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Les NOTES de Marché du LUPUS du Dimanche 10 Janvier 2023 

Les NOTES de Marché du LUPUS du Dimanche 10 Janvier 2023 

Dans les contextes de marché un peu euphoriques comme celui que nous connaissons actuellement, il faut absolument prendre le temps de réfléchir à ce qui pourrait tout foutre par terre. Je chipe à Bank of America son analyse du Zeitgeist, c’est-à-dire l’esprit du moment : « tout le monde pense que nous allons nous redresser jusqu’à la Saint-Valentin, tout le monde est émotionnellement haussier, mais intellectuellement encore baissier et il est probable que cela reste ainsi jusqu’à ce que la ligne directrice change« . Quels sont les événements relativement prévisibles qui pourraient dérégler la mécanique ? Les professionnels sont nombreux cette semaine à souligner que le marché était tellement haussier en novembre qu’il est vulnérable aux mauvaises nouvelles, même aux plus petites. C’est tellement subjectif que ça ressemble à une analyse de votre serviteur, qui, je vous le rappelle, tire l’essentiel de ses connaissances de son expérience de psychologue de comptoir.

Plus sérieusement, cette vulnérabilité supposée s’appuie surtout sur la zone de surachat dans laquelle sont entrés certains actifs à risque. Cet extrémisme peut créer des réactions brutales en sens opposé. Les éléments déclencheurs les plus basiques seraient des statistiques macroéconomiques qui entreraient en contradiction avec le scénario de compte à rebours vers les premières baisses de taux : reprise de l’inflation, dégradation brutale des indicateurs d’activité économique, aggravation de la crise immobilière, etc. Tout bien pesé, ce risque n’est pas nul, mais il n’a pas l’air de pouvoir se matérialiser à court terme, en tout cas pas de façon spectaculaire. Il y a aussi des menaces plus complexes et largement médiatisées, comme par exemple la montée des craintes sur le déficit aux Etats-Unis, l’agonie de l’immobilier en Chine ou l’escalade sur les points de tension géopolitique du moment. Par ailleurs, il y a les gisements de désordre qui jouent les Arlésiennes depuis des mois, voire des années : le marché de la dette privée ou la fragilité du shadow banking en Chine par exemple. Pour finir, il y a l’événement imprévu ou mal prévu négatif, qui ouvre un champ des possibles infini et qui est par essence subi. Donc pas la peine d’épiloguer dessus.

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  • Quel est le marché boursier qui vient de franchir le cap des 4000 milliards de dollars de capitalisation cumulée ?

C’est l’Inde, donc l’ascension se poursuit et qui talonne désormais Hong Kong. Le marché indien occupe le sixième rang mondial, si l’on fait abstraction des marchés de Chine continentale de Shanghai et Shenzhen. A titre de comparaison, le NYSE pèse environ 25 500 milliards de dollars, le Nasdaq pas loin de 21 000 Mds$ et Euronext 6 300 Mds$.

  • Quel est l’indice boursier européen qui a touché son record hier ?

Il s’agit du DAX allemand, qui a atteint 16 551 points en séance. L’indice phare de la Bourse de Francfort, qui est passé de 30 à 40 membres l’année dernière, a été tracté par la technologie (SAPInfineon), l’Industrie (Siemens AGAirbusRheinmetall), la consommation de base (Beiersdorf) et les services financiers (AllianzMunich Re). Il manque 1,6% au CAC40 dividendes réinvestis pour faire la même chose.

  • Quel est l’indice européen qui affiche un parcours hallucinant depuis un mois ?

L’IBEX espagnol, dont la pente ascendante est si impressionnante qu’elle en devient suspecte. Il a connu 21 hausses pour 6 baisses depuis la fin octobre. Comme le soulignait hier mon collègue Eduardo, infatigable promoteur de son indice espagnol, cette progression est remarquablement distribuée entre plusieurs secteurs. Les banques, InditexTelefonicaAmadeusGrifols, presque tous les dossiers ont participé à la fête (Acciona étant le seul dossier baissier).

  • Quelle est la grosse capitalisation européenne qui affiche le plus beau parcours boursier 2023 ?

C’est Rolls-Royce, dont le cours a désormais triplé depuis le 1er janvier. Le motoriste britannique est l’une des belles histoires de retournement industriel de l’année. Nous l’avions traité il y a quelques temps dans notre rubrique de losers magnifiques « Fallait pas l’Inviter ».

  • Tant qu’à faire et pour terminer, on va aussi traiter l’autre extrême : quelle est la grosse capitalisation européenne qui affiche le pire parcours boursier en 2023 ?

Il s’agit du danois Orsted, qui l’emporte pour le moment d’une courte tête sur l’ex-valeur fétiche des gérants français, Teleperformance. Le Danois paie au prix fort l’abandon de projets éoliens géants aux Etats-Unis, faute d’avoir pu renégocier leurs termes financiers. L’épisode a coûté leur tête du directeur financier et au CEO. Il illustre les difficultés pour les opérateurs d’énergies renouvelables à se faire une place aux Etats-Unis.

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Comment l’Inde est devenue le nouvel Eldorado des investisseurs, au détriment de la Chine

 

Alors que les investisseurs boudent de plus en plus les incertains marchés boursiers chinois, la bourse indienne en profite, au point de se rapprocher de la 5e place boursière mondiale.

Dans l’actu : la capitalisation boursière de l’Inde en passe de franchir les 4.000 milliards de dollars.

  • Voilà 8 ans que l’indice de référence, le Nifty 50, est en progression. Depuis le creux de la pandémie de mars 2020, le cours des 50 plus grandes entreprises indiennes a triplé. 1.000 milliards

Apple transfère des ressources d’ingénierie clés pour l’iPad au Viêt Nam et veut fabriquer plus de 50 millions d’iPhones par an en Inde.

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Puisqu’on parle de chiffres, j’en ai isolé quelques-uns qui ont fait la une ces dernières 48h00 et je les ai comparés avec des référentiels connus :

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Les pays de l’UE et les législateurs se sont mis d’accord sur des règles régissant les systèmes d’IA, rapporte Reuters. Il se murmure dans les réseaux sociaux autorisés que le projet de loi sera rédigé par Chat GPT dans dix minutes en 20 secondes et adopté par Bruxelles dans environ 10 ans.

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Au chapitre «tout le monde s’en fiche mais tout un chacun devrait probablement garder un œil attentif dessus», la demande pour une facilité rarement utilisée de la Réserve fédérale atteint son plus haut niveau depuis 2020 cette semaine, signalant potentiellement qu’une ou plusieurs banques se préparent à de futures tensions sur les liquidités alors que le désendettement de la banque centrale s’accentue. Les contreparties ont fait appel à la Standing Repo Facility (SRF) de la Fed – où les banques éligibles peuvent emprunter des réserves en échange de titres du Trésor et d’agences – pour 203 millions de dollars le 5 décembre. C’est le montant le plus élevé depuis juillet 2020, mais c’est un montant minuscule pour une facilité qui, à son apogée, a attiré 153 milliards de dollars en mars 2020. La demande pour la facilité est retombée à 6 millions de dollars mercredi. «Le bruit court qu’une banque spécifique vient de se mettre en place pour le SRF et l’a testé», déclare un stratège de Deutsche Bank.

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On file au Japon avec les paris sur un changement de politique lors de la réunion de décembre de la BOJ qui augmentent après les récents commentaires du gouverneur et de son adjoint. Les swaps indexés sur le taux au jour le jour indiquent près de 45% de probabilités que la BOJ mette fin aux taux négatifs lors de sa réunion des 18 et 19 décembre, contre seulement 3,5% il y a deux jours.

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La BCE a fini de relever ses taux et, sauf surprise, pourrait envisager de les abaisser l’année prochaine, déclare François Villeroy à La Depeche du Midi. Alors que certains traders parient sur un assouplissement dès le mois de mars, Christine Lagarde s’efforcera de déterminer dans quelle mesure elle doit s’opposer à ces prédictions par le biais des prévisions de la BCE et des messages qui les accompagnent.

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Le Chiffre : 500

Le Chiffre 500

C’est le montant, en dollars, de l’amende qu’encourront dès janvier les commerçants de Californie s’ils ne proposent pas dans leurs rayons pour enfants un espace réservé aux produits « neutres de genre ». Ainsi en a décidé la loi Numéro 1084 signée par le gouverneur pro LGBTQ de l’Etat, Gavin Newsom dès 2021 et qui va prendre effet en 2024. Ces objets « pour enfants », jouets ou non, devant être conçu neutres de genre « sans considérer s’ils ont été vendus traditionnellement pour les filles ou pour les garçons ». Un premier manquement sera puni d’une amende de 250 dollars, une récidive de 500. Le projet avait été porté à l’origine par Evan Low, maintenant représentant au Congrès US, qui s’est réjoui : « Nous avons besoin de cesser de stigmatiser ce qui convient à tel genre et de laisser les enfants être des enfants. » C’est très joli, mais qu’entend-on par un produit conçu neutre de genre ? Le terme est d’autant moins compréhensible que Lego, qui fabrique de petites briques qui s’imbriquent les unes dans les autres, ce qui a priori ne semble pas très sexué, entend se faire bien voir et lutter contre les « stéréotypes de genre » et proclame dans un communiqué : « L’entreprise s’évertue à produire un Lego plus inclusif et garantissant que les ambitions créatives des enfants (sic), maintenant et à l’avenir, ne soient pas limitées par les stéréotypes de genre. » Et personne, apparemment, ne se roule de rire par terre.

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Elon Musk voit SpaceX décoller : sa firme spatiale est estimée à une valeur record de 175 milliards de dollars

 
 

La valeur de SpaceX, l’entreprise spatiale d’Elon Musk, est estimée à 175 milliards de dollars. C’est bien plus que la dernière estimation, qui date de l’été dernier. SpaceX se prépare pour une offre publique d’achat, où les actionnaires existants peuvent monétiser leur participation.

La valeur de SpaceX qui monte qui monte…

Dans l’actualité : SpaceX a une valeur d’entreprise estimée à 175 milliards de dollars, soit environ 162 milliards d’euros, confirment des initiés aux agences de presse Reuters et Bloomberg.

  • La valeur d’entreprise estimée est donc supérieure à une estimation précédente de cet été, qui n’était « que » de 150 milliards de dollars, rappelle Bloomberg. Cela monte rapidement. En janvier, l’entreprise était encore évaluée à 137 milliards de dollars.
  • La dernière estimation placerait l’entreprise de technologies spatiales dans la liste des 75 firmes ayant la plus grande capitalisation boursière au monde, aux côtés de T-Mobile USA (179 milliards de dollars) ou encore de Nike (177 milliards de dollars).
  • Bloomberg a pu discuter avec des sources bien informées sur la vente d’actions que SpaceX souhaite initier. En raison d’une estimation de plus en plus élevée, SpaceX envisagerait une offre publique d’achat entre 500 millions et 750 millions de dollars.

Explication : Qu’est-ce qu’une offre publique d’achat ?

  • Une offre publique d’achat est un processus d’enchère où l’entreprise concernée autorise principalement les employés à vendre des actions internes à un prix convenu à l’avance, et pendant une période déterminée.
  • Pour SpaceX, cela signifierait une vente à 95 dollars par action.
  • Des sources internes ont indiqué à Bloomberg que les conditions finales ne sont pas encore certaines. Cela dépendra à la fois du nombre de vendeurs et d’acheteurs internes intéressés.
  • L’entreprise impose certes un certain nombre de conditions, mais lors d’une offre publique d’achat, les acheteurs potentiels négocient directement avec les vendeurs.
  • Pour inciter les actionnaires à vendre, le prix de vente par action est souvent fixé un peu au-dessus du prix du marché. Chaque actionnaire est libre de participer ou non à l’offre publique d’achat.

Gros bénéfices à l’atterissage

Le contexte : SpaceX fait sensation avec ses fusées.

  • “L’entreprise est l’un des fournisseurs les moins chers avec l’une des fusées les plus fiables. Cela signifie qu’ils ont plus ou moins un monopole”, résumait l’expert en astronautique Stijn Ilsen lors d’une précédente interview avec Business AM.
  • Starlink, le système de satellites permettant la communication lorsque d’autres échouent, a également été très profitable pour SpaceX.
    • Le système a été principalement utilisé pour maintenir Internet en Ukraine malgré la destruction des infrastructures ce qui en a également fait un enjeu stratégique et politique entre Musk, Kiev, et Washington.
  • L’entreprise s’achemine donc vers un bénéfice attendu de 9 milliards de dollars cette année. Les chiffres de vente pour 2024 sont déjà projetés à 15 milliards de dollars.
  • Selon Bloomberg, SpaceX envisage ainsi une introduction en bourse. Cela pourrait avoir lieu au plus tôt fin 2024.

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Changeons de continent et filons en Chine, avec des indicateurs encore mitigés et la poursuite de l’offensive crédit de Moody’s. D’abord, les chiffres d’import-export de novembre ont livré un bilan mitigé et en tout cas peu compatible avec une reprise forte. La bonne nouvelle d’exportations en légère hausse, une première depuis six mois, a été assombrie par des importations qui ont continué à se contracter. Mais c’est Moody’s qui fait surtout couler de l’encre depuis hier soir et la décision de placer Hong Kong, Macao et une grande partie des entreprises publiques et des banques chinoises sous surveillance. Mardi, l’agence de notation crédit avait déjà pris une mesure identique concernant la Chine continentale. Le Hang Seng vient d’enfoncer ses planchers annuels.

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Tout est relatif: Amazon s’attaque à Shein en réduisant les frais pour les commerçants qui vendent des vêtements à moins de 20 dollars. C’est un geste rare pour le géant de la vente en ligne et un signe qu’il se prépare à une bataille avec l’entreprise chinoise, qui prévoit une introduction en bourse l’année prochaine. On serait presque tenté de se dire qu’Amazon risque de perdre son titre envié de grand méchant de la cote, drôle de monde…

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Au chapitre «les sanctions ça marche super bien tout le monde le sait», la Russie affiche des revenus mensuels dérivés du pétrole plus importants que ceux qu’elle encaissait avant le début de la guerre en Ukraine.

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Nos amis nerds de sentimentrader.com nous apprennent que plus de 54% des actions de l’indice S&P500 viennent de réaliser un plus haut en 21 jours. Depuis 1951, ce genre de configuration s’est produite à 40 reprises, dans 90% des cas le SPX était en hausse de 13,8% en moyenne un an plus tard. Encore une fois, svp ne tirez pas sur le messager, qui ne fait que vous relater l’histoire passionnante des indicateurs internes de marché…

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Et au chapitre «la vie est belle et Noël approche», ce matin on apprend que la France relève le niveau d’alerte à la grippe aviaire de «modéré» à «élevé» et que Moody’s modifie les perspectives de la Chine, qui passent de stables à négatives. À ce dernier propos, Moody’s me fait vraiment penser à la cavalerie dans Lucky-Luke…

« Mais ce qui est trop clair n’est pas intéressant »

— Ce que vous dites là n’est pas tout à fait clair.

— Mais ce qui est trop clair n’est pas intéressant.

Alexandre Soljenitsyne – Août quatorze (1971)

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