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Monètisation et autres « électrodes » : Des mesures chocs au Royaume-Uni pour réanimer une économie quasiment à l’arret

Monètisation et autres « électrodes » : Des mesures chocs au Royaume-Uni pour réanimer une économie quasiment à l’arret 

BoE. La banque centrale reprend son programme de rachats d’actifs Elle injectera 75 milliards de livres Les analystes tablaient plutôt sur 50 milliards.

La Banque d’Angleterre (BoE) a décidé hier de recourir aux grands moyens pour tenter de relancer une croissance quasiment à l’arrêt en injectant 75 milliards de livres d’argent frais dans le circuit économique.

Face au risque accru d’un retour du pays dans la récession, la BoE a repris son programme de rachats d’actifs – dit d’assouplissement quantitatif –, qui avait été lancé en mars 2009, lorsque l’économie était au creux de la vague. La BoE a ainsi choisi d’injecter de nouvelles liquidités en rachetant aux banques des emprunts d’Etat. Cette arrivée d’argent frais devrait soutenir la croissance face à un ensemble de «tensions dans l’économie mondiale qui menace la reprise au Royaume-Uni», a-t-elle expliqué.

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«C’est la crise financière la plus grave que nous ayons vécue, au moins depuis les années 30 et peut-être depuis toujours», a déclaré le gouverneur de la BoE, Mervyn King, sur la chaîne Sky News.

Une première phase du programme, relevé à plusieurs reprises jusqu’à un total de 200 milliards de livres (233 milliards d’euros), avait été épuisée en janvier 2010. Comme cela était attendu, l’institution a par ailleurs maintenu hier son taux d’intérêt directeur à 0,5%, niveau exceptionnellement bas auquel il est fixé depuis mars 2009, en dépit de l’inflation élevée (4,5%) qu’elle est justement censée contenir. Elle affirme que ses précédents achats de Gilts de 200 milliards de livres ont eu le même effet qu’une baisse de 1,5 à 3 points de pourcentage des taux d’intérêt et ont soutenu le produit intérieur brut réel à hauteur de 1,5% à 2%. 

Pourtant, selon la Banque d’Angleterre, la principale menace pour l’économie réside dans les fortes tensions sur les marchés des financements bancaires, qui forcent les banques à réduire l’octroi de crédit. La manière dont l’assouplissement quantitatif va aider sur ce point n’est pas claire: le rendement du Gilt à dix ans ne s’élève déjà qu’à 2,36%. Un aplatissement de la courbe des taux pourrait même réduire les marges des banques. La Banque d’Angleterre frapperait bien plus fort en s’attaquant directement au marché du financement bancaire avec l’achat d’obligations émises par les banques.

Le chancelier de l’Echiquier George Osborne a rappelé jeudi au gouverneur de la Banque d’Angleterre Mervyn King que la politique d’assouplissement quantitatif pouvait inclure l’achat d’actifs du secteur privé. La banque centrale insiste toutefois sur le fait que c’est au Trésor qu’il incombe d’aider les banques à trouver des financements. La BoE reconnaît ainsi que «la menace majeure pour l’économie britannique est un retour en récession plutôt que l’inflation», souligne Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics.L’annonce d’une relance monétaire était largement attendue, mais pas forcément aussi tôt et pour une somme aussi élevée, les analystes tablant plutôt sur 50 milliards de livres.

Le choix d’agir vite et fort montre que la BoE «pense que les perspectives déjà difficiles pour l’économie se sont encore détériorées», relève Howard Archer, analyste chez IHS Global Insight.

L’économie britannique est quasiment à l’arrêt

La dernière mauvaise nouvelle pour l’économie britannique est tombée mercredi, avec la révision à la baisse de la croissance à un modeste +0,1% au deuxième trimestre, contre 0,2% estimé jusqu’alors. La croissance du premier trimestre a également été revue à la baisse, à +0,4% contre +0,5% précédemment.

Pour assainir ses finances, le Royaume-Uni est engagé dans une politique d’austérité drastique, qui pèse sur la consommation mais à laquelle le gouvernement n’entend pas renoncer. La crise de la dette en zone euro, cruciale pour les échanges économiques du royaume, assombrit encore les perspectives. «Le rythme de la croissance mondiale a ralenti, particulièrement sur les principaux marchés d’exportation du Royaume-Uni», comme la zone euro, a ainsi reconnu la banque centrale britannique pour motiver sa décision.

Selon d’autres chiffres publiés mercredi, la consommation des ménages a diminué de 0,8% au second trimestre et la production industrielle de 1,2%.

«La consommation est encore plus sous pression que ce que nous pensions», ont admis les analystes de Barclays Capital.

La plupart des experts tablent désormais sur une croissance annuelle inférieure ou égale à 1%, loin des 1,7% espérés par le gouvernement au printemps dernier lors de la présentation de son budget de rigueur. Mais certains évoquent de manière de plus en plus insistante la possibilité d’un retour du pays dans la récession.

L’ONS a indiqué mercredi à ce sujet que celle de 2008/2009 avait été plus profonde que ce qu’il pensait, le PIB plongeant au total de 7,1% durant cette période, contre une estimation précédente de 6,4%.

Les prix immobiliers ont encore reculé en septembre

Les prix des logements au Royaume-Uni ont baissé une nouvelle fois en septembre, de 0,5%, dans un marché qui reste volatil et sans véritable direction, selon l’étude mensuelle de la banque Halifax. Le prix moyen d’un logement au Royaume-Uni s’est établi à 161.132 livres le mois dernier, selon Halifax, filiale du Lloyds Banking Group spécialisée dans le crédit immobilier. Les prix moyens sur les trois mois de juillet à septembre sont en recul de 2,3% sur un an mais ils ont en revanche modestement progressé de 0,1% entre le deuxième et le troisième trimestre, la première hausse trimestrielle depuis le début 2010. La demande reste sous pression en raison des incertitudes économiques, du plan d’austérité gouvernemental et de l’inflation qui érode le pouvoir d’achat des ménages. D’un autre côté, les taux d’intérêt bas encouragent plutôt aux achats immobiliers.

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