1984

 Le Moderne appelle conservateur quiconque tente de limiter ses dégâts

 « Le Moderne appelle conservateur quiconque tente de limiter ses dégâts »

« Qui s’étonnera de me voir, face à de si désirables perspectives, faire tranquillement et sans répit, entre les lignes et dans les lignes, l’apologie de l’homme, de l’individu, de la famille, des femmes, de la loi naturelle, de la vision aristocratique du monde et bien entendu de l’hétérosexualité ?

Festivus festivus est passé maître dans l’art d’accommoder les mots qui restent. Il appelle « conservateur » quiconque tente de limiter ses dégâts et « réactionnaire » celui qui l’envoie gentiment se faire foutre. Il parle de « discours idéologiques » pour tout ce qui met des bâtons dans les roues de son idéologie et de « populisme » quand le peuple lui échappe. »

Philippe Muray – Festivus, festivus. Conversations avec Élisabeth Lévy (2005)

Autodafés de la moraline…Par Anne Sophie Chazaud Le 30 Octobre 2019

Dans le maelström actuel qu’en d’autres lieux on qualifierait aisément de shitstorm, parmi la foultitude de stupidités qui se donnent libre cours, une petite musique émerge et surnage qui est hautement préjudiciable à notre espace de débat public.

En l’occurrence : l’idée que les mots sont potentiellement tueurs, que certains dits ou écrits seraient directement responsables des passages à l’acte criminels de certains.

À titre personnel, j’ai lu le Coran, attentivement et minutieusement, comme les autres principaux textes religieux et spirituels de l’humanité, et dans ce texte je n’ai strictement rien trouvé d’intéressant pour moi au plan spirituel, rien, le vide, complet, mais pour autant je n’ai pas eu envie d’aller égorger des mécréants et des chiens d’infidèles à tour de bras.

J’ai de profonds désaccords avec Zemmour et pour autant, quand je l’écoute, je n’ai pas envie d’aller tuer des papis musulmans peinards dans leur mosquée, et je l’écoute souvent avec grand intérêt car c’est un excellent débatteur qui pousse ses contradicteurs à aller plus loin dans leur argumentation.

À un moment, cette incrimination permanente de la pensée et de son expression devient franchement grave en particulier lorsqu’elle émane de ceux qui sont censés la protéger et la valoriser.

Par ce biais, de nombreux acteurs du champ médiatique et politique, de l’entre-soi que le peuple français rejette massivement, essaient simplement d’éliminer un concurrent qui leur fait de l’ombre, tant commercialement, médiatiquement qu’idéologiquement, mais aussi d’anéantir toute possibilité de débattre sur des opinions où ils sont, en dépit du raffut de ces derniers jours (merci l’autre abruti de Bayonne), en train de perdre la main.

Le retour de bâton liberticide qu’inlassablement ils proposent, par le biais par exemple de journalistes-procureurs, qui consiste à verrouiller les conditions d’un débat dialectique en exerçant d’intolérables pressions sur les rédactions mais aussi sur l’opinion publique, est une chose qu’il convient absolument de combattre.

Les mots, non, ne tuent pas. Ce qui tue, c’est précisément le contraire du langage : c’est le passage à l’acte, c’est l’incapacité à se situer dans l’ordre symbolique du discours.

Une société qui croit que les mots tuent, que le mot chien aboie ou mord est une société profondément malade, inapte à l’intelligence et à la liberté.

Il convient de refuser cette dérive, de quelque bord que cela provienne, d’autant qu’on connait le goût de cette majorité post-historique pour verrouiller le débat au nom de la traque à la méchante haine. Il n’en faudrait pas davantage pour la motiver à nous pondre encore quelque dispositif liberticide dont d’aventure on viendrait à manquer.

Qui définira ce qui relève de l’aversion, du rejet dialectiquement étayé, de la haine, dans le discours d’autrui ? Qui peut s’arroger ce droit ?

Et, si les débats sont actuellement animés et forts, voire virulents, c’est parce que la période est profondément perturbée, parce que la réalité dans laquelle nous évoluons est d’une grande complexité et qu’il s’y joue des rapports de force fondamentaux qui ne se situent pas dans le monde enchanté des Bisounours.

Après, on peut toujours tenter de liquider le messager mais ce n’est pas faire preuve d’intelligence, ni individuelle, ni collective.

Pour finir et pour rappel, quand un discours ne nous convient pas, il est loisible à chacun de ne pas l’écouter. C’est un peu le principe de la liberté. Certains devraient essayer…

EN BANDE SON :

 

3 réponses »

  1. Pour information. Pardonnez le lien indirect avec l’article. Bonne soirée
    https://batinfo.com/actualite/un-rapport-parlementaire-pose-la-question-du-droit-de-propriete-pour-le-logement_14144
    Resucée d’une idée lancée l’an dernier par un consultant officiel pour une autre raison : trouver une nouvelle manne fiscale par la location de terrains privés qui deviendraient propriété de l’Etat.
    L’argument est moins impopulaire et comme souvent se pare de la justice ou de la régulation, mais la stratégie du salami probable.
    Vers le capitalisme communiste et féodal. La panacée trio-oxymorique ! La super-créativité !

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