d’un marché actions baissier ne me paraît pas une raison suffisante pour s’aligner à un taux 2% + ɛ pour les emprunts immobiliers, surtout si la perspective sur la dette française est trouble.

    Quelle est donc la signification de cette corrélation ? Est-ce que les OAT représentent principalement une anticipation d’inflation ? Le coût du placement le plus sûr ? (dans ce cas c’est un peu obsolète). Que se passe-t-il en Grèce sur les emprunts immo vu leur taux à 10 ans sur la dette ?

    Au final ça ne me choque pas que les banques augmentent leurs taux, si elles le font pour se recapitaliser. De toute façon on passera bien à la caisse d’une manière ou d’une autre pour que les banques se recapitalisent. Et l’augmentation des taux me paraît une méthode relativement indolore : vu la pénurie entretenue sur le foncier, l’ajustement se fera sur les prix.

    • Votre interventention est interessante à plus d’un titre et elle m’évoque au moins une chose c’est que les apparentes contracdictions que vous relevées sont révalateurs d’au moins un fait : le système bancaire nationalisé ou pas n’est que le bras financier des etats leur permettant de s’endetter à moindre cout et d’intervenir dans l’économie dans le cadre de ce qui s’apparente souvent à de vastes manipulations…Ce capitalisme d’état qui ne dit pas son nom et désormais mondialisé trouve sa symbolique la plus puissante dans la demande de la chine communiste à ce qu’elle soit désormais reconnue en tant qu’économie de marché…

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