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Guerres à l’étranger, guerres en France

Guerres à l’étranger, guerres en France.

By Jean-Baptiste Noé 

institutdeslibertes.org

6 min

October 24, 2023

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Les répercussions en France de la guerre entre Israël et le Hamas montrent à quel point la France est insérée dans l’espace mondial, notamment du fait des différentes diasporas qui vivent sur son territoire. Au cours des trente dernières années, les attentats mortels qui ont eu lieu sur son sol sont tous liés à des guerres à l’étranger : GIA algérien dans les années 1990, Bataclan pour la guerre en Syrie, égorgements de civils en répercussion des conflits en Palestine et au Proche-Orient.

Le meurtre du professeur d’Arras révèle une nouvelle fois la nature du terrorisme, qui est un acte de communication visant à créer une terreur et une sidération en attaquant un symbole par la violence. D’où l’importance de bien choisir la cible. Le médecin père de famille, Alban Gervaise, égorgé en mai 2022 devant l’école de son enfant comme le chef d’entreprise de la région de Lyon, décapité par l’un de ses salariés, ont ainsi disparu de la mémoire collective et n’ont pas provoqué la même intensité médiatique que la mort des deux professeurs (Samuel Paty et Dominique Bernard), parce que ces personnes ne représentent pas les mêmes symboles.

Depuis vendredi les symboles sont réactivés : école républicaine, laïcité, lumières, ce qui n’est pas forcément une bonne chose. Puisque le terroriste recherche des symboles forts à attaquer et à détruire, la meilleure manière de protéger les professeurs serait de ne pas donner trop d’auras médiatiques à ces crimes afin de dégonfler la charge symbolique de l’école. Si on peut comprendre les commémorations qui ont été organisées, c’est aussi, d’une certaine façon, accorder une victoire au meurtrier en démontrant qu’il avait bien choisi sa cible. Et donc encourager d’autres personnes à passer à l’acte. Puisque le but du terroriste est de faire parler de lui, plus on accorde une résonance médiatique à son acte, plus on justifie le succès de cet acte. Dans une société du bruit et du commentaire permanent, le silence, non pour cacher les faits au public, mais pour dégonfler le succès terroriste, est l’une des façons de parer ce type d’attaque.

Un jour sans fin

Le meurtre du professeur d’Arras renvoie inévitablement à celui de Samuel Paty, comme si rien n’avait changé depuis trois ans. Les mêmes discours, les mêmes remarques, les mêmes appels. Sur une radio, une femme politique appelait ainsi à accroître le nombre de « référents laïcité » dans les écoles afin de lutter contre « l’islamisme radical ». Outre le fait que la distinction entre « islamisme » et « islamisme radical » n’est pas évidente, il n’est pas certain que le problème de fond réside dans le manque de référents laïcité. En l’occurrence, un meilleur contrôle de l’émigration, des actions de police coordonnées et ciblées, un démantèlement des réseaux criminels semblent plus à même d’assurer la sécurité.

Ce que démontre cet énième meurtre, c’est également l’échec complet de l’État providence. Celui-ci est bâti sur un pacte implicite : les Français versent la moitié de leur salaire à l’État (en taxes, charges et impôts divers) qui en retour s’occupe de leur vie en leur fournissant la santé, l’éducation, la sécurité. Or si la charge fiscale est toujours présente et croissante, plus rien ne fonctionne en retour, ni école, ni santé, ni sécurité. De plus en plus de Français sont donc contraints de payer deux fois : une fois à l’État pour un service inexistant et une fois à une entreprise privée pour la fourniture du service : école, mutuelles, cliniques privées, protection des maisons, etc. Si beaucoup n’ont pas théorisé cette rupture, elle est malgré tout comprise de façon implicite dans le détachement complet des Français et de la politique, ce qui se manifeste par l’accroissement de l’abstention.

Je sais le sujet impopulaire, électrique et sensible, mais l’accroissement de ces meurtres aux couteaux devrait poser la question de la légitimité du port d’arme et de son usage et de la pratique de la légitime défense. Poser la question, c’est immédiatement se voir opposer le cas des États-Unis et des tueries de masse, un cas particulier bien différent de l’Europe. Il n’y a pas de tueries de masse en Suisse et en Tchéquie, où l’usage des armes est pourtant beaucoup plus libéral qu’en France.

Le parlement tchèque a ainsi adopté, en juin 2017 une loi qui autorise les détenteurs légaux d’armes à feu à en faire usage en cas d’attaque terroriste. Il s’agit bien de détenteurs légaux. En France, on pourrait tout à fait imaginer que les chasseurs et les tireurs sportifs soient concernés par cette mesure. Et si l’on veut se passer d’armes létales, il est possible de se limiter à des dispositifs de type flashball ou lanceurs de gaz incapacitant. Si du personnel du lycée d’Arras (professeurs ou services administratifs) avaient pu disposer de ces outils et en faire usage, il aurait été possible de neutraliser le terroriste et peut-être d’éviter l’assassinat.

Ce qui renvoie aussi à la question de la réserve opérationnelle, vieux serpent de mer que l’armée encourage sans trop savoir qu’en faire. Pour la surveillance et la protection du territoire, il serait intéressant d’étudier la mise en place de gardes urbaines, composées de personnes qui s’entrainent régulièrement, qui se connaissent et qui connaissent leur territoire afin de pouvoir intervenir lors de violences pour sécuriser une rue ou un quartier. Non pas dans une optique militaire mais dans une vision sécuritaire et de protection. Cela aurait été utile notamment lors des émeutes pour protéger et sécuriser les commerces incendiés. Une façon aussi d’intégrer les Français dans la protection de leur territoire. Des sujets sensibles, que l’on se refuse toujours, par principe, de poser sur la table et d’étudier, alors que nos voisins européens ont des expériences intéressantes qui pourraient être inspirantes.

Pourquoi considérer a priori que le sujet ne doit pas être posé ni débattu ? Intégrer les Français dans la sécurisation de leur quartier et de leur territoire, dans un cadre juridique posé et défini, est une façon non seulement de renforcer la sécurité mais aussi de recréer du lien politique en faisant participer le plus grand nombre à la vie sociale et d’abord au premier de tous, à savoir la sécurité. Comme le rappelait Frédéric Bastiat, la sécurité est le plus grand des biens : « Pour une nation, la Sécurité est le plus grand des biens. Si, pour l’acquérir, il faut mettre sur pied cent mille hommes et dépenser cent millions, je n’ai rien à dire. » 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Ils ont crié « Allah akbar ! » place de la République…

laselectiondujour.com

3 min

October 24, 2023

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C’est un événement qui ne devrait pas passer inaperçu, bien que plus grand-chose n’étonne les Français. Jeudi dernier, 19 octobre, des manifestants ont crié « Allah akbar ! » au cœur de Paris, place de la République, tout près du Bataclan. Le même jour, à Arras, avaient lieu les obsèques du professeur Dominique Bernard, égorgé le 13 octobre dans la cour de son collège et lycée par un ancien élève, un Tchétchène, qui avait crié lui aussi « Allah akbar ! » (cf. LSDJ n°2012).

Les quelque 4000 manifestants de la place de la République s’y étaient rassemblés pour soutenir les Palestiniens à l’appel de l’association Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJO) et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dont Le Figaro signale qu’il est visé par une enquête pour « apologie du terrorisme » suite à son communiqué en réaction à l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier. Outre les « Allah akbar ! », des manifestants ont crié : « Israël assassin ! Macron complice ! », ou encore : « Nous sommes tous des Palestiniens ! » On a même lu sur une pancarte brandie par des militants du NPA : « Gaza = Auschwitz ».

A la demande du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le préfet avait interdit cette manifestation pro-palestinienne pour prévenir des troubles à l’ordre public, ce qui n’avait nullement dissuadé les manifestants de se rassembler. La manifestation avait commencé quand a été annoncée la décision du Tribunal administratif de Paris de suspendre l’interdiction préfectorale…Du coup, les forces de police qui contenaient la foule se sont retirées… « C’est la première fois sur 65 interdictions de manifestations que la préfecture est désavouée par le tribunal administratif », relève Europe 1 (20 octobre). S’il fallait encore un symbole de l’impuissance du gouvernement à lutter contre l’emprise islamique sur la France, celui-ci mérite de rester dans les annales.

Réagissant à une instruction adressée par le ministre de l’Intérieur aux préfets pour interdire les rassemblements en soutien au peuple palestinien, le Conseil d’État venait de rappeler au gouvernement que les manifestations ne pouvaient être interdites systématiquement, et qu’il revenait aux préfets d’apprécier « au cas par cas » le risque partout en France – en province, certaines ont été interdites, d’autres autorisées. A Lyon, un millier de manifestants rassemblés place des Terreaux, samedi 21 octobre, ont déployé devant l’hôtel de ville une banderole exigeant « la levée du siège criminel de Gaza », tandis que la foule scandait : « Macron complice, Israël assassin ». Là encore, le Tribunal administratif avait annoncé, une heure avant le début de la manifestation, la suspension de l’arrêté d’interdiction de la préfète du Rhône après un recours déposé par le collectif 69 Palestine, organisateur du rassemblement.

A Paris, l’exécutif, échaudé par son fiasco du 19 octobre, a ordonné à la Préfecture de police d’autoriser une nouvelle manifestation de soutien aux Palestiniens place de la République le dimanche suivant, 22 octobre, à l’appel du « Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » qui agrège une quarantaine d’organisations de gauche (ATTAC, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Collectif des musulmans de France etc.), de partis politiques (LFI, NPA, Parti communiste des ouvriers de France) et d’organisations syndicales (CGT, Union syndicale Solidaires, UNEF, FSU). On a de nouveau entendu place de la République le slogan : « Israël, assassin ! Macron complice ! », et lu des affiches du type : « Gaza = camp de concentration », tandis qu’une organisatrice scandait : « Le problème, ce n’est pas le Hamas ! ». Cette fois, les « Allah akbar ! » avaient été mis en sourdine, mais, comme l’a confié un des 15 000 manifestants au Figaro : « On ne dit pas Allah Akbar, mais on le pense fort ».

A l’instar de la députée de La France Insoumise Danièle Obono, « toute une partie de l’extrême gauche française ne veut pas voir du terrorisme dans les actions du Hamas, mais un groupe armé résistant à une occupation » constate Causeur (23 octobre, ).

Par Philippe Oswald

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