Art de la guerre monétaire et économique

Après deux ans d’enquête, le Sénat américain dénonce les relations dangereuses entre les banques et le commerce des matières premières.

 Après deux ans d’enquête, le Sénat américain dénonce les relations dangereuses entre les banques et le commerce des matières premières.

En s’aventurant dans le commerce physique des matières premières, les banques sont sorties de leur rôle et elles ont joué un jeu dangereux, estime la commission d’enquête du Sénat aux Etats-Unis. Non contentes de financer le secteur, ou de proposer des produits financiers dérivés des matières premières, les banques sont entrées de plain-pied dans l’achat et la vente des ressources : Goldman Sachs en détenant une mine de charbon colombien, des entrepôts de métaux ; Morgan Stanley des tankers et des cuves de pétrole ; JP Morgan une division métaux et des centrales électriques…

Avec un risque évident de conflit d’intérêt. La commission du Sénat cite un ancien cadre des entrepots Metro estimant que des informations confidentielles étaient transmises à Goldman Sachs, qui les avait rachetés en 2010. On sait aussi que des industriels ont attaqué la banque d’affaires pour manipulation des prix de l’aluminium contre la banque d’affaires, sans succès. Précédemment JP Morgan avait tout de même écopé d’une amende d’un demi-milliard de dollars pour avoir téléguidé les prix de l’électricité.

Plus largement, l’implication des banques dans le commerce des maières premières ferait courir un risque à tout le système financier, dénonce le Sénat américain. Les banques n’auraient tout simplement pas les moyens, sauf à faire appel au contribuable, de financer une catastrophe industrielle ou une marée noire : il leur manquerait jusqu’à 15 milliards de dollars chacune ! Evaluation faite par la Réserve fédérale américaine, dans un rapport confidentiel… La FED qui n’a pourtant toujours pas imposé de règles plus strictes aux banques.

Si elles prennent des distances avec le commerce physique des matières premières, c’est surtout qu’il est moins rentable aujourd’hui. La tiédeur de la FED énerve d’autant plus Carl Levin, le président de la commission d’enquête, qu’il a décortiqué il y a quelques années les dangers des prêts hypothécaires à risque, ou « subprime », responsables de la crise financière de 2008. De laquelle Goldman Sachs et Morgan Stanley ont été sauvées, en devenant des banques dites « régulées » !

 RFI Le 21/11/2014

http://www.rfi.fr/emission/20141121-banques-matieres-premieres-accusations-senat-americain/ 

Matières premières : les banques de Wall Street dans le viseur du Sénat

Centrales électriques, stocks d’uranium, pétrole, gaz et aluminium… les banques américaines ont plusieurs milliards de dollars d’activités dans les matières premières physiques, dénonce le Sénat –

Le Sénat américain a publié un rapport au vitriol sur les grandes banques de Wall Street. Il critique leur implication dans le marché des matières premières et les risques inconsidérés qu’elles prennent.

Depuis deux ans, un comité du Sénat américain enquête sur les activités des grandes banques américaines dans les matières premières. Dans un rapport rendu public mercredi, il accuse Goldman Sachs, JP Morgan Chase et Morgan Stanley de prendre des risques financiers et environnementaux de grande ampleur et de faire de la concurrence déloyale.

Manipulation des prix

« Depuis 2008, Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley sont engagées à hauteur de plusieurs milliards de dollars dans les matières premières physiques, en contrôlant ou en étant propriétaires de vastes stocks » de brut, de gaz naturel, d’aluminium, d’uranium et autres, rapporte le document du Sénat. Selon cette enquête, les trois banques sont propriétaires d’entrepôts de stockage, de centrales électriques, de mines de charbon et de sites de gaz naturel et d’oléoducs. Une situation qui leur a donné accès à des informations privilégiées leur permettant de manipuler les prix des matières premières, notamment de l’aluminium, au détriment des consommateurs et des industriels. Par ailleurs, contrairement aux acteurs de l’industrie, les grandes banques de Wall Street ont bénéficié de taux d’emprunt très bas. Ce qui leur confère un net avantage.

Risques de désastre environnemental

Mais ce n’est pas tout. Pour le Sénat, ces activités ont mis les banques dans une position aussi vulnérable que celle de BP, qui avait dû payer plusieurs milliards d’euros d’amendes suite à la marée noire du Golfe du Mexique en 2010. Selon un rapport de la Réserve fédérale de New York publié en 2012, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Morgan Stanley et un autre groupe financier devraient provisionner 15 milliards de dollars pour couvrir les scénarios extrêmes liés à leurs activités dans les matières premières (l’équivalent des réserves nécessaires calculées lors d’un « stress test »). La Réserve fédérale envisagerait de restreindre les activités des banques dans le secteur des matières premières, rapporte le Financial Times.

Désinvestissement

De leur côté, les banques expliquent que leurs activités dans les matières premières font bénéficier leurs clients de capacités de financement, de couverture des risques et d’un apport de liquidités. Elles assurent aussi qu’elles réduisent la volatilité des marchés. Les établissements estiment également qu’ils ne peuvent pas être tenus responsables de désastres environnementaux, qui sont plutôt du ressort du propriétaire ou du gérant des installations dans lesquelles elles investissent.

Concernant Goldman Sachs, le Sénat a en ligne de mire plusieurs unités de la banque : Nufcor, qui commercialise de l’uranium non-enrichi, Metro international Trade Services, un réseau d’entrepôts de métal à Détroit, et des opérations dans le charbon. Goldman Sachs est en train de réduire Nufcor et de vendre Metro, selon le Financial Times.

Morgan Stanley a des activités dans le gaz naturel, le stockage de pétrole et le transport. Le groupe possède plus de 30 centrales énergétiques et des activités de cuivre. L’année dernière il a déjà dû payer 410 millions de dollars car il était accusée de manipuler les marchés de l’énergie au détriment des consommateurs.

JP Morgan a déclaré avoir déjà vendu une grande partie de ses activités de matières premières. La banque souhaiterait à l’avenir concentrer ses activités dans ce secteur sur les dérivés financiers.

Les banques et leurs régulateurs doivent comparaître devant le Sénat

Jeudi et vendredi, des cadres des trois banques concernées comparaissent à la barre devant le comité du Sénat en charge de l’affaire. Dans son rapport, le Sénat a également épinglé les régulateurs pour ne pas avoir pris assez de mesures afin d’enrayer les activités des banques dans les matières premières. Dan Tarullo, qui dirige la politique de régulation de la Réserve fédérale, doit témoigner vendredi. 

LES ECHOS | LE 20/11/14

http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/0203953152906-matieres-premieres-les-banques-de-wall-street-dans-le-viseur-du-senat-1066479.php?o0S0q7rlQSTmh4Dy.99

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