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Les NEWS « sans importance » du LUPUS du Dimanche 27 Aout 2023

Les NEWS « sans importance » du LUPUS du Dimanche 27 Aout 2023

Nvidia, la petite chérie du conte de fées de l’intelligence artificielle, est en hausse de 212% cette année. Elle est désormais la sixième plus grosse société du monde en termes de capitalisation boursière.

Rappelons ici que, à la base, Nvidia vend des cartes graphiques à des joueurs, qui reflètent bien souvent dans quel état se trouve la demande des consommateurs dit «haut de gamme», un excellent indicateur pour déterminer si l’économie est en train d’atterrir en douceur ou pas. Sur le front de l’intelligence artificielle, Nvidia génère environ 65% de ses revenus de cette partie, c’est unique au monde et cela nous montre donc quelle est la demande réelle actuellement dans ce domaine. Et puis il y a les crypto-monnaies, que bon nombre d’acteurs ne veulent pas regarder, mais pour Nvidia elles comptent car cette industrie est une source majeure de la demande de processeurs. Et cela à son tour permet de se faire une idée de la demande des investisseurs pour des actifs dits spéculatifs, et donc de l’appétit général au risque. Enfin, et on en parle nettement moins ces temps, il y a la chaine d’approvisionnement. À ce jour, post pénurie du covid, Nvidia n’est toujours pas en mesure de satisfaire pleinement les demandes de ses clients pour sa carte H100 ultra-haut de gamme.

Nvidia a fait part de ses résultats pour son deuxième trimestre fiscal se terminant le 30 juillet.

Les chiffres :

  • Chiffre d’affaires : 13,51 milliards de dollars contre 11,22 milliards de dollars attendus par Refinitiv.
    • Ses ventes globales ont grimpé de 171 % sur une base annuelle.
    • Sa marge brute a augmenté de 25,3 points de base pour atteindre 71,2 % sur ses puces.
  • Bénéfice ajusté par action : 2,70 $ contre 2,09 $, estimés par Refinitiv.
  • Bénéfice net : 6,19 milliards de dollars, contre 656 millions de dollars un an plus tôt.

Le détail : les puces d’IA ne sont pas la seule activité de Nvidia.

  • La division jeux de Nvidia, qui représentait autrefois le cœur de métier de l’entreprise, a vu ses revenus augmenter de 22 % par rapport à l’année dernière, pour atteindre 2,49 milliards de dollars.
  • En revanche, les revenus des cartes graphiques haut de gamme ont diminué au cours du trimestre, – 24 % sur un an (379 millions de dollars).
  • Quant au chiffre d’affaires pour les composants automobiles, il a augmenté de 15 % sur une base annuelle (253 millions de dollars).

Un pari à 25 milliards de dollars

Nvidia croit dur comme fer en l’IA, mais surtout dans l’engouement suscité par cette technologie auprès des entreprises. C’est pourquoi elle a revu à la hausse ses prévisions pour son troisième trimestre fiscal.

  • Le fabricant de puces s’attend à un chiffre d’affaires d’environ 16 milliards de dollars, soit un montant bien supérieur aux prévisions de 12,61 milliards de dollars de Refinitiv.
  • Un optimisme lié à la révolution dans les dépenses des centres de données des entreprises vers « l’informatique accélérée et l’IA générative », a indiqué le PDG de Nvidia, Jensen Huang, soulignant que le monde actuel comptait au moins 1.000 milliards de dollars de ces centres de données.
  • L’entreprise américaine croit fermement en l’avenir, c’est pourquoi elle prévoit de racheter 25 milliards de ses actions.
  • Et ce ne sont pas les analystes qui la contrediront puisqu’ils estiment que la demande en puces d’IA de Nvidia dépasse l’offre d’au moins 50 %.
  • Cette annonce, couplée aux excellents résultats de l’entreprise, a boosté les actions après les heures d’ouverture, en hausse de 9,6%.
  • Quant aux restrictions à l’exportation de puces vers la Chine décidées par l’administration Biden, la directrice financière, Colette Kress, a déclaré que l’entreprise ne serait pas immédiatement affectée, bien que l’Empire du Milieu soit un important marché pour Nvidia.

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En dix-huit mois, la Fed a relevé les taux 11 fois pour les faire grimper de zéro à 5,50%. Le coût des crédits immobiliers est par exemple passé à un sommet en plus de vingt ans à plus de 7,20% pour les prêts standard à trente ans. L’inflation s’est établie à 3,2% en juillet, selon l’indice CPI.

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Les perspectives d’inflation en Turquie redeviennent désastreuses, ce qui laisse penser que la banque centrale égalera, voire dépassera, le resserrement du mois dernier lorsque le gouverneur Hafize Gaye Erkan et d’autres décideurs politiques se réuniront . La majorité des analystes prévoient une deuxième augmentation consécutive de 250 points de base, ce qui porterait le taux de référence à 20%. Mais cela resterait inférieur de près de 30 points de pourcentage à l’inflation annuelle de juillet.

résultat

Retour à l’orthodoxie monétaire en Turquie avec une remontée des taux de 7.5% en une seule fois à 25%; « en même temps », les montants levés lors d’introduction en Bourse à Istanbul ont dépassé Londres et Francfort

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Goldman Sachs rêvait de compléter ses activités de banque d’affaires, de trading et de gestion pour les grandes fortunes, par une activité de services financiers pour le grand public.
Avec des acquisitions faites ces dernières années dans le crédit en ligne, le conseil en gestion de patrimoine grand public et ses comptes rémunérés.
Mais ces activités ont généré des pertes et Goldman Sachs a décidé de les vendre.
L’activité de crédit en ligne a été vendue.
Et l’activité de conseil en gestion de patrimoine va être également cédée.
Retour aux fondamentaux.

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L’entreprise néerlandaise de traitement des paiements Adyen est devenue l’un des chouchous des marchés financiers pendant la pandémie. Avec des clients comme eBay et Facebook, il a réussi à quadrupler sa valeur pour atteindre environ 80 milliards d’euros. Deux ans plus tard, la fête semble terminée. L’effondrement du cours de l’action soulève des questions sur l’avenir des intermédiaires dans le secteur technologique.

Adyen est l’exemple type d’une entreprise qui a connu une ascension fulgurante parce qu’elle a réussi à développer un système de paiement meilleur que ce qui existait à l’époque. De telles entreprises peuvent connaître une croissance et une rentabilité rapides pendant un certain temps. Mais finalement, la dynamique du marché les obligera à sacrifier leurs profits pour continuer à croître.

Dans l’actualité : les actions d’Adyen ont chuté de 39 % la semaine dernière. En conséquence, la société a vu sa capitalisation boursière de 20 milliards de dollars (18 milliards d’euros) partir en fumée en 24 heures.

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Fidèle à sa stratégie, le fonds ARK Innovation de Katie Wood a renforcé ses positions dans Adyen après l’effondrement du titre.

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L’introduction en bourse cauchemardesque de ce prêteur hypothécaire américain : -93% en une seule séance

Better.com est un prêteur hypothécaire américain. Son patron, Vishal Garg, s’était rendu célèbre en 2021 pour avoir viré 900 personnes via Zoom. Le karma a frappé : les actions ont dégringolé de 93%, ce jeudi, pour la première séance publique de l’entreprise. Le monde impitoyable des IPO.

Dans l’actu : l’IPO ratée de Better.com.

  • Les actions de cette société soutenue par Softbank ont plongé de 93% pour leur première séance, de 16 à 1,19 dollars, au Nasdaq.
  • Better.com n’a pas choisi la bonne journée : l’indice qui regroupe la tech américaine a perdu près de 2% ce jeudi, lors de l’une des pires séances de l’année.
  • Better.com a fait sa demande d’IPO en 2021, pour consolider sa fusion avec la SPAC Aurora. Un long chemin de croix : l’intérêt pour les SPACS et le nombre de prêts hypothécaires ayant faibli entre-temps.
  • Avant sa fusion avec Better, Aurora avait atteint un sommet sur 52 semaines de 62,91 dollars.

L’essentiel : ce que nous dit cette ipo désastreuse.

  • Les déboires de l’entreprise : en décembre 2021, Vishal Garg, le CEO qui n’a visiblement pas sa langue en poche, licenciait 900 personnes via Zoom, en visioconférence. Quelques mois plus tard, 3.000 autres employés vidaient leur bureau, puis encore 1.000 employés supplémentaires. Finalement, l’entreprise a supprimé 91 % de ses effectifs sur une période de 18 mois. Vishal Garg a rejeté la faute sur tout le monde – les marchés, ses employés peu performants – sauf sur lui. Pourtant, ses propres dépenses excessives ont été pointées du doigt à l’époque. Même si la fusion avec Aurora a remis du beurre dans les épinards – 565 millions de dollars de nouveaux capitaux – Better a enregistré une perte nette de près de 90 millions de dollars au premier trimestre fiscal.
  • Un marché immobilier aux abois : Better est un prêteur en ligne spécialisé dans les prêts hypothécaires. Comme d’autres sociétés, elle a profité du retrait des banques des prêts hypothécaires en raison des réglementations imposées après la crise financière de 2008. La société promet un processus plus rapide et moins couteux. Le problème est que les perspectives de logements sont sombres : les taux hypothécaires sont au plus haut depuis 2000 aux États-Unis, à 7,31%. Or la majorité des propriétaires américains ont un taux égal ou bien inférieur à 5%, ils sont donc réticents à mettre leur bien en vente en vue de déménager, ce qui crée une pénurie d’offre.
  • La longue agonie des IPO et des SPACS : les introductions en bourse et la valeur qu’elles génèrent étaient en forte baisse en 2022, et cette tendance semble se confirmer en 2023. Les marchés boursiers profitent surtout aux gros acteurs, mais peuvent être impitoyables avec les nouveaux venus. On le voit par exemple avec le poids démesuré des GAFAM dans le Nasdaq ou même le S&P 500. En 2022, quelque 115 SPACS évaluées à 31,5 milliards de dollars ont retiré leurs documents d’introduction en bourse, selon Dealogic.

Vishal Garg est néanmoins optimiste et dit avoir changé son approche : « J’ai travaillé très très dur pour changer la façon dont je me présente à l’équipe chaque jour, pour être plus empathique et pour les traiter avec le même niveau de gentillesse que j’ai montré à nos clients », a-t-il déclaré récemment à TechCrunch. « Les meilleurs jours sont à venir », a-t-il commenté hier dans un communiqué.

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« Ni confiance ni créativité » : le patron de Zoom en a marre du télétravail

Le fait que les plus grandes entreprises technologiques tournent le dos au télétravail était déjà un signe de la fin progressive de la pratique. C’est désormais aussi le cas chez Zoom, pourtant champion des visioconférences. Un enregistrement audio a fuité : son patron estime que le travail à domicile bride la créativité, entre autres inconvénients.

Dans l’actu : le CEO de Zoom dit ce qu’il pense du télétravail.

  • Business Insider s’est procuré l’enregistrement audio d’une réunion organisée par le patron de Zoom pour ses employés.
  • Il y explique ce qui l’a poussé à leur demander de revenir progressivement dans les bureaux physiques de l’entreprise.

Les détails : qu’a-t-il dit ?

Ces déclarations n’étaient normalement pas destinées à être diffusées publiquement. Mais elles permettent de comprendre pourquoi Zoom a demandé, début août, aux employés habitant à moins de 80 km d’un bureau d’y retourner au moins deux jours par semaine.

Zoom continue tout de même de progresser

Contexte : l’entreprise se porte bien malgré la fin de la pandémie.

  • S’il y a bien une entreprise qui a bénéficié de la pandémie de coronavirus et des confinements qui ont suivi, c’est Zoom.
  • Ses services, jusqu’alors peu populaires, sont devenus indispensables au fonctionnement de millions d’entreprises à travers le monde. Si bien que le mot « Zoom » peut désormais être rangé dans la case « antonomases » aux côtés de Bic ou K-Way : des noms de marque passés dans le langage courant pour désigner un objet ou une pratique particulière. En l’occurrence une visioconférence.
  • L’an dernier, Yuan avait ainsi indiqué que le nombre d’employés de Zoom avait triplé suite à la pandémie : de 2.000 à 6.000.
  • Conscient qu’il ne peut pas se reposer que sur les visioconférences, Yuan tente de faire de Zoom une plate-forme de communication plus complète. De nouvelles fonctionnalités – surtout à base d’intelligence artificielle – apparaissent régulièrement.
    • C’est notamment le cas de Zoom Scheduler, qui aide à améliorer la planification des réunions.
  • A priori, ces ajouts semblent porter leurs fruits. Les résultats financiers du deuxième trimestre ont été meilleurs qu’attendu, avec notamment un chiffre d’affaires de 1,14 milliard de dollars (+3,6% sur un an).

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Les avoirs russes gelés en Occident sont à vendre

En difficulté sur le plan économique, la Russie élabore une solution quelque peu désespérée pour redorer son image auprès de sa population. C’est en tout cas l’impression que donne le projet de décret présidentiel annoncé ce mercredi par la Banque centrale russe.

L’actualité : Moscou prévoit de proposer aux investisseurs particuliers du pays un moyen de débloquer leurs avoirs gelés à l’étranger en les vendant à des parties étrangères, rapporte Reuters.

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La Russie se braque et réclame des millions d\’euros à la Norvège pour 42 rennes ayant pénétré son territoire

 

La Russie, furieuse que des rennes norvégiens aient franchi sa frontière, demande des millions d’euros de dédommagements à Oslo. Un différend qui pourrait faire sourire… s’il n’avait pas été ponctué par l’abattage de plusieurs dizaines d’animaux.

Dans l’actu : un conflit entre la Russie et la Norvège pour des rennes.

  • La Norvège a annoncé cette semaine qu’elle allait réparer une portion de clôture à la frontière avec la Russie.
  • Une décision motivée par une note plutôt salée envoyée par ses voisins pour entrée illégale sur le territoire russe de la part de… rennes norvégiens.

Les détails : les cervidés saccageraient une réserve naturelle.

  • La Norvège et la Russie partagent une frontière de près de 200 kilomètres. Une bonne partie est délimitée par une barrière, censée empêcher les rennes scandinaves de rejoindre la réserve naturelle russe voisine de Pasvik.
  • Cette barrière anti-rennes existe depuis près de 70 ans. Elle permet d’éviter que les cervidés norvégiens ne viennent manger la mousse et les arbustes et piétiner la végétation du parc russe.
  • Or, cette barrière se fait vieillissante. Sur certaines sections en tout cas. De sorte que les rennes norvégiens parviennent désormais à la franchir allègrement. L’équipe de la réserve naturelle russe en a dénombré 42 qui ont passé la frontière entre décembre 2022 et janvier 2023.
  • Les Russes ont fait les comptes : ils réclament un peu plus de 4 millions d’euros à la Norvège.

Si vous vous demandez comment la Russie peut être certaine que ces 42 rennes sont bien norvégiens, la réponse est simple : il n’y a aucun éleveur russe dans cette région. « Il s’avère que leurs rennes mangent chez nous et que les éleveurs norvégiens les utilisent ensuite pour la viande », a expliqué la directrice de la réserve russe à B-port, un média local. « Si nous avions des rennes sauvages [du côté russe de la réserve], il n’y aurait pas de questions à poser à la Norvège, car il s’agirait alors d’une population commune.

40 des 42 rennes ont été tués par la Norvège

Et maintenant : quelle solution ?

  • Selon un expert indépendant en conservation des zones protégées russes interrogé par le Moscow Times, les arguments avancés par les Russes sont pertinents : les rennes risquent effectivement « d’avoir un impact considérable sur l’écosystème » de la réserve naturelle russe. Leur présence peut provoquer l’érosion des sols et la dégradation de la vie végétale.
  • Toutefois, selon lui, les dédommagements réclamés entrent en contradiction avec un accord russo-norvégien de 1977 qui oblige la Russie à autoriser ces animaux à traverser la frontière russe.
    • C’est donc une première dans cette région, et peut-être même une première mondiale, avance-t-il.
  • Pour l’instant, la Norvège n’a pas encore donné suite à la réclamation russe. Les autorités russes locales ont déjà prévenu qu’elles n’hésiteraient pas à faire remonter l’affaire auprès du ministère russe des Affaires étrangères si le pays scandinave refusait de payer.
  • En attendant, l’Agence norvégienne de l’agriculture a annoncé qu’elle allait consacrer un peu plus de 320.000 euros au remplacement d’une section de barrière d’environ sept kilomètres.
    • La tâche s’annonce périlleuse, car les ouvriers norvégiens devront éviter de poser le pied de l’autre côté de la frontière.
    • « Si un travailleur pénétrait sur le territoire russe sans visa russe, cela équivaudrait à une entrée illégale », a indiqué un responsable norvégien.

Quant aux rennes qui se sont rendus coupables d’immigration illégale, 40 d’entre eux ont été rapatriés en Norvège avant d’y être… abattus, a rapporté l’agence de presse américaine AP. Les deux cervidés restants, toujours perdus dans la nature, devraient bientôt subir le même sort. Pour éviter qu’ils rééditent leur escapade en terre russe.

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Un rapport étonnamment direct et révélateur publié vendredi dans le New York Times cite des fonctionnaires américains qui estiment que le nombre total de victimes de la guerre en Ukraine, dans les deux camps, s’élève à près de 500 000 morts et blessés.

« Ce chiffre comprend jusqu’à 120 000 morts et 170 000 à 180 000 blessés« , écrit le Times en s’appuyant sur des responsables anonymes. « Les chiffres russes éclipsent les chiffres ukrainiens, que les responsables estiment à près de 70 000 morts et 100 000 à 120 000 blessés.

Pour mettre ces chiffres sinistres et tragiques en perspective, l’engagement militaire des États-Unis au Viêt Nam, qui a duré près de deux décennies, s’est soldé par la mort d’environ 58 000 Américains.

Étant donné que Kiev ne publie pas de chiffres officiels sur les pertes, les responsables américains cités dans le rapport du Times font des estimations, mais celles-ci correspondent généralement aux immenses chiffres des pertes ukrainiennes que le Kremlin a présentés pour évaluer la contre-offensive. Mais les sources occidentales ont toujours affirmé que les pertes russes étaient plus impressionnantes.

Le NY Times a qualifié le conflit, aujourd’hui largement dans l’impasse, de guerre d’usure, la Russie disposant des effectifs et des lignes de ravitaillement nécessaires pour garder le dessus et l’emporter largement sur les autres :

Selon les analystes, l’Ukraine dispose d’environ 500 000 soldats, y compris les troupes d’active, les réservistes et les troupes paramilitaires. En revanche, la Russie en compte presque le triple, avec 1 330 000 soldats d’active, de réserve et paramilitaires – la plupart de ces derniers provenant du groupe Wagner.

Quant à la Russie, l’Occident l’accuse d’avoir l’habitude de sous-estimer le nombre de ses victimes. En janvier dernier, le chef d’état-major interarmées des États-Unis, Mark Milley, a affirmé que les forces russes avaient subi des pertes « nettement supérieures à 100 000 ».

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L’entreprise Saoudienne Aramco reste l’entreprise la plus rentable au monde… et de loin

Selon le Forbes Global 2000, l’entreprise pétrolière d’État saoudienne Saudi Aramco est à nouveau la société la plus rentable au monde – cette fois-ci avec une grande avance sur Apple, qui occupe la deuxième place, alors que les prix du pétrole et du gaz ont grimpé en flèche dans le cadre de la crise énergétique mondiale qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Comme le rapporte Katharina Buchholz de Statista, il y a maintenant trois géants du pétrole et du gaz parmi les 8 entreprises les plus rentables au monde – contre une seule en 2019.

 

Saudi Aramco avait déjà été présentée comme l’entreprise la plus rentable au monde avant son entrée en bourse fin 2019.

Auparavant, Apple avait été l’entreprise la plus rentable au monde, mais avait été reléguée au troisième rang cette année-là par Berkshire Hathaway, deuxième du classement.

Apple et Microsoft se sont à nouveau hissés aux rangs 2 et 3 en 2020, car les entreprises ont largement profité du travail et de la socialisation en ligne des personnes au cours des premières phases de la pandémie – rang qu’elles conservent en 2022.

Étant donné que les bénéfices ne sont connus que pour les entreprises cotées en bourse ou celles qui prévoient de l’être, les revenus d’un grand nombre d’entreprises dans le monde, en particulier les entreprises publiques, restent inconnus et ne figurent pas dans la liste.

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Cela fait déjà plusieurs années que l’Arabie saoudite dit vouloir disposer de centrales nucléaires sur son territoire. Jusqu’à présent, on s’attendait à ce qu’elles soient construites avec l’appui des États-Unis – moyennant des conditions allant bien au-delà de questions énergétiques. Mais voilà que la Chine s’immisce dans le dossier.

Longtemps considérée comme une fidèle alliée des Américains au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite semble progressivement vouloir s’en éloigner. La Chine n’est pas aveugle : elle compte bien en profiter. Aider au démarrage d’un programme nucléaire civil est tout sauf anodin, car ça lie les pays sur le long terme via des contrats très coûteux

Dans l’actu : la Chine se propose pour la première centrale nucléaire d’Arabie saoudite.

  • Selon les informations du Wall Steet Journal, la Chine a formulé une offre à l’Arabie saoudite pour lui construire sa première centrale nucléaire.
  • La proposition pourrait bien séduire Riyad, car Pékin l’assortit de conditions bien moins contraignantes que celles de Washington.

Riyad ne dira peut-être pas oui, mais elle se frotte les mains

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La Chine gagne son pari : 6 nouveaux membres vont intégrer le club du BRICS

 

Pékin poussait, l’Inde et le Brésil étaient plus résistants. Un accord s’est finalement dégagé dans la nuit de mercredi. À compter du 1er janvier 2024, les BRICS ne seront plus 5 mais 11.

Dans l’actu : l’élargissement du club non-aligné des pays émergents.

  • L’Iran, l’Argentine, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis rejoindront les BRICS. Un accord a été trouvé lors du sommet des BRICS à Johannesburg en Afrique du Sud. Des invitations formelles devraient être lancées dès ce jeudi.
  • Un accord n’était pas si évident. Et c’est même une petite surprise : avant la réunion-clé, un diplomate argentin estimait qu’aucun nouveau nom ne serait annoncé lors de ce sommet, mais qu’un processus d’élargissement serait lancé.
  • L’Inde était le plus mesuré et se méfiait de l’influence de la Chine, qui reste son rival géopolitique et économique. Le Brésil avait lui peur qu’un élargissement trop important ne dilue son influence.
  • Il semble que la Chine, plus grand défenseur de l’élargissement, ait réussi à convaincre les sceptiques.
  • L’élargissement a toutefois été limité à 6 membres, sur plus de 20 candidatures officielles et 40 prétendants. Mais il est tout à fait remarquable que l’Iran et l’Arabie saoudite, ennemis héréditaires, figurent sur le même carton d’invitation.
  • Il est aussi intéressant de constater que les BRICS compteront à partir du 1er janvier 2024 six des neuf plus gros producteurs de pétrole au monde.

L’essentiel : BRICS vs G7.

  • Pour l’heure, les BRICS représentent 32,1 % du PIB mondial (en parité de pouvoir d’achat) pour un peu plus de 40 % du total de la population. L’intégration de 6 autres pays sera à évaluer lors de leur entrée officielle en janvier prochain, mais on peut déjà affirmer que le club des pays émergents comptera environ 400 millions de personnes supplémentaires et un PIB combiné de 3.000 milliards de dollars pour les 6 nouveaux adhérents, soit l’équivalent du PIB de la France.
  • Le PIB des BRICS a dépassé celui du G7 en parité de pouvoir d’achat cette année. En valeurs nominales, le G7 pèse toutefois encore 45% du PIB mondial.
  • En outre, les BRICS restent un bloc beaucoup moins homogène que le G7. Dans les faits, leur unité est plus une illusion qu’une réalité.
 

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L’Inde tempère les ambitions des BRICS pour contourner le dollar

Ce qui unit principalement les BRICS, c’est le désir de commercer moins en dollars. Le bloc de pays encourage les prêts et le commerce dans leurs propres monnaies, mais le découplage du dollar n’est pas encore à l’ordre du jour, selon le ministre indien de l’Énergie.

Lors de la réunion des BRICS cette semaine, l’attention s’est portée sur l’adhésion de six nouveaux pays qui rejoindront le bloc à partir du 1er janvier 2024. La création d’une nouvelle monnaie et la stimulation du commerce dans sa propre monnaie, au détriment du dollar, ont également été discutées.

Dans l’actualité : la dédollarisation des BRICS n’est pas une priorité pour l’Inde.

  • Se référant au système de paiement international qui repose sur le dollar depuis des décennies, le ministre indien de l’Énergie, Hardeep Singh Puri, admet que le découplage du dollar n’est « pas si facile ». Puri souligne une réalité simple : le nombre de transactions réglées en roupies est tout simplement trop faible pour remettre en cause la domination du dollar.

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L’expression : « Inégalités climatiques »

C’est la dernière trouvaille rhétorique de Médiapart en matière de terrorisme climatique. Que les hommes ne soient pas tous égaux face au climat, les Inuits du grand nord canadien et les Pygmées de la forêt d’Afrique centrale en tomberont d’accord. Mais dans son obsession révolutionnaire égalitariste, notre confrère parle d’une autre inégalité : les privilégiés accaparent selon lui les terres où le climat est le plus agréable. Et pas au Sahara ni en Sibérie : chez nous dans les grandes villes. Voici le « chapo » du papier de Mediapart : « Mediapart a réalisé une cartographie des inégalités sociales face aux canicules à Lille, Paris et Marseille. Elle révèle que les espaces urbains végétalisés de ces métropoles ont été monopolisés par les plus riches au détriment des classes populaires, assignées à vivre dans des quartiers surexposés aux chaleurs extrêmes. » Voilà un mensonge qui dit la vérité sur la Révolution par l’écologisme : il s’agit de faire honte à une partie de la population au nom d’un égalitarisme sans cesse répété, sans tenir compte de la réalité. Il n’est pas possible bien sûr que tous les hommes soient exposés au même climat, et il n’est pas plus possible de déterminer quel est l’optimum, mais il est toujours facile de crier à l’inégalité décrite comme un scandale. Bien sûr, par-dessus le marché, la prétendue observation de Mediapart est fausse : les habitants de la place des Fêtes à Paris, qui ne sont pas des riches, sont à deux cents mètres du Parc des Buttes Chaumont, où ils piqueniquent et font leur jogging.

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Des lacs « condamnés » par la sécheresse pleins à ras-bord !

En France, si l’on en croit le récit dominant dans les médias, les pluies ne remplissent pas les nappes phréatiques. Mais aux Etats-Unis la nature ne se plie pas au mythe du changement de climat : deux lacs qui constituent les réservoirs d’eau les plus importants pour le sud-ouest américain, que l’on disait menacés par la sécheresse, sont pleins à ras-bord. Il s’agit du lac Powell, situé à la frontière de l’Utah et de l’Arizona, et du lac Mead près de Las Vegas. Les neiges de l’hiver dernier (60 % au-dessus de la moyenne) n’ont pas disparu on ne sait où, elles se sont accumulées sous forme d’eau dans la retenue du Glen Canyon d’où elle a été relâchée vers ces réservoirs naturels, dont le niveau s’est élevé de quinze mètres en quelques mois. Il y a peu, des « experts » estimaient que l’intégralité du réseau d’eau du Colorado était au bord de s’assécher à cause de la demande d’eau dans la région. Au début de l’année, ils estimaient même que 50 ans seraient nécessaires pour remplir ces réservoirs. Et Robert Gehrke écrivait dans Salt Lake Tribune en août 2022 : « La terrible réalité est que le lac Powell est condamné. » Une prophétie alarmiste qui avait semé l’inquiétude dans la région : elle alimente en eau 40 millions de personnes en Californie, Arizona et Nevada. Cette bonne nouvelle n’empêche pas la prudence : il semble qu’avec l’accroissement de la population et le mode de vie en vigueur, la demande en eau de la zone ait atteint le maximum supportable.

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El Niño bloque 250 navires au Canal de Panama

 

Il y a deux ans, un navire de la compagnie maritime Evergreen a bloqué pendant une semaine le passage du canal de Suez. Aujourd’hui, le phénomène météorologique El Niño empêche la circulation dans une autre artère vitale du commerce maritime. En raison de la sécheresse persistante dans le Pacifique Sud, les navires de fret s’accumulent dans le canal de Panama.

Le canal de Panama est une artère de circulation majeure, représentant six pour cent du commerce maritime mondial. Chaque année, plus de 14 000 navires empruntent le canal, soit une moyenne de 40 navires par jour. Plus de 90 pour cent du trafic maritime concerne les navires de mer. Les porte-conteneurs sont les plus fréquents, avec environ 3 500 passages par an.

Dans l’actualité. Le canal de Panama est principalement alimenté par un réservoir artificiel, le lac Gatún, qui fournit l’eau nécessaire pour les écluses du canal. Outre le changement climatique, le phénomène El Niño dans le Pacifique Sud entraîne de la chaleur et l’absence de pluie.

  • En conséquence, le niveau d’eau du lac Gatún au début de la saison des pluies est nettement inférieur à la moyenne quinquennale.
  • Avec une capacité de charge réduite par navire, des files d’attente supplémentaires se sont formées.
  • Des photos aériennes montrent qu’environ 250 navires attendent leur tour pour traverser le canal.

Les embouteillages coûtent une fortune aux compagnies maritimes

Perspective. Au cours des dernières années, d’importants travaux d’infrastructure ont considérablement augmenté la capacité des canaux de Panama et de Suez. Ces projets visent à soutenir la croissance du commerce maritime mondial tout en réduisant le temps de transport, la consommation d’énergie et les émissions du secteur.

  • Les transporteurs de gaz liquéfié et de marchandises sont particulièrement affectés par les temps d’attente au canal de Panama.
  • Les porte-conteneurs réservent généralement leur passage des mois à l’avance et ont donc la priorité selon l’autorité du canal.

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Le Mot : Referendum

C’est le mot qui fait peur à tous les dirigeants « démocrates » de l’Union européenne. On sait que la tradition humaniste dans l’Europe de Bruxelles est hostile aux referendums, soit qu’on refuse de poser au peuple la question qui risque de fâcher les élites (c’est le cas en France pour l’immigration et la peine de mort, dont les sondages laissent prévoir des résultats « incorrects »), soit qu’on refuse de se soumettre à un vote qui ne cadre pas avec le souhait des élites. Ce fut le cas en Grande-Bretagne, où les Euromanes envisagèrent sérieusement de faire revoter les Britanniques après le « mauvais choix » du Brexit, et en France, où, après le rejet de la Constitution européenne à la suite du Non au Referendum de 2005, Nicolas Sarkozy imposa un texte analogue par la voie parlementaire, le traité de Lisbonne.

C’est pourquoi Bruxelles, Berlin et Paris regardent avec anxiété vers la Pologne, dont le premier ministre Mateusz Morawiecki, pour plaire à sa base électorale, va soumettre la question suivante à referendum : « Soutenez-vous l’admission de milliers d’immigrants illégaux du Moyen-Orient et d’Afrique dans le cadre du mécanisme de relocalisation forcée imposé par la bureaucratie européenne ? » La question se réfère à la réforme du système d’asile en Union européenne décidée en juin. Le texte prévoit que les « migrants » soient répartis entre les pays de l’Union au prorata de leur population. Il satisfaisait notamment l’Italie qui en a assez de porter la charge des arrivants.

Si la Pologne rejette l’accord, la crise est probable, car l’hostilité de Bruxelles vis-à-vis de Varsovie, très forte ces dernières années en raison du caractère censément « populiste » des dirigeants polonais, a été mise en veilleuse depuis que ceux-ci sont en première ligne dans la guerre d’Ukraine. Rome suit le dossier avec attention, car un succès du oui au referendum polonais donnerait les coudées franches à Georgia Meloni.

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Dans la famille Biden, à qui le prochain scandale ?

Heureusement pour lui que le président Biden perd la mémoire ! Chaque jour lui apporte un nouveau scandale, et seule ses facultés mentales qui s’amoindrissent de jour en jour lui permettent de n’en pas souffrir. Son fils Hunter, drogué, poursuivi pour des affaires de prostitution et de pornographie, compromis dans des affaires en Ukraine, n’est, cette fois, semble-t-il pas en cause. S’il y a aujourd’hui un scandale de la cocaïne à la Maison Blanche, ce n’est pas de son fait selon les enquêteurs. On a introduit de la cocaïne le mois dernier au domicile de la famille présidentielle. Le Secret Service, les hommes chargés de la sécurité du président, affirmaient que le coupable resterait inconnu : c’est faux, il est maintenant connu, et John Biden connaît son nom. Mais il ne l’a pas divulgué pour l’instant. Selon Susan Katz Keating, journaliste à Soldier of Fortune, les enquêteurs ont relevé des empreintes digitales sur le paquet de cocaïne et identifié le coupable. Ce n’est pas Hunter, a précisé une source anonyme, mais c’est quelqu’un « dans l’orbite de la famille Biden ». La formule est vague. Certains l’appliquent à Ashley, la demi-sœur de Hunter, âgée de 42 ans, celle qui prenait des douches « inappropriées » (selon son témoignage) avec son père. Mais le président garde le silence. Et les enquêteurs aussi.

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7% Au Québec, c’est la proportion des décès qui arriveront par suicide assisté en 2023 si la tendance actuelle se confirme jusqu’à la fin de l’année. Elle était de 4,7 % en 2021 et de 6 % en 2022. Une mort sur 14 est donc due à un suicide assisté au Québec, ce qui fait deux fois le taux de l’Ontario tout proche, trois fois celui de la Belgique et quatre fois et demie celui de la Suisse. Pour Michel Bureau, chef de la commission sur les soins de fin de vie, « les cas d’aide médicale à la mort s’approchent de plus en plus des limites de la loi », qui ne concernent que les maladies graves et incurables et le déclin irréversible, et « il ne s’agit plus d’un traitement exceptionnel, mais un traitement très fréquent ». Le phénomène est sensible dans tout le Canada, et plus rapide au Québec. La loi légalisant l’euthanasie n’a que sept ans : elle est de 2016.

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Antisémite

C’est l’accusation portée de plusieurs côtés politiques contre le rappeur Médine pour avoir fait un jeu de mots sur l’essayiste Rachel Khan, petite-fille de juifs déportés, dans un tweet : « ResKHANpée ». Bien que Médine se soit excusé, la polémique a enflé au point que l’ancien premier ministre Edouard Philippe, qui devait accueillir en tant que maire du Havre l’université d’été de la France insoumise, a annulé sa venue parce que Médine y était invité, comme il était invité aussi à celle d’EELV l’avant-veille et à la fête de l’Huma mi-septembre. Les gauches, dont Médine était l’idole commune, sont gênées aux entournures, au point de rappeler son profil politique impeccable, notamment en matière LGBT, ce qui a provoqué chez Têtu l’accusation de « pink washing ». Mais c’est chez les jeunes communistes que Médine a trouvé ses plus fervents défenseurs. Pour eux, malgré les apparences, le rappeur est au-dessus de tout soupçon ! Quand on est d’extrême gauche, on est forcément innocent.

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“Grandad’s Pride”

 

Cela s’est passé à Hull, sur la côte est de l’Angleterre. A l’école maternelle. L’équipe pédagogique a mis à la disposition des moins de quatre ans un livre qui a pour auteur Harry Woodgate et pour titre Grandad’s Pride (La fierté de grand père). Il a été remarqué lors de l’édition 2023 du Prix Waterstone du livre pour enfants, important et célèbre au Royaume-Uni. Or, il comporte l’illustration exposée plus haut, ou l’on voit deux hommes s’embrasser, dont l’un, qui procure à grand père sa fierté, porte, avec une barbe grise et des tatouages de matelot, ce qu’il est convenu d’appeler un « costume cuir de bondage », avec toutes sortes de harnachements, bracelets et colliers, prisé des homosexuels fétichistes. Deux parents se sont plaints. Il leur a été répondu qu’avant quatre ans, les enfants ne percevaient pas le contenu sexuel de l’image. Ils ont enlevé leur enfant de la maternelle. Le livre a été retiré de la salle de classe. Le point n’est pas la controverse ni son résultat, mais qu’elle ait pu, sérieusement, avoir lieu. Et le détail de l’illustration. Tous les symboles de l’ouverture sans frontière. La monde de George Soros en une seule image. Les drapeaux, l’arc-en-ciel et le trans aux tons pastel. Les cheveux bleus, les peaux colorées, les poings tendus. Et les panonceaux. Les paroles de la révolution. Rights : les droits des trans. Pride : la fierté de se bécoter devant des enfants enthousiastes dans des costumes hier réservés au bordel pour aliénés. Love : l’amour des chairs en décomposition. Et bien sûr Equality for all : l’égalité pour tous. La grande indifférenciation dans la Nef des fous. Le moteur de la révolution arc-en-ciel. Le tout primé par les jurys, certifié par les autorités et distribué par les pédagogues.

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« Le philosophe doit être la mauvaise conscience de son époque »

Il me parait de plus en plus certain que le philosophe, en sa qualité d’homme nécessaire de demain et d’après-demain, s’est toujours trouvé et a dû se trouver toujours en contradiction avec son époque : son ennemi fut constamment l’idéal d’aujourd’hui.

Jusqu’à présent, tous ces promoteurs extraordinaires de l’homme, qu’on nomme philosophes et qui se sont eux-mêmes rarement regardés comme des amis de la sagesse, mais plutôt comme des fous insupportables et des énigmes dangereuses — ont eu pour tâche (tâche difficile, involontaire, inévitable), et reconnu la grandeur de leur tâche en ceci qu’ils devaient être la mauvaise conscience de leur époque.

En portant précisément le couteau vivisecteur à la gorge des vertus de l’époque, ils ont révélé ce qui était leur propre secret : connaître pour l’homme une nouvelle grandeur, une voie nouvelle et inexplorée qui le conduirait à son agrandissement. Ils ont trahi chaque fois combien d’hypocrisie, de commodité, de laisser-aller et de laisser-choir, combien de mensonges se cachaient sous le type le plus honoré de la moralité contemporaine, combien de vertus étaient arrivées à se survivre. Chaque fois ils disaient : « Il faut que nous sortions, que nous nous en allions vers des contrées, auxquelles vous vous êtes le moins accoutumés. »

En présence d’un monde d’« idées modernes » qui voudrait confiner chacun dans son coin, dans sa spécialité, un philosophe, si des philosophes pouvaient exister aujourd’hui, serait obligé de placer la grandeur de l’homme, le concept « grandeur » dans toute son extension et sa diversité, dans toute sa totalité multiple : il établirait même la valeur et le rang d’après la capacité de chacun à prendre sur lui des choses diverses, en se rendant compte jusqu’où il pourrait étendre sa responsabilité.

Aujourd’hui le goût de l’époque, la vertu de l’époque affaiblissent et réduisent la volonté ; rien ne répond mieux à l’état d’esprit de l’époque que la faiblesse de volonté : donc, l’idéal du philosophe doit précisément faire rentrer dans le concept « grandeur » la force de volonté, la dureté et l’aptitude aux longues résolutions. De même la doctrine contraire et l’idéal d’une humanité timide, pleine d’abnégation, humble et qui douterait d’elle-même s’adaptait à une époque contraire, comme le seizième siècle par exemple, qui souffrait de son accumulation d’énergie de la volonté et d’un torrent d’égoïsme impétueux. Au temps de Socrate, au milieu de tant d’hommes aux instincts fatigués, parmi des Athéniens conservateurs, qui se laissaient aller — « au bonheur », selon leurs expressions, au plaisir, selon leurs actions, — et qui avaient encore à la bouche les vieilles expressions pompeuses auxquelles leur vie ne leur donnait plus droit, peut-être l’ironie était-elle nécessaire à la grandeur d’âme, cette malicieuse assurance socratique du vieux médecin, du plébéien qui tailla sans pitié dans sa propre chair, comme dans la chair et le cœur du « noble », avec un regard qui disait assez clairement : « Pas de dissimulation avec moi ! ici… nous sommes tous pareils ! »

Aujourd’hui par contre, alors que la bête de troupeau arrive seule aux honneurs et seule à la dispensation des honneurs en Europe, alors que l’« égalité des droits » pourrait se traduire plutôt par l’égalité dans l’injustice : je veux dire dans la guerre générale contre tout ce qui est rare, étrange, privilégié, la guerre contre l’homme supérieur, l’âme supérieure, le devoir supérieur, la responsabilité supérieure, la plénitude créatrice et dominatrice — aujourd’hui être noble, vouloir être pour soi, savoir être différent, devoir vivre seul et pour son propre compte sont choses qui rentrent dans le concept « grandeur» et le philosophe révélera en quelque mesure son propre idéal en affirmant : « Celui-là sera le plus grand qui saura être le plus solitaire, le plus caché, le plus écarté, l’homme qui vivra par delà le bien et le mal, le maître de ses vertus, qui sera doué d’une volonté abondante ; voilà ce qui doit être appelé de la grandeur : c’est à la fois la diversité et le tout, l’étendue et la plénitude. »

Et nous le demandons encore une fois : aujourd’hui — la grandeur est-elle possible ?

Friedrich Nietzsche – Par delà le bien et le mal (1886)

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