Ce procès est l’un des trois procès en cours impliquant des prêteurs à Epstein – les deux autres étant un procès combiné contre la JPMorgan Chase, qui est poursuivi par une autre victime présumée, et les Îles Vierges américaines, où Epstein possédait une propriété.

L’action en justice intentée par la Deutsche Bank a été déposée en novembre sous la forme d’une proposition d’action collective, sur la base d’une loi new-yorkaise qui permettait temporairement d’intenter des actions pour abus au-delà du délai de prescription.

Jane Doe, l’accusatrice, affirme que la banque allemande « a préféré le profit au respect de la loi » et qu’elle s’est sciemment engagée dans des activités qui lui ont permis de « gagner des millions de dollars en facilitant le trafic sexuel d’Epstein ».

Le juge Jed Rakoff a déclaré, dans son ordonnance rejetant en partie la tentative de la Deutsche Bank de classer l’affaire, qu’Epstein « a sollicité les conseils de la Deutsche Bank sur la manière de structurer ses retraits afin d’échapper à la notification … et il a été protégé par le fait que la Deutsche Bank n’a pas déposé de rapports d’activité suspects ».

Rakoff a ajouté qu’il était « plausible » que la banque ait bénéficié directement du trafic d’êtres humains dans son ordonnance autorisant le procès.

Selon le Times, des dizaines de victimes pourraient finalement se partager les dommages et intérêts, qui seront distribués par un administrateur chargé d’évaluer les demandes individuelles. Selon l’avocat de la plaignante, chaque accusatrice pourrait recevoir jusqu’à 5 millions de dollars.

« Nous sommes fiers d’avoir obtenu un tel résultat pour les victimes qui méritaient que justice soit rendue à tous ceux qui ont joué un rôle réel dans les abus dont elles ont été victimes », a déclaré Brad Edwards, un avocat de Doe.

En 2020, la Deutsche Bank a versé 150 millions de dollars au département des services financiers de l’État de New York en raison de ses liens avec Epstein et de manquements internes en matière de conformité. L’année dernière, la banque a également accepté de payer 26 millions de dollars à des actionnaires qui l’accusaient de les avoir trompés sur le processus de sélection des clients.

La Deutsche a tenté de faire rejeter l’affaire Doe, arguant que les 7,4 millions de dollars qu’elle a reçus de la succession de feu Epstein en avril 2022 couvraient également sa responsabilité, et que la plainte « déficiente » de Doe était « loin » d’alléguer de manière adéquate que la banque faisait partie du réseau de trafic sexuel d’Epstein.

Epstein est devenu un client de la Deutsche Bank en 2013, des années après avoir plaidé coupable d’avoir sollicité une mineure à des fins de prostitution – et peu après que JPMorgan l’ait abandonné en tant que client en raison de préoccupations concernant son mode de vie – notamment le fait qu’il payait ses victimes en espèces. L’ancien banquier de la JPMorgan, Paul Morris, qui est passé à la Deutsche, a conseillé à la banque qu’Epstein pourrait amener des clients lucratifs avec lui.

La Deutsche a finalement rompu ses liens avec Epstein en 2018.