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FIN DE PARTIE EN RUSSIE : VERS UN « SCÉNARIO 1917 » ?

FIN DE PARTIE EN RUSSIE : VERS UN « SCÉNARIO 1917 » ?

Par Peter Bannister – Publié le 26 mai 2023 – Photo : logo de la Légion « Liberté de la Russie ». Crédit : Vyacheslav Madiyevskyy / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Ces derniers jours ont été marqués par des signaux contradictoires en ce qui concerne la guerre en Ukraine. D’une part, la Russie affirme que la ville de Bakhmout est finalement tombée aux mains du groupe Wagner, tandis que d’autre part, la décision de l’Occident de fournir à l’Ukraine des avions de combat F-16 et les incursions surprenantes de rebelles russes pro-ukrainiens dans la région de Belgorod en Russie ont suscité de nombreux commentaires. Beaucoup y ont vu un signe des faiblesses internes de la Fédération de Russie et le prélude possible à d’autres actions contre le régime de Vladimir Poutine, notamment de la part de groupes armés ; on note également un changement de ton dans les médias officiels russes, visiblement inquiétés par les derniers développements.

Le 22 mai, le patron du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, avait dit que le contrôle de Bakhmout serait désormais transféré à l’armée régulière russe suite à la prise de la ville, les forces Wagner se retirant avant le 1er juin. Il s’est toutefois montré très acerbe à l’égard des opérations militaires dans une interview vidéo (truffée de jurons) publiée le 24 mai, affirmant que l’assaut à Bakhmout a coûté la vie à 20 000 soldats russes (dont 50% des prisonniers recrutés par Wagner). Il a répété ses accusations d’incompétence à l’encontre des dirigeants militaires russes Sergueï Choïgou et Valéri Guerassimov : pour Prigojine, la Russie a échoué dramatiquement dans sa tentative de « démilitariser l’Ukraine », n’aboutissant qu’à la transformation des forces ukrainiennes en armée performante. Il a évoqué l’effondrement possible de la Russie dans un scénario de révolution, comme en 1917, ou de guerre civile – scénario déclenché par un soulèvement des soldats rentrant sur le sol russe et de leurs proches. Prigojine a plaidé en faveur de la loi martiale, affirmant que « la Russie a besoin d’imiter la Corée du Nord pendant un certain nombre d’années. »

Quant aux incursions de deux milices russes anti-Poutine, la Légion « Liberté de la Russie » et le Corps des volontaires russes, dans la région de Belgorod, près de la frontière ukrainienne, elles sont généralement considérées comme ayant peu d’importance militaire. Leur impact psychologique a par contre été considérable, montrant la vulnérabilité de la zone frontalière et confirmant les craintes de Prigojine par rapport à une perte de maîtrise de la situation de la part de Moscou. Bien que Kiev nie toute responsabilité directe pour leurs actions, il semble évident que les deux groupes opèrent sous la supervision des services de renseignement ukrainiens depuis un certain temps. Le Corps des volontaires russes est une organisation d’extrême droite, tandis que la Légion « Liberté de la Russie » est composée essentiellement de déserteurs de l’armée russe dont l’objectif déclaré est de chasser Vladimir Poutine du pouvoir. L’ex-député russe Ilya Ponomarev (le seul membre de la Douma à s’être opposé à l’annexion de la Crimée en 2014, qui vit aujourd’hui en Ukraine) se positionne comme leur porte-parole politique. Ponomarev soutient également les activités de l’Armée nationale républicaine, dont l’existence réelle est débattue par les spécialistes, mais qui a revendiqué les assassinats de Daria Douguina (fille du philosophe nationaliste russe Alexandre Douguine) et de Vladlen Tatarski (vrai nom Maxim Fomin), un blogueur militaire lié avec Prigojine, tué dans un café de Saint-Pétersbourg le 2 avril dernier.

Ponomarev est par ailleurs actif au sein du « Forum des nations libres de la post-Russie » qui regroupe des mouvements sécessionistes au sein de la Fédération Russe. Suite à une réunion au Parlement européen en janvier 2023, des participants au Forum ont organisé un « Référendum national en ligne sur l’autodétermination des républiques nationales » auquel ont participé 5,6 millions de personnes, malgré les efforts de la censure gouvernementale pour bloquer les référendums en ligne. Les résultats indiquent une forte tendance séparatiste dans plusieurs régions, en particulier dans l’enclave de Kaliningrad (72% en faveur de l’indépendance) sur la mer Baltique. La ville de Kaliningrad a également fait parler d’elle récemment en raison de l’irritation du Kremlin face à la décision des États voisins (PologneLettonie, Lituanie) de la désigner par des noms utilisés avant son incorporation à l’URSS en 1945. Ils sont rejoints à ce sujet dans la ville elle-même par le Parti républicain balte de Rustam Vasiliew, qui a récemment déclaré au quotidien britannique Daily Express que la rupture de l’enclave avec Moscou n’était « qu’une question de temps ». Le titre de l’article, « La Russie face à un cauchemar alors que les séparatistes de Kaliningrad déclarent que la rupture avec Moscou est inévitable », est sans doute exagéré et prématuré. L’exemple de Kaliningrad est néanmoins cohérent avec l’idée que, surtout en l’absence de succès en Ukraine, Vladimir Poutine pourrait bien se trouver confronté à des défis intérieurs de plus en plus sérieux. Des défis qui pourraient éventuellement le pousser à prendre des mesures radicales.

Raid sur Belgorod : quel est donc l’objectif des Ukrainiens ?

 

By Matthias Bertrand 

fr.businessam.be

4 min

May 24, 2023

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On attend la contre-offensive ukrainienne depuis des mois, et voilà que ce sont des Russes qui avancent… En territoire russe, au nom de mouvements d’oppositions aux contours flous. L’Ukraine nie toute implication directe, mais pas d’être au courant de ce raid sur près de 80 km derrière la frontière. Ce n’est pas suffisant pour gagner une guerre, mais Kiev estime de toute évidence qu’il y a là une carte à jouer.

Ce qu’on sait : une force motorisée, vraisemblablement de plusieurs centaines de soldats, a traversé la frontière hier et a pris le contrôle de différents villages de l’oblast de Belgorod, semant un vent de panique jusque dans la ville du même nom.

  • Lundi soir, les autorités russes ont déclaré que « l’opération anti-terroriste » dans la région était terminée. Elles ont déclaré avoir tué une septantaine de « nationalistes ukrainiens » et a révélé des photos de véhicules détruits ou hors de combat, des engins militaires de conception occidentale.
  • Les groupes militaires qui ont mené le raid – des Russes qui se sont fixé pour objectif de « renverser la dictature du Kremlin » – et ont rejoint la cause ukrainienne – assurent toutefois que l’opération n’est pas terminée. Mais un responsable ukrainien qui a tenu à rester anonyme a confirmé auprès du Washington Post que cette Freedom of Russia Legion avait subi des pertes.
  • Toute information provenant de la région doit être prise avec des pincettes, mais des rumeurs d’autres attaques sur la frontière, parfois en des points éloignés, commencent à apparaître. On parle d’incursions à Gogolevska, dans l’oblast de Koursk, ainsi que dans d’autres zones de celui de Belgorod.

Important : Toutes ces actions offensives semblent menées par des unités liées à la « Légion internationale » de volontaires, des unités qui font partie des forces armées de l’Ukraine, tant qu’elles participent à la défense du pays. Dès qu’elles quittent le pays, elles ne sont plus, techniquement, des forces ukrainiennes. Et une source officielle ukrainienne a confirmé au Washington Post qu’aucun soldat ukrainien n’avait traversé la frontière : Kiev n’agit qu’en support de ces groupuscules dissidents.

Harcèlement généralisé pour préparer un effondrement ?

Qu’est-ce que l’Ukraine espère donc gagner avec ce genre d’actions risquées, qui monopolisent des auxiliaires et du matériel qui pourraient être utiles ailleurs ? On peut esquisser quelques éléments de réponse.

  • Saper l’image du Kremlin : en démontrant aux Russes frontaliers que le pouvoir de Moscou n’est pas capable de les protéger, malgré ses démonstrations de force, et les 125 millions de dollars investis pour renforcer les défenses de la région de Belgorod. C’est l’image de Poutine comme protecteur de la nation qui est directement attaquée.
  • Forcer les Russes à regarnir leur frontière : si les incursions se multiplient, l’armée russe devra redéployer une partie de ses forces en conséquence, la police et les troupes de gardes-frontière ne suffisant visiblement pas.
  • Empêcher les troupes au repos de se sentir en sécurité : ces soldats sont déjà sur la défensive sur un front continu face à une armée ukrainienne qui annonce une contre-attaque depuis des mois. Les soldats ne peuvent déjà pas être partout. Ils seront d’autant moins disponibles quand la véritable attaque viendra. Sans parler de l’impact sur leur moral : s’ils rentrent chez eux, c’est pour tenir une autre défense, et contre des compatriotes.
  • Couper les lignes logistiques et semer la panique sur les arrières : Belgorod est un nœud vital du ravitaillement russe où, ces derniers mois, les trains ont tendance à dérailler. Tout ce qui se retrouve bloqué ou détruit du côté russe de la frontière n’arrive pas sur le front. De plus, la simple idée que des embuscades sont possibles ne peut que saper le moral et causer des accidents entre troupes russes. C’est d’autant plus crédible si, comme l’affirment certaines rumeurs, les attaquants ont capturé des uniformes de gardes-frontière russes.

Le narratif est ici d’autant plus important : le Kremlin peut espérer rallier sa population derrière le drapeau s’il insiste que les attaquants étaient ukrainiens, et qu’il a pu les repousser. Face à des opposants russes en arme, les discours sur l’unité nationale ne tiennent toutefois plus.

« C’est un miroir de la situation créée par la Russie en Crimée et dans le Donbass en 2014, lorsque la Russie a envoyé des soldats avec des uniformes non marqués et que le Kremlin a nié toute affiliation avec les combattants. »

La guerre en Ukraine pourrait durer des décennies : Medvedev

Les responsables du Pentagone ont déjà annoncé que la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourrait durer des années. Mais vendredi, un haut responsable russe et ancien président a fait la prédiction la plus longue jusqu’à présent.

Le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a été cité dans les médias russes comme ayant déclaré que la guerre durerait « probablement des décennies ».

« Ce conflit durera très longtemps. Pendant des décennies, probablement. C’est une nouvelle réalité », a-t-il déclaré, cité par RIA, tout en précisant que si Moscou acceptait une trêve dans un avenir proche, la guerre reprendrait probablement de plus belle.

À l’heure où la contre-offensive ukrainienne se profile, bien que les responsables occidentaux doutent de sa réussite, les dirigeants de Kiev ont également fait part de leur crainte que tout cessez-le-feu ne permette simplement aux forces russes de se réapprovisionner et de fortifier leurs positions. Medvedev a également expliqué :

« Tant qu’un tel pouvoir sera en place, il y aura, disons, trois ans de trêve, deux ans de conflit, et tout se répétera. »

Il convient toutefois de rappeler que le président Poutine n’a pas encore émis de déclaration de guerre officielle et n’a pas encore procédé à la mobilisation militaire totale de la société. Les responsables du Pentagone ont également laissé entendre cette semaine que l’impasse sur le champ de bataille persisterait.

Le point de vue de Medvedev sur les perspectives de négociations, à un moment où les dirigeants chinois et africains se rendent dans les capitales des deux pays pour faire pression en faveur de la paix, est très sombre :

Les négociations avec « le clown Zelensky » sont impossibles.

« Tout finit toujours par des négociations, et c’est inévitable, mais tant que ces gens seront au pouvoir, la situation de la Russie ne changera pas en termes de négociations.

Medvedev, qui se présentait comme un modernisateur libéral lorsqu’il était président de 2008 à 2012, se présente aujourd’hui comme un faucon du Kremlin farouchement anti-occidental. Les diplomates affirment que ses opinions donnent une indication de la pensée au sommet de l’élite du Kremlin.

Dans une nouvelle interview, il a également réitéré ses craintes d’escalade nucléaire, avertissant que si l’Ukraine recevait des armes nucléaires, Moscou lancerait une attaque nucléaire préventive. Cette semaine, la Russie et la Biélorussie ont signé un accord visant à formaliser les projets de stationnement d’armes nucléaires tactiques sur le sol biélorusse, dont le président Loukachenko a laissé entendre qu’il s’agissait d’un processus déjà entamé.

 

« Les lois de la guerre sont irréversibles. S’il s’agit d’armes nucléaires, il faudra procéder à une attaque préventive », a déclaré Medvedev, ajoutant que si l’Ukraine recevait des armes nucléaires, elle recevrait « un missile avec une charge nucléaire ».

« Les Anglo-Saxons n’en sont pas pleinement conscients et pensent qu’ils n’en arriveront pas là. Cela se produira sous certaines conditions », a-t-il souligné. Toutefois, aucun haut responsable occidental n’a proposé sérieusement d’armer l’Ukraine avec des armes nucléaires.

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3 réponses »

  1. Des Commandos Terroristes Ukrainiens supposés d’origine Russophile… ???
    Apparemment d’après les photos ci-dessus, ils étaient équipés de 4×4 HUMMER flambant neufs…
    De plus regardez la photo des 5 protagonistes d’un tel Commando en treillis couleur camouflage … Leur Chef à visage découvert situé juste au centre, n’a pas vraiment une tête de Russe ni de Slave, mais plutôt bel et bien une tête d’Occidental Pur Jus ou bien d’Américain …,
    Ca pu la manip d’envergure et de Déstabilisation orchestrée par la CIA et les Services internes militaires US… N’arrivant pas à leurs fins par la Force Brute et Massive (impossible sans engagement direct de L’OTAN) ils ont trouvés des points faibles et tentent une Stratégie de déstabilisation avant un éventuel conflit…
    Ce qui sous entend qu’il y aura sans doute des Attentats meurtriers contre la population civile dans Moscou, pour essayer de Déstabiliser et de discréditer le Pouvoir en Place, ainsi que de la corruption de militaires Russes par L’OTAN,
    et « En même temps » l’émergence en Russie de Tribuns et de Pions payés par Washington pour déstabiliser la confiance dans L’Exécutif de Poutine et tenter de s’opposer à Lui….
    Même le discours de Prigojine est bizarre … il donne comme l’impression de dérailler… Vu son statut à la tête de l’Armada de Mercenaires qu’il dirige, c’est surprenant ….
    il est certain que si la situation s’enlise, les USA / OTAN vont exploiter ces temps morts, pour comme à leur habitude, tenter des déstabilisations politiques afin que le sol bouge sous les pieds de l’Exécutif du Kremlin…. Un Adversaire déstabilisé de l’intérieur devient un Adversaire fragilisé et plus facile à combattre…
    Les cogiteurs stratégiques des « Services internes » de l’US-Army, semblent carburer à 500% pour (comme celà a toujours été le cas depuis les Stratégies militaires de La Grèce Antique…) tenter de trouver des astuces ou des ruses pour essayer de vaincre un Adversaire ayant des soldats plus nombreux, et mieux équipés….
    Par ailleurs Nouveau coup fumeux : les USA ont semble-t-il, amené jusqu’au Danemark, l’un de leur plus gros Porte-avions …
    Envisagent ils de participer de près aux futures « actions » militaires sur le terrain …???

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