Commentaire de Marché

Le SOS de Chypre pour ses banques

Le SOS de Chypre pour ses banques

C’est désormais officiel: Chypre est devenue ce soir le cinquième pays après la Grèce, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne à solliciter l’aide financière de l’Union européenne.

La demande des autorités de Nicosie a été adressée lundi après-midi à Bruxelles. Selon l’agence de notation Fitch qui avait dans la matinée dégradé la note souveraine du pays de BBB- à BB + (catégorie spéculative, comme le Portugal  et comme l’ont déjà fait Standard and Poor’s et Moody’s.)

Les besoins des autorités insulaires pour renflouer un secteur bancaire à l’importance disproportionnée en raison de l’afflux de capitaux étrangers (Russie, Balkans, Grèce, Proche-Orient) s’élèveraient à environ quatre milliards d’euros. La banque chypriote Marfin Popular Bank a un besoin immédiat de 1,8 milliard d’euros qui doivent être trouvés avant le 30 juin, date limite pour satisfaire aux exigences de recapitalisation de l’autorité de surveillance bancaire européenne.Mais, selon l’agence de notation financière Fitch, les besoins des banques chypriotes pourraient atteindre 4 milliards d’euros, soit plus de 20% du Produit intérieur brut de la République de Chypre qui compte 820.000 habitants.

Les autorités de Chypre – seule la partie Grecque de l’île, divisée depuis 1974 suite à l’invasion de l’armée turque au nord, est reconnue internationalement – ont par ailleurs maintenu leur demande d’aide à la Russie pour un montant proche de celui sollicité auprès de l’UE.

Destination privilégiée des flux financiers internationaux en raison de sa situation géographique clef en Méditerranée et des exonérations fiscales avantageuses accordées aux entreprises, la république de Chypre a intégré l’Union européenne en mai 2004 et adopté l’euro le 1er janvier 2008 à la place de la livre Chypriote. Ironie du calendrier, Chypre prendra la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne dès dimanche. Une exposition à Bruxelles, Mapping Cyprus, a d’ailleurs ouvert ses portes le 22 juin.

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L’Eurogroupe, qui réunit les 17 pays de la zone euro, « examinera à présent rapidement la demande », a indiqué lundi soir le chef de file de la zone euro, le Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker.L’Eurogroupe devrait donner mandat à la Commission européenne, en coordination avec la Banque centrale européenne (BCE), pour « négocier les nécessaires conditions associées à cette aide financière » »J’attends que Chypre s’engage avec une forte détermination dans les actions requises », a conclu M. Juncker.

Cette aide devrait être accordée dans le cadre des Fonds de sauvetage européens FESF et MES et vise à « contenir les risques pour l’économie chypriote (…) provenant de son secteur financier, très exposé à l’économie grecque », ajoute le communiqué sans préciser le montant demandé.

Cette demande intervient également à un moment diplomatique délicat pour la République de Chypre qui va assurer à compter du 1er juillet la présidence semestrielle de l’UE. Le pays méditerranéen se retrouve ainsi dans le groupe des pays « à problèmes » comme l’Espagne, la Grèce, l’Irlande et le Portugal, qui ont aussi demandé une aide pour leurs banques. Le communiqué laconique des autorités chypriotes ne donne aucun détail sur la manière dont cette aide sera accordée et si elle suivra le modèle de ceux des autres pays.

Difficultés de financement budgétaire

Mais le secteur bancaire n’est pas le seul problème du gouvernement communiste chypriote qui connaît également des difficultés de financement budgétaire aggravées par le ralentissement économique. Nicosie serait, d’après les médias, actuellement en discussion avec la Russie pour qu’elle lui accorde un nouveau prêt à taux bonifié pour combler le trou de ses finances publiques.Moscou a déjà accordé un prêt de ce genre d’un montant de 2,5 milliards d’euros aux autorités chypriotes pour couvrir leurs besoins pour 2012. Ils seront de même ordre pour 2013.

Chypre, qui a rejoint l’UE en 2004 et adopté l’euro en 2008, a pris de plein fouet la crise économique et financière qui secoue la Grèce, son principal partenaire économique et culturel. Elle est non seulement hellénophone mais également « adossée » politiquement et diplomatiquement à la Grèce depuis l’invasion de la partie nord de l’île par l’armée turque en 1974 en réponse à un coup d’Etat de nationalistes grecs demandant le rattachement de l’île à la Grèce. Cette situation gêne le développement commercial de l’île où la situation a encore été aggravée dans la partie sud par l’explosion il y a un an de la principale centrale électrique.

Dans un tel contexte, les objectifs du gouvernement, notamment de faire passer le déficit budgétaire sous les 3% pour 2012 pour plus de 6% actuellement, risquent de ne pas être atteints, Fitch estimant ainsi que ce déficit devrait rester autour de 3,9%.

Richard Werly et Gauthier Corbat, Bruxelles Le Temps/AFP Juin12

1 réponse »

  1. Tiens donc ? La Grèce ? On en aurait deux pour le prix d’une ?
    Et bien mes p’tits frères, on était beaucoup à table et on l’savant même pas dites donc ?
    Et paraîtrait même qu’il y a tout plein d’autres invités ?
    Bah! quand qu’y en a pour plusieurs y en a pour tous non ?

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