Art de la guerre monétaire et économique

L’Occident a déchu, le Roi est nu Par Antonin Campana

L’Occident a déchu, le Roi est nu

Publié par Antonin Campana sur 21 Avril 2020, 15:46pm

L’Occident a déchu, le Roi est nu

« Les révolutions se font pour changer la propriété des biens et le nom des rues. Le révolutionnaire qui ambitionne de changer la “condition de l’homme” finit fusillé comme contre-révolutionnaire. » — Nicolás Gómez Dávila, Le Réactionnaire authentique

La plupart des commentateurs et analystes, y compris au plus haut sommet de l’Etat, pensent qu’un choc économique succèdera au choc sanitaire. Certains anticipent même un « effondrement ». Du coup cela nous a fait penser aux travaux de l’anthropologue et historien Joseph Tainter sur l’effondrement des sociétés complexes. Nous nous sommes posés cette question : la complexité de notre société peut-elle faciliter son effondrement ?

En leur commencement, les sociétés humaines ne sont pas très « complexes » : tout le monde vit de ce qu’il produit, fabrique ou chasse. Avec le temps, les sociétés se complexifient : de plus en plus de gens ne produisent plus directement, tout en dépendant des biens fabriqués par d’autres. Prenons l’exemple du Bâtiment. On peut imaginer que, dans une société primitive, les gens construisent leur propre maison et n’ont pas besoin d’intermédiaires pour l’habiter. Dans une société complexe, la construction est confiée à des maçons et de nombreuses professions vont dépendre directement du produit de leur travail : promoteurs, agents immobiliers, notaires, assureurs, banquiers… Ces professions sont évidemment indispensables… mais nous pouvons dire que les maçons produisent un bien tangible, une maison par exemple, alors que les autres professionnels, dépendant entièrement du travail des maçons, rendent un « service ». D’une manière générale, moins est importante la proportion de ceux qui produisent des biens réels, plus la société est complexe. 

De ce point de vue, nous nous sommes livrés à une petite approche comparative, à partir des statistiques fournies par la Banque Mondiale et l’INSEE.  Nous avons distingué les emplois « improductifs » du secteur des services, de ceux, « productifs », de l’industrie et de l’agriculture. L’industrie et l’agriculture produisent des biens réels (des produits manufacturés, des avions, des céréales, des pommes de terre…), les services produisent des… services. Le secteur des services regroupe l’ensemble des emplois de l’administration publique, du commerce, de l’hébergement-restauration, de l’Enseignement, de la Santé, de l’action sociale, de la banque, etc. Nous avons comparé, pour différents pays, les emplois productifs (de biens réels) et les emplois de service.

Ainsi, en France, 77,08% (plus de 20 millions) des emplois  sont liés aux services, et 22.92% des emplois produisent des biens réels (ceux de l’agriculture,2.6%, de l’industrie, 13.32%, et de la Construction, 7% environ). En d’autres termes, cela signifie qu’en France il y a seulement 2 actifs environ qui produisent des biens réels pour 8 actifs qui produisent des services. De plus, la part des emplois liés au service est en progrès, alors que celle liée à l’industrie et à l’agriculture est en recul.

Alors que le secteur des services représente 77% des emplois en France, la richesse produite par ce secteur représente seulement 56% de la richesse totale produite par le pays (1087,6 milliard d’Euros, en 2015). Encore faut-il fortement relativiser cette richesse produite. Ainsi l’Administration ou la Police sont comptabilisées dans le PIB selon le principe que la richesse qu’elles produisent est égale à leur coût (où comment transformer une charge en gain !). De plus, il faut avoir à l’esprit que les emplois productifs sont souvent les plus mal payés. Les hauts salaires se rencontrent dans le tertiaire et les plus bas dans l’agriculture. Le secteur des services, majoritaire, exerce une pression sur le secteur productif, minoritaire, afin de capter l’essentiel de la plus-value que celui-ci génère. Cela s’observe clairement, par exemple, dans les rapports entre la grande distribution et le monde agricole. Quoi qu’il en soit, on peut se poser la question de l’avenir d’une société qui s’organise de telle manière que 8 personnes dépendent du travail de 2 personnes. Encore ne parle-t-on ici que de la population active. Ramené à la population totale, le rapport est de 11 pour 2 !  

Nous avons donc classé les pays selon le nombre d’emplois affectés à la production de biens réels par rapport au nombre d’emplois qui dépendent directement ou indirectement de cette production. Nous obtenons trois groupes :

  • 1er groupe : 5 à 6 actifs sur 10 produisent des biens réels

Dans ce groupe, nous trouvons la Chine (5), la Turquie (5) et l’Inde (6-7)

  • 2e groupe : 3 actifs sur 10 produisent des biens réels

Dans ce groupe, nous trouvons l’Allemagne, la Russie, le Japon, la Corée et, surprise, l’Italie (en raison de son réseau de PME)

  • 3e groupe : 2 actifs sur 10 produisent des biens réels

Dans ce groupe, nous trouvons les Etats-Unis, la France, l’Espagne, le Royaume Uni, la Suède, le Canada ou l’Australie…

Question : combien de temps une société complexe peut-elle durer quand seulement 2 « productifs » de biens réels pourvoient aux besoins essentiels de 8 (ou 11 !) « improductifs » ?  La crise sanitaire nous a montré que nous manquions de lits, de masques, de médicaments, de respirateurs, de blouses, de gants… et que nous étions incapables d’en fabriquer ! Si nous avions eu des troubles civils, nous nous serions rendus compte que nos fusils sont désormais fabriqués en Allemagne, que nos pistolets automatiques viennent d’Autriche, que nos munitions sont fabriquées en Israël, au Brésil ou aux Emirats arabes unis, que même nos rangers sont fabriquées en Tunisie, que les treillis des militaires sont fabriqués en Bulgarie et en Roumanie et que les uniformes des policiers et gendarmes viennent de Tunisie et de Madagascar !

Faute de « productifs » en nombre suffisant, nous importons une grande partie des biens dont nous avons besoin. Nous échangeons ces biens contre de l’argent tout droit sorti de la BCE. Nous échangeons nos masques, nos munitions 5,56, nos ordinateurs, nos téléphones et la plupart des pièces de nos voitures contre du vent, ou presque : contre des Euros, c’est-à-dire de la monnaie fiduciaire ! On le sait, la valeur d’une monnaie fiduciaire est fixée par la confiance que leur accordent ceux qui l’acceptent. Or, depuis 2008, les pays du groupe qui compte  2 « productifs » pour 8 « improductifs » ont pris l’habitude de faire fonctionner la planche à billet à la moindre alerte  financière ou économique. Aujourd’hui encore, alors que leurs entreprises sont à l’arrêt, ces pays impriment des centaines de milliards d’Euros et de Dollars pour faire face à la crise économique qui vient ! En d’autres termes plus la production régresse, plus on fait marcher la planche à billet, au risque de diminuer la valeur de la monnaie.

On nous répondra que nous avons nos exportations. Néanmoins, les deux fleurons de nos exportations, l’aéronautique et le luxe, seront-ils toujours aussi lucratifs dans un monde qui se contracte et se referme ? Si le tourisme de masse ne redémarre pas très vite (outre que deux millions d’emplois directs et indirects en dépendent en France), c’est toute l’industrie aéronautique qui sera touchée durablement. Et quelle sera la place du luxe à la française dans un monde forcé d’aller à l’essentiel ?

Nous sommes donc dans une situation assez compliquée : il n’est pas exclu que nos fournisseurs perdent bientôt confiance en la valeur de notre monnaie (monnaie qu’ils ne pourront peut-être plus nous retourner par le tourisme), et nous ne sommes pas capables de les payer en biens réels. Comment dès lors se procurer tous les biens de consommation qu’ils produisent et qui font notre « qualité de vie » ? Terminés les télévisions pas chères, les smartphones, les voitures électriques, les tondeuses à gazon, les ordinateurs à bas coût, la « société de consommation » ? Retour garantie aux années 50, avec en toile de fond une crise sociale et des émeutes allochtones ?

En fait, pour revenir à Joseph Tainter, plus nombreux sont ceux qui vivent du travail des « productifs », plus la société est complexe… et plus la société est proche de son effondrement. Il se pourrait, l’avenir nous le dira rapidement, qu’en dessous de 3 « productifs » sur 10, une société ne soit plus viable.

Dans le schéma exposé par Tainter, une société qui s’effondre aura tendance à se fractionner en entités plus petites et moins complexes, c’est-à-dire plus résilientes. Nous voyons parfaitement s’ébaucher les contours de ces futures entités. Certaines ont déjà mis en place un certain nombre de structures destinées à les organiser. Elles se tiennent prêtes pour ce saut prochain dans l’inconnu. C’était un peu dans cet esprit que nous avions proposé notre projet autochtoniste. Mais il semble que les Autochtones aient un attachement profond pour ce modèle chironné de société, qui s’effondrera, malgré eux, à la première brise, et dont ils seront les derniers à sortir.

La crise qui succèdera à celle du coronavirus sera une crise économique carabinée. L’Occident sortira vaincu et laminé de la crise sanitaire. La valeur de sa monnaie était essentiellement fondée sur un prestige hérité du passé, sur une réputation. Le monde se persuadait de la supériorité de l’Occident, donc de sa monnaie. Aujourd’hui, la débâcle intellectuelle, morale, économique, sanitaire, technologique, scientifique… des pays occidentaux apparaît à tous. L’humiliation est terrible. Personne, pas plus nous que nos fournisseurs, ne peut désormais ignorer l’effondrement civilisationnel de l’Europe et des Etats-Unis : tout le monde voit que leur réputation n’est plus justifiée. L’Occident a déchu. Le Roi est nu. La conséquence inévitable sera la dépréciation de ses monnaies et le tarissement d’un commerce fondé sur l’échange de biens réels contre du vent. Une époque est en train de se terminer.

Prêts ?

Antonin Campana

http://www.autochtonisme.com/2020/04/l-occident-a-dechu-le-roi-est-nu.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

EN BANDE SON :

5 réponses »

  1. Il y a Raoult et d’autres qui incarnent encore quelque « chose » debout et réel en France pour en rester là. Et le machiavéliisme des pouvoirs qui ont pu faire des choix apparemment confus et débordés pour entrainer le péril maximum. Ceci dit en parfaite « complotiste » (de rien !). Le pouvoir français est d’une sacrée drôle de nature actuellement, où le mépris copule avec le crime, sans s’imaginer relever du pire

    • « Raoult et d’autres incarnent encore quelque chose » ça s’appelle simplement le bon sens!
      Les autres : confusion mentale doublée de suffisance et probablement de malhonnêteté (attendons de voir l’épisode remdesivir qui arrive)

      • Oui (en se méfiant du bon sens par trop simpliste) et aussi une tradition d’ambition, de sérieux, de résistance (d’indépendance d’esprit) que je vois encore pour notre pays.
        Les autres… entre idiots et renards vaniteux ou fous (narcissico-mégalo-schizoïdes !).
        Je me plais (et encore, j’ai presque commisération !) à imaginer Philippe (1er ministre) ces jours-ci, sachant sa condamnation par le prince, devant assurer le boulot terminal et craignant l’autre, les autres condamnations : en justice et populaire.
        Zemmour parle de peur, elle est visible, mais elle va à mes yeux plus loin : il est largué et au-dessus du vide. Il paraîtrait que sa barbe se marque chaque jour davantage de blanc, dans le parfait déséquilibre.
        Reste le fond, derrière ce misérable et horrible spectacle : ce qui nous est infligé et ce qui est en vue : extorsions, surveillance coercitive : sto, sous les paillettes pour faire illusion no China, et encore.
        Qui sait, un sursaut… Parce que trop de nullité réelle, parce que la maîtrise totale n’est pas humaine, parce que des personnes debout justement…
        Aux chiottes leur remdesivir.
        Regardons aussi en arrière les Béchamp, Quinton, Violet et aujourd’hui Pr Montagnier (Samuel Hahnemann qui mourut en France). Les OEM (ondes électro-magnétiques) comme puissants agent et énergie sont ridiculisées alors que les smartphones pullulent… Les installateurs de 5g ont les mains libres depuis peu… qui peuvent se montrer nos ultimes gardiens de prison (cf décision récente du gouvernement de traitrise).
        Et l’on nous parle de principe de précaution avec des peurs et des méthodes du moyen-âge ou des temps de Ben-Hur.
        Bonne soirée,
        merci au Lupus.

Laisser un commentaire